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May Farouk au Festival international de Carthage : Un hommage à Oum Kalthoum, 50 ans après..

18. August 2025 um 18:50

Le concert a été marqué sold out et le public a fait la queue six heures avant le début du concert, pas uniquement pour revivre la magie des airs célèbres d’Oum kalthoum, mais pour l’énorme succès de May Farouk.

La Presse —Le Festival international de Carthage a accueilli pour la soirée du 16 août la star égyptienne May Farouk pour un concert en hommage à Oum Kalthoum qui nous a quittés il y a exactement 50 ans. Une succession de spectacles, expositions et autres événements culturels ont été organisés tout au long de cette année en Egypte et dans de nombreux autres pays arabes et même européens pour célébrer la mémoire de celle que l’on surnomme «La quatrième pyramide».

Oum Kalthoum ressuscitée

Le concert a été marqué sold out et le public a fait la queue six heures avant le début du concert, pas uniquement pour revivre la magie des airs célèbres d’Oum kalthoum, mais, vu l’énorme succès de May Farouk, pour son son propre répertoire. La star a d’ailleurs été «désignée » pour ce spectacle d’hommage, terme qu’elle a employé elle-même, en remerciant à maintes reprises ceux qui lui ont accordé ce privilège de chanter pour la première fois le répertoire de sa compatriote sur la scène mythique de Carthage. Le concert a été diffusé en direct sur trois chaînes publiques égyptiennes. Oum Kalthoum n’était pas qu’une chanteuse. C’était la voix qui a uni le peuple lors d’événements politiques bouleversants et que l’on entend encore aujourd’hui dans toutes les rues de son pays natal, ses tubes étant intemporels. L’ambassadeur égyptien faisait partie de l’audience, ce qui prouve davantage la forte valeur symbolique de cet événement.

Avant la montée de May Farouk sur scène, le public a pu suivre, sur grand écran, une vidéo qui récapitule des moments phares du passage d’Oum Kalthoum en Tunisie, en mai 1968, pour deux concerts successifs. L’émotion était déjà présente avec la voix de «L’astre d’Orient» dans «Biid anak». Quand May Farouk a fait son entrée, sous un tonnerre d’applaudissements, l’impatience était à son comble pour ce voyage musical à travers l’héritage d’Oum Kalthoum. En robe noire sobre et élégante, sans strass ni paillettes, son allure était simplement majestueuse. Sur scène, le maestro Mohamed Lassoued et sa troupe, une quarantaine de musiciens tous de noir vêtus, étaient déjà prêts à tenir le public en haleine.

«El hobb kolou» puis «Hadhihi Laylati», deux titres bien célèbres, ont instauré ce début d’immersion dans l’univers magique d’Oum Kalthoum. May Farouk a une très belle voix, puissante et porteuse d’une sensibilité palpable, ce qui lui facilite la reprise des mélodies de tarab de plusieurs chanteurs. Mais ce qui fait la différence entre elle et les autres interprètes qui ont chanté Oum Kalthoum durant un demi-siècle avec un niveau d’habileté variable, c’est l’aisance par laquelle  elle aborde ces titres. On voit bien ses expressions faciales sur l’écran géant : pas de visage froissé, pas de gesticulations, Elle chante avec délicatesse et retenue. Une voix maîtrisée, sans excès, qui passe l’émotion sans être maniérée et sans forcer, ni hurler.

Le programme a inclus «Fat el maad», «Daret el ayam», «Sirt el hob», «Enta omri» et bien d’autres tubes jusqu’à «Alf Lila w Lila» à la fin du spectacle. Le public a repris en chœur ces chansons qui ont marqué des générations entières. Des airs, peut-être moins populaires, ont également envoûte l’auditoire, dont «Holm» et «Gaddedet hobak». Applaudissements, acclamations.. Une vive émotion gagnait le public, mais aussi la chanteuse qui n’a pas retenu ses larmes dans ces moments de complicité. Et, de son répertoire personnel, May Farouk a subtilement inséré «Aftekerlak Eeh», un titre signé Amr Mustafa. La sortie de cette chanson, la toute première fois, est en effet reliée à une anecdote. Amr Mustafa, célèbre auteur-compositeur-interprète égyptien contemporain, l’a lancée il y a quelques années avec la voix d’Oum Kalthoum par des effets d’un logiciel d’intelligence artificielle. Le style musical était tellement proche de celui de la diva que le public a été confus. Le succès du morceau a été fulgurant. Ce n’est qu’après qu’il a attribué sa nouvelle création à May Farouk. Bien qu’elle s’écarte du concept de la soirée, cette œuvre était en parfaite harmonie avec les titres déjà présentés par son texte et la musique bien travaillés.

Et, pour le dernier morceau, la star égyptienne a mis un  habit traditionnel tunisien, pour conquérir encore plus les cœurs de ses spectateurs tunisiens.

La transmission, une responsabilité de chaque artiste

Lors de la conférence de presse, May Farouk et  le maestro Mohammed Lassoued sont revenus sur le choix minutieux des chansons pour ce spectacle grandiose. «Nous avons voulu insérer des genres différents, des qassids et des classiques cultes ainsi que des pépites que l’on n’écoute pas assez. Nous tenions à ne pas réduire le répertoire d’Oum Kalthoum aux seuls titres très célèbres». Quand on a posé la question à May Farouk si les spectacles de reprises l’empêchent de se forger une identité qui lui est propre, elle a répondu : «Je garde la même voix et la même personnalité sur les reprises comme pour mes chansons à moi. Ces concerts en hommage à Oum Kalthoum ou à d’autres figures de la musique arabe n’entravent pas le succès de mes propres albums. Je les vois comme un engagement, une responsabilité à laquelle nous sommes tous tenus pour que cet héritage perdure». May Farouk a souligné dans ce sens qu’elle souhaite faire un concert en Tunisie avec des titres de ses derniers albums. Par rapport au tarab, son genre de prédilection, elle a indiqué qu’elle s’est toujours sentie au fond plus proche de la musique des années 40-50. «Même si on dira que je ne suis pas en phase avec mon époque, je continuerai toujours à défendre le tarab à l’ère du digital».

Après le succès retentissant de son concert et l’accueil chaleureux du public tunisien, les journalistes ont voulu savoir si une collaboration avec l’un de nos artistes nationaux est envisagée. Le dialecte est un frein de taille, selon May Farouk, qui a loué le talent des chanteurs tunisiens en nommant principalement Saber Rebai, Latifa, Lotfi Bouchnek et Mohammed Jebali.

Ce concert à guichets fermés et l’engouement dont le public a fait preuve pour les tubes intemporels d’Oum Kalthoum pourraient peut-être inciter des artistes tunisiens à concevoir des spectacles qui lui seront entièrement dédiés. Le maestro Hafedh Makni, à la tête du «Carthage Symphony Orchestra», s’est déjà lancé dans une expérience similaire il y a quelques mois et le résultat a été une réussite incontestable. La célébration du legs d’Om Kalthoum ne doit pas se limiter  à son pays natal, c’est  une voix qui continuera à émerveiller et à fédérer des générations entières.

« Centifolia » de Rafik Gharbi au Festival international de Sousse : Un univers musical en pleine floraison

17. August 2025 um 19:30

Pour ce spectacle qui tire son nom de l’appellation scientifique de la rose aux cent pétales, un dress-code a été suggéré : des robes à fleurs, symbole de délicatesse, de féminité et de renouveau.  

La Presse — Pour la soirée du 13 août, le public de l’amphithéâtre Sidi Dhaher à Sousse a eu rendez-vous avec «Centifolia-Ghneyalik», dernier projet artistique de Rafik Gharbi. Le maestro a choisi une date hautement symbolique, celle qui célèbre les femmes tunisiennes, pour lever le voile sur un nouveau répertoire entièrement personnel.

Pour ce spectacle, Rafik Gharbi a franchi un cap décisif en jouant pour la première fois en Tunisie une version chantée de ses compositions. Une partie de ce projet a en fait été présentée à Paris en juin 2015, dans un spectacle intitulé « Couleurs méditerranées».  Des textes de Refka Sassi ont ainsi pris vie, portés par les voix de Lilia Ben Chikha, Mayssoun Fatnassi et Allem Oun en invité d’honneur.

Pianiste et compositeur, Rafik Gharbi a entamé sa carrière dans le jazz avant de s’ouvrir pleinement aux musiques du monde. Il a créé «Dafter Khanet», «Alchimie» et d’autres spectacles de musique instrumentale qui ont été programmés dans des événements prestigieux tels que le  Tabarka Jazz Festival, le Festival de jazz de Monastir et, plus récemment, l’année dernière au Festival international de musique symphonique d’El Jem.

Avec la maturité artistique et l’expérience, il s’est tourné vers des projets qui attirent un public plus large en mêlant des standards revisités à ses propres compositions. «Hier encore», hommage à Aznavour pour son centenaire, a fait salle comble au Théâtre municipal de Tunis dans une série de représentations en 2024. Les vidéos du spectacle ont cumulé des centaines de milliers de vues sur les réseaux sociaux. «Centifolia » marque ainsi un nouveau moment clé dans la carrière du maestro Rafik Gharbi qui passe cette fois des reprises et de la musique instrumentale à une version chantée de ses compositions.

Pour ce spectacle qui tire son nom de l’appellation scientifique de la rose aux cent pétales, un dress-code a été suggéré : des robes à fleurs, symbole de délicatesse, de féminité et de renouveau. Rafik Gharbi, au piano, a été accompagné d’un ensemble de musiciens talentueux, entre diplômés, enseignants à l’Institut de musique de Sousse ou étudiants chercheurs. Parmi les artistes de renom, ayant joué dans de grands spectacles en Tunisie et à l’étranger, les violonistes Riadh Ben Amor et Youssef Naccache ainsi que le guitariste Dhirar Kefi. Une mention spéciale pour Ghalia Ben Hlima, qui maîtrise à la perfection son luth à tout juste 17 ans.

La soirée a été entamée avec «Centifolia-Flamenco», un morceau de musique instrumentale. Une dizaine de titres dont «Nhebek w me naarafch alech», «Valse du temps», «Ghneyalik» et bien d’autres en dialecte tunisien ont, par la suite, fait le bonheur du public présent. Chaque texte de Refka Sassi racontait une histoire, tantôt mélancolique, tantôt lumineuse, portée par une sensibilité à fleur de peau.

Les voix de Lilia Ben Chikha et Meyssoun Fatnassi, douces et puissantes à la fois, ont traversé les différents registres avec une fluidité remarquable. En effet, Lilia Ben Chikha est une chanteuse lyrique ayant participé à des spectacles d’opéra en Tunisie et hors frontières. Le public l’a redécouverte récemment dans «La Traviata », une production du Théâtre de l’Opéra de Tunis. Quant à Meyssoun Fatnassi, elle a collaboré avec de nombreux artistes sur des projets divers, maîtrisant à la fois plusieurs langues et genres musicaux. 

Un large public a été présent à ce rendez-vous artistique. Chaque chanson, chaque morceau joué a généré de longs applaudissements tant pour la profondeur des textes, la richesse des mélodies et la puissance émotive des voix des interprètes.

Les vidéos projetées sur l’écran géant ont accentué l’univers poétique et floral de la soirée. Alya Menchari, première pilote et commandant de bord en Afrique et au Moyen-Orient, et de Ons Jabeur ont également adressé des vœux  dans des enregistrements faits spécialement pour «Centifolia». 

Quelques reprises ont été glissées dans ce spectacle, en hommage à Nabiha Karawli, Fairuz, Edith Piaf et Dalida. Le public a ainsi pu découvrir les nouvelles créations tout en chantant et en dansant sur des airs qui lui sont familiers. Le dernier titre a été «Le temps des fleurs de Dalida», en version revisitée. Et, pour clôturer la soirée en beauté, les artistes ont interprété la dernière chanson en jetant cent fleurs aux spectateurs présents, en cadeau symbolique pour la Journée  nationale de la femme.       

Lors de la conférence de presse, la parolière Refka Sassi est revenue sur la genèse de ce projet artistique.

«J’ai fait des textes sur mesure pour des compositions déjà prêtes. Il fallait que je transmette les émotions, mais aussi les souvenirs du compositeur qui lui ont inspiré chaque morceau».

«Centifolia» semble alors le début d’une nouvelle étape pour Rafik Gharbi, qui ne se contente plus d’interpréter le monde, mais qui commence à y inscrire sa propre voix. Le public, d’abord curieux, est parti ému et conquis. Une série de dates sera bientôt prévue à Tunis.  

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