Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Heute — 11. August 2025Haupt-Feeds

Iace – Code des changes : Pour une réforme moderne et adaptée

11. August 2025 um 18:50

Dans un contexte économique en quête de compétitivité et d’ouverture, l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace) remet au cœur du débat la réforme tant attendue de la réglementation des changes. À travers une évaluation critique du projet soumis en mars 2024 au Conseil des ministres, l’organisation donne la parole aux entreprises et alerte : les blocages persistent, les propositions de modernisation restent, pour l’heure, largement ignorées.

La Presse — Le projet de nouveau Code des changes, examiné par le Conseil des ministres le 14 mars 2024, marque une étape symbolique après plus d’une décennie de débats. Mais selon l’Institut arabe des chefs d’entreprises (Iace), ce texte, basé sur des versions précédemment proposées par la Banque centrale de Tunisie et une version non officielle ayant circulé, demeure en deçà des attentes du tissu économique national.

Dans une note d’évaluation publiée en mars 2024, l’Iace pointe un décalage entre le contenu du projet et les besoins réels des opérateurs économiques, en particulier des PME. « Ces projets de code n’ont pas tenu compte des recommandations déjà avancées », peut-on y lire, ni « fourni des garanties pour l’amélioration des conditions d’exercice des opérateurs ».

Une dynamique à l’arrêt !

Depuis 2016 déjà, l’Iace, en partenariat avec la Banque centrale (BCT) et l’Association professionnelle tunisienne des banques et établissements financiers (Aptbef), avait formulé des propositions précises pour alléger un cadre devenu, au fil des ans, synonyme de lourdeur administrative. Il s’agissait d’instaurer une approche « intégrée et séquentielle de la réforme », dans le but de « faciliter la dynamique d’internationalisation des entreprises tunisiennes pour une meilleure compétitivité de l’économie nationale ».

Or, cette dynamique semble aujourd’hui à l’arrêt. Le document souligne que les transferts courants, comme les publications de recherches ou les réservations hôtelières, restent plafonnés, tandis que les investissements à l’étranger demeurent soumis à autorisation, sans modification significative par rapport à l’ancien texte.

L’un des principaux griefs des entreprises interrogées reste le délai excessif pour obtenir certaines autorisations de change, comme les formulaires F1 et F2, nécessaires pour les paiements anticipés ou les litiges. « Les délais de réponse avec la BCT varient de 12 semaines à plusieurs années », précise le rapport.

Ce facteur, à lui seul, suffit à décourager nombre d’opérateurs désireux de se positionner sur les marchés internationaux. Le problème est d’autant plus sensible pour les entreprises opérant à l’étranger. Le code, dans sa version actuelle, impose à celles-ci l’ouverture de comptes en monnaie locale spécifiques à chaque contrat, ce qui les contraint à gérer plusieurs comptes bancaires simultanément dans un même pays.

« Cela alourdit fortement la gestion des opérations et limite la capacité de l’entreprise à optimiser ses besoins en monnaie locale », souligne l’Iace. L’interdiction de détenir un compte en devises à l’étranger expose par ailleurs les entreprises au risque de change, en cas de dépréciation de la monnaie locale du pays d’accueil.

Autre point de tension : l’Allocation pour voyages d’affaires, jugée trop faible et mal adaptée aux besoins réels. Le document recommande de la fixer à un minimum de 3.500 euros par mission, en prenant comme référence une devise stable, tout en permettant une majoration sur justification. Or, aucune mesure de ce type n’apparaît dans les versions évaluées du projet.

Les investissements directs à l’étranger critiqués

Les entreprises dénoncent également le coût élevé des expertises et des contrôles de matériel, souvent doublé entre la Tunisie et les pays partenaires. Le manque de reconnaissance mutuelle des laboratoires ou des normes induit des pertes de temps et d’argent considérables. L’Iace suggère d’identifier une liste commune d’experts agréés pour éviter ces doublons coûteux.

Le plafond des investissements directs à l’étranger, resté figé depuis les années 1980 à trois millions de dinars par an, est également pointé du doigt. Le texte évalué ne propose aucune révision de ce plafond, alors que l’environnement économique et les ambitions des entreprises ont radicalement changé.

Pour l’Iace, la réforme annoncée doit permettre de rompre avec un système fondé sur la méfiance et la lourdeur bureaucratique. Elle doit reposer sur la clarté des règles, la rapidité des procédures, et la responsabilisation des acteurs économiques. Or, « ces versions ne présentent pas d’éléments probants pour l’amélioration de cette situation », alerte l’organisation. Aucune garantie n’est donnée sur le respect des délais, ni sur la révision automatique des plafonds, ni même sur la simplification administrative.

En définitif, la version évaluée par l’Iace semble perpétuer une logique de contrôle excessif, sans transition vers un modèle plus souple, plus lisible et plus compatible avec les standards internationaux. Pourtant, des pays voisins comme le Maroc ont réussi à assouplir leur législation tout en maintenant un contrôle efficace des flux financiers.

En lançant une consultation nationale sous forme d’un questionnaire structuré, l’Iace espère mobiliser les entreprises et peser sur la rédaction finale du texte. Son objectif est clair : mettre en lumière les obstacles concrets rencontrés au quotidien, mais aussi rappeler que la modernisation du cadre réglementaire est une condition sine qua non pour restaurer la confiance et encourager l’investissement.

Alors que le gouvernement et la Banque centrale poursuivent leurs travaux, les acteurs économiques attendent des signaux clairs. Pour l’Iace, la réforme du Code des changes ne peut plus être une promesse différée. Elle doit devenir un levier de transformation, au service de l’ouverture, de la compétitivité et de l’innovation.

Rapport « Tunisia – Geographic Futures » : Un nouveau souffle économique à l’horizon de 2043

11. August 2025 um 18:40

Le rapport « Tunisia : Geographic Futures » de l’African Futures & Innovation Programme met en lumière les atouts majeurs de la Tunisie et les réformes nécessaires pour libérer son potentiel. Grâce à une stratégie ambitieuse centrée sur l’éducation, la gouvernance, l’industrie et la transition énergétique, le pays peut impulser une croissance durable et inclusive à long terme.

La Presse — La Tunisie se trouve à un carrefour décisif. Selon le rapport « Tunisia : Geographic Futures », publié par l’African Futures & Innovation Programme, les deux prochaines décennies seront déterminantes pour sortir d’une croissance molle et enclencher un développement durable. L’étude, fondée sur des scénarios prospectifs jusqu’en 2043, dresse un état des lieux précis et identifie les réformes nécessaires pour relever les défis économiques, sociaux et territoriaux.

Un pays bien doté mais sous-performant

La Tunisie bénéficie d’un capital humain relativement bien formé, d’institutions établies et d’une position géostratégique au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. Depuis l’indépendance, elle a investi massivement dans l’éducation, la santé et l’égalité de genre.

Pourtant, depuis la révolution de 2011, la croissance reste anémique, autour de 2 à 2,8 % par an.Le PIB, estimé à 43 milliards USD en 2023, pourrait atteindre environ 75 milliards USD en 2043 dans le scénario dit « tendanciel » (Current Path), mais cette progression reste insuffisante pour absorber un chômage qui touche plus de 15 % de la population active, et plus d’un tiers des jeunes diplômés.

Avec plus de 70 % de sa population en milieu urbain, la Tunisie est l’un des pays les plus urbanisés d’Afrique. Trois pôles —  Grand Tunis, Sfax et Sousse — concentrent près de 85 % de la richesse nationale. Les zones intérieures et méridionales, elles, restent en marge, avec un accès limité aux infrastructures, à l’éducation et à la santé.

Cette dualité territoriale nourrit un sentiment d’injustice et pousse les jeunes des régions défavorisées vers l’émigration interne ou externe. Le rapport insiste sur la nécessité de réduire ces inégalités par des investissements ciblés dans les infrastructures, les services publics et le développement local.

Un potentiel économique sous-exploité

L’économie tunisienne repose largement sur les services (plus de 60 % du PIB) et sur quelques segments manufacturiers (textile, agroalimentaire, composants automobiles). Le secteur agricole, vital pour l’emploi rural, est handicapé par la dépendance aux importations de céréales, la surexploitation des ressources en eau et les effets du changement climatique.

Le rapport propose plusieurs scénarios sectoriels. Par exemple, un plan ambitieux de modernisation agricole pourrait permettre à la Tunisie de devenir autosuffisante en production céréalière d’ici 2040, réduisant sa vulnérabilité aux chocs extérieurs. De même, un renforcement du secteur manufacturier pourrait porter sa part dans le PIB à plus de 19 % d’ici 2043, contre 14,3 % aujourd’hui.

Capital humain et emploi : le lien manquant

La Tunisie affiche un haut niveau d’éducation en comparaison régionale, mais peine à transformer cet atout en emplois qualifiés. Les femmes, en particulier, restent sous-représentées sur le marché du travail malgré des taux de scolarisation élevés.

Le scénario éducatif du rapport prévoit d’améliorer la qualité de l’enseignement, de réduire l’écart entre formation et besoins du marché, et de mieux intégrer les jeunes – notamment par le développement de la formation professionnelle et des filières techniques. Sans cette adaptation, l’écart entre compétences disponibles et opportunités économiques continuera de freiner la croissance.

L’étude met l’accent sur le rôle central de la gouvernance. La corruption, les lourdeurs administratives et un environnement réglementaire peu compétitif freinent l’investissement privé. Dans un scénario de gouvernance renforcée, le PIB pourrait dépasser 77 milliards USD en 2043, avec un taux de pauvreté ramené à 1,4 %.

Pour y parvenir, le rapport préconise une réforme fiscale visant à élargir l’assiette et améliorer la collecte, ainsi qu’une modernisation des réglementations afin de stimuler l’investissement. Il recommande également de lutter contre l’économie informelle, qui représente encore plus de 20 % du PIB, et de mieux cibler les subventions, aujourd’hui coûteuses et inégalement réparties.

Transition énergétique et ouverture commerciale

Le potentiel solaire et éolien tunisien est largement inexploité. Dans un scénario d’infrastructures et de « saut technologique », le pays pourrait accélérer sa transition énergétique, développer ses exportations de services numériques et réduire ses émissions de CO₂ tout en augmentant sa production d’énergie renouvelable.

Sur le plan commercial, la Tunisie reste très dépendante de l’Union européenne, qui absorbe 72 % de ses exportations. Le rapport invite à diversifier les marchés, notamment via l’intégration dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), afin de réduire les vulnérabilités liées à un partenaire unique.

Le message du rapport est clair : sans réforme profonde, la Tunisie restera piégée dans une trajectoire de croissance faible, avec des fractures sociales et régionales persistantes. À l’inverse, une stratégie coordonnée, combinant investissements dans le capital humain, modernisation industrielle, inclusion territoriale et transition verte, pourrait réduire la pauvreté à moins de 1 % et porter le revenu par habitant à plus de 15.000 USD (en parité de pouvoir d’achat) d’ici 2043.

La fenêtre d’opportunité existe, mais elle se refermera avec le vieillissement de la population. La question n’est donc pas seulement économique : elle est aussi politique et sociétale. La Tunisie doit choisir, dès aujourd’hui, entre prolonger l’attente ou engager la transformation.

Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

Kiosque international

09. August 2025 um 18:20

Genève accueille des négociations décisives
Dix jours pour conclure un traité mondial contre la pollution plastique 

Les représentants de près de 180 pays se réunissent depuis mardi 6 août à Genève pour une session cruciale de négociations sous l’égide de l’ONU. Objectif : parvenir à un accord juridiquement contraignant pour lutter contre la pollution plastique, un fléau mondial qui coûte chaque année au moins 1.500 milliards de dollars, selon « The Lancet ».

Cette session, baptisée CIN5-2, a été convoquée après l’impasse des discussions en 2024 à Busan, bloquées par certains pays producteurs de pétrole. Le président des négociations, l’ambassadeur équatorien Luis Vayas Valdivieso, a insisté sur la complexité des pourparlers et la nécessité d’inclure ONG et société civile dans les débats sur les sujets sensibles : plafonds de production, interdictions de substances chimiques, etc.

Malgré les tensions géopolitiques, la volonté d’aboutir semble partagée. « La plupart des pays à qui j’ai parlé veulent un accord », a affirmé Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), tout en reconnaissant les nombreux obstacles à surmonter.

Sur le terrain, la pression monte. ONG et scientifiques multiplient les alertes. « La pollution plastique est un danger grave, croissant et sous-estimé pour la santé », selon le chercheur américain Philip Landrigan. En RDC, les déchets plastiques polluent les eaux et provoquent des maladies infantiles, dénonce l’ONG Solidarité Protection droits de l’enfant.

A Genève, une installation artistique baptisée « Le fardeau du Penseur » représente la statue de Rodin submergée par des déchets plastiques. Son auteur, l’activiste canadien Benjamin Von Wong, espère toucher les négociateurs sur le plan émotionnel.

Mais les industriels, représentés notamment par le Conseil américain de l’industrie chimique, défendent encore l’utilité du plastique pour la santé publique. Un discours rejeté par Greenpeace et d’autres ONG, qui appellent à une réduction drastique de la production mondiale.

«Il faut une transition juste », plaide l’ONG suisse Trash Hero, soulignant les enjeux sociaux dans les pays producteurs d’Asie du Sud-Est. A Genève, l’heure est venue de trancher.

Pétrole
L’Afrique à la peine sur l’échiquier mondial

La production pétrolière africaine connaît un lent déclin. En juin 2025, les pays du continent n’ont produit que 6,6 millions de barils par jour (mb/j), soit moins de 3 % de l’offre mondiale.

Le Nigeria, la Libye, l’Angola, l’Algérie et l’Egypte concentrent l’essentiel de cette production, mais tous voient leurs volumes s’éroder.

Premier producteur du continent, le Nigeria a vu sa production chuter depuis 2005, passant de 2,5 mb/j à 1,1 mb/j en 2022. Une légère remontée à 1,532 mb/j a été enregistrée récemment, due principalement à la baisse du siphonage de brut. Le pays mise désormais sur ses réserves « offshore » pour retrouver ses niveaux d’antan, mais les coûts d’exploitation en eaux profondes freinent les investissements.

L’Angola affiche une production stabilisée à 1,1 mb/j, loin du pic de 2 mb/j atteint en 2008. Sorti de l’Opep en 2023, le pays tente de relancer la machine grâce à une politique fiscale plus incitative et à de nouveaux projets « offshore » soutenus par 850 millions de dollars d’investissements.

En Algérie, la situation est critique. La production est tombée à 0,92 mb/j, contre 1,5 mb/j en 2019. La forte croissance de la consommation intérieure devrait, selon les projections, absorber 80 % de la production d’ici 2030, réduisant drastiquement les capacités d’exportation.

La Libye, bien que riche en réserves, reste paralysée par l’instabilité politique, tandis que l’Egypte enregistre ses plus bas niveaux depuis un demi-siècle, à 0,51 mb/j.

Malgré des réserves importantes, l’Afrique peine à attirer les grands groupes pétroliers, freinés par le climat des affaires et la faible rentabilité des projets. Sans réformes structurelles, le continent risque de rester à l’écart du jeu pétrolier mondial.

Catastrophes naturelles 
Un coût estimé 135 milliards de dollars en 2025

Les six premiers mois de l’année 2025 confirment une tendance inquiétante : les catastrophes naturelles deviennent non seulement plus fréquentes, mais aussi plus coûteuses.

Selon une estimation préliminaire publiée récemment par le géant de la réassurance « Swiss Re », les pertes économiques mondiales liées aux événements climatiques extrêmes atteignent 135 milliards de dollars. À titre de comparaison, elles s’élevaient à 123 milliards pour la même période en 2024.

Cette aggravation est en grande partie attribuée à des phénomènes météorologiques d’une violence exceptionnelle aux États-Unis. Des incendies massifs ont ravagé les alentours de Los Angeles, tandis qu’une série d’orages violents a causé des dégâts matériels importants dans plusieurs États. Ces catastrophes à répétition accentuent la pression sur les compagnies d’assurance, de plus en plus sollicitées.

« Swiss Re » chiffre à 80 milliards de dollars les indemnisations versées par le secteur assurantiel au premier semestre, contre 62 milliards un an plus tôt. Ces montants reflètent une accélération de l’impact financier du dérèglement climatique, qui affecte à la fois les zones traditionnellement exposées et des régions jusqu’alors épargnées.

Le réassureur alerte régulièrement sur les risques systémiques liés au climat et sur la nécessité de renforcer les politiques d’adaptation. Si la deuxième moitié de 2025 suit la même trajectoire, l’année pourrait devenir l’une des plus coûteuses jamais enregistrées en matière de sinistres climatiques. De quoi relancer les débats sur l’anticipation des risques, la couverture assurantielle et surtout la lutte contre les causes profondes du réchauffement.

Les pouvoirs cachés de l’argent
Qui gouverne vraiment l’économie mondiale ?

Depuis toujours, le système monétaire échappe à la compréhension du grand public, alors même qu’il structure les rapports de pouvoir entre nations. En réalité, ce ne sont pas les Etats qui gouvernent, mais de puissants groupes financiers tels que « BlackRock », « Vanguard » ou « Goldman Sachs », dont l’influence repose sur le contrôle de la monnaie.

Les banques centrales, bien qu’appartenant à chaque pays, fonctionnent selon un même schéma : elles créent de l’argent, régulent l’économie par les taux directeurs et injectent ou retirent des liquidités. Officiellement garantes de la stabilité, elles servent souvent les intérêts du capital. En 2008, la Réserve fédérale a ainsi sauvé les géants financiers, pas les PME.

L’argent d’aujourd’hui n’est plus seulement physique : il est créé numériquement, à crédit, puis prêté aux États et aux particuliers avec intérêts. Cette mécanique enrichit un système où seuls les plus puissants influencent réellement l’économie mondiale. Le dollar, pierre angulaire du commerce international, confère aux États-Unis un avantage stratégique. Ceux qui tentent de s’en défaire s’exposent à des représailles.

Les institutions comme le FMI ou la Banque mondiale, censées aider les pays, imposent souvent des conditions drastiques qui érodent leur souveraineté. La Grèce en est un exemple.

A l’heure où les tensions économiques, géopolitiques et climatiques s’aggravent, une question se pose: combien de temps encore ce système, concentré entre les mains de quelques-uns, pourra-t-il perdurer ?

Commerce international : L’UE assouplit les règles d’origine pour booster le textile tunisien

07. August 2025 um 18:10

La Commission européenne a adopté, fin juillet 2025, un règlement d’exécution qui assouplit les règles d’origine applicables aux produits textiles transformés en Tunisie.

Cette mesure, rétroactive au 22 janvier 2025, et valable cinq ans, vise à renforcer la compétitivité des entreprises tunisiennes sur le marché européen, un partenaire commercial clé du pays.

Elle introduit notamment la possibilité de considérer comme « originaire » un produit résultant d’une simple transformation locale, favorisant ainsi les exportations sans droits de douane vers l’UE.

La Presse — Le secteur textile et habillement représente l’un des piliers de l’économie tunisienne, générant une part significative des exportations et de l’emploi industriel. Toutefois, la concurrence internationale est féroce, notamment face aux pays à bas coûts de production. Dans ce contexte, la signature de l’Accord d’association entre l’Union européenne et la Tunisie a longtemps été perçue comme un levier important pour stimuler les échanges commerciaux.

Le 24 juillet 2025, la Commission européenne a franchi une étape majeure en adoptant le règlement d’exécution (UE) 2025/1459, qui introduit des dérogations ciblées aux règles d’origine prévues par le Protocole 4 de l’Accord.

Cette décision vise à faciliter la qualification comme produit « originaire » d’articles textiles fabriqués en Tunisie, en dépit d’une provenance parfois étrangère des matières premières.

Quelles sont les principales dérogations ?

Traditionnellement, pour bénéficier d’un accès préférentiel sans droits de douane, un produit devait respecter des critères stricts de transformation locale : non seulement la confection mais aussi la provenance des matières premières devaient souvent être tunisiennes.

Avec cette nouvelle réglementation, une simple opération de coupe et confection réalisée en Tunisie suffit désormais à qualifier certains produits textiles comme « originaires ». Concrètement, cela signifie que même si le tissu ou la matière première est importée, le produit final pourra être exporté vers l’UE en bénéficiant d’un traitement tarifaire préférentiel.

Cette « simple transformation » ouvre ainsi la porte à une flexibilité accrue pour les fabricants tunisiens, qui peuvent ainsi s’approvisionner en matières premières sur des marchés compétitifs, sans perdre leur avantage tarifaire en Europe.

Un dispositif rétroactif et limité dans le temps

Les dérogations sont rétroactives, prenant effet à partir du 22 janvier 2025, date à laquelle le Protocole 4 révisé est entré en vigueur. Elles seront applicables pendant une période de cinq ans, avec des contingents annuels.

Ces contingents représentent des plafonds de volume autorisés chaque année, gérés selon le principe du « premier arrivé, premier servi ». En cas d’épuisement du quota, une majoration automatique de 10 % est prévue pour l’année suivante. Si moins de 85 % du contingent est consommé, la partie non utilisée peut être reportée, jusqu’à un maximum de 15 %.

Le règlement précise des contingents annuels pour plusieurs catégories de produits. Par exemple, les pantalons en denim pour hommes bénéficient d’un quota de plus de 3,2 millions d’unités par an pour les trois premières années, qui diminue légèrement à environ 2,9 millions lors des deux dernières années. Pour les pantalons femmes, le contingent est d’environ 1,5 million d’unités par an.

Ces volumes montrent l’importance accordée par l’UE à la facilitation du commerce tunisien dans ce secteur clé, avec des marges suffisantes pour permettre aux entreprises locales d’élargir leurs capacités de production et d’exportation.

Une avancée saluée par les acteurs tunisiens

La Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (Ftth) a salué cette décision dans un communiqué rendu public le 31 juillet 2025. Pour la fédération, il s’agit d’une mesure stratégique majeure permettant aux entreprises tunisiennes d’améliorer leur compétitivité face à la concurrence internationale, en particulier européenne.

Elle souligne également que cette dérogation permet d’adapter les chaînes de valeur tunisiennes, notamment en facilitant l’importation de matières premières nécessaires à la confection locale, tout en maintenant l’accès préférentiel aux marchés de l’UE.

Cette mesure intervient dans un contexte économique tunisien marqué par une recherche de compétitivité accrue et une volonté de diversification des exportations. Le secteur textile, en tant que l’un des plus grands exportateurs, joue un rôle clé dans la dynamique industrielle et sociale du pays.

L’assouplissement des règles d’origine peut jouer un rôle déterminant dans le développement du secteur textile tunisien en contribuant à accroître les volumes exportés grâce à la réduction des coûts liés aux droits de douane. Cette mesure favorise également l’attraction d’investissements étrangers, en offrant un cadre réglementaire plus souple et adapté aux réalités du marché mondial.

Par ailleurs, elle soutient l’emploi industriel, en particulier dans les régions où le textile constitue une source essentielle de revenus. Enfin, cet assouplissement permet de renforcer la chaîne de valeur locale en encourageant la transformation et la confection directement sur le territoire tunisien, ce qui contribue à dynamiser l’ensemble du secteur.

Un défi de compétitivité toujours présent

Néanmoins, cette mesure ne saurait à elle seule résoudre tous les défis du secteur. La concurrence des pays émergents reste intense, et la nécessité d’améliorer la qualité, d’innover et de respecter les normes environnementales et sociales demeure.

De plus, la gestion des contingents et le respect des règles de traçabilité et de certification seront déterminants pour garantir la pérennité de cet avantage.

Avec cette décision prise par la Commission européenne, le secteur textile tunisien dispose d’un levier important pour renforcer sa compétitivité sur le marché européen. La reconnaissance d’une simple transformation locale comme critère d’origine, combinée à des quotas annuels substantiels, devrait permettre d’accroître les exportations, d’attirer des investissements et de soutenir l’emploi.

Toutefois, les acteurs tunisiens doivent poursuivre leurs efforts pour moderniser la production, développer la qualité et renforcer la chaîne logistique afin de tirer pleinement parti de cette opportunité dans un environnement mondial concurrentiel.

Éco Radar

07. August 2025 um 18:00

« Microcred SA »   
Baisse des taux et nouvelles offres de crédit

« Microcred SA », acteur majeur de la microfinance en Tunisie, annonce une mesure sans précédent : une baisse de 8 points sur l’ensemble de ses taux d’intérêt et une tarification unique appliquée à tous ses crédits.

Cette décision inédite sur le marché tunisien s’inscrit dans la réussite de son plan de transformation stratégique, qui vise à renforcer l’inclusion financière des populations vulnérables.

Dès le lundi 4 août 2025, tous les crédits octroyés par « Microcred SA » bénéficieront de cette nouvelle tarification unifiée. Elle concernera l’ensemble des produits de crédit conçus avant l’entrée en vigueur de la mesure, positionnant ainsi l’institution parmi les plus compétitives du secteur. Parallèlement, Microcred SA enrichit son offre en lançant plus de 50 nouveaux produits de crédit, poursuivant ainsi son engagement en faveur d’un accès élargi au financement.

Taxes Trump
Mode et beauté européennes sous pression 

La nouvelle surtaxe douanière américaine de 15 % sur les produits européens est officiellement entrée en vigueur, plongeant les secteurs du textile et de la cosmétique dans la tourmente. Aux Etats-Unis, premier marché d’export pour la cosmétique française et troisième pour l’habillement européen, l’impact risque d’être considérable. En 2024, les exportations textiles et habillement de l’UE vers ce pays s’élevaient à 7,3 milliards d’euros, dont 1,1 milliard pour la seule France.

Si la Confédération européenne Euratex se veut diplomate, appelant à la stabilité et à un accord commercial plus équilibré à long terme, le ton est bien plus ferme côté français. Le président de l’Union des industries textiles (UIT), Olivier Ducatillion, fustige une « capitulation » face aux exigences de Washington.

Les grands groupes du luxe, en revanche, relativisent. Bernard Arnault, PDG de LVMH, salue un accord « pas parfait mais nécessaire », évitant selon lui une impasse commerciale avec Donald Trump. Une position partagée par plusieurs géants du secteur, peu inquiets pour leurs marges.

À l’inverse, la CPME alerte sur des conséquences « désastreuses » pour les PME, déjà pénalisées par la baisse de l’euro face au dollar. Incapables de négocier avec l’administration américaine, elles redoutent une perte de compétitivité majeure.

Même son de cloche du côté de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea), qui estime à 300 millions d’euros la perte annuelle possible pour le secteur cosmétique français, avec 5.000 emplois menacés. Son dirigeant, Emmanuel Guichard, appelle à des mesures d’urgence pour protéger ce fleuron national dans un contexte de recomposition du commerce mondial.

Lutte contre les déchets plastiques   
Genève accueille les pourparlerspour un accord international historique

À Genève, sur les rives du lac Léman, 179 pays se réunissent du 5 au 14 août pour finaliser un accord mondial juridiquement contraignant contre la pollution plastique, sous l’égide du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue). Cette initiative fait suite à une décision de 2022, visant à enrayer une crise environnementale et sanitaire majeure. Sans action concrète, les déchets plastiques pourraient tripler d’ici 2060, selon le Programme.

L’accord envisagé ambitionne de couvrir l’ensemble du cycle de vie des plastiques — de leur conception à leur élimination —, dans une logique d’économie circulaire. Inspiré de l’Accord de Paris sur le climat, le traité fait l’objet de fortes tensions, notamment avec certains pays producteurs de pétrole et de gaz, matières premières de la fabrication des plastiques.

Inger Andersen, directrice exécutive du Pnue, insiste : « Le recyclage ne suffira pas.

Nous avons besoin d’une transformation systémique ». La réunion de Genève, animée par Jyoti Mathur-Filipp, secrétaire exécutive du Comité intergouvernemental de négociation (INC), rassemble plus de 1.900 participants issus de 618 organisations. Objectif : échanger sur des alternatives viables au plastique et renforcer les bases du texte, qui comprend 32 projets d’articles.

Le coût des dommages dus à la pollution plastique pourrait s’élever à 281.000 milliards de dollars d’ici 2040. La revue « The Lancet » alerte également sur ses effets toxiques sur la santé humaine, en particulier chez les enfants.

❌
❌