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Exposition « Mer de Sicile et Tunisie » : Pêcheurs de Trapani et lumières de Mahdia

20. September 2025 um 12:44

Le rideau tombe aujourd’hui sur l’exposition « Mer de Sicile et Tunisie d’une côte à l’autre ». Organisée par les associations Didon & Énée et I Colori della Vita, cette exposition vit son dernier jour au Centre culturel Sainte-Croix et mettra prochainement le cap sur d’autres destinations en Tunisie et en Sicile. Soutenue par l’Institut culturel italien de Tunis et par les villes de Tunis et de Trapani, cette rencontre de dix photographes permet de découvrir des sensations méditerranéennes ainsi que des paysages et des visages des deux rives, entre la Sicile et la Tunisie qui sont si proches par l’histoire et la géographie.

Au-delà de la production de cette exposition majeure qui a également impliqué plusieurs mécènes, il importe de relever les nuances de chaque série de photographies qui se veulent des trames narratives, de véritables récits qui racontent la fluidité de la mer et aussi les reflets des deux rives.

Sept photographes italiens entre deux rives et l’éternité

Arturo Safina parvient en six clichés en noir et blanc, à saisir les travaux et les jours de pêcheurs qui à Trapani reviennent au port avec leurs prises et chaque jour reproduisent des gestes immémoriaux. Entre tendresse du regard et précision des cadrages, Safina restitue la vérité profonde d’instants où la fatigue le dispute à la joie, sur le fond immuable du port.

Maria Luisa Faraci promène pour sa part son objectif sur les rivages de Trapani et ses alentours. Entre pénombre et plein soleil, elle capture le grain ocre des forteresses et des phares et sait s’attarder sur les chapelets de barques amarrées au port et les lumières de la ville qui scintillent au loin.

Paolo Rizzo avoue un lien ancestral avec la Tunisie dont il longe les côtes et observe attentivement plages et rochers. Ses récits photographiques sont aussi suggestifs qu’une nouvelle ou un poème et laissent la voie ouverte à des lectures ouvertes. L’une des images les plus iconiques de cette exposition représente des barques en papier voguant sur les rainures d’un rocher, entre les replis de la pierre qui deviennent des vagues. En couleurs et toutes en contrastes entre le bleu, le sable et le couchant, les photos de Rizzo recèlent un peu de l’âme du paysage et aussi la mémoire d’un enfant qui a choisi depuis dix ans le retour en Tunisie.

Franco Scalia propose quant à lui une série de phares parsemés sur la côte de Trapani. Certes, il s’agit de photos d’architecture mais elles rendent à merveille les impressions de hauteur, de solitude et de permanence dans le paysage. Profil élancé des phares, entourés de toutes parts par la mer et dessinant le lointain sont au cœur de cette série où le noir et blanc sublime le béton et la pierre.

Pour Simona de Togni, une journée en mer est le prétexte idéal pour instaurer un univers marin où les pêcheurs, leurs mains remontant des filets, leur silhouette se détachant sur le large et leurs visages plongés dans le frétillement de l’eau vive. Entre Trapani et Favignana, ces photos de pêcheurs sont des hymnes muets et subtils au courage, à l’effort et à la patience légendaire des hommes qui se vouent à la mer.

Tonino Corso est à la recherche de l’héritage du photographe Luigi Ghirri. Il en abstrait des scènes à première vue banales, on ne peut plus ordinaires. Toutefois, chaque photo porte un récit, chaque reflet de lumière transcende un détail et représente la mer dans son immensité fluide ou peuplée de personnages assis qui scrutent le lointain ou avancent prudemment entre les rochers. Ce sont des noces lumineuses avec la mer, en contrepoint d’une mouette rieuse, qui instaurent à la perfection ce monde de Ghirri relu par Corso.

Matteo Garone raconte enfin en six photos sa rencontre avec Beji, un Robinson des plages qui dès son plus jeune âge, construit des barrages contre l’érosion. Ce jeune homme face au littoral, construisant des murs de pierres sèches, récupérant les rejets de la marée, respectueux de l’environnement, suscite l’admiration et exprime notre devoir collectif.

Exemplaire, Beji n’est physiquement présent que sur deux photos. Garone observe dans les autres clichés la bicoque où vit cet écologiste face à l’île Pilau et la marée plastique assassine qu’il jugule de ses mains.

Trois photographes tunisiens face à la mer et ses symboles

Mona Fkih Khouaja participe à l’exposition collective avec deux séries de photos. La première destinée à la technique ancestrale de la pêche du mulet sauteur et la deuxième à la charfia des pêcheurs de Kerkennah. Ces deux séries en noir et blanc documentent et esthétisent à la fois. C’est là le tour de force de Mona Fkih Khouaja qui donne à voir la beauté et la vérité, la mer souveraine et ses laboureurs. Dans la première série, portant blouses et chapeaux, seuls ou en groupe, sans visage et parfois comme une ombre, les pêcheurs sont aux prises avec la mer et leurs filets.

Dans la deuxième série, les claies de palmes semblent surgies du clair-obscur de l’aurore, comme baignant dans une mer de lait que traverse une barque solitaire. Entre plans larges et contre-plongée, la photographe récite une partition de lumière et sait isoler chaque syllabe volontairement floutée ou absolument précise.

Skander Zarrad instaure un dialogue symbolique admirablement illustré par une photo aérienne de Mahdia et du mythique Cap Africa. Ce dialogue entre Sicile et Tunisie est amplifié par la puissance des paysages saisis par le photographe et aussi grâce à des scènes intemporelles. L’envol d’une nuée de flamants au-dessus de la mer ou encore un pêcheur entouré de barques, assis devant des filets à démêler alors que l’enchevêtrement des mâts et des coques semble répondre à la complexité de la tâche du pêcheur : ce sont ces scènes complexes que Zarrad restitue dans de surprenants équilibres.

Enfin, Kaouther Khedija Khouini propose deux séries en couleurs et surtout en noir et blanc, à hauteur d’écume, entre mémoire salée et quotidien de Ghar El Melh et de Djerba. Véritable inventaire de l’embrassement du réel, la série conjugue le visage émouvant d’un pêcheur, une barque portant un prénom féminin, deux poissons et un couffin, une épave oubliée, des mains qui s’activent sur un établi improvisé ou encore une motocyclette devant un mur qu’on dirait corrodé par les embruns. Autant d’instants qui par le récit de la photographe deviennent des bribes d’éternité.

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