Lutte contre l’évasion fiscale : un potentiel de 700 milliards pour l’Afrique
Lors de son intervention à la 5e Conférence africaine sur la dette et le développement (AfroDAD 5), Dr Patrick Ndzana Olomo, Director, Economic Development Integration and Trade and Head of Economic Policy and Sustainable Development, African Union Commission, a appelé les pays africains à faire de la prochaine décennie une période décisive pour accélérer la transformation productive du continent.
Selon lui, l’Afrique doit investir massivement dans ses infrastructures, son capital humain et la transparence fiscale afin de créer un modèle de développement fondé sur la valeur ajoutée locale plutôt que sur l’exportation brute de ses ressources naturelles.
Avec une population estimée à 1,4 milliard d’habitants aujourd’hui et qui devrait atteindre 2,7 milliards d’ici vingt ans, le continent deviendra l’un des pôles démographiques et économiques les plus dynamiques au monde. « Nous devons être en mesure de produire les biens destinés à nos propres marchés et industrialiser l’Afrique », a insisté Dr Olomo.
Pour lui, l’enjeu est double : répondre à la demande intérieure croissante et positionner l’Afrique comme un acteur crédible de l’économie mondiale.
Sur le plan fiscal, il a rappelé que l’aide publique au développement (APD) est en net recul, ce qui oblige les pays africains à mobiliser davantage de ressources internes.
La lutte contre l’évasion fiscale, la corruption et les flux financiers illicites pourrait générer près de 700 milliards de dollars, une somme indispensable pour financer les secteurs productifs. « Le continent se place aujourd’hui à l’avant-garde de la réforme fiscale internationale, mais il ne faut pas négliger la fiscalité domestique », a-t-il ajouté, citant le travail mené avec des organisations comme Tax Justice Network et le Forum africain sur la fiscalité – African Tax Administration Forum (ATAF).
Enfin, Dr Olomo a souligné que l’Afrique devait parler d’une seule voix dans les instances internationales, notamment au sein du G20, afin d’affirmer ses priorités et peser dans la réforme de l’architecture financière mondiale. « L’Afrique n’a pas besoin de priorités importées. Elle doit définir les siennes et agir en leader dans la régulation internationale », a-t-il conclu.
Notre envoyée spéciale à Accra, Amani Mejri
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