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- Journées cinématographiques de Carthage – «Hanami» de Denise Fernandez (Cap Vert) : Un voyage initiatique captivant
Journées cinématographiques de Carthage – «Hanami» de Denise Fernandez (Cap Vert) : Un voyage initiatique captivant
Un décor naturel sublime où se déploient les plages de sable noir et l’étendue du désert sauvage, le tout magnifié par un design sonore créant une atmosphère captivante.
L’émigration, sujet d’actualité brûlant, reste la préoccupation de nombreux cinéastes, qui, chacun son style, y ont posé leur regard. La Cap Verdienne Denise Fernandez, elle aussi, s’est penchée sur cette question en créant son propre univers à la fois réaliste et fantastique. Un premier long métrage de fiction en lice pour le Tanit d’or.
Le décor est l’île volcanique de Fogo au Cap Vert. Un paysage profondément ensorcelant dans lequel se déroule une histoire bouleversante sur l’attente et l’identité. Nia, souffrant d’une mystérieuse maladie, part se soigner hors de l’île. Elle abandonne son nouveau-né, Nana, sur l’île. Les femmes du village se bousculent pour s’occuper de la petite Nana. Elles vont apporter leur amour et leur énergie pour porter soin à l’enfant qui est également protégée par l’île elle-même.
On assiste à la vie de Nana en deux étapes : son enfance, puis son adolescence. Un portrait qui présente la fille comme observatrice et attentionnée établissant des liens avec son entourage. Prise de fortes fièvres, on l’envoie se faire soigner au pied d’un volcan où un guérisseur la prend en charge. Mais pour se rendre à ce guérisseur, elle doit traverser l’île pour se rapprocher du volcan qui va réveiller son imagination en découvrant un monde suspendu entre rêves et réalité. C’est alors que la cinéaste passe d’une démarche réaliste et linéaire à une approche surréaliste pour donner à ce voyage initiatique davantage de consistance.
C’est à ce stade que la petite évolue vers l’adolescence et regagne le domicile. Malgré ces passages de l’enfance à l’adolescence, le récit reste fluide et l’évolution narrative et temporelle bien nette. Dans ce parcours, Nana reçoit la visite de sa mère. Une visite où les deux femmes se confrontent. La réalisatrice filme la scène en utilisant tantôt le miroir tantôt les vitres pour souligner, dans un premier temps, la distance qui les sépare puis petit à petit, cette distance s’atténue et leur proximité devient plus apparente lorsque les reflets des vitres s’atténuent.
Depuis son retour au domicile, Nana a changé et le village aussi. Beaucoup son partis et peu sont restés sur place. Devant cette situation, Nana est hantée par la question du départ. Choisira-t-elle de rester ou de partir ? Un choix douloureux et une décision difficile à prendre… «Hanami», campé par Dailma Mendes dans le rôle de Nana enfant, et Sanaya Andrade, adolescente, est une œuvre au décor naturel sublime où se déploient les plages de sable noir et l’étendue du désert sauvage, le tout magnifié par un design sonore créant une atmosphère captivante et rehausse fortement l’intrigue.
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- JCC 2024 – «Le Lac Bleu» de Daoud Oulad Al-Sayed en Compétition officielle: Un voyage spirituel dans le désert
JCC 2024 – «Le Lac Bleu» de Daoud Oulad Al-Sayed en Compétition officielle: Un voyage spirituel dans le désert
Une quête mystique à la recherche d’une mare légendaire connue sous le nom du «Lac bleu» pour capter la beauté du monde au hasard la chance tout en étant aveugle… Un récit poétique qui invite à la contemplation.
«Marja Zarqa» (Le lac bleu) du réalisateur marocain Daoud Oulad Al-Sayed, film projeté dans le cadre de la compétition officielle des longs métrages de fiction de la 35e édition des JCC, est un road trip dans le désert marocain, efficace et touchant qui nous rappelle l’histoire du « Petit prince » de Saint-Exupéry.
C’est l’histoire poignante de Youssef, un garçon de 12 ans, orphelin et non-voyant, qui vit avec ses grands-parents dans un village perdu en plein désert. Allal, chauffeur de taxi, et Ouardia. Un jour, son grand-père lui offre un appareil photo. Dès lors, Youssef se met à photographier au pif tout ce qui l’entoure. Il demande à son grand-père de l’amener au lac bleu qui se situe au cœur des vastes étendues du désert. C’est ainsi que l’aventure commence. Et le voyage marque un grand tournant dans la vie de l’adolescent ainsi que du film en question.
Dans cet opus de 85 minutes, le film nous embarque dans une quête mystique à la recherche d’une mare légendaire connue sous le nom du «Lac bleu». Capter la beauté du monde au hasard la chance en étant aveugle est une entreprise jouissive pour Youssef qui s’entête à ce que son grand-père le conduise jusqu’au lac bleu. Le spectateur est en haleine durant tout ce voyage en se demandant si le lac bleu existe réellement ou bien est-ce juste un mirage? Plus l’histoire avance et plus le suspense augmente.
Plusieurs événements vont jalonner ce périple. A commencer par le vieux tacot de Allal qui tombe en panne et les rencontres fortuites avec les quelques rares personnes croisées en chemin. Le grand-père essaie de convaincre son petit-fils de renoncer à ce voyage mais l’enfant s’entête et tient bon malgré toutes les vicissitudes. En cours de route, Youssef interroge son grand-père sur la mort de ses parents. Comment sont-ils morts ? Allal hésite à répondre puis il finit par révéler la vérité qu’ils sont décédés au cours d’un accident de la route alors qu’il conduisait la voiture.
Le récit est poétique et invite à la contemplation de très beaux paysages du désert, qui est aussi un personnage essentiel du film. Les vagues de dunes dorées contrastent avec le ciel bleu ainsi que l’horizon lointain invitent à la méditation et à un voyage intérieur. Le film d’une grande beauté esthétique explore des thèmes fondamentaux comme la transmission, la quête de soi et l’endurance dans un désert où l’eau et la nourriture manquent.
Youssef, parti pour une quelconque aventure, réalise en fait un voyage initiatique qui donne sens à sa vie. L’appareil photo devient un outil essentiel pour capturer un monde invisible pour lui, mais qu’il ressent avec beaucoup d’ardeur. Saint-Exupéry ne dit-il pas que l’essentiel est invisible pour les yeux. La cécité de Youssef n’est plus appréhendée comme un simple handicap mais devient une allégorie de l’introspection.
Sur le plan cinématographique, les plans larges sont d’une grande précision picturale et le design sonore amplifie cette immersion dans le désert avec ses murmures, ses silences, le souffle du vent et le bruit des pas sur le sable. L’excellent casting est formé d’acteurs marocains de renommée tels que Mohamed Khouyi, Hasnaa Tamtaoui, Youssef Kadir, Azelarab Kaghat et Abdelhak Saleh. « Le lac bleu » est une œuvre majeure, sans doute la plus achevée de son réalisateur, Daoud Oulad Al-Sayed.
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