La plage et le port de Sidi Bou Saïd se sont transformés en scène de fraternité internationale. Des milliers de personnes, venues de Tunisie et d’ailleurs, ont accueilli les navires de la flottille «Al-Soumoud», symbole d’une solidarité civile face au blocus armé de Gaza. À quelques jours du départ pour l’enclave palestinienne, Tunis devient le centre d’une mobilisation mondiale pour la justice et la dignité.
La Presse — La plage de la coquette ville de Sidi Bou Saïd a résonné, hier, au rythme des chants et des slogans en soutien à la cause palestinienne. À proximité du port de plaisance, une grande foule s’est rassemblée par milliers pour accueillir, dans une ambiance festive et militante, l’arrivée des embarcations de la flottille «Al-Soumoud». L’affluence était exceptionnelle, à la hauteur de l’émotion collective. Tunisiens venus des quatre coins du pays, mais aussi des militants de nationalités étrangères ont convergé vers ce lieu symbolique, unis par une même cause. Jeunes et moins jeunes, drapés de keffiehs, de drapeaux palestiniens et tunisiens, formaient un tableau humain vibrant et inédit. La cause palestinienne continue de couler dans les veines du peuple tunisien.
Départ prévu le mercredi 10 septembre
Après plusieurs reports causés par des conditions climatiques et logistiques, la flottille internationale «Al-Soumoud» appareillera finalement ce mercredi depuis le port de Sidi Bou Saïd, en Tunisie. Cette mission humanitaire à forte portée symbolique rassemble des centaines de militants venus de plusieurs pays, déterminés à briser pacifiquement le blocus imposé à la bande de Gaza depuis plus de 18 ans. Durant ces quelques jours, la Tunisie devient le nouveau centre de gravité de la solidarité avec les habitants de l’enclave palestinienne de Gaza.
Une vingtaine de navires en provenance d’Espagne, faisant partie de la flottille mondiale «Al-Soumoud», ont commencé à arriver depuis hier sur les côtes tunisiennes. Ces bateaux acheminent des militants et de l’aide humanitaire à destination de Gaza, dans le but de briser le blocus israélien. Selon Wael Naouar, membre du comité de coordination de la Flottille maghrébine «Al-Soumoud», le départ vers Gaza est prévu mercredi prochains 10 septembre à partir du port de Sidi Bou Saïd, avec l’intégration de navires tunisiens, puis d’autres en mer à proximité de l’Italie. «On ne s’arrêtera jamais tant que perdure le blocus sur Gaza», souligne-t-il à cette occasion.
Les deux militants Thiago Ávila, et Greta Thunberg débarquent au port de Sidi Bou Saïd
Prévue initialement le 4 septembre, puis repoussée au 7 septembre, la date de départ a été donc fixée définitivement au 10 septembre. Ce décalage, selon un communiqué des organisateurs, s’explique par des «raisons techniques et logistiques indépendantes de leur volonté», notamment le retard de la flottille espagnole dû à des conditions météo défavorables en Méditerranée occidentale.
En dépit de ces contretemps, l’engagement des participants est demeuré solide et inébranlable. La flotte tunisienne embarque plus d’une centaine de militants, dont des figures internationales notoires telles que Mandla Mandela, petit-fils de Nelson Mandela. Hier, c’était au tour des deux célèbres militants, le Brésilien Thiago Ávila et la Suédoise Greta Thunberg de débarquer au port de Sidi Bou Saïd. Ils sont tous unis par un objectif commun. Il s’agit de livrer une aide humanitaire essentielle à Gaza et de dénoncer un blocus inhumain et illégal.
Le message à l’endroit de la communauté internationale est bien clair. La flottille ne cherche pas à «forcer le blocus», mais à faire pression par la mobilisation pacifique et la visibilité médiatique. Les membres de la flottille appellent à la création d’un corridor humanitaire permanent pour Gaza, à l’image de ce que réclament depuis des années les ONG et agences de l’ONU. Cette flottille s’inscrit donc dans une vaste coordination internationale, incluant des départs depuis Barcelone, Gênes, Athènes, et désormais Tunis. L’initiative est portée par l’Union de la Flottille de la Liberté, en collaboration avec la Caravane «Soumoud» et l’ONG malaisienne «Nusantara Soumoud».
De nouvelles générations porteuses de l’étendard de la libération de la Palestine
Le professeur universitaire Hassen Kassar, qui a récemment participé à plusieurs actions de solidarité avec le peuple palestinien, se dit profondément ému par l’élan populaire observé en Tunisie, notamment chez les jeunes. Dans une déclaration à La Presse il explique que «Le peuple tunisien ne cesse de nous surprendre par son haut niveau de conscience militante et son attachement indéfectible aux justes causes».
Il ajoute que «La position de la Tunisie à l’égard de la cause palestinienne est sans équivoque, malgré les menaces et les tentations. Elle reste fidèle à ses principes, et cela fait d’elle l’un des pays les plus progressistes sur la scène internationale».
Le professeur souligne que cette mobilisation massive reflète une forme de résistance face au sionisme et à ceux qu’il qualifie d’«ennemis des peuples et de l’humanité», qui sont les responsables de l’humiliation du peuple palestinien en particulier. «Ce qui me rend encore plus heureux aujourd’hui, c’est de voir au cœur des manifestations ces nouvelles générations, porteuses de l’étendard de la libération de la Palestine».
L’Algérien Salim Bidi, membre de la Caravane «Al-Soumoud», salue la mobilisation exceptionnelle de la Tunisie et son engagement indéfectible envers la cause palestinienne. «On assiste à un véritable carnaval populaire et humanitaire. L’ambiance est incroyable ! J’espère sincèrement que cette caravane internationale parviendra à briser le blocus imposé à Gaza. C’est notre objectif principal, car ce qui se joue là-bas concerne nos frères, notre peuple à Gaza», Déclare-t-il à La Presse.
La participation tunisienne à cette initiative mondiale ne relève pas uniquement d’un élan humanitaire, mais elle incarne plutôt une prise de position claire contre le double standard qui entoure l’application du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Tandis que certains combats pour l’autodétermination reçoivent un soutien immédiat et massif, d’autres, comme celui du peuple palestinien, sont relégués à l’oubli.
Face au silence des grandes puissances et à l’inertie des institutions internationales, cette initiative tente d’imposer un contre-récit fondé sur la justice, la dignité et le droit, là où les discours officiels échouent à reconnaître une oppression prolongée.