Tunisie : La calligraphie arabe à l’honneur
Une manifestation ayant pour thème « trente ans au service de la calligraphie arabe et de la décoration islamique » se déroule du 11 au 18 novembre, au siège du Centre National de la Calligraphie niché dans un ancien palais beylical au cœur de la Médina, Dar Mestiri, datant du 19è siècle.
Yassine Mokrani, directeur du centre national de la calligraphie et Conservateur du patrimoine à l’Institut National du Patrimoine, a présenté une manifestation visant à faire connaître le Centre et ses activités auprès du grand public.
Une série d’ateliers sont au programme de cet événement qui s’est ouvert, lundi, par une exposition calligraphique. Les jeunes et moins jeunes peuvent participer aux divers ateliers et découvrir les œuvres des étudiants du centre, exposées dans le hall du Palais. Une journée d’étude sur la calligraphie arabe et la décoration est également au menu.
Lors d’une conférence qui s’intitule « Calligraphie arabe et numérisation : la calligraphie Kairouanaise comme modèle », organisée, mardi, Béchir Darraji, professeur de calligraphie arabe au Centre national de la calligraphie et Concepteur publicitaire numérique a parlé des logiciels de numérisation de la calligraphie arabe.
Il a évoqué son expérience dans la numérisation de la calligraphie Kairouanaise, en coordination entre le Tunisien Amer Ben Jeddou et le Yéménite Sultan Maqtari.
Le calligraphe Amer Ben Jeddou a mentionné un projet réalisé grâce à l’expertise de Sultan Maqtari, propriétaire de la fameuse police Sultan, chercheur, calligraphe, concepteur de polices de caractères et artiste numérique professionnel.
Maqtari a conçu plus de 50 polices de caractères arabes qui ont été publiées gratuitement sur Internet en tant que polices expérimentales non commerciales. Il est le premier à informatiser, l’ancienne écriture sud-arabe, Musnad, qui a été approuvée, en 2008, par le comité international des chercheurs et scientifiques américains et accepté d’être inclue dans le code standard international (Unicode).
Notons que la salle des manuscrits au Musée National des Arts Islamiques de Raqqada, -qu’abrite la ville de Raqqada site de la seconde Capitale des Aghlabites-, qui se trouve à un kilomètre de la ville de Kairouan, renferme « une riche collection de feuillets de coran sur parchemin appartenant à la bibliothèque de la Grande mosquée de Kairouan témoignant de l’évolution des styles d’écriture et d’ornementation (du IIle H./VIIIe ap. J.C. au VIIIe H./XIV siècle ap. J.-C. ».
Créé en 1994, le Laboratoire national pour la sauvegarde et la restauration des manuscrits de Raqqada est une unité à caractère scientifique relevant de l’Institut national du Patrimoine (INP) et qui a son siège du Musée National des Arts Islamiques de Raqqada. Préserver le fonds national des manuscrits et les restaurer, recourir aux méthodes scientifiques et techniques modernes, utilisées dans ce domaine, en collaboration avec les institutions étrangères et internationales spécialisées, sont parmi ses attributions.
La Calligraphie arabe au patrimoine mondial de l’Unesco
La « calligraphie arabe : compétences, savoirs et pratiques » est inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’Unesco. Annoncée fin 2021, l’inscription est le fruit d’une candidature arabe commune déposée en 2020 par 16 pays : Algérie, Arabie Saoudite, Bahreïn, Égypte, Émirats arabes unis, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Mauritanie, Maroc, Oman, Palestine, Soudan, Tunisie et Yémen.
« Trait majeur de la culture arabo-musulmane, la calligraphie s’est affirmée comme un socle identitaire et une pratique complexe où se côtoient, sinon se croisent, l’art, le sacré et les médiations philosophiques au sein de la société avec sa mémoire, ses valeurs et les tendances qui la marquent, selon les époques. », lit-on dans la description de cet élément du patrimoine immatériel.
Selon le même document, «la calligraphie pratiquée en Tunisie fait partie intégrante de la calligraphie arabe en général, et celle du Maghreb en particulier. Si sa genèse s’inscrit dans le contexte de la conquête arabo-musulmane du Maghreb, elle a vite évolué, notamment après la fondation de Kairouan, en 670, qui devient la capitale de l’Etat aghlabite et le centre scientifique et culturel de tout le nord de l’Afrique, ce qui a donné naissance à la calligraphie kairouanaise inspirée de Koufa et son dérivé le coufique ou le kairouanais fleuri ».
La calligraphie arabe désigne la pratique artistique consistant à retranscrire l’écriture arabe manuscrite avec fluidité, afin d’exprimer harmonie, grâce et beauté, indique le site de l’Uneso. Elle utilise les vingt-huit lettres de l’alphabet arabe, rédigé en écriture cursive de droite à gauche.
Cet art arabo-islamique est caractérisé par la fluidité de l’écriture qui offre des possibilités infinies dans l’usage des lettres, dans les œuvres traditionnelles aussi bien modernes.
Traditionnellement, les tiges de roseau et de bambou forment les techniques d’écriture le plus souvent en usage sur du papier qui est fabriqué à la main et enduit d’amidon, de blanc d’œuf et d’alun. Ces matériaux naturels constituent des outils d’écriture avec de l’encre, fabriqué à partir d’ingrédients tels que le miel, la suie et le safran.
La calligraphie moderne utilise fréquemment des marqueurs et des peintures synthétiques et de la peinture en bombe spray est utilisée pour les calligrafies peintes sur les murs, les panneaux et les bâtiments. Les artisans et les designers ont recours à la calligraphie arabe pour réaliser des ornementations artistiques, par exemple sur le marbre, les sculptures sur bois, la broderie et la gravure sur métal.
La Presse
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