BEI : la moitié des PME tunisiennes exporte de façon irrégulière
En Tunisie, 60 % des PME sondées ont affirmé qu’une concurrence accrue et la saturation des marchés représentent l’une de leurs principales préoccupations en matière d’exportation. C’est ce qui ressort des résultats d’une enquête menée par la Banque européenne d’investissement (BEI) sur les défis des PME en Tunisie, publiés jeudi.
Cette enquête, réalisée dans le cadre du programme Trade and Competitiveness Programme (TCP), cofinancé par l’Union européenne (UE), révèle que près de la moitié des PME interrogées déplorent un manque de financement, limitant leur capacité à investir à l’international. Plus d’une PME sur dix n’arrive pas à franchir le cap de l’exportation.
L’étude, menée auprès de 150 dirigeants de PME tunisiennes opérant dans les chaînes de valeur exportatrices — notamment l’agro-industrie, le textile et l’automobile — dresse le portrait d’un tissu entrepreneurial à la fois combatif et contraint, qui cherche à se projeter à l’international malgré un environnement particulièrement compétitif.
Les PME, qui représentent près de 97 % du tissu productif national, incarnent une volonté d’ouverture, mais se heurtent à des réalités structurelles et conjoncturelles freinant leur essor.
« Si l’accès au financement et le manque de capital propre restent des préoccupations centrales pour les chefs d’entreprise interrogés, c’est la concurrence accrue et la saturation de certains marchés qui apparaissent comme les obstacles les plus difficiles à surmonter », indique l’enquête.
Dans un contexte mondial marqué par une saturation croissante des marchés, un quart des dirigeants identifie la concurrence comme leur principale difficulté pour croître à l’international, devant le manque de capital (17 %).
« Mais c’est à l’international que leur compétitivité est encore plus mise à l’épreuve : six PME sur dix estiment que la saturation des marchés étrangers et l’intensité concurrentielle limitent fortement leur développement », souligne l’enquête de la BEI.
Face à ce constat, le TCP mise sur le renforcement de la compétitivité des entreprises à travers des formations techniques ciblées, portant sur des sujets stratégiques comme les règles d’origine ou la décarbonation, afin de mieux positionner les PME tunisiennes sur les marchés européens.
« Ce dont nous avons besoin, ce sont des idées audacieuses, des formations adaptées et un accompagnement structuré pour franchir les barrières à l’export. C’est ainsi que nos PME pourront renforcer leur compétitivité et s’imposer durablement à l’international », témoigne un chef d’entreprise tunisien interrogé dans le cadre de l’enquête.
Selon les résultats de l’étude, 48 % des dirigeants sondés estiment que le manque de financement constitue un frein majeur à toute velléité d’internationalisation. Bien que 88 % des PME exportent déjà, seule la moitié d’entre elles le fait de manière régulière, tandis qu’une PME sur dix demeure entièrement absente des circuits d’exportation, faute de moyens pour investir dans l’innovation, la mise aux normes ou la prospection commerciale.
Même parmi les PME ayant entamé une démarche exportatrice, les freins logistiques et commerciaux restent importants. Ainsi, 62 % des dirigeants dénoncent des coûts logistiques, douaniers et de conformité jugés prohibitifs, tandis que 44 % évoquent la difficulté à identifier des partenaires commerciaux à l’étranger.
« Ces contraintes techniques et relationnelles entravent l’intégration des PME tunisiennes dans les chaînes de valeur internationales, pourtant essentielle pour assurer une croissance pérenne à l’export », précise encore l’enquête.
Baptisé Trade and Competitiveness Programme, ce dispositif met en œuvre des solutions concrètes en partenariat avec les banques tunisiennes. Il facilite l’accès au crédit via des lignes de financement dédiées aux PME, allégées en garanties et orientées vers des projets structurants. L’objectif est de libérer leur capacité d’investissement et de leur permettre de franchir le cap de l’internationalisation sur des bases solides.