La scène culturelle tunisienne perd une icône : Fadhel Jaziri tire sa révérence
Figure emblématique, Fadhel Jaziri est décédé hier, lundi 11 août, à l’âge de 77 ans, quelques heures après la représentation de sa dernière création «Jranti Laâziza» (Au violon) au Festival de Hammamet.
Il a marqué le paysage culturel tunisien et laisse derrière lui plusieurs œuvres majeures aussi bien au théâtre qu’au cinéma.
La Presse — Fadhel Jaziri fut l’un des plus grands artistes tunisiens. Il a fait exploser les codes du spectacle avec «Nouba», «Hadhra», «Noujoum», «Zghonda et Azzouz» et d’autres pièces de théâtre comme «la Révolte de l’homme à l’âne», «Caligula 1 et 2», «Arboun» et la dernière «Jranti Laâziza» qui résume à peu près la carrière de ce monstre sacré qui emporte avec lui un large pan de l’histoire culturelle tunisienne.
Insatisfait, toujours en quête de nouveautés, Si Fadhel, comme tout le monde l’appelait, aimait voir les choses en grand : mégaspectacles et mégaprojets. Tout devait être à la hauteur de ses ambitions et pour ce faire, il investit toute son énergie et les moyens financiers et humains pour mener à terme ses productions.
Avec sa disparition, un chapitre de l’Histoire de la scène et de l’écran se referme avec des créations inoubliables. Artiste infatigable toujours en quête de nouveaux talents, il a contribué à faire émerger un grand nombre d’acteurs et de chanteurs qui lui doivent respect et reconnaissance.
Jaziri et ses compagnons de route: Fadhel Jaibi, Jalila Baccar, Mohamed Driss, Habib Mazrouki entre autres, enfin tous les membres du Nouveau Théâtre, ont révolutionné le 4e art en tournant le dos au théâtre classique comme pratiqué autrefois et se sont positionnés comme les chefs de file d’un théâtre au souffle novateur.
Pour beaucoup de jeunes artistes, Fadhel Jaziri restera, par sa liberté de ton et son affranchissement des carcans classiques, d’une influence majeure. La particularité de son approche est qu’il ne concevait pas ses spectacles, ses pièces et ses films comme les autres mais entretenait un rapport particulier avec ses équipes artistique et technique qu’il ne ménageait aucunement. Car, pour lui, la scène demeure sacrée.
L’auteur de «Nouba» et «Hadhra» a changé la conception des spectacles qui a fait des émules et entraîné pas mal d’artistes dans son sillage. Des spectacles qui ont toujours drainé des foules et des foules et enflammé les gradins des plus grands théâtres.
Aujourd’hui, la scène artistique pleure la disparition d’une icône dont l’œuvre restera vivante et marquera à jamais les mémoires. Adieu Si Fadhel, adieu l’artiste !