Gros plan : ‘‘Gladiator 2’’, une histoire insensée
La semaine dernière, je suis allé voir ‘‘Gladiator 2’’, à Pathé Cinéma, Tunis City (Ariana). Je crois que la grande majorité des fans de ‘‘Gladiator’’ a compris que la suite n’avait pas lieu d’être.
Mohamed Sadok Lejri
Ce deuxième opus de ‘‘Gladiator’’ est un film qui n’aurait jamais dû voir le jour; Ridley Scott aurait dû se contenter de la première partie. Il n’y avait plus rien à raconter après la mort de Maximus.
Mais, tout bien considéré, je n’ai pas vraiment été déçu par ‘‘Gladiator 2’’ parce que, dès le début, je savais à quoi m’en tenir. Je suis allé voir ce film à grand spectacle pour les scènes de combat. Et, à ce niveau-là, on est bien servi!
Les Nord-Africains doivent-ils être noirs ?
Quand les Américains réalisent un péplum ou un film sur une grande figure historique telle que Napoléon, il ne faut prêter aucune importance à la contextualisation et aux faits historiques, puisqu’ils aiment bien réécrire l’Histoire à leur manière en nous assommant de trucs abracadabrants, juste pour la beauté du spectacle et pour que ça soit compatible avec l’idée qu’ils se font des peuples non américains.
Par exemple, les Africains, y compris les Nord-Africains, doivent être noirs ou très bronzés pour eux. Le rôle de Jugurtha n’a pas été attribué à Peter Mensah sans raison. Il faut dire que le premier opus de ‘‘Gladiator’’ et les péplums (films et séries) qui l’ont suivi (‘‘Rome’’, ‘‘300’’, ‘‘Spartacus’’, etc.) souffraient déjà de ces stéréotypes bien ancrés dans la société états-unienne.
Les scènes qui se déroulent dans l’arène m’ont bien amusé, même si le film est mauvais. Le scénario est tiré par les cheveux. Ils ont fabriqué de toutes pièces une histoire insensée pour donner une suite au premier opus. Le scénario est décousu et manque de substance, les dialogues sont pensés à l’aune des valeurs modernes américaines et sont calqués sur les discours fondés sur la notion de freedom et de l’american dream. Le casting, quant à lui, est nul à chier. Paul Mescal est dépourvu de charisme, il n’a pas cette dimension tragique qu’avait Russell Crowe.
Un film qui ne suscite aucune émotion
L’idée des frères jumeaux empereurs n’est pas mauvaise, mais les personnages manquent de force et symbolisent la décadence de manière caricaturale. Denzel Washington dont tout le monde chante les louanges est un peu trop «funky» pour ce rôle. Ses mimiques ne sont pas sans nous rappeler celles des petits caïds du Bronx et de Harlem. Seul Pedro Pascal est convaincant dans ce film ! Non seulement il a la gueule de l’emploi, mais, en plus, c’est un bon acteur. En revanche, son rôle n’a pas été exploité à son plein potentiel.
Enfin, contrairement au premier opus, ‘‘Gladiator 2’’ ne suscite en nous aucune émotion; il lui manque l’aspect tragique. Last but not least, et pour surfer sur la nostalgie, ils ont inséré, à la fin du film, la musique culte de Hans Zimmer de manière un peu abrupte et téléphonée. Cette musique arrive comme un cheveu sur la soupe car le film pèche par l’absence de tragédie et ce, malgré une grandiloquence déplacée et des répliques ressassées telles des poncifs et déclamées avec une emphase de mauvais aloi.
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