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Lancement du programme ALECA: repenser l’humain et l’humanisme au cœur des échanges culturels et philosophiques

16. Dezember 2025 um 11:11

L’Alliance française de Tunis a lancé le programme ALECA – Avenir : Liens, Échanges, Cultures et Académies, une initiative internationale consacrée aux échanges intellectuels, philosophiques et culturels entre l’Afrique, la Méditerranée et l’Europe. Coordonné depuis la Tunisie, ce programme ambitionne d’emblée de replacer l’être humain au centre des réflexions contemporaines, en mobilisant philosophes, chercheurs et universitaires autour d’un travail collectif appelé à s’inscrire dans la durée.

Dès la présentation du projet, le président de l’Alliance française de Tunis, Mohamed Aissaoui, a insisté sur le caractère universel et profondément ambitieux d’ALECA. Selon lui, le programme est né d’un constat alarmant: le monde traverse une crise majeure des relations humaines. Au-delà des conflits politiques ou économiques, c’est l’humanisme lui-même qui recule. De plus, les jeunes générations, confrontées à une pression constante de performance, à l’isolement et à la perte de repères, peinent à se projeter et à donner du sens à leur parcours. Face à l’échec des réponses politiques, militaires, économiques ou éducatives classiques, l’Alliance française de Tunis a fait le choix de donner le relais aux philosophes et aux chercheurs, jugés capables de repenser les fondements mêmes du vivre-ensemble.

En fait, il s’agit de connecter durablement des penseurs issus de différents horizons afin de contribuer à un changement de paradigme et à une revalorisation de l’humain dans toutes les sphères de la société.

La structuration intellectuelle du programme a ensuite été présentée par Ali Aissaoui, à l’origine de la conception d’ALECA. À ses yeux, ce projet est né d’un sentiment d’ignorance et de malaise personnel, lié à l’absence quasi totale des philosophies africaines et arabophones dans les enseignements universitaires qu’il a reçus. Or, cette lacune, selon lui, n’est pas marginale mais largement partagée, révélant une sous-représentation persistante de nombreuses traditions intellectuelles dans les sciences humaines. Dès lors, penser l’humanité sans ces apports revient à produire une réflexion incomplète.

«Universaliser signifie penser avec le plus grand nombre de cultures, de langues et de perspectives», a souligné Ali Aissaoui.

Afin de traduire cette ambition en actions concrètes, le programme ALECA repose sur quatre axes réunis sous l’acronyme APC. Le premier concerne les archives, avec la collecte et la traduction des pensées africaines et arabes, anciennes et contemporaines, ainsi que des récits et histoires issus des dialectes. Le deuxième axe porte sur la publicité, entendue comme la mise à disposition publique et accessible de ces ressources et la visibilité du projet dans les milieux académiques. Le troisième est consacré aux échanges entre chercheurs et institutions, tandis que le quatrième vise la continuité, condition essentielle pour inscrire ce travail dans le temps long.

Un débat pour exiger un humanisme relationnel

Dans la continuité de ces interventions, la cérémonie de lancement a donné lieu à un débat dense et engagé, centré sur la question «exiger un humanisme relationnel». Modéré par Ahlem Ghayaza, cet échange a réuni François Dosse, épistémologue et historien des idées, Thiémélé Léon Boa, philosophe ivoirien et référence des humanités africaines, ainsi qu’Alain Godonou, historien et spécialiste des politiques patrimoniales.

D’emblée, le débat a interrogé la fragilité de la relation humaine dans un monde dominé par les logiques de productivité, d’investissement et de rentabilité. François Dosse a inscrit la réflexion dans une perspective globale, estimant que la crise actuelle ne concerne pas un espace géographique particulier, mais l’ensemble de la planète. Il a évoqué une crise d’historicité marquée par l’incapacité à se projeter dans l’avenir. Les sociétés contemporaines, selon lui, sont enfermées dans un présent permanent où le futur n’est plus porteur d’espérance et où le passé devient un simple objet de conservation, nourrissant une forme de mélancolie collective. Dès lors, il a souligné l’urgence de reconstruire un horizon d’attente et un projet commun, indispensables à toute existence individuelle ou collective.

De son côté, Thiémélé Léon Boa a apporté un regard situé depuis l’Afrique. Il a rappelé que le rapport au passé est profondément marqué par l’histoire coloniale, qui a longtemps séparé les peuples africains de leur propre mémoire. Pour lui, la reconstruction du lien au passé constitue un acte de résistance et de réappropriation. Il ne s’agit pas d’une nostalgie figée, mais d’un travail de connaissance et de reconnaissance permettant de construire l’avenir à partir de ce que l’on a été.

Alain Godonou a, quant à lui, insisté sur la dimension concrète de l’engagement intellectuel. Son parcours dans le domaine du patrimoine est né, explique-t-il, d’un besoin fondamental: donner des repères à la jeunesse. Le patrimoine n’est pas une accumulation d’objets, mais un outil de construction identitaire et de projection collective. Il a rappelé que les institutions, aussi solides soient-elles, n’existent réellement que par les femmes et les hommes qui les incarnent. Sans vision ni engagement humain, elles perdent leur sens.

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