Le Pacte de la Méditerranée, un nouvel accord pour relancer le partenariat
Trente ans après la signature de la Déclaration de Barcelone, l’Union européenne et ses partenaires méditerranéens, dont la Tunisie, célèbrent, vendredi 28 novembre à Barcelone, un anniversaire historique qui coïncide avec l’adoption et le lancement officiel d’un nouveau Pacte pour la Méditerranée, visant à revitaliser une coopération euro-méditerranéenne confrontée à des défis sans précédent.
Le Pacte pour la Méditerranée a été présenté le 16 octobre 2025 par la Commission européenne et la haute représentante de l’UE. Ce pacte confirme que la région méditerranéenne constitue une priorité stratégique pour l’Europe et établit un cadre de coopération articulé autour de trois piliers thématiques : les personnes comme vecteur de changements et d’innovation, le renforcement de l’intégration économique, et la sécurité associée à la gestion des migrations, rapporte l’agence TAP.
« Une mer, un pacte, un avenir », c’est la vision portée par ce nouveau cadre qui ambitionne de créer un espace méditerranéen commun, renforçant les liens entre l’UE et dix pays du sud de la Méditerranée, dont la Tunisie.
Le Pacte pour la Méditerranée reflète cette ambition stratégique. « Nous souhaitons consolider cette relation et parvenir à une intégration plus poussée au sein de l’espace méditerranéen commun », a indiqué, jeudi, le Directeur général du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et du Golfe au sein de la Commission européenne Stefano Sannino.
Le Pacte pour la Méditerranée est un Pacte pour l’Intégration, a-t-il insisté. Son objectif est d’opérer un changement de paradigme, nécessaire pour réaliser pleinement le potentiel de notre partenariat et travailler ensemble sur la base des principes de copropriété, de cocréation et de responsabilité partagée.
Pour sa part, la Commissaire européenne pour la Méditerranée, Dubravca Suica, a déclaré que ce nouveau Pacte repose sur un nouveau partenariat d’égal à égal et de coresponsabilité (…), il s’appuie sur nos liens historiques et culturels et vise à se concentrer sur les domaines stratégiques d’intérêt commun, où nous partageons défis et aspirations.
La Tunisie tirera pleinement profit des dispositions de ce nouveau Pacte, a-t-elle ajouté. Il est de nature à accroître l’attractivité de la Tunisie auprès des investisseurs étrangers, en particulier dans les secteurs verts et technologiques, tout en favorisant la progression des exportations tunisiennes grâce à l’allègement de certaines entraves commerciales, ouvrant ainsi l’accès à de nouvelles opportunités sur le marché européen, a-t-elle relevé dans une déclaration à l’agence TAP.
La Tunisie, partenaire clé du processus euro-méditerranéen
Pour la Tunisie, l’année 2025 revêt une double signification historique. Outre le trentième anniversaire de la Déclaration de Barcelone, le pays célèbre également trois décennies d’Accord d’association avec l’Union européenne, signé en 1995. Ce partenariat privilégié fait de la Tunisie un acteur majeur de la coopération euro-méditerranéenne.
Le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne a connu une évolution constante et un approfondissement progressif au cours des trente dernières années, s’articulant autour d’objectifs communs stratégiques : le développement durable, la solidarité et l’ambition d’une prospérité partagée entre les deux rives de la Méditerranée.
La solidité de cette relation bilatérale se traduit par des indicateurs économiques éloquents. L’Union européenne s’est imposée comme le partenaire commercial incontournable de la Tunisie, absorbant 70 % de ses exportations.
Sur le plan des investissements, la présence européenne est encore plus marquée : l’UE représente le premier investisseur étranger en Tunisie, avec une part de 88 % du nombre total d’investissements directs étrangers (IDE) implantés dans le pays.
L’impact sur l’emploi est tout aussi significatif : les entreprises européennes génèrent à elles seules 90 % des emplois créés par l’ensemble des IDE en Tunisie, confirmant ainsi le rôle central de ce partenariat dans le développement socio-économique de la Tunisie.
Ces données illustrent la profondeur et l’interdépendance croissante entre les économies tunisienne et européenne, faisant de ce partenariat trentenaire bien plus qu’un simple accord commercial, mais une véritable intégration économique régionale.
Depuis 2023, l’UE a mobilisé plus de 600 millions d’euros de subventions pour la Tunisie, générant environ 5 milliards d’euros d’investissements globaux.
L’ambassadeur de l’Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, a souligné, la semaine dernière, lors de sa rencontre avec le président du patronat tunisien, la volonté de soutenir une véritable « intégration » des entreprises tunisiennes dans le système européen, plaçant le commerce, l’énergie et la jeunesse au cœur des priorités bilatérales.
Il a exprimé l’ouverture de l’UE à une refonte du cadre de coopération, tout en insistant sur un dialogue permanent pour construire un partenariat modernisé et mutuellement bénéfique.
En octobre 2025, la Banque européenne d’investissement (BEI) a, pour sa part, concrétisé son engagement aux côtés de la Tunisie en renforçant le partenariat énergétique avec un appui de 12 millions d’euros accordé à la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz (STEG), illustrant la dimension tangible de cette coopération.
Cette contribution s’inscrit dans le cadre du soutien européen à la transition énergétique de la Tunisie et vise à moderniser les infrastructures énergétiques du pays, tout en renforçant la sécurité d’approvisionnement et la durabilité du secteur.
L’Union européenne a également fait état de projets concrets touchant plusieurs secteurs, en particulier la santé, l’éducation, l’emploi, la transition numérique, l’énergie et les infrastructures.
Parmi ces initiatives, figurent un soutien financier de 123 millions d’euros, soit l’équivalent de 416 millions de dinars alloués par la BEI à la réalisation du nouveau pont de Bizerte et à plusieurs projets conjoints dans le domaine de l’énergie.
À l’aube de ce nouveau cycle de coopération euro-méditerranéenne, qu’est le Pacte pour la Méditerranée, la Tunisie se trouve ainsi au cœur d’un partenariat appelé à se réinventer face aux mutations économiques, climatiques et géopolitiques.
Le défi majeur consistera, désormais, à traduire les engagements de ce Pacte en actions concrètes, mesurables et durables, à même d’améliorer tangiblement le quotidien des citoyens des deux rives et de faire de la Méditerranée non plus une frontière de tensions, mais un véritable espace de prospérité partagée.
Avec TAP
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