Normale Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.
Gestern — 10. Juli 2025Haupt-Feeds

Tourisme tunisien : Les conditions sine qua non d’une relance durable 

10. Juli 2025 um 17:50

Porté par un élan soutenu en 2024, le secteur touristique tunisien retrouve son rôle stratégique dans l’économie nationale. Mais pour inscrire cette dynamique dans la durée, plusieurs conditions sine qua non doivent être réunies : montée en gamme, diversification de l’offre, modernisation des infrastructures et engagement en faveur de la durabilité. « Il est essentiel de développer des segments alternatifs et d’élever la qualité des prestations pour sortir du modèle low-cost », souligne Houssem Ben Azouz, président de la Fi2t. Une mutation profonde est en cours.

La Presse —Après des années de turbulences marquées par la pandémie et des crises régionales, le secteur touristique retrouve des couleurs. Avec plus de 10 millions de visiteurs en 2024, et des recettes record, il redevient un pilier stratégique de l’économie nationale. Porté par une stratégie de diversification et d’innovation, le secteur ambitionne non seulement de dépasser les performances d’avant la crise, mais aussi de jouer un rôle accru dans la relance économique, la création d’emplois et le développement régional.

Un virage structurel s’impose toutefois pour sortir du modèle « low-cost » et faire du tourisme un levier durable de croissance. Houssem Ben Azouz, président de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien (Fi2t), a expliqué qu’après plusieurs années marquées par des crises majeures notamment la pandémie de Covid-19 et les tensions géopolitiques, le secteur touristique tunisien connaît, depuis 2024, une reprise spectaculaire. 

Miser sur la durabilité et l’innovation

D’après lui, les chiffres parlent d’eux-mêmes : « Plus de 10 millions de visiteurs ont été enregistrés cette année-là, générant des recettes estimées à près de 9 milliards de dinars, soit une progression significative par rapport aux années précédentes. En 2025, la tendance reste nettement positive, avec déjà plus de 2,3 millions de touristes accueillis au premier quadrimestre et des recettes en hausse de plus de 85 millions de dinars par rapport à la même période en 2024 ».

Ben Azouz a par ailleurs, mentionné que cette dynamique repose sur une stratégie concertée entre les autorités publiques et les professionnels du secteur, articulée autour de la diversification de l’offre, de l’amélioration de la qualité des services, de la numérisation et de la promotion du tourisme intérieur. Grâce à cette approche, les perspectives s’annoncent très prometteuses : la Tunisie ambitionne de dépasser les 11 millions de visiteurs en 2025, en misant sur la durabilité et l’innovation pour répondre aux attentes d’une clientèle de plus en plus exigeante et diversifiée.

Le professionnel fait savoir que le secteur devrait continuer à jouer un rôle de premier plan dans l’économie nationale, avec un impact direct et indirect estimé à environ 14 % du PIB, et près de 418.000 emplois générés. 

Toutefois, Ben Azzouz a regretté que le modèle actuel reste « encore largement centré sur le tourisme balnéaire à bas coût ». Un modèle qui, selon lui, « montre aujourd’hui ses limites ». Le concept du « All Inclusive », s’il attire une clientèle attentive aux prix, ne permet pas de valoriser pleinement les richesses culturelles, naturelles et patrimoniales du pays.

Le responsable a insisté ; « Pour diversifier l’offre et monter en gamme, plusieurs transformations structurelles s’imposent. Il est essentiel de développer des segments alternatifs tels que l’écotourisme, le tourisme culturel, saharien, sportif ou médical qui permettent d’étaler l’activité sur l’ensemble de l’année et d’attirer une clientèle à plus fort pouvoir d’achat. Il convient également d’élever le niveau de qualité des prestations en renforçant la formation des professionnels, en adoptant des standards internationaux et en offrant une expérience authentique et haut de gamme ».

Ce qui est essentiel pour exceller 

Il a continué par expliquer que la modernisation des infrastructures constitue un autre chantier prioritaire : des investissements ciblés dans l’hébergement, les transports et les équipements touristiques sont nécessaires pour répondre aux attentes d’une clientèle premium. Parallèlement, l’image de la destination doit être rénovée.

Il s’agit de sortir du positionnement low-cost pour mettre en avant l’authenticité, la durabilité et le confort, avec pour objectif de fidéliser les visiteurs et d’en faire de véritables ambassadeurs de la Tunisie. Il a révélé que la réussite de cette transition exige une vision stratégique claire, un engagement politique fort et des investissements conséquents. 

Dans ce contexte, le tourisme peut devenir un levier stratégique de croissance économique, de développement régional et de création d’emplois durables. « Le secteur contribue en effet à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, il représente environ 10 % du PIB et près de 40 % des recettes de la balance commerciale, en générant des devises essentielles pour l’économie nationale.

Sur le plan régional, le développement d’offres touristiques dans des zones encore peu exploitées favorise une croissance équilibrée du territoire et stimule l’investissement dans les infrastructures locales », a-t-il fait savoir. Ben Azzouz a estimé qu’en matière d’emploi, le tourisme mobilise directement et indirectement près de 400.000 personnes. 

Les initiatives de tourisme durable, mises en place depuis 2019, ont déjà permis la création de plus de 1.100 emplois, avec une forte implication des femmes. En renforçant la qualité des services et en diversifiant davantage l’offre, le secteur est en mesure de générer des emplois plus stables, mieux rémunérés et adaptés aux nouvelles attentes des voyageurs.

« Ainsi, en s’appuyant sur une stratégie intégrée alliant diversification, qualité, durabilité et innovation, le tourisme peut redevenir un puissant moteur de l’économie tunisienne. Il peut non seulement stimuler l’investissement et créer des emplois pérennes, mais aussi renforcer la cohésion territoriale et valoriser l’image d’une Tunisie moderne, accueillante et résolument tournée vers l’avenir », a -t-il conclu.

Ältere BeiträgeHaupt-Feeds

Réforme de l’administration : Un levier économique négligé

07. Juli 2025 um 18:50

Adopté en décembre 2022, le programme «Innov’Administration» ambitionnait de moderniser l’administration publique tunisienne en misant sur l’innovation, la performance et l’implication des agents. Porté par une vision globale de transformation, il reste toutefois en attente de concrétisation. Pour Mustapha Boubaya, expert en innovation publique, ce projet conserve un fort potentiel pour renforcer l’efficacité des services publics et accompagner le développement économique du pays.

La Presse — Le programme pilote « Innov’Administration », adopté en grande pompe en décembre 2022, devait incarner le changement tant attendu dans l’administration publique. Conçu comme un levier stratégique de transformation structurelle, il est pourtant resté à l’état de promesse non tenue. Pour Mustapha Boubaya, consultant en management de l’innovation et en conseil public, ce programme allait bien au-delà d’un simple projet administratif.

Il portait une vision globale de refondation du service public, fondée sur l’implication des agents, l’innovation organisationnelle et la culture de la performance.

Pour impulser une transformation stratégique

Aujourd’hui, cette réforme est au point mort, victime d’un manque de mise en œuvre malgré son potentiel transformateur. Dans ce cadre, Mustapha Boubaya, consultant en management de l’innovation, en organisation et conseil public, ainsi qu’en développement des entreprises, a affirmé que le programme pilote «Innov’Administration», conçu pour impulser une transformation stratégique de l’administration publique tunisienne, n’a malheureusement jamais pu être lancé à ce jour.

Et ce, malgré son adoption officielle en décembre 2022, parmi les réformes dites structurantes destinées à relancer une économie en stagnation depuis plus de quinze ans.

Pensé comme un tournant décisif, ce programme ambitionnait, selon lui, d’agir sur un levier essentiel du développement national : l’administration publique, dont le rôle est fondamental, autant que prestataire de services qu’en tant que régulateur de l’activité économique et principal acheteur des biens et services produits par le tissu productif national.

En dépit de cette ambition claire, le projet a été entravé par des blocages politiques et institutionnels persistants, qui ont gelé son déploiement et freiné l’élan réformateur qu’il était pourtant en mesure de susciter dans plusieurs secteurs. L’objectif du programme était d’engager un processus d’innovation stratégique, multidimensionnel et participatif, visant à réformer l’administration et moderniser les services publics, en impliquant directement les agents eux-mêmes dans la conception et la mise en œuvre du changement.

Mustapha Boubaya a souligné que le programme proposait une démarche globale, pragmatique et adaptable, capable de répondre aux dysfonctionnements récurrents de l’administration tunisienne. De la simplification des procédures administratives à leur numérisation, en passant par la réorganisation de certaines fonctions et structures clés, chaque mesure était pensée pour répondre à des besoins concrets, exprimés tant par les usagers que par les décideurs publics.

Combiner incitations professionnelles et financières

Ce qui faisait la singularité de « Innov’Administration », a-t-il précisé, c’était son dispositif intégré de motivation, combinant des incitations professionnelles et financières destinées à mobiliser les fonctionnaires autour de cette dynamique de transformation. Aucun agent public ne pouvait rester indifférent face à cette approche novatrice, d’autant plus qu’elle s’accompagnait d’un soutien symbolique fort de l’Etat, à travers le prix présidentiel de l’innovation administrative, en vigueur depuis plus de 25 ans.

Il a également rappelé que l’octroi de ressources financières dédiées était prévu dans le cadre du programme, afin de récompenser les efforts, valoriser les résultats, et soutenir la concrétisation des projets innovants, notamment ceux portant sur la bureaucratisation de l’économie et la modernisation des services publics, dans une logique de performance et de résultats.

Or, a-t-il regretté, aucune réforme de l’administration ne peut aboutir sans une vision stratégique, un pilotage structuré et une planification rigoureuse. La Tunisie s’était bien dotée, dès le plan quinquennal 2016-2020, d’une stratégie de modernisation de l’administration, dans laquelle l’innovation occupait une place centrale. Le programme «Innov’Administration» devait en être le levier opérationnel majeur, permettant de traduire cette stratégie en actions concrètes.

Un plan objectifs-moyens

Mais faute d’un plan d’action détaillé, définissant clairement qui fait quoi, quand, comment et avec quels moyens, cette stratégie est restée lettre morte. Il manquait, selon Boubaya, l’élément fondamental de toute réforme réussie : un plan d’adéquation objectifs-moyens, incluant les ressources humaines, financières et techniques nécessaires.

Il a ajouté qu’une telle démarche, rationnelle et orientée vers les résultats, aurait pu constituer un modèle reproductible, fondé sur la mobilisation des compétences internes de l’administration, tout en bénéficiant du soutien d’équipes pluridisciplinaires d’experts, expérimentées et familières des complexités bureaucratiques et des réalités institutionnelles.

Aujourd’hui encore, le programme «Innov’Administration» reste, selon lui, une réforme inaboutie mais toujours d’actualité. Sa conception répond aux grands défis de la gouvernance publique en Tunisie : lenteur des procédures, cloisonnement administratif, manque de coordination interservices, et faible culture de la performance.

Mettre en œuvre ce programme reviendrait à poser les fondations d’une administration moderne, agile et au service du citoyen, capable d’accompagner le développement économique et social du pays. Mais cela nécessite une volonté politique ferme, une coordination institutionnelle cohérente, et surtout un passage à l’action résolu, afin d’éviter que cette réforme ne rejoigne la longue liste des stratégies restées sans suite, a-t-il conclu.

❌
❌