FTDES : Une forte intensification des mouvements sociaux en Tunisie
L’Observatoire social tunisien relevant du FTDES relève une augmentation des actions de protestation, marquées par des revendications sociales et économiques croissantes.
Le mois d’octobre 2024 a connu une intensification des mouvements sociaux en Tunisie, avec un total de 300 actions de protestation, soit une augmentation de 9% par rapport au mois précédent. Les protestations sont largement dominées par des revendications économiques et sociales, avec une forte implication des travailleurs, des enseignants et des populations touchées par la crise économique et sociale en cours. Les revendications incluent principalement des droits des travailleurs, l’amélioration des conditions de vie, et des promesses électorales non tenues.
Une organisation grandissante des mouvements
L’Observatoire social tunisien a noté que 83% des actions étaient organisées, un signe de structuration des revendications. Parmi les mouvements les plus marquants, les enseignants contractuels ont continué leur lutte pour l’application des promesses de recrutement faites par les autorités. Les revendications ont également concerné les conditions d’enseignement, les infrastructures scolaires inachevées et le manque de personnel éducatif, des problèmes qui persistent un mois et demi après la rentrée scolaire.
Les secteurs publics et privés en ébullition
Parmi les autres secteurs impliqués, les travailleurs des secteurs publics et privés ont organisé de nombreuses protestations, exigeant des améliorations salariales et la régularisation de leurs situations professionnelles. Les habitants des régions rurales ont exprimé leur mécontentement face à des conditions de vie difficiles, notamment le manque d’accès à l’eau potable, aux infrastructures de santé et à l’électricité. Des actions pour l’amélioration des routes et la levée de l’isolement de certaines zones ont également été signalées.
Protestations sectorielles : De la Rue à l’institution
Les mouvements sectoriels se sont intensifiés, avec des actions de chauffeurs de taxi réclamant des permis de conduire, des avocats plaidant pour une justice plus équitable, et des pêcheurs protestant contre la dégradation des ressources maritimes. Les demandes de meilleures conditions de travail et de rémunération se sont donc diversifiées, touchant un large éventail de professions.
La Rue : Lieu de contestation principal
Les actions de terrain ont constitué la majorité des protestations, avec 77% des mouvements enregistrés dans la rue. Les sit-in, grèves, blocages de routes et marches pacifiques ont été les formes d’expression les plus courantes. Les acteurs sociaux ont choisi les lieux publics et les bâtiments gouvernementaux comme lieux de protestation, notamment dans la capitale, où la majorité des manifestations ont eu lieu.
Violence et tensions croissantes
En parallèle de l’intensification des protestations, la violence a continué d’augmenter en octobre. La rue est devenue un espace privilégié pour les actes de violence, qui ont souvent conduit à des confrontations violentes, y compris des meurtres. Les actes de violence ont concerné aussi bien des individus que des groupes et ont été marqués par des conflits liés au manque de ressources et à des frustrations générées par la crise sociale.
Les femmes et les jeunes au cœur des protestations
Les jeunes et les femmes, bien que moins nombreux dans les protestations, ont continué de participer activement. En octobre, 8 cas de suicide ou de tentative de suicide ont été rapportés, répartis dans plusieurs régions du pays. La moitié des victimes étaient des jeunes, soulignant la pression sociale et économique croissante.
Une société en tension
Ce mois d’octobre marque ainsi une augmentation continue des mouvements sociaux, révélatrice d’une société en proie à des tensions économiques, sociales et politiques. Si la mobilisation est forte et de plus en plus structurée, elle reflète aussi un mécontentement croissant envers les autorités, notamment face aux promesses non tenues et à l’aggravation des conditions de vie. En somme, les mois à venir risquent de voir cette dynamique se poursuivre, avec des défis importants pour les autorités qui devront répondre aux attentes d’une population de plus en plus frustrée et exigeante.
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