Doc House – Point Doc 2025 : Une opportunité pour le cinéma documentaire
Le réalisateur tunisien, Marwan El Hechkel, a été récompensé de deux prix pour la finition de son film « This is my heaven » : Prix Doc House d’un montant de 3.000 euros et Prix El Jazira days documentaries, la cinéaste Salma Abou Bacha a obtenu le Prix de la représentation de Wallonie-Bruxelles (Begique) d’une valeur de 700 euros.
La Presse — Le documentaire tunisien s’impose aux côtés de la fiction comme un genre à part entière qui ne cesse de s’épanouir notamment depuis 2014, date à laquelle la production a connu un véritable bond en avant. Plusieurs jeunes réalisateurs, formés ou pas dans les écoles de cinéma, se sont attelés à réaliser de plus en plus de films en rapport avec le quotidien des gens s’appuyant sur des personnages singuliers ou encore des situations réelles.
Plusieurs formats ont vu le jour : du simple documentaire de témoignages au documentaire hybride en passant par le documentaire de création. Parmi les plus réussis : « Le Challat de Tunis » Bayard d’Or au Fiff de Namur, « Zeineb n’aime pas la neige » (Tanit d’Or des JCC 2016) ou encore « Les filles d’Olfa » (César du meilleur documentaire) de Kaouther Ben Henia pour ne citer que ces exemples.
L’intérêt grandissant pour le documentaire a donné lieu à la création de structures et de festivals tels que DocuMed organisée annuellement par l’Association cinéma documentaire tunisien, le Festival international du documentaire et de la courte fiction de Médenine et Point Doc, une rencontre annuelle internationale dédiée au documentaire et au soutien des projets de films dont la 5e édition s’est tenue du 19 au 21 juin courant à la Cité de la culture, et ce, à l’initiative de Doc House, une organisation tunisienne, créée en 2018 par un collectif d’artistes et d’opérateurs culturels et dédiée à la promotion du documentaire.
Selon Soumaya Bouallagui, directrice exécutive de Doc House, le film documentaire peut contribuer à changer le regard et impacter la société. «Le nombre croissant de productions de documentaires a nécessité la mise en place d’une structure de soutien pour accompagner les films au niveau aussi bien du processus de production que de la diffusion», explique-t-elle. La 5e édition de Point Doc a mis l’accent sur la relation entre cinéma documentaire et écologie avec pour objectif la sensibilisation aux enjeux environnementaux à travers des débats, des projections et des rencontres qui visent à stimuler une prise de conscience collective sur cette thématique actuelle.
Faisant le bilan de cette édition, la directrice exécutive de Doc House s’est dit satisfaite des résultats des différentes sections de Point Doc : Les panels qui ont porté sur la production Sud-Sud, l’image à l’orée des changements géo-politiques dans le monde et son impact sur le cinéma documentaire intitulé : « Ondes de chocs géo-politiques : quel avenir pour le documentaire ? » et « Quelles sont les constructions et déconstructions de l’image à l’ère contemporaine ? ». Trois master-class et trois films : « L’homme qui plantait le Baobab » de Michel K. Zongo, « The âge of water » d’Isabel Alacantra Atalaya et « Casablanca » d’Adriano Valerio ont été projetés à cette occasion.
Outre les panels, Erige Shiri, réalisatrice du documentaire « La voie normale » (2018) et des fictions « Sous les figues » (2021) et « Promis le ciel » (2025), a présenté au cours d’un master-class son expérience dans la réalisation du documentaire. Elle a évoqué les difficultés et les obstacles qui surviennent lors du financement, de la production et de la réalisation d’un documentaire.
De même, Ridha Tlili pour son documentaire « La couleur du phosphate » qu’il a lui-même produit sans aide de l’Etat. Quant à Lilia Sallemi, elle a mis l’accent sur le thème « Filmer le monde : le regard en éveil » et Giulia Boccato s’est intéressée au « Documentaire, impact et éco-production face aux changements climatiques ».
Par ailleurs, un jury, formé de quatre professionnels : Meftah Saïd, producteur-réalisateur libyen, Ramses Mahfoudh, producteur tunisien, Erige Shiri, productrice-réalisatrice tunisienne et Mehdi Baccar, représentant de la chaîne de télévision El Jazira documentaire, a dévoilé les résultats des huit projets proposés lors de cette session.
Les films tunisiens retenus pour le pitch sont : « Brahim Ksontini, sculpteur de la mémoire » d’Ons Kamoun, « Sur ce tableau » de Younes Ben Hajria, « Je mourrai libre » de Mahrez Karoui et « This i my heaven » de Marwen El Hechkel. Les autres projets sont : « A Butterfly Hug » d’Ayatallah Yusuf (Egypte), « Safe Memories » de Salma Abou Bacha (Egypte), « My Father’s War » de Khalil Zairi (Maroc) et « Face à soi-même chantant » de Abdelhakim Mohamedi (Algérie).
Mais le choix du jury s’est porté sur les projets du réalisateur tunisien Marwan El Hechkel qui a été récompensé de deux Prix pour le développement de son film « This is my heaven » : Prix Doc House d’un montant de 3.000 euros et Prix El Jazira days documentaries, et Salma Abou Bacha (Egypte) qui a obtenu le Prix la représentation de Wallonie-Bruxelles (Begique) d’une valeur de 700 euros.
Les lauréats ont donc bénéficié d’aides au développement de leur film, proposées par des chaînes de télévision à l’instar d’El Jazira ou de festivals tels que Sundance, Berlin et d’autres. Cette année, Ahmed Chawki, représentant du festival El Gouna en Egypte, a présenté au cours d’une rencontre à la Cité de la culture le Fonds d’aide au cinéma dont le budget dépasse les 240 mille dollars. Un projet peut bénéficier d’une subvention aux alentours de 15 mille dollars.