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Heute — 07. September 2025Haupt-Feeds

Masse salariale, compensation, fiscalité:  Les chantiers prioritaires de la Tunisie

07. September 2025 um 19:45

Face à une masse salariale publique élevée et à une Caisse de compensation coûteuse, la Tunisie est appelée à repenser ses priorités économiques. Mustapha Boubaya, ancien trésorier de la Chambre syndicale nationale des entreprises d’études, de conseil et de formation de l’Utica, propose une série de réformes qu’il estime nécessaires pour alléger la pression sur les finances publiques et soutenir la relance.

La Presse — La Tunisie se retrouve aujourd’hui face à un double défi économique majeur : une masse salariale publique qui pèse lourdement sur le budget de l’Etat et une Caisse de compensation devenue coûteuse et parfois moins adaptée à la structure sociale actuelle. Dans ce contexte, Mustapha Boubaya, ancien trésorier de la Chambre syndicale nationale des entreprises d’études, de Conseil et de formation de l’Utica, a livré son analyse sur la situation et les pistes de réformes possibles.

Selon lui, « la Tunisie est arrivée à une situation où la rémunération des fonctionnaires frôle aujourd’hui le tiers du budget de l’Etat ». Il estime que cette dérive résulte des « décisions irrationnelles de recrutement dans l’administration entre 2011 et 2021, prises sans égard aux besoins réels en personnel et sans considération de leur impact sur les finances publiques ».

Repenser le rôle et l’avenir de la fonction publique

Boubaya rappelle que « les temps où l’administration servait de bureaux d’emploi pour absorber le surplus de jeunes diplômés sont désormais révolus » et que, par conséquent, « la marge de manœuvre budgétaire de l’Etat est aujourd’hui quasi inexistante ».

Face à ce constat, il précise que pour maîtriser, sinon réduire, une masse salariale estimée à près de 25 milliards de dinars en 2025, soit environ 15 % du PIB, « plusieurs leviers doivent être activés ».

Il propose notamment de « limiter les recrutements aux besoins réels, justifiés par des plans de charge annuels dans chaque administration ».

Dans le même esprit, il ajoute que « l’Etat devrait favoriser les redéploiements entre administrations centrales et régionales, encourager les départs volontaires via des congés de création d’entreprises et recourir périodiquement à la retraite anticipée pour les fonctionnaires âgés de 56 ans et plus ».

Par ailleurs, Boubaya insiste sur l’importance d’accélérer la digitalisation des services publics, afin de « réduire d’au moins un quart les effectifs liés aux procédures matérielles ». Il considère également qu’« une réforme du statut général de la fonction publique s’impose, pour créer des passerelles entre secteurs public et privé et réguler plus efficacement le marché du travail ». Ces mesures combinées, selon lui, permettraient non seulement d’alléger le poids de la masse salariale, mais aussi « d’améliorer l’efficacité des services publics ».

Concernant la Caisse générale de compensation, créée en 1970, Boubaya rappelle qu’« elle avait été conçue dans un contexte de pénurie afin d’atténuer les effets de l’inflation ». Or, observe-t-il, « elle a largement perdu sa raison d’être dans une société composée aujourd’hui à plus des deux tiers de classe moyenne ». Maintenue malgré tout, souligne-t-il, elle pèse lourdement sur des finances publiques fragilisées, ce qui rend sa réforme incontournable.

Il suggère ainsi « de programmer la suppression progressive des régimes de compensation sur 6 à 8 ans, en commençant par les carburants, l’énergie et le transport, qui absorbent près des trois quarts de son budget ».

En parallèle, il insiste sur « l’importance de mettre en place un filet de sécurité ciblant les populations vulnérables à travers un Fonds de Solidarité », tout en accompagnant la transition par « une hausse graduelle et programmée des prix ».

Sur le plan monétaire, Boubaya juge que « la politique actuelle de taux d’intérêt élevés est contre-productive ». Selon lui, « avec des crédits bancaires oscillant entre 10 et 15 %, l’initiative privée est freinée et l’inflation alimentée ».

Il met en avant « la nécessité d’aligner la politique monétaire sur la politique économique, en l’adaptant aux réalités du pays, où l’inflation est d’abord liée à l’insuffisance de production locale ».

Fiscalité : un système lourd, en attente de réformes structurelles

Face à la persistance de la hausse des prix, il estime que « seule une stratégie d’indépendance alimentaire, fondée sur l’augmentation de la production locale et l’innovation, peut offrir une issue durable ».

Pour illustrer ses propos, il cite un exemple concret : « La technologie tunisienne de dessalement de l’eau de mer par énergie solaire, brevetée depuis 2018, pourrait être déployée à grande échelle pour irriguer de nouveaux champs céréaliers et contribuer à l’autosuffisance ».

S’agissant du système fiscal, Boubaya rappelle que «la Tunisie affiche l’un des taux de prélèvements les plus élevés d’Afrique, avoisinant 25 %, ce qui étouffe la compétitivité et encourage la fraude».

Dans cette optique, il souligne «l’urgence de reprendre les recommandations des assises de la fiscalité de 2014, qui proposaient plus de 200 réformes structurelles mais restent inappliquées à ce jour». Enfin, au plan budgétaire, l’ancien responsable met en avant la nécessité d’« un plan d’ajustement structurel articulé autour de six axes : maîtrise de la masse salariale, réforme des services publics, réduction de la dette et du déficit des entreprises publiques, alignement des politiques sectorielles sur des stratégies de développement, audit des entreprises publiques et création d’un Conseil des analyses économiques auprès de la cheffe du gouvernement ».

A travers ces propositions, Mustapha Boubaya met en lumière des réformes qu’il juge indispensables pour redresser l’économie tunisienne.

Mais leur mise en œuvre reste, selon de nombreux observateurs, conditionnée à un équilibre délicat entre impératifs financiers, contraintes sociales et choix politiques.

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Digitalisation du transport : Un levier pour l’emploi, l’innovation et l’indépendance nationale

04. September 2025 um 18:00

La digitalisation du transport tunisien n’est plus une option mais une nécessité. Aujourd’hui, le secteur se trouve à un tournant décisif. Dans un contexte marqué par des contraintes budgétaires et une dépendance croissante aux solutions étrangères, la Tunisie doit choisir entre subir cette transformation ou en faire un levier de compétitivité, d’emploi et d’indépendance nationale. Karim Ahres, entrepreneur, CEO de Netcom et membre du BE Conect, nous donne plus d’informations sur cette thématique.

La Presse — La digitalisation du transport en Tunisie n’est plus facultative, elle s’impose désormais comme une priorité. Dans ce contexte, Karim Ahres, entrepreneur, CEO de Netcom et membre du BE Conect, a souligné que la transformation digitale n’épargne aucun secteur et que le transport tunisien se trouve aujourd’hui à un tournant décisif. Derrière la modernisation des bus, trains ou taxis collectifs, se cachent, selon lui, des enjeux bien plus vastes : l’efficacité opérationnelle, la réduction des coûts, mais surtout la souveraineté numérique. Il a affirmé que « maîtriser nos données, nos algorithmes et notre cartographie nationale n’est pas un luxe, mais une condition de survie économique et de stabilité sociale ».

Tout est une question de fluidité et de coûts

Il a ajouté que la révolution numérique transforme en profondeur la gestion du transport. Des applications intelligentes permettent déjà de réorganiser en temps réel les circuits en cas de perturbations, de prédire les pannes avant qu’elles ne mobilisent un bus, ou encore d’informer les voyageurs via écrans et téléphones mobiles. Ces innovations, a-t-il précisé, réduisent considérablement les coûts d’exploitation: moins de carburant gaspillé, des horaires optimisés et une maintenance proactive. «Pour les usagers, cela signifie des trajets plus fluides, des temps d’attente réduits et une meilleure qualité de service. Pour l’État et les entreprises de transport, cela ouvre la voie à une transparence accrue et à une planification plus fine des ressources », a-t-il développé. Cependant, Karim Ahres a insisté sur le fait que la Tunisie fait face à des défis majeurs. Les premiers sont financiers : « Equiper des flottes entières de capteurs, déployer un cloud sécurisé ou former du personnel représentent un coût important. Beaucoup d’opérateurs, déjà fragilisés par la hausse du carburant et les difficultés structurelles, peinent à investir ».

Il a aussi estimé que des obstacles techniques persistent par manque d’ingénieurs spécialisés en data science, en cybersécurité et en maintenance numérique. Cette lacune pousse parfois à recourir à des solutions étrangères, au risque de compromettre la souveraineté nationale. « Si nos applications et nos données de cartographie sont hébergées ailleurs, une simple panne ou une décision politique extérieure peut paralyser notre mobilité nationale », a-t-il averti. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, il devient urgent de bâtir une cartographie nationale souveraine et de développer des algorithmes tunisiens d’optimisation du trafic. Laisser ces fonctions vitales entre les mains de géants étrangers reviendrait, selon lui, à céder une part de notre indépendance.

Pour plus de compétitivité régionale

Plutôt que de subir cette mutation, la Tunisie peut en faire un atout. Karim Ahres a expliqué que la digitalisation du transport ouvre de nouvelles perspectives sur la compétitivité régionale en devenant pionnière au Maghreb dans la mobilité intelligente, la Tunisie pourrait exporter son savoir-faire vers ses voisins, de l’Algérie à l’Afrique subsaharienne. Elle ouvre également sur la création d’emplois qualifiés c’est-à dire ingénieurs IoT, analystes de données, experts en cybersécurité et développeurs d’applications trouveront leur place dans ce nouvel écosystème.

Le rayonnement international est considéré parmi les facteurs essentiels de nouvelles perspectives. En effet, un pays offrant une mobilité fluide, sécurisée et durable attire non seulement les investisseurs, mais aussi les touristes et les start-up en quête de territoires innovants. En un mot, a-t-il résumé, digitaliser le transport, c’est investir dans l’avenir économique et social du pays.

Au-delà de la modernisation technique, Karim Ahres a insisté sur l’aspect de souveraineté nationale. Les données de mobilité sont sensibles car elles renseignent sur les flux économiques, les habitudes des citoyens et la sécurité des infrastructures. Les confier à des plateformes étrangères reviendrait à accepter une dépendance dangereuse.

Ainsi, héberger nos applications sur des serveurs nationaux, créer une cartographie tunisienne indépendante et développer nos propres algorithmes d’intelligence artificielle ne sont pas, selon lui, de simples choix technologiques, mais de véritables impératifs stratégiques.

Karim Ahres a, enfin, rappelé que la digitalisation du transport n’est pas seulement une affaire de bus connectés ou de voyageurs mieux informés. Il s’agit d’un chantier national où se jouent la compétitivité de l’économie, la création d’emplois qualifiés et, surtout, la maîtrise des données stratégiques. En choisissant d’investir dans une mobilité intelligente et souveraine, la Tunisie ne modernise pas seulement son réseau de transport : elle affirme son indépendance, prépare l’avenir et se donne les moyens de devenir un acteur régional de premier plan.

Relance économique : Croissance en hausse, défis en vue 

02. September 2025 um 17:30

En 2025, la Tunisie affiche une croissance de 3,2 % et une inflation ramenée à 5,3 %, mais son déficit commercial dépasse 11,9 milliards de dinars et la dette publique franchit les 135 milliards.

Entre signes de reprise et déséquilibres persistants, l’enjeu reste de transformer l’investissement étranger et la dynamique des PME en véritables leviers de relance durable.

La Presse —En juillet 2025, la conjoncture économique du pays est marquée par des indicateurs contrastés. D’un côté, une croissance du PIB au second trimestre de +3,2 %, une baisse du taux d’inflation à 5,3 % et une légère diminution du chômage à 15,3 %.

De l’autre, un creusement du déficit commercial et courant, atteignant respectivement 11.905 millions de dinars contre 9.631,8 millions durant les sept premiers mois de 2024, ainsi qu’un élargissement du déficit courant au premier semestre 2025, établi à 3.399 millions de dinars (1,9 % du PIB) contre 1.964 millions (1,2 % du PIB) un an auparavant. 

Dans ce contexte complexe, Ridha Mrabet, ex-président directeur général d’une société de capital-risque régionale, a révélé que le déficit courant, causé par la détérioration du solde commercial, est partiellement atténué par les recettes touristiques et les revenus du travail. Le taux de couverture des importations par les exportations a reculé à 75,6 % contre 79,4 % durant la même période de 2024.

Souveraineté et autonomie 

L’encours de la dette publique a dépassé les 135,1 milliards de dinars à fin mars 2025, en hausse de 7,2 % par rapport à 2024, selon la note provisoire d’exécution budgétaire du ministère des Finances. Les prévisions de la Loi de finances 2025 l’estiment à 147,4 milliards de dinars à la fin de l’exercice, soit 80,5 % du PIB, répartis entre 42 % de dette extérieure et 58 % intérieure.

Ce basculement vers l’endettement intérieur s’inscrit dans la stratégie de souveraineté et d’autonomie financière de l’État. Pour sa part, le déficit budgétaire devrait s’établir à environ 5,5 % du PIB en 2025, contre 6,3 % en 2024, grâce à une hausse des recettes fiscales, notamment via l’impôt sur les sociétés et sur les hauts revenus.

Mrabet a expliqué que malgré ces ajustements, les défis structurels demeurent. «L’endettement intérieur excessif de l’État assèche le marché financier, constituant un lourd fardeau pour les entreprises et les ménages, dont l’accès au financement devient difficile et coûteux», a assuré le spécialiste.

Il a également souligné que l’épargne nationale, publique et privée, en tant que principale source de financement de l’investissement, est tombée à des niveaux historiquement bas (risquant de passer sous les 5 % du PIB). Les entreprises publiques, autrefois contributrices, sont désormais déficitaires, tandis que les ménages et le secteur privé s’essoufflent sous l’effet de la crise économique interne et internationale.

Des priorités nationales

Mrabet a insisté sur la nécessité d’encourager l’investissement étranger, mais dans le cadre de négociations équilibrées, tenant compte des priorités nationales : transfert technologique, valorisation des compétences tunisiennes, transition vers les énergies renouvelables et respect des normes environnementales, sociales et de gouvernance.

En parallèle, il a précisé que les PME, tous secteurs confondus, pourraient devenir un levier majeur de relance si elles accèdent plus facilement au financement. Évoquant la relation avec le FMI, il a rappelé qu’en 2022, la Tunisie a refusé un prêt de 1,9 milliard de dollars, dont les conditions incluent la privatisation de certaines entreprises publiques, la réduction de la masse salariale et la suppression progressive des subventions.

Selon lui, « les programmes du FMI manquent souvent de flexibilité, appliquant des modèles standards qui ne prennent pas en compte les réalités locales, risquant ainsi d’aggraver pauvreté et endettement ».

Ridha Mrabet a affirmé qu’au-delà des exportations traditionnelles (phosphate, huile d’olive, produits agricoles et industriels, tourisme, diaspora…), l’outil le plus adapté pour conjuguer souveraineté et efficacité reste l’investissement direct étranger ou en portefeuille, en partenariat avec des investisseurs privés locaux ou dans le cadre de PPP.

L’informel, une gangrène !

Il a enfin conclu que la stratégie de promotion de l’investissement étranger doit s’inscrire dans une logique de «gagnant-gagnant », respectueuse de l’environnement, des ressources naturelles et du potentiel humain tunisien.

S’agissant du secteur informel, Mrabet a expliqué qu’il représente une part importante de l’emploi et du PIB, principalement dans l’agriculture, le bâtiment et le commerce.

En dehors des circuits formels, il prive l’État de recettes fiscales et fragilise les travailleurs. En 2025, le gouvernement cherche à l’intégrer dans l’économie officielle grâce à la loi sur l’auto-entrepreneur et à des plateformes électroniques.

Toutefois, le niveau record du cash 25,9 milliards de dinars en août 2025 illustre la méfiance envers le système bancaire et alimente encore l’informel. 

Il a averti que malgré son rôle d’amortisseur en période de crise, le secteur informel risque de bloquer une véritable relance s’il continue à alimenter l’évasion fiscale et la concurrence déloyale.

La loi sur l’auto-entrepreneur, selon lui, mérite un suivi attentif, voire des renforcements par des exonérations fiscales supplémentaires et une facilitation d’accès au financement bancaire.

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