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RSIFF 2025 – Trésors du cinéma restauré

21. Oktober 2025 um 12:40

Depuis quelques années, les plus grands festivals de cinéma accordent une place croissante aux sections consacrées aux films restaurés et aux trésors du patrimoine mondial. À Cannes, Venise ou Berlin, ces programmations dites « Classics » ou « Treasures » sont devenues des rendez-vous incontournables : elles ne se limitent plus à la nostalgie, mais incarnent la continuité même du cinéma, sa mémoire vive. En redonnant vie à des œuvres oubliées ou fragilisées par le temps, elles rappellent que la préservation du patrimoine n’est pas seulement un acte de sauvegarde, mais aussi un geste de transmission. Montrer un film restauré, c’est offrir à de nouvelles générations la possibilité de voir — souvent pour la première fois sur grand écran — des images fondatrices, des voix et des émotions qui ont façonné l’histoire du septième art. C’est aussi replacer ces œuvres dans un présent qui, sans elles, perdrait une part essentielle de sa culture et de sa sensibilité.

C’est dans cette dynamique que s’inscrit désormais le Festival international du film de la mer Rouge, dont la 5ᵉ édition se tiendra à Djeddah du 4 au 13 décembre 2025. En seulement quelques années, l’événement s’est imposé comme un acteur central dans la redécouverte et la valorisation du cinéma d’hier, en particulier dans le monde arabe. Sa section Treasures (Trésors), devenue emblématique, réunit cette année six films majeurs, arabes et internationaux, minutieusement restaurés, et proposera, pour la première fois en Arabie saoudite, une projection de films muets accompagnée en direct.

Pensé comme un hommage vibrant aux archives vivantes du septième art, le programme Treasures offre au public l’occasion rare de redécouvrir des œuvres devenues légendaires, sublimées par les restaurations les plus récentes. Faisal Baltyuor, directeur général de la Red Sea Film Foundation, en résume la philosophie : « Cette année, Treasures met en lumière de véritables légendes du cinéma, des moments et des performances devenus immortels, recréés pour les spectateurs saoudiens et internationaux. Chacun de ces films a marqué une étape importante lors de sa sortie initiale, et c’est un honneur particulier pour nous d’avoir contribué à la restauration de deux des œuvres les plus mémorables d’Oum Kalthoum, dans le cadre de notre engagement constant à offrir le meilleur du cinéma à l’Arabie saoudite. »

L’héritage d’Oum Kalthoum magnifié par la restauration

Parmi les joyaux de cette sélection figurent deux films légendaires du patrimoine égyptien, Aïda (1942) et Nashid al-Amal (Le Chant de l’Espoir, 1937), tous deux réalisés par Ahmed Badrakhan et portés par la voix et la présence inégalables d’Oum Kalthoum, véritable icône du monde arabe. Restaurés en 4K grâce à la collaboration entre la Red Sea Film Foundation et Egypt Media City, ces films seront projetés pour la première fois dans leurs nouvelles versions au festival.

Dans Aïda, Oum Kalthoum incarne la fille d’un modeste fermier, amoureuse de Sami, un jeune noble. Leur relation, condamnée par les barrières de classe, se heurte au refus du père de ce dernier, un pacha inflexible. Mais tout bascule lorsque celui-ci, assistant à une représentation musicale d’Aïda, est bouleversé par sa voix et finit par accepter leur union. Ce mélodrame romantique est aussi une réflexion sur la société égyptienne de l’époque, traversée par les tensions entre classes sociales et les aspirations individuelles.

Le Chant de l’Espoir explore, quant à lui, un dilemme plus intime et profondément féminin. Oum Kalthoum y interprète Amal, une jeune femme talentueuse, écartelée entre son amour et son ambition artistique. Contrainte de choisir entre sa carrière de chanteuse et les attentes d’une société patriarcale, Amal incarne le conflit douloureux entre devoir social et liberté personnelle. Derrière cette intrigue mélodramatique se dessine la figure d’une femme qui, dans la vie réelle comme à l’écran, n’a jamais cessé de défier les conventions pour imposer sa voix dans un monde dominé par les hommes.

RSIFF 2025 Treasures
Oum Kalthoum dans le film Le Chant de l’Espoir, 1937

Spellbound : Hitchcock et le pouvoir du rêve

Le programme met également à l’honneur un chef-d’œuvre du cinéma mondial : Spellbound (La Maison du Docteur Edwardes, 1945) d’Alfred Hitchcock, récemment restauré par Walt Disney Studios en association avec The Film Foundation, avec la participation de l’Academy Film Archive et le soutien de Martin Scorsese et Steven Spielberg. Ce thriller psychologique, produit par David O. Selznick, témoigne de la fascination du producteur pour la psychanalyse, sujet encore peu abordé à Hollywood dans les années 1940.

Sur le tournage, Selznick imposa même la présence de son propre psychanalyste en tant que conseiller, au grand dam du réalisateur. Le film est également célèbre pour la séquence onirique imaginée par Salvador Dalí, dont il ne subsiste que deux minutes dans la version finale, mais qui demeure un moment d’anthologie du cinéma surréaliste.

Porté par Ingrid Bergman et Gregory Peck, Spellbound explore la frontière trouble entre culpabilité et folie, raison et désir. Sa projection au Festival de la mer Rouge marquera la première présentation publique de cette restauration de 2024.

Le Grand Bleu : le souffle infini de Luc Besson

Autre moment fort du programme : Le Grand Bleu (The Big Blue, 1988) de Luc Besson, film culte franco-américain-italien qui fera ses débuts sur grand écran en Arabie saoudite.

Inspiré de la vie de champions d’apnée, le film raconte la rivalité fraternelle entre Jacques Mayol (Jean-Marc Barr) et Enzo Molinari (Jean Reno), deux amis d’enfance devenus plongeurs de légende. À leurs côtés, Rosanna Arquette incarne la ligne fragile entre l’amour terrestre et l’appel des profondeurs.
Réalisé à une époque où les effets spéciaux numériques n’existaient pas encore, Le Grand Bleu repose sur de véritables plongées, filmées avec une grâce et une intensité inégalées. La bande originale d’Éric Serra, aux accents planants, accompagne ces images subaquatiques d’une beauté hypnotique. Véritable phénomène populaire, le film est resté à l’affiche en France pendant un an, attirant près de dix millions de spectateurs.

Un hommage vibrant à l’âge du muet

L’édition 2025 offrira au public saoudien une expérience inédite : celle d’un programme intitulé Silent Film Spectacular, consacré à l’âge d’or du cinéma muet accompagné en direct. Pour cette grande première en Arabie saoudite, le célèbre pianiste britannique Neil Brand, référence mondiale de l’accompagnement musical des films muets, fera résonner sa musique en parfaite harmonie avec les images d’époque.

Ce spectacle réunira trois courts métrages burlesques signés Buster Keaton, Charlie Chaplin et Laurel & Hardy : The Immigrant, Liberty et One Week. Avec un pianiste et un batteur jouant en direct, le public retrouvera l’esprit des premières projections du début du XXᵉ siècle, lorsque chaque salle devenait un théâtre vivant. Un moment de grâce et de rires, à partager en famille, qui rappellera la puissance universelle du cinéma muet et son humour intemporel.

Umrao Jaan : la poésie de l’Inde restaurée

Enfin, le festival accueillera la projection exceptionnelle du film indien Umrao Jaan (1981) de Muzaffar Ali, restauré en 4K cette année par les Archives nationales du film de l’Inde dans le cadre du National Film Heritage Mission. Adapté du roman de Mirza Hadi Ruswa publié en 1899, Umrao Jaan Ada, ce drame somptueux raconte le destin d’une poétesse et courtisane de Lucknow au XIXᵉ siècle, interprétée par Rekha, dont la prestation reste l’une des plus marquantes du cinéma indien.

Porté par la musique envoûtante de Khayyam et les vers de Shahryar, le film recrée avec minutie l’élégance raffinée de la culture d’Awadh, à travers ses costumes, ses décors et ses chansons devenues mythiques. Œuvre d’auteur réalisée en marge du cinéma commercial, Umrao Jaan a acquis au fil du temps un statut culte, célébré pour sa sensualité, sa poésie et son regard mélancolique sur un monde disparu.
Sa projection au Festival de la mer Rouge sera aussi la première organisée hors d’Inde, confirmant la portée internationale du travail de restauration entrepris par les institutions cinématographiques indiennes.

En réconciliant mémoire et modernité, le programme Treasures du Red Sea International Film Festival 2025 invite à un voyage à travers les époques et les continents, un dialogue entre l’Orient et l’Occident, entre le silence et la musique, entre l’amour et la mer, la folie et la poésie.
Chaque film y devient un témoin vivant, restauré pour reprendre sa place dans la lumière, et rappeler que le cinéma, au-delà des langues et des frontières, demeure avant tout un art de la mémoire.

Neïla Driss

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RSIFF 2025 – Des courts métrages au cœur des réalités arabes

13. Oktober 2025 um 12:19

À l’approche de sa cinquième édition, le Festival international du film de la Mer Rouge (Red Sea International Film Festival, RSIFF) a levé le voile sur la sélection officielle de son programme Arab Shorts 2025, une section dédiée aux courts métrages arabes en compétition. Cette année, onze films venus d’Arabie saoudite, de Palestine, du Liban, d’Égypte, du Maroc, d’Irak et des Émirats arabes unis y concourront, révélant la vitalité et la pluralité des écritures cinématographiques arabes contemporaines. Ces œuvres seront projetées du 4 au 13 décembre 2025 dans le quartier historique d’Al-Balad, cœur battant de Djeddah, où les ruelles anciennes et les écrans éphémères se rencontrent pour célébrer un cinéma ancré dans la mémoire et tourné vers l’avenir.

Une mosaïque d’identités et de regards

Depuis sa création, le RSIFF a fait de la diversité des récits arabes l’un de ses piliers. L’édition 2025 ne déroge pas à cette ambition : le programme Arab Shorts réunit des cinéastes émergents dont les œuvres interrogent avec finesse les notions de mémoire, d’identité et d’appartenance. Ces films courts, souvent intimes mais toujours audacieux, abordent la complexité des sociétés arabes contemporaines en mêlant réalisme, poésie et introspection.

Le festival décrit cette sélection comme « une nouvelle vague de voix distinctives », incarnant à la fois la richesse culturelle du monde arabe et l’universalité des émotions humaines. Chacun des onze films choisis explore un territoire singulier : celui du corps, du deuil, de la foi, de la peur, de la transmission ou encore de la solitude, mais tous partagent une même volonté — celle de donner forme au tumulte intérieur d’une génération qui observe, questionne et se réinvente.

Les films sélectionnés

Coyotes, réalisé par Said Zagha (Palestine)
Dans un décor nocturne de Cisjordanie, un chirurgien palestinien rentre chez lui après une garde éprouvante. Mais ce trajet banal devient une traversée initiatique, où les frontières physiques et psychologiques se confondent. À travers ce huis clos mobile, Zagha filme la fatigue, la peur et la résistance du quotidien sous occupation, dans une tension feutrée où le silence pèse plus lourd que les mots.

Empty Lands, de Karim Eldin El Alfy (Égypte)
Un officier fidèle à l’État et son épouse emménagent dans une maison autrefois occupée par une famille déplacée. Les traces laissées par l’ancienne présence — notamment l’ombre d’une fille disparue — réveillent un malaise diffus. Le film s’impose comme une allégorie subtile sur la culpabilité et la mémoire, interrogeant ce qui reste quand la loyauté se heurte à l’injustice.

Quo vadis, Meryem!, d’Amine Zeriouh (Maroc)
Lorsqu’une femme rend visite à une amie mourante, elle décide de raviver un mariage usé par le silence. Mais cette tentative réveille d’anciennes blessures familiales. Zeriouh livre ici un portrait sensible et nuancé du couple, où les non-dits deviennent des personnages à part entière.

Umbilical Cord, d’Ahmed Hasan Ahmed (Émirats arabes unis)
À travers le parcours fiévreux d’un homme pressé par le temps et hanté par ses appels manqués, le film adopte la forme d’une odyssée poétique sur la peur et l’espoir. Le montage rythmique et la photographie épurée traduisent la tension intérieure d’une âme suspendue entre urgence et rédemption.

With the Wind, d’Inès Lehaire (Maroc)
Un vieux fleuriste décide de fermer boutique et de distribuer ses dernières fleurs, entamant ainsi un voyage mélancolique. Derrière la simplicité du geste se cache une méditation sur la perte, la transmission et la beauté des adieux. Lehaire signe un film délicat, empreint de douceur et de silence, où chaque bouquet devient offrande au temps qui passe.

Beyond the Mind, de Lanya Nooralddin (Irak)
L’histoire de Mekhak, un âne fidèle abandonné par sa famille, devient la métaphore bouleversante de la dévotion et du rejet. À travers cette fable minimaliste, la réalisatrice irakienne aborde la loyauté et la solitude avec une intensité tragique, faisant dialoguer l’humain et l’animal dans un même cri d’incompréhension.

Irtizaz, de Sara Balghonaim (Arabie saoudite)
Dans une société où le regard social demeure implacable, une jeune divorcée assiste à des funérailles où chaque geste devient compétition silencieuse. Par ce huis clos féminin, Balghonaim offre une critique acérée des rapports de genre et de classe, tout en révélant la force des non-dits dans les espaces sociaux saoudiens.

Opening Ceremony, de Hussain Almutlaq (Arabie saoudite)
Un enfant de neuf ans, choisi pour couper le ruban lors de l’inauguration d’un centre culturel, doit en parallèle remettre une enveloppe secrète pour sa mère. Entre innocence et devoir, le film capte ce moment où l’enfance bascule vers la conscience morale.

The Sea Remembers My Name, de Hussein Hossam (Égypte)
Après la noyade de son frère jumeau, un garçon endosse son identité pour regagner l’amour d’un père brisé. Hossam traite le thème du deuil avec une sobriété poignante, où la mer devient mémoire et miroir.

What If They Bomb Here Tonight?, de Samir Syriani (Liban)
Dans la pénombre d’une nuit menaçante, un couple libanais reste éveillé, partagé entre la peur du bombardement et l’impossible décision de fuir. Syriani filme cette tension avec une précision clinique, explorant la psyché d’un pays en attente permanente du pire.

She’s Swimming, de Liliane Rahal (Liban)
À la suite du décès de sa cousine dans un crash aérien, une cinéaste entreprend un voyage intérieur au contact de la nature. Par le prisme du deuil, Rahal évoque la renaissance et la continuité, dans un film contemplatif où la mer, encore, devient élément de guérison.

Un miroir du monde arabe contemporain

En réunissant ces onze récits, le Red Sea International Film Festival confirme son rôle de plateforme essentielle pour la jeune création arabe. Chaque film, par sa forme et son ton, témoigne d’un cinéma en mutation, libre de ses codes, souvent intime mais toujours politique. Qu’ils soient issus de Riyad, Ramallah, Beyrouth ou Casablanca, ces jeunes réalisateurs traduisent une même urgence : celle de raconter le réel, de dire l’indicible, de faire entendre des voix trop longtemps reléguées.

À travers ces courts métrages, le festival célèbre non seulement la diversité géographique et linguistique du monde arabe, mais aussi son souffle créatif, ancré dans les réalités locales tout en dialoguant avec le monde. À Djeddah, entre les pierres d’Al-Balad et les lumières du port, ces histoires courtes promettent de résonner longtemps, comme autant d’échos d’un cinéma en pleine renaissance.

Neïla Driss

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