Clôture de la Fête des bergers à Kasserine : Le mode de vie des pâtres tel que raconté !
Djebel Semmama, à Kasserine, le mont qui était, il n’y a pas si longtemps, le fief des djihadistes et le théâtre d’attentats terroristes, est devenu l’espace de quelques jours un vivier culturel.
Depuis mercredi dernier, jusqu’à hier dimanche 13 avril, cette même montagne abrite la Fête des bergers, dans sa 13e édition, faisant ainsi oublier les maux d’une guerre atypique qui ébranla, alors, tout un pays. Pour les Kasserinois, notamment, ce qui leur était arrivé, dans les ans suivant la révolution, n’est qu’un mauvais souvenir. Leur vie fut, à l’époque, un martyre.
Une dimension symbolique
Créée en 2012, l’Association culturelle les Collines (ACC), celle qui chapeaute les éditions de ce festival, avait bravé les armes à feu et mis en valeur la culture de la vie et de l’aventure, faisant montrer au monde entier que les montagnards ne craignent pas la mort et ne font jamais marche arrière devant tout danger menaçant leur territoire. Souvenons-nous encore des bergers qui ont été, tragiquement, décapités dans des attaques terroristes. Car, sur le front de la guerre, les bergers n’étaient pas à l’abri de ce danger. Aujourd’hui, ils sont dignes d’être d’authentiques militants.
D’une édition à une autre, le mode de vie des bergers est bel et bien raconté, dans une ambiance haut en couleur. En fait, la fête se veut ainsi un vibrant hommage aux bergers sentinelles, ceux qui veillent à leurs troupeaux et à nos frontières. Son chef d’orchestre, Adnene Helali, l’initiateur de ce festival printanier, a toujours pris soin des différentes manifestations dans leurs moindres détails.
Soit, rien n’est laissé au hasard. Leur ordre du jour revêt une dimension symbolique, alliant protection, création et réconciliation avec son environnement. Ecologie, culture, ateliers d’artisanat, sport et animation spectaculaire, tout ce qui aurait cultivé dépaysement, détente et joie de vivre.
Semmama, un havre de paix !
Aussi cette fête des bergers nourrit-elle le sens de la reconnaissance, du défi et de la continuité, dans la perspective de faire de Djebel Semmama un havre de paix, mais aussi un milieu socioculturel où il fait bon vivre. Nos amis italiens sont les invités d’honneur de cette nouvelle édition. D’autant plus qu’ils brillent avec leur participation active au menu de la fête. Jeudi dernier, diffusion en direct, sur les ondes de Radio Potenza Italie, du Programme «Le Navigateur», animé par Vito Collila. De même, un Concert «De l’Abruzzes à Sammama» avec le groupe Pescara, Severa Spenzo, Primiano Calà, Norman Cieri et Fabrizio Marocchi.
Cinq jours durant, il y a de quoi se réjouir et s’épanouir. Avant-hier, samedi, ont figuré au menu des activités d’ordre culturel, documentaire et bien des chants folkloriques. Hier, dimanche, la clôture a été marquée par «Trail Semmama», en collaboration avec l’Association militaire de Kasserine et l’Union tunisienne du sport pour tous, visant à franchir le cap du maquis et faire découvrir un paysage montagneux pittoresque.
A 10h a eu lieu le Carnaval des Bergers : «Spectacle carna-fou-lesque», dirigé par le metteur en scène italien Francesco Salvatore, avec la participation du groupe «Thaziri», des bergers de Sammama, du groupe d’Abruzzes et des brebis. A 14h, ce fut le retour à la transhumance, pour y revenir d’ici à l’année prochaine.