L’Algérie, forteresse aérienne du Maghreb face aux ambitions régionales
Dans un Moyen-Orient en pleine recomposition géostratégique, un acteur résiste aux appétits expansionnistes : l’Algérie. Tandis que les bombardements israéliens s’étendent désormais jusqu’à Doha – première frappe historique au Qatar le 9 septembre dernier contre les cadres du Hamas – Alger affiche une tranquille assurance. Sa recette ? Un arsenal défensif que ses voisins lui envient.
L’effondrement du régime syrien en décembre 2024 a redistribué les cartes. Privé de son principal contrepoids arabe, l’État hébreu multiplie les incursions aériennes : Iran, Liban, Tunisie, Yémen… Même Gaza subit un pilonnage incessant. Cette audace opérationnelle interpelle d’autant plus que l’aviation israélienne vieillit mal. Ses F-15 et F-16, véritables antiquités technologiques dépourvues des radars modernes, compensent leurs lacunes par… la faiblesse de leurs adversaires. Zoom sur la situation de l’Algérie.
« Avec une poignée seulement de F-35 de dernière génération, la supériorité militaire d’Israël tient davantage aux failles de ses ennemis qu’à ses propres atouts », tranche Military Watch Magazine dans son analyse récente.
L’exception algérienne
Pourtant, un pays échappe à cette vulnérabilité généralisée. Depuis la tragédie libyenne de 2011 – ce bombardement occidental qui précipita Kadhafi vers sa chute sanglante – l’Algérie a tiré des leçons. Méthodiquement, elle s’est dotée d’un bouclier antimissile redoutable, puisant dans les arsenaux russe et chinois plutôt que dans les catalogues occidentaux.
Résultat : un maillage défensif impressionnant. Les systèmes S-300, S-400 et HQ-9 chinois surveillent les cieux. Une armada de 70 Sukhoi Su-30MKA patrouille, épaulée par les redoutables Su-35. Les systèmes BuK-M2 et les MiG-29M complètent ce dispositif multicouche.
Cette architecture militaire place l’Algérie « dans une ligue à part », souligne l’étude spécialisée. Face aux menaces israéliennes, turques ou occidentales, Alger peut compter sur des équipements de « plusieurs décennies plus récents » que ceux de ses adversaires potentiels.
Le piège des équipements occidentaux
Ailleurs dans le monde arabe, l’illusion de puissance règne. Certes, Riad, Le Caire ou Amman alignent des budgets militaires conséquents. Leurs F-16 rutilants impressionnent lors des défilés. Mais cette modernité cache un vice rédhibitoire : la dépendance.
Car ces bijoux technologiques occidentaux arrivent bridés. « Fortement dégradés » à l’export, ils demeurent sous contrôle permanent de leurs fabricants. Codes sources verrouillés, maintenance sous surveillance, utilisation conditionnée… Impossible d’employer ces armes contre les « intérêts du bloc occidental ».
L’Égypte en fait les frais : ses F-16, versions édulcorées des modèles américains, ne sauraient inquiéter Tel-Aviv. Cette vassalisation technologique garantit aux États-Unis, à Israël et à la Turquie une liberté d’action totale dans leurs aventures militaires régionales.
Splendide isolement
Dans ce paysage de soumissions déguisées, l’Algérie cultive son exception. Seule nation de la région à avoir sécurisé son espace aérien contre les intrusions extérieures, elle incarne une souveraineté que d’autres ont bradée.
Tandis que l’Iran sous-investit dans sa défense antiaérienne et que les monarchies du Golfe demeurent tributaires de leurs protecteurs occidentaux, Alger peut dormir sur ses deux oreilles. Dans un Moyen-Orient où pleuvoir du feu est devenu banal, l’Algérie a choisi de se protéger plutôt que de se prosterner.
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