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Gestern — 11. August 2025Haupt-Feeds

Carthage retrouve sa diva : Le retour triomphal de Najwa Karam

11. August 2025 um 19:20

Une chose est sûre, le passage de Najwa Karam restera gravé dans les mémoires, tant par l’intensité de son interprétation que par l’émotion partagée.

Ce spectacle d’exception, porté par la magie de sa voix et son élégance, demeurera non seulement un souvenir marquant pour les spectateurs, mais aussi pour l’artiste elle-même.

La Presse — La star libanaise Najwa Karam a signé un retour émouvant le 9 août dans le cadre de la 59e édition du Festival international de Carthage. Après 9 ans d’absence, une chose est sûre : elle a su reconquérir le cœur de ses fans par ce spectacle à guichets fermés! Najwa Karam s’est bel et bien produite à plusieurs reprises sur cette scène prestigieuse.

Il s’agit cette fois de son 10e concert. La star, qui s’apprête à fêter ses 60 ans dans quelques mois, a fait preuve d’une énergie inégalable et d’un amour partagé avec ses fans massivement présents plusieurs heures avant le concert, impatients de la retrouver. Le théâtre a été archicomble et un grand nombre de spectateurs ont passé toute la soirée debout, dans la zone des chaises ou aux gradins.

Le spectacle a été diffusé en direct sur la chaîne nationale Watania, Rotana musique et LBC. Sous les projecteurs de l’amphithéâtre antique, Najwa Karam a fait une entrée triomphale sous un tonnerre d’applaudissements. Splendide dans une robe dorée, elle a rallumé la magie d’une voix qui a traversé les générations.

Ce come-back tant espéré était une célébration, un hommage à une carrière de plus de 30 ans marquée par l’excellence et un lien retrouvé entre l’artiste et une scène qui a vu naître certains de ses plus grands succès. La soirée a été entamée par « Ezzikdayemye Carthage », un titre qui chante les louanges de la cité antique, évoquant la grandeur de ses remparts, la légende de la reine Didon et les échos d’un passé qui la relie à Sidon et Tyr au Liban.

Les paroles de cette chanson ont servi au clip promotionnel qui annonce le concert de ce soir et qui a été diffusé dès l’annonce du programme de cette édition. Elle a enchaîné par la suite ses titres les plus connus et ses tubes à succès sans interruption. Célèbre pour les mawels qui introduisent ses chansons, Najwa Karam a fait, encore une fois, preuve d’une puissance vocale éblouissante, contrairement à d’autres dont les performances en direct déçoivent.

Durant deux heures et demie, la star a proposé un parcours complet à travers l’ensemble de son répertoire. La tabla libanaise, fortement présente tout au long du spectacle, a entonné des airs rythmés annonciateurs d’une atmosphère festive prometteuse. « Bi gharamak masloube », « Haydahaki », « Achega » et bien d’autres titres se sont succédé, pour le grand bonheur du public qui les connaît par cœur. Comme Najwa Karam a tenu à répondre aux attentes de ses fans, plusieurs titres ont été regroupés en medleys, par thèmes ou selon le rythme dansant ou plus doux. Ainsi, tout le monde a eu l’occasion d’écouter, de fredonner et de danser sur les airs qu’il aime tant.

Nous avons donc retrouvé avec nostalgie « Tahamouni », « Kif bdawik », « Hakam l kadhi »… Presque une trentaine de tubes survolés le temps d’une soirée où l’énergie de Najwa Karam a semblé inépuisable. Chaque air faisait renaître des souvenirs et des émotions profondément enfouis. Les extraits de son dernier album, sorti il y a à peine un mois, ont été gardés pour la fin, dont notamment « yelaan el echeg ». Le public est resté au-delà de minuit. Il est parti comblé, le cœur léger et les yeux encore brillants des émotions partagées tout au long de la soirée.

Une collaboration avec Saber Rebaï..Peut-être ?

Une conférence de presse s’est tenue après le concert. En abaya tunisienne avec des accessoires traditionnels, Najwa Karam a réitéré ses remerciements au public tunisien qui l’accompagne depuis ses débuts avec le même enthousiasme. Quand on lui a posé la question sur un nom tunisien avec lequel elle souhaite collaborer, elle a immédiatement lancé un appel à Saber Rebaï.

La star a loué tant ses qualités artistiques qu’humaines. Elle est également revenue sur son amitié de longue date avec Latifa. Au bout de plus de 30 ans de carrière, Najwa Karam a affirmé donner le meilleur d’elle-même lors de son spectacle à Carthage. « Cette soirée me marquera à jamais », a-t-elle lancé.

Concernant ses choix artistiques, la star a affirmé être toujours fidèle à une même ligne artistique. « Je me suis permis quelques écarts », poursuit-elle. «J’ai exploré de nouvelles pistes, j’ai tenté des défis avec de nouveaux genres musicaux. Mais, au final, je préfère rester égale à moi-même». Najwa Karam a en effet toujours tenu aux mawels et au dialecte libanais.

Même si le thème principal est sentimental, les paroles mettent à l’honneur son pays, en célébrant sa culture, son histoire et ses valeurs profondes. D’ailleurs, quand on lui a demandé si elle compte sortir des chansons qui soutiennent la cause palestinienne, elle a répondu « Je suis libanaise avant tout. 

On commence d’abord par chanter son pays ». Une chose est sûre, le passage de Najwa Karam restera gravé dans les mémoires, tant par l’intensité de son interprétation que par l’émotion partagée. Ce spectacle d’exception, porté par la magie de sa voix et son élégance, demeurera non seulement un souvenir marquant pour les spectateurs, mais aussi pour l’artiste elle-même.

Notons que Carthage continue à fêter la musique et les arts jusqu’au 21 août prochain. 

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Chantal Goya à La Presse : « J’ai toujours voulu respecter ce que le public aimait »

09. August 2025 um 19:00

Chantal Goya a conquis le public lors du Festival de Carthage avec son spectacle « Sur la route enchantée ». À 83 ans, son énergie est digne d’une jeunesse éternelle. Dans cet entretien, elle nous raconte son amour pour la Tunisie et les secrets de son univers pur et candide qu’elle a su préserver au fil des années.

La Presse — Lors de votre spectacle, vous avez évoqué être venue plusieurs fois en vacances en Tunisie avec votre famille. Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur ces séjours ?

Cette fois, je suis aussi restée huit jours à Hammamet après mon spectacle à Carthage. Je viens de voir la médina de Hammamet et nous comptons aller  à Nabeul. J’aime bien me promener… J’ai visité toutes les ruines de Carthage il y a longtemps ainsi que Sidi Bou Saïd.. Je connais également Djerba. Je voudrais même un jour ramener mes petits-enfants.

Est-ce que vous saviez que beaucoup de Tunisiens connaissent vos chansons par cœur?

Je m’en suis rendue compte et j’aimerais bien revenir chanter en Tunisie. Il y a un projet de spectacle au Théâtre municipal de Tunis en collaboration avec le ministère des Affaires culturelles. Je tiens à les remercier ainsi que  le ministère de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées. 

Ce que j’ai trouvé formidable, c’est le fait d’inviter tous ces enfants qui sont venus me voir de partout. 

Les parents m’ont connue quand ils étaient encore petits. C’étaient eux les enfants d’hier, comme j’ai déjà 50 ans de carrière. J’étais honorée de chanter au théâtre antique de Carthage,  cet endroit mythique où tellement de grands artistes sont venus. La télévision nationale a filmé le spectacle et je voudrais que tous les enfants de la Tunisie le regardent. 

Vous avez commencé votre carrière en remplaçant Brigitte Bardot. Pourquoi avez-vous préféré vous spécialiser dans les spectacles pour enfants plutôt que de mener une carrière d’actrice au cinéma ?

J’ai joué dans le film « Masculin, féminin » de Jean Luc Godard  et j’ai eu le prix de la meilleure interprétation en Italie. Je sentais que ce n’étais pas ma voie parce que je ne voulais pas jouer des scènes osées. J’ai reçu une éducation très stricte de ma famille. Ma carrière cinématographique s’est donc arrêtée tout de suite. Mon mari m’a toujours dit que je ressemble aux enfants, que je suis comme eux dans ma voix, ma façon d’être..  

Quand j’ai chanté « Adieu les jolis foulards » à la télé pour la première fois, ils ont reçu près de 500 mille lettres. C’est ainsi que j’ai su que je devais me consacrer aux enfants et donner mon énergie à la famille. Je suis l’ainée de 5 enfants, j’ai moi-même quatre petits-enfants. Je sais que la notion de la famille est aussi très importante chez vous en Tunisie. 

Vous avez fait de nombreux spectacle en France à guichets fermés pour la tournée qui fête vos cinquante ans de carrière. Dans ce monde envahi par le digital, comment arrivez-vous à préserver l’univers de Marie-Rose avec toute sa simplicité qui fait sa force ?

C’est mon public adulte qui montre mes spectacles aux enfants sur internet. Ils les voient sur leurs téléphones maintenant et j’ai toujours tenu à ce qu’ils soient gratuits sur YouTube. Quand j’arrive en vrai avec mes spectacles, c’est la folie. Les enfants viennent me voir avec leurs parents et leurs grands-parents. Je n’ai pas changé.

J’ai toujours voulu respecter ce que le public aimait. Il m’aimait avec cette robe et ces chansons. Je n’ai jamais voulu rien changer. J’aime toujours garder les mêmes traditions, les mêmes amis. Nicolas, le danseur qui fait le Chat botté, travaille avec moi depuis 20 ans. Mon chorégraphe est aujourd’hui le directeur artistique du parc Disney. Il me dit souvent que s’il a fait ce métier, c’est grâce à moi, comme il est allé voir mes spectacles plusieurs fois quand il était petit.

La musique de mes chansons est jouée par de grands orchestres. Pas d’ordinateur, ce sont de vrais violons, de vrais cuivres.. Mon mari a travaillé jour et nuit avec les décorateurs de l’Opéra pour me faire toutes les robes et tous les costumes de mes spectacles. Toutes les tenues que vous avez vues à Carthage sont originales et datent de 1980 et 1982. On n’a pas fait de copies. Quand on m’a volé récemment la tête de « Pandi-Panda », j’ai arrêté de chanter le tube. Je cherche toujours la personne qui l’a créé en 1984 pour le refaire. 

En vous voyant avec la robe de Marie-Rose, on a eu l’impression que les années n’ont pas eu d’effet sur vous. Quel est votre secret pour garder toujours une âme d’enfant ?

C’est ancré en moi. Ma mère me disait quand j’étais plus jeune, si les gens t’ennuient, tu mets ta robe en toile cirée et tout glisse. On n’avait pas beaucoup de moyens pour être gâtés, mais j’ai toujours été dans la joie.  On avait beaucoup d’idées et des solutions pour contourner les problèmes.  

Vos chansons transmettent des valeurs morales et humaines. Quel pourrait être leur effet face au mal qui sévit dans le monde d’une manière générale ?

Il n’y a pas de frontières, de différences pour les enfants. Ils sont purs et n’ont pas d’arrière-pensée. Ils savent aussi ce que c’est que la guerre. J’ai la chance d’avoir du public dans tous les pays. Ce n’est pas une question de langue, c’est une question d’amour. Les chansons sont écrites par mon mari Jean Jacques qui aime tellement les enfants.

Elles sont faites avec de jolis textes et de belles mélodies. En 1991, je suis allée chanter à Beyrouth juste après la guerre et ils m’ont raconté qu’ils ont appris mes chansons aux abris et qu’ils les ont montrées aux enfants pour les distraire. C’est ça ma vocation : donner de l’espoir, beaucoup d’amour, un peu de paix, de poésie et de bonheur. 

Avec Jean-Jacques Debout, vous allez bientôt célébrer 60 ans de mariage. En quoi cette relation de longue date a-t-elle nourri et façonné votre collaboration artistique au fil des années ?

Jean-Jacques est chanteur et compositeur. C’est un musicien fragile et sensible. Il est venu en Tunisie avec Jacques Brel, avec Johnny Halliday… C’est lui qui m’a écrit tous les tubes que vous avez connus et qui m’a fait de grands spectacles. Il a aussi écrit et chanté « Nos doigts se sont croisés » pour moi. Il correspond exactement à l’homme que je veux avoir dans ma vie. 

Après vos vacances à Hammamet, quels projets avez-vous prévu de reprendre ?

J’ai une tournée à Bruxelles, puis au Zénith de Paris pour « 50 ans d’amour ». Je reviendrai après en Tunisie. J’aimerais bien venir plus souvent en Tunisie, surtout que vous êtes tout près de la France. La prochaine fois, pour le spectacle organisé par  le ministère des Affaires culturelles au Théâtre municipal, on va ramener plus de décors par bateau.

Les Prix littéraires « Zoubeida Béchir » : Les écrivaines à l’honneur !

08. August 2025 um 18:50

Qualité, originalité et richesse stylistique en plus des thématiques engagées avec une récurrence de motifs littéraires reliés à la condition féminine et la contribution au champ littéraire contemporain sont les critères qui ont distingué les œuvres candidates.

La Presse — Le Centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (Credif) a organisé, le 6 août, la 30e  édition de la cérémonie de remise du prix national « Zoubeïda Béchir ». Les meilleures productions littéraires féminines de l’année 2024 sélectionnées par les jurys dans cinq catégories ont été récompensées en présence de la ministre de la Femme, de la Famille, de l’Enfance et des Personnes âgées.

L’événement a été rehaussé par une prestation musicale de Wafa Ghorbel, accompagnée d’un ensemble dirigé par le maestro Hichem Ketari.

Zoubeïda Béchir chantée par Wafa Ghorbel

Après les allocutions d’ouverture de Mme Sonia Ben Jemia, directrice du Credif, et la ministre Asma Jebri, place à la musique. En pionnière de la poésie féminine en Tunisie, Zoubeïda Béchir, qui nous a quittés le 21 août 2011 à l’âge de 73 ans, a été la première femme tunisienne ayant publié un recueil de poèmes intitulé « Hanine » (Nostalgie). Le recueil a été préfacé par Mustapha Khraïef, célèbre poète et écrivain tunisien, qui aurait souhaité voir ces textes chantés.

Cette idée a été enfin concrétisée par Wafa Ghorbel et le maestro Hichem Ketari qui ont mis en musique six poèmes, présentés spécialement lors de cette cérémonie. Universitaire et écrivaine de renom, Wafa Ghorbel est lauréate de nombreuses récompenses littéraires, dont deux prix Comar et le prix Zoubeïda Béchir en 2017.

Elle a allié sa sensibilité de romancière à son talent de musicienne pour un spectacle de tarab fortement applaudi. L’amour, la mélancolie, le bonheur et d’autres thèmes imprégnés de l’intensité lyrique remarquable de la poétesse ont été chantés  avec une grâce expressive et une élégance raffinée. 

Par son interprétation, Wafa Ghorbel a ainsi ouvert la voie à l’adaptation musicale d’autres textes de Zoubeïda Béchir, ce qui offre une nouvelle dimension à l’œuvre originale et contribue à en immortaliser la beauté et l’émotion, en  assurant une pérennité à l’héritage poétique de l’autrice.

Le palmarès dévoilé 

Depuis sa création en 1995, le Prix national «Zoubeïda Béchir» a mis à l’honneur une pluralité d’œuvres écrites par des femmes. Au total, 44 créations littéraires en arabe, 33 créations en français, 32 recherches en arabe, 27 recherches en français, 11 recherches avec adoption de l’approche du genre et 3 scénarios. 

Liste des œuvres gagnantes cette année :

Le Prix de la création littéraire en langue arabe, doté d’un montant de 5 mille dinars, a été délivré à Emna Yahyaoui pour son roman « Aghchia tatamazzak » (Des membranes qui se rompent) édité par Arabesques. Mme Jalila Triter, la présidente du jury, a indiqué que 27 textes ont été en lice pour ce prix, entre poésie, romans et écriture de soi (autobiographie, mémoires…).

Elle a souligné que les romans ont pris le dessus pour la quantité et qu’une phase nouvelle s’annonce avec l’implication des femmes dans l’écriture autobiographique. Le Prix de la création littéraire en langue française a été attribué à Zoubeïda Khaldi pour son roman «J’ai oublié d’aimer» aux éditions Nirvana.

La présidente du jury, Mme Hedia Abdelkefi, a précisé que la sélection a porté sur 8 ouvrages en français entre poésie, fiction et essais. Elle a salué la diversité des formes et des genres et a rappelé que les critères de sélection sont la qualité, l’originalité, la richesse stylistique, les thématiques engagées, la récurrence de motifs littéraires reliés à la condition féminine et la contribution au champ littéraire contemporain.

Elle a également précisé que le choix a été difficile entre le roman gagnant et un autre titre, «Sonate d’une âme perdue» de Amel Bedoui.

Le Prix de la recherche scientifique en langue arabe avec un montant de 7 mille dinars a été attribué par Mme Samia Dridi à Hayet Rayes pour une œuvre portant sur les mères célibataires. 

Le Prix de la recherche scientifique sur la femme et l’adoption de l’approche genre, qui s’élève à 10 mille dinars, a été reçu par Soumaya Mestiri pour son livre «Pour un féminisme décentré : recadrer, résister». Mme Samia Kassab, présidente du jury, a indiqué que ce travail de recherche prône les valeurs véhiculées par le ministère, notamment l’inclusivité.

Finalement, le Prix du meilleur scénario de court métrage a été délivré par Mme Lamia Guiga à Imen Ghazouani pour le texte « Le Mal de mer ». Elle a proposé d’inclure les longs métrages pour les prochaines éditions. 

Des trophées ont été remis à la fin de la cérémonie à ceux qui ont contribué à la continuité de cet événement qui célèbre depuis trois décennies non seulement les réalisations individuelles des écrivaines tunisiennes, mais aussi le pouvoir collectif de la littérature féminine.

Il s’agit de Mabrouk Mannaï, président de jury pour les 10 éditions précédentes, Alia Bakkar, ancienne présidente de jury et lauréate de deux Prix Zoubeïda Béchir, le journaliste Hatem Bourial, Zeineb la sœur de Zoubeïda Béchir qui a permis l’accès à ses archives et Khadija Kamoun qui est parmi les fondateurs du prix depuis 1995 en sa qualité de directrice du club Taher Haddad.

Un hommage a également été rendu à  feu Taoufik Ayadi. Le trophée a été reçu par sa femme dans un grand moment d’émotion. 

Le Credif poursuit encore sa mission de soutenir et d’encourager les plumes féminines. Notons que les candidatures seront ouvertes à partir du 1er septembre pour les écrits féminins parus en 2025.

In memoriam, il y a un an nous quittait l’artiste Yasser Jeradi : Voix des sans-voix

08. August 2025 um 18:40

Il est l’un des artistes dont émanent une magie joyeuse, un passage d’ailes et qui valent bien des aurores ! Yasser Jeradi, plasticien, calligraphe, chanteur mais aussi musicien, compositeur et auteur, fait partie de ces personnes-là. Ces chansons, fredonnées de sa voix au timbre tendre, vibrent de compassion, d’empathie et d’amour.

Yasser Jeradi (9/4/1970 – 12/8/2024) est originaire de la région de Gabès, puis il est venu à la capitale poursuivre ses études universitaires pour une maîtrise en Arts Plastiques à l’Institut Supérieur des Beaux-arts de Tunis avec pour spécialité la sculpture. Tout en menant un parcours d’artiste plasticien, il entre dans la musique, la chanson, l’écriture et la composition comme on entre dans une religion.

Étudiant, dans la cour de l’Isbat, Yasser Jeradi a commencé à gratter à la guitare en reprenant la chanson Imagine de John Lennon que son professeur d’anglais leur a fait écouter en classe de baccalauréat. Puis à force de travail, sa maîtrise de la musique et du chant a évolué jusqu’à la constitution de son propre répertoire.

Artiste polyvalent et engagé pour la cause des faibles, chaleureux et d’une humilité incroyable, il aime la compagnie des enfants auxquels il apprend la musique. Lors de la survenue de son décès le 12 août de l’année dernière, l’un de ses anciens professeurs de l’école des beaux-Arts de Tunis, Naceur Ben Cheikh, rappelle dans un post sur un réseau social : 

« Depuis ses performances de la cave des beaux-arts de Bab Saadoun de la fin des années 90, jusqu’à sa réalisation en tant que musicien qui a cru en la révolution du 14-Janvier, en passant par sa pratique du calligraphisme arabe sur fond de référence à la mystique d’Ibn Arabi, il a vécu en homme libre, un homme du don, du partage, de l’amour et de la sagesse. »

En 2005, avec un groupe d’amis et Amira sa compagne, pour laquelle il a, d’ailleurs, composé plusieurs chansons, Yasser Jeradi a fondé la troupe musicale Dima Dima et des chansons sont nées tels que Chbik ensitini (Pourquoi tu m’as oublié), Dima Dima (Toujours toujours), Stanitek (Je t’ai attendu). 

Tout en chantant, il jouait à la guitare et à l’harmonica. Ses compositions traitent non seulement de la vie dure des travailleurs manuels, mais notamment de la révolution, la patrie, la Palestine, l’amour. 

En effet, en 2011, lors de la révolution du 14-Janvier en Tunisie, ses chansons sur les paysans, les maçons, les pêcheurs et les laissés-pour-compte étaient fredonnées par les jeunes de la culture underground. Yasser Jeradi fut considéré comme un symbole de la révolution.

La thématique de l’amour a occupé une place prépondérante dans son cheminement musical. Ainsi, partant de son histoire d’amour personnelle, il a monté un spectacle Moi et Amira, supplanté plus tard par le titre Yasser emhabba (Yasser amour). Ce spectacle, joué dans toute la Tunisie, a progressivement pris l’allure d’un leitmotiv sur l’amour en tant que valeur universelle.

Dans un podcast réalisé par Imen Khayati, Yasser Jeradi explique qu’il a voulu toucher et faire partager ce noble sentiment avec les gens, surtout ceux de l’intérieur du pays qui n’ont jamais vécu une histoire d’amour.

Dans la rencontre entre art visuel et art musical, le secret de la pensée esthétique de Yasser Jeradi se définit à travers sa vision mystique de l’existence humaine. Il pense que le vrai sens de la prière, cette prosternation devant Dieu, est dans notre manière de trouver un sens à notre existence.

La sienne a consisté à appeler par l’art au changement en défendant la cause des oubliés, des marginalisés et des opprimés auxquels sont soustraits leurs droits humains.

Cette vision mystico-humaniste trouve une alliée dans la nature d’où la passion de Yasser Jeradi pour les randonnées à bicyclette. Rouler à vélo durant plusieurs jours jusqu’à Chott El-Jérid (Tozeur) dans le sud-ouest tunisien du 13 juin au 5 juillet 2020 a pris la forme plus d’une aventure écologique, c’était plutôt de l’ampleur d’une quête initiatique qui l’a révélé à lui-même.

S’inspirant du soufi musulman Ibn Arabi, lors de son entretien « Chez Imen », Yasser Jeradi a dit : «L’artiste doit écouter et dialoguer avec la nature, non pour la reproduire, mais pour lui ressembler ».

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