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Ons Jabeur ou l’avenir d’un rêve tunisien 

19. September 2025 um 08:14

À Dubaï, Ons Jabeur, l’enfant de Ksar Hellal devenue numéro 2 mondiale, a choisi de bâtir une académie de tennis. Loin des courts tunisiens, mais dans un espace qui garantit sérieux, moyens et continuité, l’icône mondiale du tennis féminin et première femme arabe finaliste de tournois de Grand Chelem inscrit ainsi son nom dans une logique de transmission. Comme l’avait fait Nadia Comaneci, la première gymnaste à 10/10 en 1976, en créant une académie pour prolonger son héritage, Ons sait qu’un palmarès ne suffit pas : il faut construire pour durer. 

Manel Albouchi

Été 2025, Ons Jabeur décide de s’accorder une pause. Une respiration volontaire après des années où son corps a payé le prix de l’excellence, où chaque victoire réclamait son tribut de douleur et de blessures. 

Beaucoup l’ont vue comme une retraite déguisée, d’autres comme une stratégie. Mais il faut entendre autrement ce silence : il n’est pas vide, il est plein. 

Dans un monde obsédé par la performance, s’arrêter est un acte de résistance. C’est dire au Surmoi collectif : «Je ne suis pas qu’un palmarès. J’existe aussi dans le silence et le repos»

Résistance au rythme effréné. Résistance aux attentes extérieures. Résistance à l’idée que la valeur d’une femme, d’une athlète, se mesure uniquement en titres. 

Elle choisit de ralentir, de redevenir simplement femme, sœur, amie, citoyenne. 

D’un point de vue psychanalytique, cette pause est un temps de régénération du moi, une opportunité de réintégrer ses expériences passées et de se reconnecter à son corps, à ses émotions et à son désir profond. 

C’est aussi une mise à distance du Surmoi collectif : ce commandement incessant «Performes, ou tu n’existes pas». Ons répond : «J’existe aussi dans le silence, dans le repos, dans la respiration»

La pause devient alors un retour à l’espace du soi authentique, où elle redevient femme, citoyenne, mentor et héritière. 

Une présence plus forte que le trophée 

À l’ouverture du festival de Hammamet, cet été, elle est apparue, simple spectatrice du spectacle ‘‘Ragouj’’ de Abdelhamid Bouchnak. Ma fille, fascinée, observait à ses côtés. Aucun trophée ne brillait dans ses mains, et pourtant, tout brillait. 

Approcher Ons révèle un équilibre subtil entre vulnérabilité et maîtrise. Chaque geste illustre une sublimation : transformer la pression, l’anxiété et la fatigue en puissance créatrice et rayonnement contrôlé. 

Sa posture et son aura incarnent la fonction symbolique de l’étoile : une lumière intérieure qui guide sans s’épuiser. 

«Briller, c’est se révéler à soi-même avant de se montrer au monde», disait  Marilyn Monroe. 

Cette phrase résonne comme une clé de lecture d’Ons Jabeur. Ce qu’elle incarne dépasse la performance sportive : une manière d’habiter sa propre lumière. 

À travers ce rayonnement silencieux, ma fille a compris une leçon essentielle : la grandeur ne réside pas seulement dans la victoire, mais dans la façon d’être. 

Construire au-delà de soi 

Derrière ce silence, il y a une lucidité : celui qui brille seul, tôt ou tard, se consume. Le palmarès, aussi grand soit-il, ne suffit pas à bâtir un avenir. Les blessures, l’usure et la temporalité de la carrière imposent de penser au-delà de la performance immédiate. 

D’autres avant elle ont compris cette loi. Nadia Comaneci, première gymnaste à décrocher le 10/10 olympique, a fondé une académie qui, encore aujourd’hui, forme et inspire. Elle a transformé son exploit en héritage, son triomphe en institution. 

Ons Jabeur aussi doit construire une assise durable, financière et symbolique. Son académie à Dubaï en est le signe. Mais le rêve serait qu’un jour, un tel lieu existe en Tunisie, pour que son parcours ne soit pas une exception, mais un modèle. 

Les promesses avortées 

Pourquoi pas en Tunisie ? La question brûle les lèvres. 

La réponse, triste mais évidente, tient aux promesses non tenues, aux illusions répétées d’un pays qui fait fuir ses étoiles. Là où l’on promet sans bâtir, l’avenir se cherche ailleurs. 

En décembre 2023, Ons Jabeur avait présenté son projet d’académie de tennis à la Kasbah, en présence du Premier ministre Ahmed Hachani et du ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Deguiche. Ce centre devait devenir un lieu de formation pour les jeunes talents tunisiens et un symbole de rayonnement national. Le projet a tourné court

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