Inaugurant la 38e édition des Journées de l’entreprise, organisées sous le haut patronage du Président de la République, Kaïs Saïed, du 5 au 7 décembre à Sousse par l’Iace, sur le thème «L’entreprise et les grands changements : adaptation et opportunités», le Chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a présenté les grands chantiers sur lesquels travaille actuellement le gouvernement pour améliorer le climat des affaires et booster l’investissement en Tunisie. Brossant un tableau des grandes réformes engagées par le gouvernement, et devant un parterre d’investisseurs et de chefs d’entreprise, Maddouri a adressé un message rassurant visant à restaurer la confiance des entreprises.
La Presse — Selon le haut responsable, le gouvernement est actuellement sur tous les fronts pour mettre à niveau les réglementations en vigueur, afin de doter l’entreprise d’une meilleure capacité d’adaptation à un nouveau contexte national et international en pleine mutation.
Évoquant une reconfiguration du paysage économique mondial, Maddouri a souligné que ces changements traduisent l’accélération des bouleversements géopolitiques que connaît le monde aujourd’hui, ainsi que l’effritement du commerce mondial. Ces changements, poursuit-il, ont poussé plusieurs pays à réévaluer leurs stratégies commerciales et d’investissement, à réviser leurs partenariats ainsi que leurs politiques d’investissements directs étrangers. «Cette nouvelle donne nous oblige à consolider les relations commerciales de la Tunisie, mais aussi sa flexibilité économique, tout en diversifiant les partenariats économiques et en mettant en œuvre des politiques économiques efficaces afin de faire face à ces nouveaux défis et tirer parti des opportunités naissantes», a indiqué, dans ce contexte, le Chef du gouvernement.
Vers un partenariat tuniso-libyen approfondi
S’adressant à Ramadan Ahmed Boujenah, vice-Premier ministre et ministre de la Santé libyen, qui était présent lors de l’inauguration de l’événement, Maddouri a appelé de ses vœux à une complémentarité et une meilleure intégration économique entre les deux pays, à travers la dynamisation des investissements communs dans les grands projets innovants, en garantissant la libre circulation des personnes et des marchandises, et en élargissant les domaines de coopération mutuelle pour inclure tous les secteurs socioéconomiques et culturels. «L’objectif est de servir les deux peuples frères selon une vision commune qui aspire à construire un avenir commun fondé sur une coopération durable entre les deux pays».
Une nouvelle vision, une révolution en marche
Rappelant la nouvelle vision économique et sociale du Président de la République Kaïs Saïed, Maddouri a souligné que le Chef de l’État a appelé à la construction d’un nouvel ordre humanitaire fondé sur un système financier mondial solidaire et inclusif, qui devrait voir le jour dans un contexte où la société humaine commence à se structurer d’une nouvelle manière, dépassant ainsi l’ancien ordre international.
«Ce changement trouve écho dans notre pays à travers une nouvelle approche nationale de développement, sous-tendue par la Constitution. Cette approche vise à surmonter les séquelles des choix socioéconomiques défaillants et balise la voie vers un nouveau pacte citoyen fondé sur la confiance et la responsabilité. Elle ambitionne de mobiliser tous les efforts, de valoriser et de libérer toutes les énergies pour construire une économie créatrice de valeur ajoutée, générant des emplois décents et durables. Elle consolidera les valeurs de justice sociale, la répartition équitable des richesses tout en renforçant les principes de citoyenneté responsable, en stimulant l’investissement et en garantissant la complémentarité entre les secteurs public et privé», a-t-il poursuivi.
Qualifiant le 25 juillet 2021 de moment de transition historique, Maddouri a affirmé que la Tunisie est en train de vivre un moment national qui concilie l’accélération des réformes et la mise en place d’une vision stratégique renouvelée, permettant le décollage économique tout en répondant aux aspirations sociales et économiques des citoyens. «Le Président de la République, Kaïs Saïed, a déjà identifié les bases de cette approche à travers le renforcement des fondements d’un État porteur d’une vision renouvelée pour ses citoyens : un État efficace, performant et juste.
Un État qui s’engage à transformer la réalité des citoyens, à préserver leur dignité, à les protéger contre toutes formes de précarité et de pauvreté, tout en libérant les énergies et en mobilisant tous les efforts pour atteindre le développement», a-t-il insisté. Étayant ses propos, le Chef du gouvernement a mentionné l’article 17 de la Constitution qui stipule que l’État garantit la cohabitation entre les secteurs public et privé et œuvre à réaliser leur complémentarité sur la base de la justice sociale. Il a précisé que cet article consacre la responsabilité de l’État dans la mise en place de toutes les conditions et garanties nécessaires pour une économie compétitive et innovante, en instaurant des règles claires en faveur de l’égalité des chances, d’une concurrence constructive et équitable. Il a ajouté, dans ce cadre, que la lutte contre la corruption, perçue comme un obstacle au développement et un frein à l’initiative et à la création de richesse, constitue un pilier fondamental de cette approche, car elle permet d’encourager l’investissement. C’est dans ce contexte que Maddouri a rappelé l’appel lancé en faveur d’une révolution législative qui concerne tous les domaines sociaux et économiques et qui permet d’adapter le cadre législatif et institutionnel aux exigences d’une économie compétitive et durable. Le Chef du gouvernement a, par ailleurs, mis l’accent sur les efforts d’évaluation continue des programmes et des politiques publiques ainsi que sur la vigilance concernant la transparence des transactions économiques. Il a souligné, dans ce même contexte, l’importance de l’instauration de règles de concurrence équitable ainsi que la nécessité de lutter contre les systèmes de rente. Maddouri a, en outre, insisté sur la démarche engagée par le gouvernement visant à simplifier les procédures administratives, dont la complexité constitue, selon ses dires, une porte d’entrée pour la corruption. Cette démarche implique également une réforme profonde du système des marchés publics, un levier essentiel pour le développement économique et social.
Crises ou opportunités ?
Évoquant les défis économiques auxquels est confrontée la Tunisie, le Chef du gouvernement a affirmé que la politique du compter-sur-soi est un choix souverain, stratégique et responsable, dont la concrétisation nécessite un engagement sérieux de tous. L’objectif est de bâtir une économie fondée sur l’innovation, soutenir et diversifier la production locale, renforcer le tissu des entreprises nationales, leur fournir le soutien nécessaire et leur permettre de jouer leur rôle en tant que levier essentiel de croissance.
Sur un autre plan, Maddouri a souligné que la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement dans le monde, un changement impulsé par la crise du Covid, constitue une occasion pour les pays en développement de renforcer leur positionnement mondial et de s’ouvrir à de nouveaux marchés. Il a ajouté que dans un contexte d’urgence climatique, la transition énergétique et écologique est devenue une obligation et un facteur de changement des modèles économiques et sociaux actuels. Cette transition est, selon Maddouri, la responsabilité de tous : secteurs public et privé mais aussi société civile. Elle devrait baliser la voie vers un avenir durable qui permet non seulement d’atteindre le développement et la prospérité, mais aussi de garantir le droit d’accès des générations futures aux ressources naturelles et d’atteindre la souveraineté énergétique. «Dans ce contexte, nous réitérons notre engagement à soutenir les projets verts et à continuer de fournir aux entreprises des incitations à même de contribuer à leur décarbonation. Nous rappelons aujourd’hui que la Tunisie figure en tête des pays qui œuvrent à poser les bases d’une transition énergétique et écologique durable et inclusive qui concilie les objectifs de développement économique et la protection de l’environnement», a-t-il indiqué.
Des réformes en bonne voie
Rappelant le projet de révision du Code du travail, initié par le président de la République Kaïs Saïed, Maddouri a affirmé que cette réforme adopte une approche qui concilie les exigences d’encouragement à l’investissement, la stimulation du marché du travail, les besoins économiques des entreprises ainsi que la protection des droits des travailleurs. «Nous ne pouvons qu’apprécier l’initiative novatrice du président de la République et son engagement à promouvoir l’initiative collective et à réaliser le développement régional à travers la création des entreprises communautaires, qui ont ouvert de nouvelles perspectives pour un grand nombre de jeunes issus des régions intérieures, en leur permettant de prendre l’initiative pour créer des emplois et de nouvelles sources de revenus dans divers secteurs et régions», a-t-il souligné. Et le Chef du gouvernement de conclure : «Je tiens à souligner une nouvelle fois la nécessité d’investir dans ces changements et de transformer les opportunités qu’ils offrent en moteurs de croissance économique, de développement inclusif et durable. Je réitère l’engagement de l’État à poursuivre son soutien à de telles initiatives qui renforcent les valeurs du dialogue et de la coopération, et qui contribuent à la construction d’un avenir plus prometteur. Ces efforts ne sont que le début du chemin que nous parcourrons avec une volonté collective, un esprit national déterminé et une volonté commune de transformer les défis en opportunités et en projets».
L’amélioration de l’environnement des affaires en point de mire
Lors de son discours d’ouverture, le Chef du gouvernement a insisté sur la volonté de l’État d’assainir le climat des affaires en Tunisie. En effet, le gouvernement a lancé une révision du cadre législatif de l’investissement. Il s’est actuellement penché sur un nouveau texte juridique global et unifié, qui rompt avec la rigidité des textes existants et permet de lever les obstacles que les investisseurs peuvent rencontrer dans divers domaines. L’élaboration du nouveau texte se fera, selon Maddouri, suivant une approche participative permettant de répondre aux attentes des entreprises en matière de simplification des procédures administratives relatives aux autorisations, d’encouragement à l’accès aux marchés étrangers, ainsi que d’orientation vers des secteurs porteurs et à forte valeur ajoutée. Il a par ailleurs évoqué la révision du code des changes ainsi que les efforts visant à débloquer les grands projets publics et privés.
M.S.
Des mesures en faveur d’une administration numérique et moderne
Soulignant l’importance de la numérisation en tant que vecteur de croissance économique, le chef du gouvernement a indiqué que l’État œuvre à renforcer son infrastructure numérique et à consolider les compétences et les capacités dans ce domaine. La réduction de la fracture numérique, à travers le développement des réseaux de télécommunication ainsi que le déploiement à grande échelle de l’internet à haut débit, figure parmi les priorités du gouvernement. L’investissement dans les centres de données et dans les technologies cloud, ainsi que le déploiement de la 5G, sont, selon le chef du gouvernement, autant de mesures engagées par l’État pour préparer les entreprises à la transformation numérique.
Maddouri a ajouté que, conformément à la vision du Président de la République, l’État place parmi ses priorités la transformation de l’administration en un modèle numérique intégré. Pour ce faire, plusieurs décisions ont été prises, notamment l’identification d’une liste de documents qui ne seront plus exigés par l’administration, dès lors qu’elle pourra y accéder grâce à l’interopérabilité des systèmes d’information. Il a également évoqué la révision du service de légalisation des signatures et l’élimination progressive du mécanisme d’approbation de la copie conforme. Il a été décidé, par ailleurs, d’unifier l’accès aux portails des services administratifs sectoriels en lançant une plateforme nationale unique pour les services administratifs, et en numérisant les procédures de paiement pour les usagers des services publics.
M.S.
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