Kairouan – Aïd El Idha : Des traditions bien ancrées
L’Aïd El Kébir, cette fête enracinée est bien ancrée dans nos traditions.
La Presse — Dans toutes les délégations du gouvernorat de Kairouan, il revêt une grande importance pour sa dimension religieuse, sociale et civilisationnelle. Et à l’approche de cette fête, on s’occupe de l’étamage des ustensiles en cuivre, de l’achat des condiments et du grand ménage à domicile. En outre, beaucoup de familles procèdent à l’acquisition du mouton bien avant le jour de l’Aïd et on préfère la race barbarine à grande queue dont la viande est savoureuse, sachant que la région est réputée pour la production ovine très importante.
Notons dans ce contexte qu’il a été décidé d’aménager un vaste espace couvert pour la vente contrôlée de moutons de sacrifice, et ce, afin de garantir l’équilibre entre l’offre et la demande et lutter contre le monopole et la spéculation. En outre, le prix de vente a été fixé à 21.900 le kilogramme, sachant que 110 mille têtes ovines sont disponibles.
Par ailleurs, on observe depuis deux semaines dans tous les villages et dans les quartiers populaires des moutons en laisse et on entend un concert de bêlements, pour certaines familles, le mouton est placé dans le garage s’il y en a, le jardin, et parfois même sur la terrasse ou le balcon.
Dans les pâturages, les éleveurs veillent sur leurs troupeaux et tout autour d’eux les éventuels acheteurs. Et l’on assiste ainsi à des scènes de marchandage. Néanmoins, on constate, à l’approche de chaque fête de l’Aïd à la recrudescence du vol de bétail. D’après les témoignages de beaucoup d’éleveurs, les voleurs utilisent souvent des véhicules loués dont les sièges arrière sont démontés afin de ne pas attirer l’attention. En outre, les tâches sont réparties entre ceux qui effectuent le vol, ceux qui s’occupent de la surveillance des lieux et du transport et ceux qui s’occupent de la liquidation des viandes du bétail auprès des boucheries clandestines et des restaurants.
Les petits métiers de l’Aïd
N’oublions pas les petits métiers qui, à cette occasion, ressuscitent et prennent vie et corps. Tel celui des aiguiseurs qui, tous les ans, à l’approche de l’Aïd El Kébir, reprennent du service. Outre, les boutiques situées en plein cœur de la médina, d’autres rémouleurs s’installent à tous les coins de rue, proposent leurs services à des citoyens tout occupés à préparer la fête du sacrifice et à faire sortir les haches, les couteaux et les machettes qui ont besoin d’un coup de neuf.
Ainsi, à longueur de journée, on a l’occasion de voir ces artisans s’affairer, aiguisant des lames rouillées pour qu’elles redviennent coupantes et reluisantes.
Et le jour de l’Aïd, d’autres personnes se reconvertissent en bouchers professionnels pour égorger les moutons et les découper.
Par ailleurs, rares sont les personnes qui achètent des moutons égorgés chez le boucher, car la plupart des gens préfèrent immoler la bête en famille où l’on essaie de créer une ambiance festive et goûter aux recettes traditionnelles dont le melthouth à la tête de mouton, le couscous aux osbènes, le borghol, la herghma, la mloukhia ou la klaya.
Et comme toutes les boulangeries restent fermées pendant plusieurs jours, on prépare la qualité de farine dont on aura besoin pour préparer à domicile la tabouna, le pain au blé dur et la siniya.