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Gestern — 02. September 2025Haupt-Feeds

Parution – « La chorégraphie comme thérapie de l’âme et du corps dans le milieu scolaire » de Walid Ksouri : Vers une nouvelle approche inclusive

02. September 2025 um 18:00

Un socle théorique s’incarne dans une série de propositions concrètes. L’auteur va au-delà du discours conceptuel en suggérant des activités applicables en contexte scolaire : ateliers de danse expressive, exercices de mouvement thérapeutique, dispositifs corporels adaptés à l’âge des apprenants…

La Presse — L’ouvrage de Walid Ksouri propose une réflexion ambitieuse et originale sur l’intégration de la chorégraphie dans l’espace éducatif. Sa lecture peut être articulée autour de trois axes essentiels : la méthodologie, l’apport cognitif et la valeur pratique, auxquels s’ajoute une appréciation globale de sa portée académique.

Dès les premières pages, l’auteur affirme une intention claire : relier la chorégraphie — envisagée comme art du mouvement et de la structuration corporelle — au cadre scolaire, lieu par excellence de transmission et de formation.

Pour ce faire, il adopte une démarche interdisciplinaire, croisant les arts de la scène (danse et théâtre), les sciences de l’éducation et la psychologie. Ce positionnement méthodologique place l’ouvrage au carrefour de recherches contemporaines qui explorent des outils alternatifs pour enrichir l’enseignement.

Il en découle une approche à la fois originale et légitime du point de vue académique.

Prolongeant ce cadre méthodologique, l’auteur approfondit la dimension cognitive et théorique de son sujet. Il redéfinit la chorégraphie non seulement comme un art esthétique, mais aussi comme un outil thérapeutique et éducatif, capable de développer simultanément le corps et l’esprit.

Dans cette optique, Ksouri propose une mise en perspective historique et philosophique du concept de chorégraphie, en l’articulant avec des notions telles que la thérapie par le mouvement, l’éducation physique ou encore la thérapie psycho-corporelle.

Il plaide ainsi pour une intégration pleine et entière de cette pratique dans les programmes scolaires, considérant ses bénéfices sur des fonctions cognitives clés : la concentration, l’imagination et la capacité d’expression — tant individuelle que collective.

Ce socle théorique s’incarne ensuite dans une série de propositions concrètes. L’auteur va au-delà du discours conceptuel en suggérant des activités applicables en contexte scolaire : ateliers de danse expressive, exercices de mouvement thérapeutique, dispositifs corporels adaptés à l’âge des apprenants…

Ces éléments traduisent une véritable volonté d’opérationnaliser la réflexion, en mettant en lumière les vertus pédagogiques de la chorégraphie : développement moteur, bien-être psychologique, amélioration de l’estime de soi, stimulation de la créativité.

Un accent particulier est mis sur le rôle que peut jouer la pratique corporelle dans la redéfinition de l’espace scolaire public, conçu comme un lieu d’expression libre, en rupture avec les cadres traditionnels.

Enfin, l’ouvrage se distingue également par sa portée scientifique. Il s’inscrit dans le champ des recherches contemporaines sur l’éducation par les arts, tout en venant combler une lacune dans le corpus arabe.

Les études traitant de la chorégraphie sous un angle à la fois éducatif et thérapeutique y sont en effet rares. 

Ksouri enrichit sa réflexion par des références philosophiques (Nietzsche, Laban, Bachelard…) et s’appuie sur des expériences artistiques internationales, renforçant la dimension intellectuelle et comparative de son propos.

Par son originalité, sa rigueur méthodologique et son ouverture interdisciplinaire, l’ouvrage de Walid Ksouri s’impose comme une contribution majeure aux études arabes sur l’éducation et les arts.

Il défend une vision innovante de la chorégraphie, envisagée comme outil thérapeutique et éducatif au sein de l’école contemporaine. Sa force réside dans l’articulation fine entre philosophie, art et pédagogie, ainsi que dans la formulation d’alternatives concrètes à l’enseignement traditionnel.

En cela, cet ouvrage pourrait devenir une référence incontournable pour les chercheurs et praticiens intéressés par l’éducation artistique, les pratiques corporelles et la thérapie par le mouvement.

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Fondation Yasser Jeradi pour les arts : Porter sa voix et ses combats

31. August 2025 um 18:40

Il s’agit avant tout, de poursuivre ce qu’il faisait, ce qu’il aimait et ce qu’il semait, à travers des activités d’art plastique, de théâtre, de cinéma, de musique, de randonnées, etc. L’idée est de marcher sur les pas de Yasser, en essayant de rendre la culture et l’art accessibles à tous, lui qui sillonnait la Tunisie qu’il aimait tant, se rendant dans ses coins les plus reculés, lui qui soutenait par sa musique et avec tant de générosité les petites manifestations et autres projets.

La Presse —Un artiste ne meurt jamais, et Yasser Jeradi, Yasser Mhabba (amour), survit à travers ses chansons et les messages de paix et de justice qu’il a semés de son vivant. Yasser nous a quittés il y a un an, mais sa trace est indélébile, marquant à jamais les cœurs et les esprits.

L’homme au grand cœur, qui avait pour religion l’amour et l’art, a laissé derrière lui des chansons, des œuvres diverses, des actes de solidarité sociale, des sourires dessinés sur des visages inconnus rencontrés en bord de route lors de ses vadrouilles et d’innombrables ami.e.s qui ont décidé de marcher sur ses pas et de perpétuer ses projets.

C’est ainsi que l’idée de la Fondation Yasser Jeradi pour les arts est née. 

Annoncée lors des deux concerts organisés pour la commémoration du premier anniversaire de la disparition physique de l’artiste, le 13 août à Gabès et le 16 à Tunis, elle est le fruit de l’association d’un groupe d’ami.e.s, artistes et activistes, qui ont connu et partagé des expériences et des projets avec l’artiste.

«L’idée est née deux jours après le décès de Yasser : celle de raviver ses actions et son esprit», nous confie l’artiste de théâtre Ayoub Jaouadi, avant d’ajouter : «Nous nous sommes réunis dès le premier mois. Cela a donné lieu au spectacle «Libre comme un oiseau» (Hor kal Tayr), que l’on a organisé à l’occasion du 40e jour de son départ, au Théâtre de l’Opéra de Tunis».

Réalisé par Ayoub Jaouadi, sous la supervision musicale de Sami Ben Saïd de l’Orchestre Symphonique Tunisien et sous la direction de Fadi Ben Othmani, le spectacle était conçu dans l’esprit de donner vie aux idées artistiques de Yasser Jeradi, lui qui voulait réunir ses ami.e.s sur une même scène avec un orchestre symphonique. «Un spectacle qui allie musique et théâtre, où l’on retraçait son parcours. C’était une tentative de rester fidèle à ses convictions, à ses pensées et à ses combats», souligne Jaouadi.

Le groupe d’ami.e.s a continué à se réunir pendant une année jusqu’à la concrétisation de cette idée de fondation, dont les objectifs sont de valoriser l’héritage artistique de Yasser à travers sa diffusion, sa documentation, etc.

Il s’agit avant tout, nous explique encore Jaouadi, de poursuivre ce qu’il faisait, ce qu’il aimait et ce qu’il semait, à travers des activités d’arts plastiques, de théâtre, de cinéma, de musique, de randonnées, etc. L’idée est de marcher sur les pas de Yasser, en essayant de rendre la culture et l’art accessibles à tous, lui qui sillonnait la Tunisie qu’il aimait tant, se rendant dans ses coins les plus reculés, lui qui soutenait par sa musique et avec tant de générosité les petites manifestations et autres projets.

«Il sera question de projets culturels, artistiques et sociaux, à travers des formations, des ateliers, et tout ce que défendait Yasser. Et pourquoi pas aussi produire des spectacles et organiser des événements», conclut Jaouadi.

Le mausolée de Sidi Boumakhlouf présente des fissures alarmantes : Quand l’histoire s’effrite

31. August 2025 um 18:30

Derrière ces images chocs se cache une histoire plus complexe : celle d’un abandon systémique et d’une absence de vision nationale pour protéger un patrimoine à la fois matériel et immatériel.

La Presse — El Kef, le rocher ! Cette ville au passé glorieux, qui a été 3.000 ans durant au cœur de l’histoire tunisienne, a été abandonnée et dégradée par les deux régimes dictatoriaux d’après l’indépendance. Perché à 780 mètres d’altitude sur le dernier promontoire de la montagne sacrée de Djbel Eddir, Le Kef est la ville la plus élevée de Tunisie.

Grâce à sa position stratégique à la frontière algérienne, cette cité millénaire fut, depuis l’Antiquité, une place forte du Haut-Tell. Les traces d’occupation humaine dans la région remontent à la préhistoire, notamment grâce au site archéologique de Sidi Zin.

Autrefois appelée Cirta, El Kef fut un centre spirituel et politique : résidence du roi Syphax, capitale du royaume de Massinissa et prospère sous Jugurtha. Plus tard, les Ottomans y érigèrent au XVIe siècle un important bastion militaire, notamment la Kasbah au XVIIIe siècle, marquant l’essor économique et religieux de la ville, porté entre autres par les confréries soufies comme les Aïssaouia.

Plus d’une centaine de coupoles maraboutiques furent construites, dont celle de Sidi Boumakhlouf, qui demeure aujourd’hui l’un des monuments spirituels les plus emblématiques du nord-ouest tunisien.

La ville a commencé à subir un déclin profond à partir des années 1980-1990. La marginalisation économique, le manque d’investissements et des politiques centralisées ont accéléré sa détérioration. Plusieurs monuments emblématiques — remparts, portes historiques, cinémas, écoles, gare ferroviaire — ont été détruits ou laissés à l’abandon.

Même des sites majeurs comme la basilique Saint-Pierre, les grottes préhistoriques de Sidi Mansour et le Sabat Dar El-Bey ont subi des dommages irréversibles. L’hôpital historique, autrefois célèbre pour son traitement des maladies pulmonaires, est aujourd’hui déclassé et peine à répondre aux besoins de la population.

Le mausolée de Sidi Boumakhlouf, chef-d’œuvre architectural construit au XVIIIe siècle, n’échappe pas à cette dégradation. Ses fissures alarmantes ont récemment été révélées par des clichés publiés le 26 août 2025 par l’actrice Najoua Zouhair, déclenchant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux.

Cette zaouïa (mausolée), qui fut bien plus qu’un simple lieu de culte, accueillait autrefois des cercles de dhikr, des sessions de malouf et servait de point de départ à la célèbre procession Kharjat Badr durant le Ramadan, une tradition aujourd’hui largement affaiblie.

Mais derrière ces images chocs se cache une histoire plus complexe : celle d’un abandon systémique et d’une absence de vision nationale pour protéger un patrimoine à la fois matériel et immatériel.

Sidi Boumakhlouf, une figure emblématique

La mémoire orale raconte qu’au XVIIe siècle, un voyageur venu de Constantine, en Algérie, gravit les hauteurs du Kef et y trouva refuge. Cet homme n’était autre que le saint soufi Abdallah Boumakhlouf El-Kazouni, dont la présence allait profondément transformer l’âme spirituelle de la région.

Son passage laissa une empreinte indélébile : il introduisit dans la ville la voie soufie des Aïssaouia, un héritage mystique où les cœurs se rassemblent autour du dhikr collectif, où la musique sacrée s’élève comme une prière, et où les rituels populaires tissent un lien entre le visible et l’invisible.

Depuis, l’histoire de Sidi Boumakhlouf s’entrelace avec celle du Kef, et son souffle mystique résonne encore dans les vieilles ruelles, les coupoles blanchies à la chaux et les cérémonies qui perpétuent une mémoire vivante.

La zaouïa qui lui est dédiée est un chef-d’œuvre architectural mêlant influences andalouses et ottomanes, elle se distingue par sa coupole blanche, son élégant minaret et sa vue panoramique sur la ville. Elle fut bien plus qu’un simple lieu de culte car elle a accueilli des cercles de dhikr, des cours religieux et littéraires, des sessions de musique malouf et a longtemps été le point de départ de la célèbre procession «Kharjat Badr» durant le Ramadan, tradition encore vivante mais largement affaiblie.

Patrimoine en péril

Symbole identitaire et mémoire collective, le monument est aujourd’hui en danger à cause de fissures inquiétantes, aggravées par un désintérêt officiel persistant.

Les signes d’abandon ont commencé à apparaître dès 2011, au lendemain de la révolution, alors que le rôle des zaouïas déclinait dans la vie publique. Pire encore, certaines furent la cible d’actes de vandalisme par des groupes extrémistes.

Entre 2015 et 2019, aucun programme sérieux de restauration n’a été mis en place: les priorités des politiques culturelles se sont concentrées sur les sites archéologiques majeurs, reléguant les monuments spirituels au second plan.

En 2020, les premières fissures visibles sont apparues sur la coupole du mausolée, sans attirer l’attention médiatique ni provoquer de réaction officielle. Ce n’est qu’en septembre 2024 que les autorités régionales ont ordonné des tests techniques, mais aucune intervention concrète n’a été réalisée jusqu’à mi-2025.

Les clichés diffusés par Najoua Zouhair, le 26 août 2025, relancent aujourd’hui le débat publiquement, révélant l’ampleur de la dégradation et la gravité de la situation.

Le cas de Sidi Boumakhlouf n’est pas isolé. En Tunisie, de nombreuses zaouïas — jadis des foyers d’enseignement, de spiritualité et de culture — sont à l’abandon.

Après 2011, plusieurs ont été incendiées ou dégradées, notamment sous le gouvernement de la Troïka. Parmi les plus menacées ou négligées : Zaouïa de Sidi Ibrahim Riahi (Hafsia, Tunis) qui  malgré, son prestige, subit une baisse de fréquentation, surtout parmi les jeunes; Zaouïa de Sayyida Manoubia (Manouba) qui est un symbole féminin et spirituel, mais insuffisamment valorisée; Zaouïa de Sidi Mahrez (Tunis), en mauvais état malgré son emplacement central et Zaouïa de Sidi Bou Saïd El-Baji, devenue un site touristique très fréquenté, mais exposée à des dégradations, faute de protection adéquate.

Ces sanctuaires, dispersés dans tout le pays, représentent des fragments de mémoire collective. Leur disparition progressive signe l’érosion d’une identité culturelle plurielle, dans un contexte où aucune vraie stratégie nationale cohérente n’a été adoptée pour leur sauvegarde.

Pourtant ce ne sont pas les solutions et autres propositions de réhabilitations qui manquent. Des experts en patrimoine préconisent une approche participative en impliquant la société civile et les associations locales, en réactivant les zaouïas via des événements culturels et spirituels durables, en classant ces monuments comme patrimoine national protégé. Il est aussi essentiel d’allouer un budget annuel de restauration préventive et intégrer les artisans locaux pour préserver les savoir-faire traditionnels.

Car Sidi Boumakhlouf n’est pas seulement un édifice fissuré : c’est le reflet des fissures de nos politiques culturelles. Le sauver, c’est restaurer un lien avec notre mémoire collective et, au-delà, repenser la place des zaouïas dans la société tunisienne contemporaine.

À travers lui, c’est tout un pan de notre identité spirituelle et architecturale qui est en jeu. Et chaque jour qui passe sans action rapproche ces trésors d’une disparition irréversible.

Les Oscars 2026 : « La voix de Hind Rajab » de Kaouther Ben Hania représentera la Tunisie

30. August 2025 um 19:00

« Cette histoire ne parle pas seulement de Gaza. Elle évoque un deuil universel. Le cinéma peut préserver une mémoire. Il peut résister à l’amnésie. Que la voix de Hind Rajab soit entendue ».

La Presse — Le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci) a annoncé, ce 27 août, que la Tunisie présentera « La voix de Hind Rajab », le nouveau long-métrage de Kaouther Ben Hania, pour représenter le pays aux oscars 2026 dans la catégorie Meilleur film international.

Kaouther Ben Hania avait offert à la Tunisie sa première nomination dans cette catégorie avec « L’homme qui a vendu sa peau » en 2020, avant d’être de nouveau nommée en 2023 pour le documentaire « Les filles d’Olfa ».  

Par ailleurs, « La voix de Hind Rajab » sera dévoilé le 3 septembre prochain en première mondiale à la Mostra de Venise, où il concourt en compétition officielle. Cette sélection prestigieuse a suscité un fort intérêt international, renforcé par la participation de Brad Pitt, Joaquin Phoenix et Jonathan Glazer en tant que producteurs exécutifs du film.

Voilà de quoi lui conférer une visibilité exceptionnelle et mettre en relief son importance artistique et politique.  

Le film est une coproduction tuniso-française de Tanit Films, Film 4 productions et Film Four. Il a bénéficié d’une bourse d’aide du Fonds d’encouragement à la création littéraire et artistique relevant du ministère des Affaires culturelles.

Au casting on retrouve les Palestiniens Amer Hlehel, Clara Khoury, Motaz Malhees et l’actrice jordano-canadienne Saja Kilani.

Il est à préciser que quelques semaines avant l’ouverture de la Mostra, une lettre ouverte signée par 1.500 artistes appelait le festival à prendre position contre le génocide en cours à Gaza et à donner la parole aux Palestiniens.

La direction de la Mostra a répondu que la programmation de « La voix de Hind Rajab » constituait en elle-même une prise de position, permettant de mettre en lumière une voix palestinienne souvent marginalisée.

Kaouther Ben Hania y retrace le destin tragique de Hind Rajab, une fillette palestinienne de six ans, tuée avec plusieurs membres de sa famille alors qu’ils tentaient d’échapper aux bombardements à Gaza. Avant sa mort, Hind et sa cousine avaient réussi à joindre les secours par téléphone ; un appel enregistré par le Croissant-Rouge et largement relayé sur Internet, provoquant une onde de choc mondiale.

Quelques jours plus tard, les voitures de la famille et des secouristes ont été retrouvées criblées de balles (355 impacts sur le véhicule familial!).

À travers ce témoignage poignant, Kaouther Ben Hania met en lumière l’horreur à Gaza et les atrocités commises par l’entité sioniste.  

Avec cette sélection, la Tunisie se lance dans la compétition des oscars 2026. La shortlist des 15 films retenus sera dévoilée le 16 décembre 2025, puis la liste finale le 22 janvier 2026. La 98e cérémonie des oscars aura lieu le 15 mars 2026 à Los Angeles.  

«Les images violentes sont partout autour de nous : sur nos écrans, nos téléphones.

Ce que je voulais montrer, c’est l’invisible, l’attente, la peur, le silence insupportable quand personne ne vient», avait noté Kaouther Ben Hania à propos de son film, en ajoutant : « Cette histoire ne parle pas seulement de Gaza. Elle évoque un deuil universel.

Le cinéma peut préserver une mémoire. Il peut résister à l’amnésie. Que la voix de Hind Rajab soit entendue ». 

«Ciné Terre Résistance» les 29, 30 et 31 août à Ghannouch, Gabès : Un nouveau festival pour dénoncer la pollution

29. August 2025 um 18:30

Le programme de cette première édition mettra à l’honneur une sélection de films variés entre documentaires et fictions nationaux et internationaux, suivis de débats permettant d’ouvrir le dialogue avec le public et les acteurs locaux.

La Presse —Les initiatives artistiques et écologiques se multiplient à Gabès, donnant un nouvel élan aux campagnes de dénonciation de la pollution portées depuis des années par la société civile. Dans une région où les paysages paradisiaques côtoient des zones industrielles hautement polluantes, la culture s’affirme de plus en plus comme un outil de résistance et de sensibilisation.

Après Gabès Cinéma Fen, qui propose chaque année des projections en plein cœur de l’oasis, et le Festival international de cinéma environnemental de Gabès, un nouveau rendez-vous cinématographique dédié à la cause écologique vient enrichir la scène culturelle locale : le festival «Ciné Terre Résistance», prévu les 29, 30 et 31 août à Ghannouch.

Plus que de simples événements culturels, ces festivals se veulent des cris d’alerte artistique sur fond de paysages pollués et de problèmes de développement locaux. Les images projetées sur grand écran trouvent un écho particulier dans un territoire marqué par des plages dégradées, des nappes phréatiques polluées, un air saturé de rejets toxiques et des communautés locales épuisées par les conséquences économiques et sanitaires.

Pourquoi un nouveau festival environnemental à Gabès? dira-t-on. La réponse tient dans le paradoxe douloureux qui caractérise aujourd’hui la région: une richesse naturelle dont l’exploitation menace directement la santé humaine et l’équilibre écologique et des habitants qui voient leur environnement se dégrader à vue d’œil.

Ni la mer ni l’air ne sont épargnés, et les impacts sur la faune, la flore et la population sont considérables. Entre promesses politiques non tenues, projets industriels dits “verts” mais très contestés, et mobilisation citoyenne croissante, Gabès reste suspendue entre l’urgence de survivre et l’aspiration à une justice environnementale.

C’est dans ce contexte que ces festivals prennent tout leur sens. Ils se présentent comme de véritables catalyseurs de changement, en croisant culture, écologie, éducation et développement économique durable. Dans une ville où les habitants répètent souvent : «Nous voulons vivre», l’art devient un espace d’expression collective, un moyen de transformer la colère en action».

Concernant le choix de Ghannouch pour accueillir cette première édition, la coordinatrice du festival, Wafa Kharfia, rappelle la symbolique forte de ce lieu : situé à quelques kilomètres au nord de Gabès, Ghannouch partage avec elle une vaste zone industrialo-portuaire et figure parmi les localités les plus touchées par la pollution industrielle en Tunisie.

On y trouve notamment un complexe chimique extrêmement polluant, dominé par une usine de traitement des phosphates qui rejette de grandes quantités de phosphogypse dans la mer. Ces déchets toxiques affectent gravement la faune et la flore marine, mais aussi la santé des habitants, exposés à des rejets chimiques, des gaz nocifs et des risques environnementaux majeurs.

Avec «Ciné Terre Résistance», les organisateurs aspirent à promouvoir une culture environnementale militante et utiliser le cinéma comme outil de réflexion, de mobilisation et de proposition d’alternatives. Il s’agit d’une édition fondatrice, pensée comme une plateforme pour questionner les modèles actuels de développement et imaginer des solutions durables pour la région.

Le programme de cette première édition mettra à l’honneur une sélection de films variés entre documentaires et fictions nationaux et internationaux, suivis de débats permettant d’ouvrir le dialogue avec le public et les acteurs locaux. Pour Wafa Kharfia, il est impossible d’aborder la résistance sans rappeler «la mère de toutes les causes» : la Palestine. Ainsi, le 29 août, journée d’ouverture du festival, sera consacrée à une série de projections dédiées à la lutte palestinienne et à la question de la justice au Moyen-Orient.

Deux ateliers de formation enrichiront également cette édition inaugurale :

Un premier, abrité par la Maison de la culture de Ghannouch et proposé par l’association Échos Cinématographiques avec le soutien de Massari, portera sur les techniques de réalisation documentaire.

Un second, dirigé par Dr Leila Riahi, sera consacré aux fondements et valeurs des coopératives, un sujet en lien direct avec la souveraineté alimentaire et les modèles d’organisation collective alternatifs.

Derrière l’organisation de «Ciné Terre Résistance» se trouvent plusieurs protagonistes, dont le Groupement des Femmes de l’Espoir pour l’Agriculture et la Pêche à Ghannouch, Siyada Network, le Groupe de travail pour la souveraineté alimentaire (Majmou3at al 3amal men ajl al siyada al ghidhaia), ainsi que la Maison de la culture de Ghannouch.

Venice4Palestine – Lettre ouverte à la Biennale de Venise : « Arrêtez les horloges, éteignez les étoiles »

28. August 2025 um 18:20

« On nous répète que le spectacle doit continuer, comme si le cinéma n’avait rien à voir avec le monde réel ».

La Presse — «Il est devenu impossible de continuer comme si de rien n’était». C’est par ces mots qu’une centaine de cinéastes, scénaristes, producteurs, critiques et artistes ont choisi d’adresser une lettre ouverte à la Biennale de Venise, à la Mostra internationale d’Art cinématographique, aux Giornate degli Autori (Journées des auteurs), à la Semaine internationale de la critique, ainsi qu’à l’ensemble des professionnels du cinéma, de l’audiovisuel, de la culture et de l’information.

Depuis près de deux ans, rappellent les signataires, les images venues de Gaza et de Cisjordanie témoignent d’une réalité insoutenable : la violence, la destruction, la mort. «Nous assistons, incrédules et impuissants, à l’horreur d’un génocide perpétré en direct par l’État d’Israël. Personne ne pourra prétendre ne pas savoir. Nous avons vu. Nous voyons».

Pour ces artistes, le contraste avec l’ouverture, mercredi, du Festival international du film de Venise est douloureux. Tandis que les projecteurs s’allument sur l’un des plus prestigieux événements du cinéma mondial, ils craignent de voir encore une fois un grand rendez-vous culturel se dérouler dans le déni total de la tragédie humaine, politique et civile en Palestine. 

«On nous répète que le spectacle doit continuer, comme si le cinéma n’avait rien à voir avec le monde réel», dénoncent-ils. Pourtant, rappellent-ils, ce sont bien les images qui ont permis de révéler les massacres : celles filmées par des journalistes, des cinéastes, des auteurs et des témoins sur place, parfois au péril de leur vie.

Les signataires rappellent qu’en quelques mois seulement, près de 250 journalistes et professionnels des médias palestiniens ont été tués. Ces pertes mettent en valeur le prix terrible payé par celles et ceux qui, par leur caméra, tentent de documenter la réalité.

Sous la bannière Venice4Palestine (V4P), les cinéastes — parmi lesquels Matteo Garrone, Abel Ferrara, Ken Loach ou encore les frères palestiniens Arab et Tarzan Nasser, récompensés à Cannes pour Once Upon a Time in Gaza — appellent le festival à ne pas rester une « vitrine triste et vide », mais à devenir « un lieu de dialogue, de participation active et de résistance ».

La lettre se conclut comme un serment collectif : « Nous, artistes et amoureux de l’art, nous, professionnels du secteur et passionnés de cinéma, nous, organisateurs, formateurs et journalistes, nous qui sommes le cœur battant de cette Mostra, affirmons que nous ne serons pas des complices lâches, que nous ne resterons pas silencieux, que nous ne détournerons pas le regard, que nous ne céderons pas à l’impuissance ni aux logiques du pouvoir.

L’époque dans laquelle nous vivons nous impose cette responsabilité ». Puis vient la formule qui résume tout : « Il n’existe pas de cinéma sans humanité. Faisons en sorte que cette Mostra ait un sens, et qu’elle ne devienne pas une vitrine triste et creuse ».

Face à cette interpellation, la Biennale de Venise a répondu en rappelant que le festival «a toujours été un lieu de discussion ouverte et de sensibilité aux questions les plus pressantes de la société et du monde».

En parallèle, des organisations politiques et associatives de Vénétie et d’autres régions d’Italie appellent à une grande manifestation le 30 août pour dénoncer le génocide en Palestine et la complicité des gouvernements occidentaux. Le cortège partira du Lido de Venise et rejoindra les abords du festival.

Il est à souligner que 4 autres journalistes: Mohamed Salama, Houssem Al Masri, Mariam Abou Daka et Mouadh Abou Taha ont rejoint, ce lundi, la funeste liste des professionnels des médias palestiniens ciblés lâchement par l’armée sioniste.

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