Les à-côtés de l’Aïd : Associer foi et agissements
L’Aïd Esseghir, avec ses gâteries et ses sucreries, ne pose pas de gros problèmes. Mais l’Aïd El Idha représente un moyen d’évaluer l’évolution commerciale, économique et sociale du pays.
La Presse — Nous avons enregistré une reprise commerciale qui a précédé l’Aïd, mais noté que le Tunisien est beaucoup moins porté sûr des engagements qui pourraient encourager la cupidité et la spéculation. Le prix du mouton a atteint des proportions incroyables. Certains organismes et responsables ont promis d’agir, mais même s’ils l’ont fait, cela n’a rien changé.
Selon un rapide sondage, le mouton a été boudé. Il y a ceux qui se sont contentés de quelques kilos de viande (cela n’a rien à voir avec la fête du sacrifice), mais manipulateurs et éleveurs n’ont pas réussi à les duper.
Sur le plan social, l’Aïd est une aubaine pour renforcer les liens sociaux et familiaux. Certaines familles, dont des membres vivent à l’étranger, s’arrangent pour revenir au pays en cette occasion.
Mais l’Aïd El Idha, c’est aussi l’éternel mauvais comportement des citoyens, individualistes et insensibles, de ce qui advient de l’environnement dans lequel ils vivent.
L’Instance nationale de sécurité sanitaire des produits alimentaires a publié un communiqué de sensibilisation à l’intention des citoyens, contenant une série de recommandations préventives, destinées à garantir la salubrité des animaux de sacrifice, à préserver la qualité des viandes et à protéger la santé publique.
Nous sommes en 2025 et depuis des décennies, nous rappelons la même chose. La fête c’est aussi un comportement.
Le fait de ne penser qu’à soi-même est une preuve de mauvaise éducation.
La fête du sacrifice a régulièrement transformé ruelles et rues, boulevards et avenues, en véritables dépotoirs qui choquent, mettent mal à l’aise, font douter les plus optimistes.
Les autorités prennent la précaution de rappeler que les déchets dont on doit se débarrasser, après avoir fait bombance, doivent être nécessairement mis dans des sacs hermétiques et déposés avec soin, dans les bennes à ordures, que l’on trouve à des endroits bien définis.
Recommandations faites en pure perte. Il y a toujours ceux qui les jettent au pied d’un arbre ou d’un poteau d’éclairage. Les sacs ne sont jamais fermés et font la joie des chats ou des chiens errants qui s’en donnent à cœur joie. Le tout finit sur la chaussée et dégage des odeurs nauséabondes qui transforment les alentours en une zone infréquentable.
Imaginons les conséquences de ces négligences et de ce comportement incivique alors qu’il fait plus de trente degrés et que le passage des rondes d’enlèvement s’effectue souvent la nuit.
Le plus grave, c’est lorsque le chef de famille agit de cette manière incivique, devant ses enfants.
C’est bien parti pour une nouvelle génération qui ne respectera rien et personne.
Ces bennes ou bacs à ordures d’ailleurs sont assez souvent en mauvais état. Malmenées par les agents chargés de transvaser le contenu dans les camions, elles perdent une roue, se déforment et deviennent difficiles à maintenir en équilibre.
A la première mauvaise manipulation, elles se renversent et le tout se retrouve sur la chaussée, jusqu’à l’heure de leur enlèvement.
Les agents municipaux se font un devoir de tout nettoyer et de remettre en état, mais la répétition de ces actes finit par transformer ce métier en un véritable calvaire.
Le problème, à notre sens, ne pourra être résolu que par une éducation du citoyen, qui se doit de comprendre que ces actes le pénalisent en premier et menacent directement sa santé. Cela commence au sein de la famille, s’inculque à l’école et finit par imprégner la conscience du futur citoyen, qui a, par devoir, pour mission de préserver l’environnement et de veiller à le transmettre à ses descendants dans les meilleures conditions.
Nous avons vu des spectateurs nettoyer les gradins des stades à la fin des matchs.
Les Chinois ont fait sensation cette année au hajj. Malgré la présence d’équipes de nettoyage spécialisées, munis de sacs, ils ont veillé à nettoyer les lieux où ils ont été de passage, ou alors là où ils ont vécu ces jours de piété.
C’est une question de savoir-vivre et d’éducation citoyenne.
Cela pourrait donner une idée d’exalter ces qualités dans les livres de lecture, de montrer et d’expliquer l’apport social et sanitaire de ces réactions appelées à devenir spontanées.
Il n’est jamais trop tard de bien faire.