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Gestern — 21. August 2025Haupt-Feeds

L’explosion du cash : Vers quels risques allons-nous ?

21. August 2025 um 18:30

La Tunisie devient de plus en plus dépendante du cash, un phénomène qui soulève des questions sur ses conséquences pour l’économie, notamment l’inflation, l’expansion de l’informel et l’affaiblissement de la politique monétaire, et pose la question d’une transition numérique indispensable pour réintégrer les flux monétaires dans le circuit formel.

La Presse — Le 14 août 2025, la masse monétaire fiduciaire en Tunisie a atteint un niveau inédit : 25,9 milliards de dinars en circulation sous forme de billets et de pièces.

Cette envolée sans précédent reflète un changement structurel dans les comportements économiques et suscite l’inquiétude des experts quant aux risques d’inflation, d’essor du secteur informel et d’érosion de l’efficacité de la politique monétaire. Que signifie cette montée en puissance du cash dans une économie en quête de stabilité et quelles en sont les causes et les conséquences ?

Pourquoi le cash reprend-il le dessus ?

Cette croissance est d’autant plus préoccupante qu’elle ne semble pas directement liée à une augmentation équivalente du produit intérieur brut ni à une relance significative de l’investissement.

Elle traduit avant tout un changement dans les habitudes de paiement et de conservation de valeur, au détriment des instruments bancaires classiques. Mais pourquoi ce recours toujours plus massif au cash ?

Selon les spécialistes, plusieurs facteurs expliquent cette poussée spectaculaire du cash dans l’économie tunisienne.

D’abord, les changements réglementaires avec l’adoption en août 2024 d’une législation durcissant les règles liées aux chèques, notamment avec des peines de prison en cas de rejet, ont eu un effet dissuasif aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers, qui se tournent alors massivement vers les paiements en espèces.

Ensuite, la suppression des obligations de justification en octobre 2024, consistant à ne plus exiger la déclaration de l’origine des fonds en cash, a facilité leur circulation dans l’économie et réduit les contraintes administratives. Si cette mesure a allégé le quotidien des opérateurs économiques, elle peut également encourager un recours accru au cash et freiner la transition numérique des paiements en l’absence de mesures d’accompagnement telles que des incitations fiscales pour les paiements électroniques, le plafonnement de certains paiements en cash ou des campagnes de sensibilisation.

Autre facteur conjoncturel, les dépenses estivales ont contribué à accentuer la demande en espèces. Entre les mariages, les vacances et les préparatifs de la rentrée scolaire, les retraits de cash ont atteint des niveaux particulièrement élevés durant les mois de juillet et août 2025. Enfin, et selon les spécialistes, la crise de confiance dans le système bancaire peut également être à l’origine de la prolifération du cash. Une part croissante de la population et des opérateurs économiques choisissent de conserver leur épargne en liquide, par crainte d’un accès restreint à leurs dépôts ou de nouvelles taxes bancaires.

Des effets délétères pour l’économie

L’augmentation de la masse fiduciaire n’est pas sans risques et engendre plusieurs effets macroéconomiques.

Elle alimente l’inflation en accroissant la monnaie en circulation sans contrepartie productive, favorisant ainsi la montée des prix.

La relation classique de la théorie quantitative de la monnaie s’applique pleinement : plus de cash signifie plus de pression sur la demande, ce qui entraîne une hausse des prix.

Elle nourrit aussi la menace de l’expansion de l’économie informelle, car les transactions en liquide échappent plus facilement aux radars fiscaux.

En Tunisie, où le secteur informel est déjà estimé à près de 40 % du PIB, cette tendance compromet davantage les recettes fiscales de l’État.

Le risque d’affaiblissement de la politique monétaire n’est pas non plus exclu : plus la masse de cash circule en dehors du système bancaire, plus les outils de régulation, tels que les taux d’intérêt, les réserves obligatoires ou les injections de liquidités, perdent en efficacité, limitant la capacité de la Banque centrale à influencer l’économie.

L’autre danger majeur concerne l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent, car l’accumulation de cash facilite les activités non déclarées, notamment dans les secteurs du commerce, de l’immobilier et de la sous-traitance, avec un risque accru de blanchiment.

Vers une transition numérique nécessaire

Face à cette montée du cash, les économistes et les acteurs financiers appellent à une accélération de la digitalisation des paiements et à une modernisation de l’inclusion financière. Le développement de solutions de paiement mobile, de portefeuilles électroniques et de systèmes bancaires plus accessibles est crucial pour réintégrer les flux monétaires dans le circuit formel. Il devient également urgent de restaurer la confiance dans les institutions financières en garantissant la transparence, la sécurité des dépôts et la stabilité réglementaire, car sans ces conditions, l’économie tunisienne risque de rester piégée dans une logique de «cash first», avec tous les effets pervers que cela implique. La barre symbolique des 25,9 milliards de dinars en circulation illustre une mutation profonde des comportements économiques tunisiens, mais elle peut aussi devenir un levier pour accélérer la digitalisation des paiements, renforcer l’inclusion financière et améliorer la traçabilité fiscale tout en consolidant l’efficacité de la politique monétaire.

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Le télétravail, cet héritage de la pandémie : Un avantage inégal pour les travailleurs

20. August 2025 um 18:20

Le télétravail, apparu comme une nécessité pendant la pandémie de Covid-19, s’est installé durablement dans le monde professionnel. Mais son accès reste inégal selon les pays, les secteurs et les métiers, soulevant des questions sur l’équité, la productivité et l’adaptation des entreprises. En Tunisie, cette nouvelle organisation du travail commence à se développer, notamment dans les secteurs technologiques et financiers, mais elle reste encore marginale.

La Presse — Un sondage mondial mené par l’Université Stanford montre que le télétravail est plus répandu en Amérique du Nord, au Royaume-Uni et en Australie,   que dans la majorité des pays asiatiques. Parallèlement, la durée moyenne de télétravail a légèrement diminué : de 1,6 jour par semaine en 2022, elle est tombée à 1,33 jour en 2023 et à 1,27 jour depuis 2024, selon l’échantillon des 22 pays étudiés où cette pratique est la plus répandue.

Tout change d’un pays à l’autre

Le télétravail, apparu comme une solution d’urgence durant la pandémie, a rapidement montré ses avantages. Pour ceux qui y ont accès, il permet de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, d’économiser sur les transports et de gérer certaines tâches domestiques entre deux réunions. Ces bénéfices expliquent sa persistance, même après le retour progressif à la normale. Charles Emond, président de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), souligne que le télétravail est particulièrement répandu en Amérique du Nord, car il permet d’éviter des déplacements longs et de mieux exploiter de grands espaces de bureaux. En Europe, le coût élevé de l’électricité pousse encore les employés à se rendre au bureau. En Asie, la pratique reste marginale dans plusieurs pays pour des raisons culturelles et logistiques. Toutefois, cette flexibilité n’est pas accessible à tous. Dans de nombreux secteurs, tels que la santé, l’enseignement ou les services, le télétravail reste impossible, créant des inégalités parmi les travailleurs. Même dans les pays où il est le plus répandu, les entreprises constatent un impact limité sur la productivité, mais s’inquiètent du vide laissé dans leurs immeubles de bureaux. Certaines ont commencé à rappeler leurs employés, comme les banques, Google, Amazon ou Starbucks.  Le gouvernement de l’Ontario a annoncé un retour obligatoire cinq jours sur cinq pour la fonction publique.

Des infrastructures fiables pour un développement équitable

En Tunisie, le télétravail commence à se développer dans des secteurs comme les technologies, le marketing ou la finance, mais il reste limité. L’expérience internationale montre qu’il peut améliorer la productivité et réduire les coûts liés aux déplacements, mais il nécessite des infrastructures fiables et une adaptation des entreprises pour garantir que tous les travailleurs y aient accès de manière équitable.

Le télétravail s’impose donc comme un héritage durable de la pandémie, mais inégal et complexe à gérer.

Pour la Tunisie, il représente une opportunité : moderniser les outils numériques, faciliter l’accès aux métiers compatibles avec le travail à distance et veiller à ce que cette flexibilité profite à tous sans accentuer les inégalités professionnelles.

Des faits et des chiffres

19. August 2025 um 17:50

3,2 %

La Presse — Au deuxième trimestre 2025, le produit intérieur brut (PIB) tunisien a progressé de 3,2 % en glissement annuel, selon les données publiées par l’Institut national de la statistique (INS). Corrigée des variations saisonnières, cette performance traduit une nette accélération par rapport au trimestre précédent (+1,6 %), portant la croissance du premier semestre à 2,4 %. Le secteur agricole a enregistré une hausse remarquable de 9,8 % de sa valeur ajoutée par rapport à la même période en 2024.

Cette performance, alimentée par une amélioration des récoltes et une relance des filières stratégiques, a contribué à 0,84 point de croissance.

L’industrie a progressé de 3,4 %. Les industries manufacturières affichent une croissance de 3,9 %, tandis que la production minière connaît un bond spectaculaire de 39,5 %, reflétant une relance dans l’extraction des ressources naturelles. Les activités énergétiques (+10,1 %), ainsi que l’eau (+9,6 %) et l’assainissement (+7,7 %)  renforcent ce redressement.

Le bâtiment et les travaux publics, longtemps en difficulté, enregistrent également une reprise significative de 9,6 %. Les services poursuivent leur expansion à un rythme plus modéré (+1,9 %). Le transport (+3,0 %) et l’hôtellerie-restauration (+7,0 %) tirent cette progression, bénéficiant de la hausse de la demande intérieure (+3,3 %). En revanche, le commerce extérieur continue de peser sur l’activité. Si les exportations progressent de 9,6 %, les importations augmentent de 8,9 %, entraînant une contribution nette négative de –0,43 point au PIB. Globalement, la croissance de 3,2 % reflète une reprise équilibrée, reposant à la fois sur l’agriculture, l’industrie et la demande intérieure, malgré la persistance des déséquilibres commerciaux.

15,3 %

Selon l’INS, le chômage a légèrement reculé en Tunisie au deuxième trimestre 2025. Le nombre total de chômeurs s’établit à 651,1 mille personnes, contre 664,5 mille au premier trimestre, soit une baisse de 13,4 mille individus. Le taux du chômage national diminue ainsi de 15,7 % à 15,3 %.

Cette amélioration bénéficie principalement aux hommes, dont le taux de chômage passe de 13,6 % à 12,6 %. En revanche, la situation se dégrade pour les femmes, avec un taux en hausse à 20,9 %, contre 20,3 % trois mois plus tôt. La population active a progressé pour atteindre 4,26 millions de personnes, contre 4,233 millions au trimestre précédent, soit 26,5 mille individus supplémentaires. Elle se compose de 2,9 millions d’hommes (68,1 %) et 1,36 million de femmes (31,9 %). Malgré cette hausse, le taux d’activité a légèrement reculé, passant de 46,4 % à 46,2 % de la population en âge de travailler (15 ans et plus). Chez les jeunes de 15 à 24 ans, le chômage reste particulièrement préoccupant, même s’il affiche un léger repli : 36,8 %, contre 37,7 % au premier trimestre.

Dans le détail, il atteint 36,4 % chez les jeunes hommes et 37,8 % chez les jeunes femmes. La situation des diplômés universitaires s’assombrit : leur taux de chômage grimpe à 24,0 %, après 23,5 % au trimestre précédent. Là encore, l’écart entre hommes et femmes demeure marqué : 14,2 % pour les hommes diplômés contre 31,3 % pour les femmes. Ce recul global du chômage à 15,3 % masque donc des disparités persistantes, notamment selon le genre, l’âge et le niveau de qualification.

9

La Chine est devenue en 2025 le premier fournisseur de la Tunisie, dépassant l’Italie et la France dans le classement de ses partenaires commerciaux. Selon les derniers chiffres disponibles, sa part dans les importations totales a atteint 13 % au cours des sept premiers mois de l’année, contre 12 % pour l’Italie et 11 % pour la France.

Ce basculement marque un changement par rapport à 2024, où l’Italie occupait encore la première place avec 9,7 milliards de dinars de biens exportés vers la Tunisie, devant la Chine (9,2 milliards). En 2025, les importations tunisiennes en provenance de Chine ont bondi de 37,2 %, alors que celles de l’Italie ont légèrement reculé (–0,7 %) et celles de la France progressé de 12,7 %.

Malgré ce dynamisme, Pékin reste le premier contributeur au déficit commercial tunisien, et de loin. Globalement, les importations ont atteint 48,88 milliards de dinars (14,38 milliards d’euros) entre janvier et juillet, contre 36,97 milliards pour les exportations. Le déficit commercial s’est creusé à 11,90 milliards de dinars (3,60 milliards d’euros), tandis que le taux de couverture a reculé à 75,6 %.

L’Union européenne conserve néanmoins un rôle central dans le commerce tunisien, représentant 44,2 % des importations. L’Allemagne se distingue avec une hausse de 10,3 %, confirmant la diversification des approvisionnements en provenance du continent européen. La montée en puissance de la Chine reflète ainsi une évolution rapide des équilibres commerciaux, accentuant à la fois les opportunités d’approvisionnement et la dépendance croissante de la Tunisie vis-à-vis du marché chinois.

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