Jellel Gastelli et le charme discret des jardins de Hammamet
L’exposition photographique ‘‘Jellel Gasteli: Hortus’’ sera inaugurée le 12 décembre 2025 à Selma Feriani Gallery (sise au 32 Rue Ibn Nafis, ZI Kheireddine, 2015 La Goulette, Tunis). Elle réunira une série de photographies argentiques uniques, prises en 1983 à Hammamet, dans le jardin des Henson, un écrin niché dans la demeure du couple américain Violet et Jean Henson, qui a découvert les charmes discrets de la célèbre cité balnéaire Hammamet à la fin des années 1920 et s’y est installé depuis.
«1985, j’entre dans le jardin Henson par la haie de figuiers de Barbarie qui protégeait la propriété. Camouflé par la densité de la végétation, seule la proximité du gardien mettait en péril ma visite clandestine. Je découvre un lieu où les plantes s’enlacent et rivalisent entre elles en s’accrochant aux eucalyptus ou aux acacias, refuge des paons. Je marche à découvert sur la longue allée de sable bordée de cyprès qui mène à un bassin. Une volée de marches mène jusqu’aux buissons de la petite dune qui borde la plage. Hors de danger d’être pris sur le fait, je remarque de loin, une silhouette. Quelques mois plus tard, je reviens sonner au portail en fer forgé», écrit le célèbre photographe, qui gardera un lien intime fort avec ce lieu magique qui sera transformé, au lendemain de l’indépendance de la Tunisie, en un Centre culturel international et abritera un théâtre de plein air qui accueille, chaque été, depuis le milieu des années 1960, le Festival international de Hammamet.

Né 1958 à Tunis, en Tunisie, Jellel Gasteli est un photographe de renom dont la pratique est étroitement liée à l’Afrique, au Maghreb, à la Méditerranée, au Sahara, ainsi qu’à ses origines franco-tunisiennes. Son approche photographique, d’abord fondée sur des tirages argentiques noir et blanc grand format, a évolué vers la photographie numérique par l’appropriation de la couleur. Il conçoit la photographie comme une forme d’abstraction soustractive puisée dans la réalité, qu’il utilise de manière rigoureuse et dépouillée pour provoquer un changement de perception.
Dar Henson, la propriété du couple Henson, que le photographe a déclinée en plusieurs photographies, est devenue au fil du temps un lieu légendaire, dont l’atmosphère méditerranéenne a inspiré le parfumeur français, Jean-Claude Ellena, pour la création pour la maison Hermès, du parfum «Un Jardin en Méditerranée», une fragrance qui capture l’essence de ce jardin méditerranéen avec des notes de figue, de fleur d’oranger et de cèdre.
Développées par l’artiste dans sa chambre noire au cours des années 1980, les photographies de petit format sont exposées aux côtés de photographies grand format réalisées dans le même cadre : ces jardins historiques fabuleux qui ont profondément marqué le futur travail et l’approche esthétique de Jellel Gasteli.
En accompagnement de ces images, l’artiste partage également une collection personnelle de lettres échangées avec la célèbre créatrice et décoratrice des vitrines Hermès la regrettée Leila Menchari, héritière spirituelle des Henson, celle qu’il considère comme son «mentor», et qui l’avait généreusement accueilli dans la villa historique pour y développer son regard de photographe.
Son séjour à Hammamet a donné naissance à des années de souvenirs, longtemps préservés dans un portefeuille resté fermé jusqu’au vernissage de cette exposition, prévu le 12 décembre à la galerie Selma Feriani : une invitation à remonter aux origines de la pratique de l’artiste et à sa relation intime avec la beauté fragile des jardins méditerranéens.
I. B. (avec Tap).
L’article Jellel Gastelli et le charme discret des jardins de Hammamet est apparu en premier sur Kapitalis.