Chine-Pékin : Une stratégie économique bien réfléchie
Entre héritage culturel et puissance technologique, Pékin s’affirme comme un modèle économique singulier. La capitale chinoise conjugue préservation patrimoniale et innovation de pointe, transformant ses traditions en levier d’attractivité et ses industries high-tech en moteur de croissance.
La Presse — Pékin, capitale politique et culturelle de la Chine, allie préservation patrimoniale et vie poussée vers l’innovation. Ces deux forces, parfois opposées, se révèlent en réalité complémentaires, nourrissant simultanément la croissance économique et la notoriété internationale de la ville.
Poids économique solide et concentré
En 2024, Pékin affichait un PIB nominal de 4.984.000 millions de yuans, soit environ 700 milliards de dollars, représentant 3,69 % du PIB national, selon des données officielles.
Avec un PIB par habitant proche de 227.652 yuans (32.038 USD), la ville se distingue par un niveau de vie élevé et un pouvoir d’achat fort.
Son économie repose principalement sur les services, qui génèrent 76,9 % de la production, tandis que l’industrie contribue pour 22,2 %. L’agriculture pèse, elle, 0,8 %.
Patrimoine : levier touristique et culturel
Le secteur du tourisme et des voyages, en plein redressement, s’approche des niveaux de l’avant-crise : en 2022, sa contribution au PIB était à moins de 4 % de son niveau de 2019 (34 milliards USD en 2022 contre 31 milliards en 2019).
Des études prospectives indiquent que Pékin pourrait bientôt devenir la première destination mondiale de tourisme urbain, devant Paris.
Ainsi, les districts historiques comme les hutongs, réhabilités en espaces culturels, cafés et librairies, constituent désormais un moteur économique, attirant jeunes urbains et voyageurs internationaux.
Modernité technologique et innovation
Selon des projections de « Bloomberg Economics » citées dans des analyses reconnues, le secteur de la haute technologie à Pékin (médical, équipement avancé, technologies de l’information) pourrait représenter d’ici 2026, environ 19 % du PIB (contre 11 % en 2018), et aller jusqu’à 23 % en intégrant les secteurs des véhicules électriques, batteries et panneaux solaires.
Le plan « Made in China 2025 », fortement soutenu par l’Etat, a permis de multiplier les incitations fiscales (environ 29 % de croissance annuelle des avantages fiscaux entre 2018 et 2022, totalisant 1,3 trillion de yuans, soit 185 milliards USD en 2022), représentant plus de 50 % des dépenses des entreprises.
Pékin concentre aussi les pôles technologiques majeurs : « Haidian », avec le quartier Zhongguancun, accueille les sièges d’entreprises comme « Baidu », « ByteDance» (TikTok), « Lenovo », « Xiaomi », « COMAC », et d’autres géants du numérique. « Wangjing » héberge de nombreux bureaux de grandes firmes technologiques (Microsoft, Siemens, Ericsson, Motorola…).
Pékin illustre, in fine, parfaitement la dualité stratégique de la Chine contemporaine : entretenir ses racines culturelles pour alimenter l’attractivité, et investir massivement dans l’innovation pour structurer son avenir économique. La tradition devient ainsi un socle, tandis que la modernité s’impose comme un relais de croissance. La Tunisie, qui ne cesse d’entretenir des relations bilatérales porteuses avec ce géant asiatique, peut procéder à l’instar de ce géant asiatique pour ainsi renaître de ses propres cendres.