Portrait : Ichraq Matar, une artiste en plein essor
Sur les planches comme à l’écran, elle fait déjà des vagues, et nombreux sont ceux qui lui prédisent un grand succès
La Presse — Dans le monde du spectacle et des arts vivants, Ichraq Matar se distingue comme une artiste multi-talents, transformant une passion d’enfance en une carrière florissante. Elle s’est frayé progressivement un chemin dans la sphère culturelle à côté de grands noms qui croient en elle.
Actuellement à l’affiche de la pièce « Au violon » de Fadhel Jaziri, elle y incarne plusieurs personnages avec des couleurs et des costumes très différents et fait preuve de compétences vocales indéniables. Elle est également la star de « Arboun 3 » où elle chante, avec aisance et une voix singulière, danse et nous transporte dans son monde de strass et de paillettes.
Ichraq Matar a grandi dans un milieu qui vénérait les livres. Dès son jeune âge, elle était conteuse. Elle s’amusait à raconter oralement des histoires qu’elle puisait dans son énorme bibliothèque familiale tout en ayant recours à son imaginaire. Elle a participé à des compétitions en Tunisie et ailleurs et a fait des passages réguliers à la radio. C’est en chroniqueuse puis animatrice dans deux chaînes radio privées qu’elle a fait ses débuts dans le monde médiatique. En parallèle, son talent pour le théâtre s’est révélé comme une évidence depuis son enfance. Elle a fait partie du club de théâtre au collège puis au lycée pilote où elle a appris les bases de l’expression dramatique. Après avoir décroché son baccalauréat et entamé des études universitaires dans un autre domaine, elle a finalement été rattrapée par la fibre artistique. Elle a donc enchaîné les formations, lui conférant un apprentissage solide.
Par la suite, la jeune star franchit un cap en décrochant un rôle dans la pièce « First Class » du réalisateur syrien Rémi Sarmini. Elle a joué par la suite dans « « Ad libitum, alahawak» de Taoufik Jebali et « Kaligula 2 » de Fadhel Jaziri, conquérant ainsi rapidement le cœur du public.
Son parcours la mène à des collaborations avec Kaouther Ben Hania. Ensemble, elles ont enchaîné des expériences de haut niveau. Elle a joué dans « Love, life and everything in between », une série diffusée sur Netflix où elle donne la réplique à Abdelhamid Bouchnak. Elle a également participé à « L’homme qui a vendu sa peau ». Ce film, avec Monica Bellucci à l’affiche, a décroché de nombreux prix à l’échelle internationale et a été même nommé aux Oscars. C’est avec « Les filles d’Olfa » qu’elle a vécu de grands moments de gloire en montant les marches à Cannes à côté des plus grandes stars du cinéma international. Ce long métrage a reçu le César du meilleur film documentaire en 2024. Il a même été retenu dans la short list des Oscars dans deux catégories.
Ichraq Matar a tourné la même année dans « Asfour jenna », un film tuniso-italien signé Mourad Ben Cheikh sorti fin 2024. Elle a aussi prêté ses traits à Icha, une jeune ouvrière agricole, pour un court métrage de Selma Hobbi. «Le sentier d’Aïcha» (Thniet Isha) a été primé à la dernière édition des JCC.
Une belle carrière cinématographique qui ne l’a pourtant pas détournée de sa passion pour la musique. Ne voulant pas se limiter à une seule spécialité, Ichraq Matar a fait partie du chœur de l’Orchestre symphonique tunisien. Elle a d’ailleurs chanté dans les deux versions de « Carmen », en français et en dialecte tunisien. Cet opéra a été représenté sur les plus grandes scènes tunisiennes dont l’Amphithéâtre d’El Jem et lors de la dernière édition du Festival international de Carthage. Elle chante actuellement au sein de la troupe musicale « Oyoun el kalem ».
En parallèle avec sa carrière artistique, la jeune star a rejoint de nombreuses associations engagées. Elle participe à des évènements avec les textes qu’elle rédige elle-même, en vers ou en prose. Comment arrive-t-elle à s’organiser en ayant plusieurs cordes à son arc ? « J’ai un emploi de temps très chargé », nous répond-elle. « Mais je peux dire que c’est de la bonne fatigue». La jeune star refuse la catégorisation et souhaite continuer à se démarquer dans plusieurs branches artistiques.« Les activités que je mène se complètent », poursuit-elle. « Le théâtre, le cinéma, la musique, la danse et l’écriture sont tous vecteurs d’émotions. C’est un ensemble indivisible ».
Avec ce parcours prometteur, Ichraq Matar s’impose donc progressivement comme l’une des artistes à suivre de près. Sur les planches comme à l’écran, elle fait déjà des vagues, et nombreux sont ceux qui lui prédisent un grand succès même au-delà de nos frontières.