Semi-conducteurs : Un pari tunisien sur l’avenir high-tech
Au sein de cette chaîne de valeur complexe et hautement sophistiquée, la Tunisie entrevoit une opportunité dans l’activité d’emballage. Un segment stratégique, accessible et peu coûteux, porteur de perspectives pour attirer des investissements.
La Presse — Il s’agit de l’une des industries les plus complexes et les plus sophistiquées au monde.
Objet de convoitises mais aussi de tensions géopolitiques, l’industrie des semi-conducteurs occupe, depuis quelque temps, le devant de la scène économique internationale.
Son importance stratégique n’a véritablement été mise en lumière qu’après le déclenchement de la crise du Covid, lorsque l’explosion de la demande mondiale en gadgets électroniques a déteint sur d’autres secteurs technologiques, provoquant une pénurie sur le marché mondial et limitant l’accès des industriels à des volumes plus importants.
Ce fut notamment le cas de l’industrie automobile, dont la production a fortement chuté suite à la réduction de son approvisionnement en puces électroniques. Industrie de très haute technologie, la production des semi-conducteurs est d’une extrême complexité. Elle implique plusieurs phases, de la conception à l’emballage, en passant par la fabrication, l’assemblage et les tests.
La fabrication d’une seule puce électronique peut mobiliser plus d’un millier de processus industriels, reposant aujourd’hui sur un écosystème mondial complexe de fournisseurs, allant des produits chimiques aux outils logiciels.
Présents dans pratiquement tout équipement technologique, tels les gadgets électroniques, les produits high-tech, les téléphones, les ordinateurs portables, les objets intelligents, les voitures, les panneaux solaires, etc, les semi-conducteurs constituent la pierre angulaire des nouvelles industries.
En effet, le marché des puces électroniques est en croissance exponentielle depuis les années 1980. Il a a dépassé les 600 milliards de dollars en 2024 et devrait atteindre 1000 milliards de dollars en 2030. De plus en plus sophistiqués, ils envahissent notre quotidien : on estime qu’en 2023, 140 puces ont été produites pour chaque être humain sur terre.
Un positionnement possible
Dans ce contexte de boom technologique, l’écosystème tunisien de l’industrie électronique ambitionne de s’insérer dans cette chaîne de valeur très complexe, estimant que la Tunisie dispose d’atouts lui permettant d’attirer des projets ne nécessitant pas des investissements colossaux.
C’est en tout cas ce qui a été annoncé en août dernier lors de la première édition de Semicon Tunisia, organisée par le cluster Mecatronic Tunisie, en partenariat avec la technopole Novation City et le Centre technique des industries mécaniques et électriques (CETIME).
Cet événement inédit, placé sous l’égide du ministère de l’Industrie, a rassemblé la fine fleur des talents tunisiens actifs dans cette industrie et dans des disciplines connexes (électronique, microtechnique, photonique, packaging), à travers le monde.
Professionnels et décideurs ont discuté des moyens de positionner la Tunisie sur cette chaîne de valeur, d’autant qu’elle dispose d’un vivier de compétences à coût salarial compétitif. Selon les professionnels, les opportunités dans l’activité d’emballage apparaissent particulièrement attrayantes, ces investissements étant relativement peu onéreux et les technologies qui y sont déployées restent accessibles.
Cette initiative intervient, en effet, dans un contexte où la capacité de production des semi-conducteurs est concentrée dans une seule région du monde, révélant à la fois la dépendance des industries mondiales à ces pôles de production et la fragilité de cette chaîne de valeur.
Un rapport de l’Ocde souligne d’ailleurs que certaines étapes du processus de production des semi-conducteurs sont réalisées par un petit nombre d’entreprises et d’économies. Toute perturbation affectant un intrant, une entreprise, une économie particulière — ou les flux commerciaux qui les relient — peut ainsi déstabiliser l’approvisionnement en semi-conducteurs et, par ricochet, les industries en aval qui en dépendent.
En somme, il existe trois grands types d’entreprises productrices de semi-conducteurs, celles qui conçoivent et fabriquent leurs propres produits, les “fabless” et les fonderies.