Journées Théâtrales de Carthage 2024 : Des œuvres engagées et créatives à découvrir chaque jour
Avec un marathon de représentations théâtrales qui se poursuit chaque jour au rythme de la 25ème édition des Journées Théâtrales de Carthage (JTC, 23-30 novembre 2024), ce sont des scènes qui vibrent et des planchers qui accueillent des comédiennes et de comédiens d’ici et d’ailleurs pour faire découvrir aux théâtrophiles des œuvres où l’engagement et la créativité se croisent et s’entrecroisent.
Autant d’œuvres tunisiennes mais aussi d’au delà des frontières qui mettent en avant la richesse et la diversité des expériences scéniques. Des pièces aux approches, thématiques et esthétiques différentes se succèdent, offrant au public une occasion unique de découvrir des visions artistiques variées. C’est là toute l’essence des JTC : un espace de rencontres, d’échanges, de découverte et d’ouverture, où chaque spectacle apporte une perspective nouvelle sur le monde.
Zoom sur trois pièces jouées hier, mardi 26 novembre 2024 :
“Toxic paradise” (El Bakkahra) : sonnette d’alarme….Gabès étouffe
Catégorie : Compétition officielle
Pays : Tunisie
Dans une mise en scène de Sadok Trabelsi d’après un texte co-écrit avec Ilyes Rabhi, l’oeuvre, inspirée de la réalité, met à nu l’ampleur de la catastrophe environnementale que subit la ville de Gabès et ses répercussions sur la santé de ses habitants.
Dans un décor marqué par des éclairages tamisés aux tons noirs et gris, le metteur en scène a intégré des projections vidéo démontrant les effets dévastateurs de la pollution, notamment sur la mer, accompagnées d’une musique tantôt assourdissante, tantôt calme et mélancolique.
A travers les mouvements des acteurs et le dialogue entre Nidhal, jeune rebelle, et le propriétaire d’une usine chimique, la pièce illustre la domination d’un capitalisme agressif au détriment des plus vulnérables. Pourtant, Nidhal garde espoir en un avenir meilleur…
“La Maison d’Abu Abdallah” : le méta-théâtre en action
Catégorie : Compétition officielle
Pays : Irak
Une performance qui mise sur l’absence de texte verbal pour s’exprimer à travers le langage du corps. Adoptant le méta-théâtre, la création artistique suit un rythme dramatique progressif pour illustrer l’intensité des souffrances physiques et morales de l’être humain tout en reflétant les crises successives d’un pays marqué par une histoire tourmentée. Les acteurs, avec une précision et une harmonie remarquables, transmettent leurs messages exclusivement par leurs mouvements dans une œuvre mêlant introspection artistique et engagement sociopolitique.
Pour évoquer la patrie dans toute sa complexité, le metteur en scène Anas Abdessamad use de la symbolique de “la maison”, de la vie familiale, pour aborder des questions essentielles comme la liberté et l’oppression transformant la scène en un espace de confession.
“Le Jardin des amoureux” : les rites soufis sur scène
Catégorie : Pièces tunisiennes hors-compétition
Dans une vision originale, le spectacle “Rawdhat el-Ocheq” (le jardin des amoureux) transforme la scène en un espace symbolique pour des pratiques spirituelles et des rituels soufis, à travers l’histoire d’un groupe de disciples mystiques. Accusés de troubler l’ordre public, leur arrestation par les forces de l’ordre, provoque une agitation sociale…
Dans son approche théâtrale, le metteur en scène Moez Achouri s’éloigne des codes classiques du théâtre social ou politique pour s’inspirer des traditions mystiques tunisiennes. A travers une mise en scène “rituelle”, il explore les dimensions philosophiques et spirituelles du soufisme.
La pièce est également un hommage à la langue arabe classique, utilisée pour souligner la richesse et l’universalité de ses significations, intemporelles et adaptées à tous les contextes.
“Rawdhat el-Ocheq” s’affirme ainsi comme une expérience à la fois poétique et profondément inspirée du patrimoine culturel.