« Les chevaux et la nuit » de karim Thlibi eu clôture du Festival de l’ASBU : Une célébration grandiose de l’unité culturelle arabe
La 25e édition du Festival arabe de la radio et de la télévision, organisée par l’Union des radios et télévisions arabes (Asbu), s’est tenue cette année du 23 au 25 juin 2025. En clôture de l’événement, le Théâtre de l’Opéra, à la Cité de la Culture de Tunis, a accueilli un grand concert panarabe suivi de la proclamation des résultats des concours télévisés et radiophoniques avec quatre prix pour la Tunisie.
La Presse — « Les chevaux et la nuit » (Al Khayl WalLayl) est un spectacle conçu par le compositeur tunisien Karim Thlibi dont le savoir-faire et l’art ont déjà été salués pour son précédent succès, le psychodrame musical « Imagine », unanimement apprécié par le public et la critique.

Le titre du spectacle s’inspire d’un célèbre vers du poète Al-Mutanabbi : « Les chevaux, la nuit et le désert me connaissent » (Al Khayl Wallayl Wal Baydaa Taarifouni ). Quelques vers empreints de bravoure et emblématiques des thématiques majeures de la poésie arabe.
La cérémonie de clôture avait pour maîtresse de cérémonie Asma Ben Othmen, animatrice chevronnée de la télévision nationale tunisienne, élégante et éloquente, elle a présenté avec maîtrise et professionnalisme ce concert retransmis en direct en présence de nombreuses figures influentes du paysage audiovisuel et culturel arabe.
Avec un orchestre de grande facture, le spectacle a, très vite, pris le public dans son univers. Des chanteurs qui portent des couleurs musicales de diverses régions arabes se sont alternés sur scène. Nos meilleurs musiciens et une vingtaine de choristes ont été réunis sous la baguette du maestro Rassem Dammak. Au programme, 21 titres classiques de la chanson arabe revisités dans des arrangements orchestraux, tous unis par un fil conducteur : les chevaux ou la nuit.
Le spectacle s’est ouvert sur la récitation de célèbres vers d’Al-Mutanabbi, suivie d’une introduction musicale orchestrale signée Karim Thlibi. La chanteuse libanaise Christina Kasseb a ensuite lancé les festivités avec une reprise magistrale de « Hedhihi Laylati » de la grande Oum Kalthoum.
Les deux titres puissants du patrimoine ont été par la suite au cœur des chansons interprétées par le Tunisien Ahmed Rebai, le Marocain Redwan El Asmar, avec ses deux voix si différentes et à la fois si compatibles, « Ellayel Zahi » prenait des airs peu communs et empruntait des pistes subtiles et innovantes.
Avec le Saoudien Abdulmjeed Ibrahim, la Yamanite Souha Masri et la Mauritanienne Mouna Dandani. Le public a longuement applaudi « Al Layl Ya Layla Youatibouni », de Wadih El Safi, « Lih Ye Lil » de Mohammed Abdelwahab, « El Lil Mawal El Ochak » de Cherifa Fadhel, « El Faras Malaha » de Mohammed Abdou et bien d’autres titres célèbres interprétés par les chanteurs en solo, en duo et même en trio.
Le patrimoine tunisien a été une pièce maîtresse dans ce spectacle. Entre « Ellayel Zahi », et « Rakeb Al Hamra », les percussions et les « Bneder », qui ont soutenu les mélodies, se sont alors imposés avec puissance et caractère. Des vers de poésie arabe classique, dont ceux de Qays ibn Al-Moullawwah ou encore Abul-Abbas ont servi d’intermède entre les titres chantés et suivis de morceaux composés par Karim Thlibi.
Sur grand écran, des cavaliers et la splendeur du désert se dessinaient en arrière-plan, donnant une dimension visuelle poétique au spectacle. Un hommage à la Palestine, avec le Dôme du Rocher en projection, a clôturé le concert sous la musique émouvante de « Chedou Baadhkom Ye Ahl Filastin ».

Ces artistes tunisiens qui ont marqué la soirée
La prestation des musiciens tunisiens dirigés par Rassem Damak est à saluer dans l’ensemble. Trois noms ont particulièrement captivé le public : le chanteur Ahmed Rebai, le violoniste Zied Zouari et le flûtiste Hsine Ben Miloud.
Porté par un charisme naturel et une voix maîtrisée, Ahmed Rebai s’est imposé peu à peu comme une figure montante de la scène musicale. Son interprétation, à la fois sensible et puissante, a su traverser les genres avec aisance. Du répertoire classique arabe, avec « Lihyelil » aux sonorités plus contemporaines, en passant par la Hadhra tunisienne, il a témoigné d’une polyvalence remarquable. Chaque apparition sur scène confirme un peu plus son talent prometteur et sa capacité à séduire le public.
Zied Zouari, qui évolue à l’échelle internationale, s’est imposé comme l’une des figures centrales du concert « Al Khayl Wallayl ». Comme dans « Imagine », Karim Thlibi lui a accordé une place de choix dans la conception artistique du spectacle. La virtuosité de son jeu qui se décèle dans ses solos a captivé l’audience. Par son énergie débordante, chaque envolée de son archet a insufflé une intensité particulière aux morceaux.
Un autre talent singulier que le public n’est pas près d’oublier est le flûtiste Hsine Ben Miloud. Karim Thlibi a choisi de le mettre en avant dans ce concert, reconnaissant en lui un atout musical majeur. Avec maîtrise et expressivité, il s’est imposé comme l’une des voix instrumentales les plus émouvantes de la soirée.
« Al Khayl WalLayl » a célébré, à travers la musique, ce qui rassemble les peuples arabes au-delà des frontières. C’est un hommage à l’unité culturelle de la région riche de sa diversité.