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Réforme de l’administration : Un levier économique négligé

07. Juli 2025 um 18:50

Adopté en décembre 2022, le programme «Innov’Administration» ambitionnait de moderniser l’administration publique tunisienne en misant sur l’innovation, la performance et l’implication des agents. Porté par une vision globale de transformation, il reste toutefois en attente de concrétisation. Pour Mustapha Boubaya, expert en innovation publique, ce projet conserve un fort potentiel pour renforcer l’efficacité des services publics et accompagner le développement économique du pays.

La Presse — Le programme pilote « Innov’Administration », adopté en grande pompe en décembre 2022, devait incarner le changement tant attendu dans l’administration publique. Conçu comme un levier stratégique de transformation structurelle, il est pourtant resté à l’état de promesse non tenue. Pour Mustapha Boubaya, consultant en management de l’innovation et en conseil public, ce programme allait bien au-delà d’un simple projet administratif.

Il portait une vision globale de refondation du service public, fondée sur l’implication des agents, l’innovation organisationnelle et la culture de la performance.

Pour impulser une transformation stratégique

Aujourd’hui, cette réforme est au point mort, victime d’un manque de mise en œuvre malgré son potentiel transformateur. Dans ce cadre, Mustapha Boubaya, consultant en management de l’innovation, en organisation et conseil public, ainsi qu’en développement des entreprises, a affirmé que le programme pilote «Innov’Administration», conçu pour impulser une transformation stratégique de l’administration publique tunisienne, n’a malheureusement jamais pu être lancé à ce jour.

Et ce, malgré son adoption officielle en décembre 2022, parmi les réformes dites structurantes destinées à relancer une économie en stagnation depuis plus de quinze ans.

Pensé comme un tournant décisif, ce programme ambitionnait, selon lui, d’agir sur un levier essentiel du développement national : l’administration publique, dont le rôle est fondamental, autant que prestataire de services qu’en tant que régulateur de l’activité économique et principal acheteur des biens et services produits par le tissu productif national.

En dépit de cette ambition claire, le projet a été entravé par des blocages politiques et institutionnels persistants, qui ont gelé son déploiement et freiné l’élan réformateur qu’il était pourtant en mesure de susciter dans plusieurs secteurs. L’objectif du programme était d’engager un processus d’innovation stratégique, multidimensionnel et participatif, visant à réformer l’administration et moderniser les services publics, en impliquant directement les agents eux-mêmes dans la conception et la mise en œuvre du changement.

Mustapha Boubaya a souligné que le programme proposait une démarche globale, pragmatique et adaptable, capable de répondre aux dysfonctionnements récurrents de l’administration tunisienne. De la simplification des procédures administratives à leur numérisation, en passant par la réorganisation de certaines fonctions et structures clés, chaque mesure était pensée pour répondre à des besoins concrets, exprimés tant par les usagers que par les décideurs publics.

Combiner incitations professionnelles et financières

Ce qui faisait la singularité de « Innov’Administration », a-t-il précisé, c’était son dispositif intégré de motivation, combinant des incitations professionnelles et financières destinées à mobiliser les fonctionnaires autour de cette dynamique de transformation. Aucun agent public ne pouvait rester indifférent face à cette approche novatrice, d’autant plus qu’elle s’accompagnait d’un soutien symbolique fort de l’Etat, à travers le prix présidentiel de l’innovation administrative, en vigueur depuis plus de 25 ans.

Il a également rappelé que l’octroi de ressources financières dédiées était prévu dans le cadre du programme, afin de récompenser les efforts, valoriser les résultats, et soutenir la concrétisation des projets innovants, notamment ceux portant sur la bureaucratisation de l’économie et la modernisation des services publics, dans une logique de performance et de résultats.

Or, a-t-il regretté, aucune réforme de l’administration ne peut aboutir sans une vision stratégique, un pilotage structuré et une planification rigoureuse. La Tunisie s’était bien dotée, dès le plan quinquennal 2016-2020, d’une stratégie de modernisation de l’administration, dans laquelle l’innovation occupait une place centrale. Le programme «Innov’Administration» devait en être le levier opérationnel majeur, permettant de traduire cette stratégie en actions concrètes.

Un plan objectifs-moyens

Mais faute d’un plan d’action détaillé, définissant clairement qui fait quoi, quand, comment et avec quels moyens, cette stratégie est restée lettre morte. Il manquait, selon Boubaya, l’élément fondamental de toute réforme réussie : un plan d’adéquation objectifs-moyens, incluant les ressources humaines, financières et techniques nécessaires.

Il a ajouté qu’une telle démarche, rationnelle et orientée vers les résultats, aurait pu constituer un modèle reproductible, fondé sur la mobilisation des compétences internes de l’administration, tout en bénéficiant du soutien d’équipes pluridisciplinaires d’experts, expérimentées et familières des complexités bureaucratiques et des réalités institutionnelles.

Aujourd’hui encore, le programme «Innov’Administration» reste, selon lui, une réforme inaboutie mais toujours d’actualité. Sa conception répond aux grands défis de la gouvernance publique en Tunisie : lenteur des procédures, cloisonnement administratif, manque de coordination interservices, et faible culture de la performance.

Mettre en œuvre ce programme reviendrait à poser les fondations d’une administration moderne, agile et au service du citoyen, capable d’accompagner le développement économique et social du pays. Mais cela nécessite une volonté politique ferme, une coordination institutionnelle cohérente, et surtout un passage à l’action résolu, afin d’éviter que cette réforme ne rejoigne la longue liste des stratégies restées sans suite, a-t-il conclu.

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