L’Aïd Esseghir à Kairouan : Ambiance festive et réconciliation
Les derniers jours du mois de Ramadan ont été vécus, à Kairouan, dans une grande effervescence, notamment dans les souks, dans les mosquées et surtout à Sidi Sahbi qui ont reçu la visite d’un grand nombre de citoyens venus d’autres gouvernorats et ayant pris l’habitude de passer la Nuit du Destin à Kairouan.
La Presse — Olfa Ammari, originaire de Mahdia, est venue avec tous les membres de sa famille, et ce, pour circoncire son garçon Samir au mausolée du Barbier, porté en triomphe au son d’une musique traditionnelle.
Voici son témoignage: «Nous aimons énormément l’ambiance magique de la Cité Aghlabide pendant les veillées ramadanesques, d’une part pour son côté spirituel et religieux, d’autre part pour la beauté de ses monuments historiques. De la majestueuse mosquée Okba-Ibn Nafaâ avec ses magnifiques colonnes de marbre et ses admirables sculptures, de la couleur ocre de ses remparts, de l’élégante mosquée du Barbier, de l’impressionnant site des Bassins des Aghlabides avec les moellons arrondis, du patrimoine architectural des anciens souks et du charme des ruelles de la médina avec ses vieilles portes à clous, la ville d’Okba n’en finit pas de se raconter et de se révéler à tous les visiteurs».
Par ailleurs, durant les trois jours précédant l’Aïd Esseghir, beaucoup de mères de famille ont préparé des pâtisseries traditionnelles dont le makroudh, le bachkoutou, la ghraïba et la zouza qui demeurent accessibles aux couches populaires…
Quant aux familles aisées, elles préparent les baklawas, les cornes de gazelles, les petits fours, etc.
Et juste la veille de l’Aïd, au soir, la plupart des femmes commencent à préparer la mloukhia à feu très doux, qui sera prête pour le lendemain pour être servie au déjeuner, car elle est considérée comme porte-bonheur de par sa couleur verte.
Le soir, on se contente d’un plat léger, à savoir les hlalems, avec de la viande d’agneau.
A côté de cela, le jour de l’Aïd, on commence par aller dans les différentes mosquée pour la prière de l’Aïd, puis par la visite du cimetière pour se recueillir auprès des défunts, suivi ensuite par la visite des parents et des proches pour présenter ses vœux de bonne fête et pour échanger les pâtisseries.
Il va sans dire que ces rencontres favorisent les réconciliations et les retours d’affection dans une époque où les gens n’ont plus le temps de se rencontrer.
Ainsi, à l’occasion de l’Aïd, on est étonné puis ravi de la visite inattendue ou le coup de fil d’un parent demeuré longtemps sans nouvelles…
Les jouets des uns et les tablettes des autres
Toujours à l’occasion de l’Aïd, les parents prennent d’assaut les étalages de jouets bon marché, à savoir les poupées, les pistolets, les ballons, les toupies, les dominos, les jeux éducatifs, etc. Mais dans les quartiers résidentiels, les adolescents ne fêtent l’Aïd qu’avec les tablettes et les smartphones, comme nous le confie Wael A. 17 ans : «Comme c’est l’Aïd et que c’est les vacances, j’aime bien jouer avec mes amis sur ma tablette : Free Fire, Roblox, Fortnite, Mine Craft. J’apprécie également les jeux de cartes Potreman ou les hand spinners…».
Son ami Samir H., renchérit : «Moi, je préfère m’isoler pendant de longues heures dans ma chambre afin de jouer sur ma playstation Call of Duty, Apex Legenar (ce sont des jeux de tir à la première personne), Elden Ring, FC 25 (un jeu de football), etc. Ces jeux d’action et d’aventure m’ont appris la patience et m’ont aidé à développer mon intelligence et à savoir prendre les bonnes décisions… Et puis cela me procure beaucoup de suspense et de satisfaction».
Par ailleurs, enfin d’après midi, les cafés sont bondés et les femmes accompagnent leurs enfants aux différents manèges de la ville. Et cette frénésie festive ne s’estompe qu’à la tombée de la nuit, cédant la place à des rues presque vides aux antipodes des veillées ramadanesques si animées.
Fatma ZAGHOUANI