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Gestern — 03. Dezember 2024Haupt-Feeds

Film d’ouverture JCC: A la mémoire d’un artisan d’un cinéma engagé

03. Dezember 2024 um 17:12

«Le Libérateur» dans une copie restaurée en hommage posthume à Kaïs al-Zubaïdi, l’une des figures les plus emblématiques du cinéma documentaire arabe, ouvre la 35e édition des JCC.

Le long-métrage Le Libérateur (1987), œuvre poignante du réalisateur irakien Kais al-Zubaidi, qui nous a quittés le dimanche 1er décembre 2024, ouvre la 35e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), prévues du 14 au 21 décembre 2024. Ce film, qui documente les luttes des peuples palestinien et libanais contre l’entité sioniste, est un témoignage fort de l’engagement de son auteur.

L’annonce de cette projection en version restaurée, 37 ans après sa première projection en Tunisie, est bien plus qu’un simple hommage. C’est une manière de célébrer  l’héritage cinématographique et humain de Kaïs al-Zubaïdi, un réalisateur, chercheur et monteur irakien, dont les œuvres ont marqué les esprits. Le comité directeur des JCC, profondément ému par la perte de ce pionnier du cinéma documentaire arabe, a voulu offrir à son film une nouvelle vie, à la hauteur de son impact.

Dans la section JCC Classiques, cette édition rendra hommage à de grands noms du cinéma arabe et africain, et il est évident que Kaïs al-Zubaïdi, avec ses créations intenses et visionnaires, y aura une place de choix. Son œuvre n’a cessé de mettre en lumière la cause palestinienne et les enjeux sociopolitiques du monde arabe. Parmi ses films les plus marquants, il y a aussi Loin du pays (1969), un court-métrage documentaire émouvant, projeté lors de la 33e édition des JCC en 2022 dans la section Focus Palestine.

C’est un moment de mémoire, mais aussi de réflexion sur l’impact que peuvent avoir des films porteurs d’une telle vérité et d’une telle humanité.

Né à Bagdad en 1945, Kaïs al-Zubaïdi a étudié à l’Institut supérieur du film de Babelsberg (Allemagne), où il obtient ses diplômes en montage (1964) et en image (1969). Il a travaillé pour le studio Defa, spécialisé dans le cinéma documentaire, et a également enseigné à l’Institut supérieur du cinéma en Allemagne. Au cours de sa carrière, il a exercé les fonctions de scénariste, réalisateur, chef opérateur, monteur, mais aussi de critique et théoricien du cinéma. Il a animé de nombreux ateliers sur l’écriture de scénarios, la réalisation et le montage, notamment à Tunis, ainsi qu’au sein d’institutions et de sociétés de production en Syrie et au Liban.

Kaïs al-Zubaïdi a réalisé plusieurs films documentaires pour l’Organisation nationale du cinéma en Syrie, mais aussi au Liban et en Allemagne. Ses œuvres ont été couronnées de nombreux prix dans des festivals prestigieux, tels que le Festival de Damas, le Festival Palestine à Bagdad, et les JCC de Carthage, entre autres. Parmi ses projets en Allemagne, il a travaillé à la fois en tant que réalisateur et monteur, tout en contribuant à des films arabes majeurs, tels que Une couronne d’épines (Nabil Al-Maleh), la trilogie Des hommes dans le soleil (Nabil Al-Maleh, Muhammad Chahine et Marwan Muazzin), La Vie quotidienne dans un village syrien et Sur la révolution (Omar Amiralay), Le Couteau (Khaled Hamadeh), Beyrouth, Ô Beyrouth (Marwan Bagdadi), Le Jour de la terre (Ghaleb Sha’ath), Retour à Haïfa (Qassem Hawal), et La Nuit (Muhammad Malas).

Au cours des années 70, Kais al-Zubaidi a été l’un des artisans d’un cinéma engagé, centré sur la résistance du peuple palestinien. Il est également reconnu comme l’un des initiateurs de l’Unité du cinéma Palestinien (PFU) au sein de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), un cinéma qualifié de «révolutionnaire palestinien ». Après le siège de Beyrouth en 1982, al-Zubaïdi a entrepris des recherches pour retrouver les films perdus de la PFU. Il en a découvert certains, qu’il a conservés dans une archive à Berlin, où il vivait.

Son film Palestine, A People’s Record (1984), qui témoigne de l’histoire révolutionnaire palestinienne, demeure une œuvre phare du cinéma militant, offrant une magistrale leçon d’histoire.

Son film «Le Libérateur» (Waheb Al Horriya) de 90 mn revient sur l’expulsion de la résistance palestinienne du Liban en 1982. Le documentaire s’appuie sur un matériel sonore et visuel comprenant des images photographiques rares et des scènes de films, associées à la musique et aux chansons de Marcel Khalife et de Ziad Rahbani.

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« Le paradis des amoureux» de Moez Achouri aux JTC : Théâtre rituel et atmosphère soufie

30. November 2024 um 17:46

Dans l’orbite de l’amour divin, se déroulent les événements de la pièce «Rawdhat Al-Oshaq» du metteur en scène Moez Achouri. Plongeant dans des univers soufis, les cercles de dhikr, de chant spirituel et d’extase entraînent le public dans un voyage de pureté et de libération spirituelle.

Dans le cadre des représentations tunisiennes des Journées théâtrales de Carthage, la Cité de la culture a accueilli, le mardi 26 novembre, la pièce «Rawdhat Al-Oshaq». Proposant une vision originale, ce spectacle établit un parallèle entre les rituels soufis et les techniques théâtrales. L’intrigue tourne autour d’un groupe de disciples pratiquant des rites spirituels sous la direction d’un guide surnommé le Mourid. Ces derniers sont arrêtés par les forces de l’ordre et interrogés, accusés d’incitation à la dissidence et de tentative de bouleverser le mode de vie de la société. L’arrestation des disciples provoque un soulèvement populaire, et une avocate se mobilise pour leur défense, mettant ainsi les autorités dans une position délicate, les contraignant à chercher une issue avec le moins de dommages possible.

S’éloignant des modèles dominants du théâtre social ou politique, le metteur en scène et auteur du texte, Moez Achouri, a choisi d’explorer et d’innover en travaillant sur la richesse de la tradition soufie en Tunisie. Il aborde, sur une scène de théâtre rituel, les dimensions philosophiques, spirituelles et intellectuelles des confréries soufies.

Portée par une belle distribution, la pièce a réussi à offrir des tableaux narratifs à la fois poétiques et empreints d’humilité. Le voyage oscille entre terre et ciel, entre monde matériel et monde spirituel.

Dans une langue arabe classique et poétique, «Rawdhat Al-Oshaq» choisit de s’adresser à son public dans une éloquence qui réaffirme la richesse et la singularité de la langue arabe, intemporelle et universelle.

Sur le plan scénographique, l’utilisation des rideaux transparents prend des significations multiples et symboliques : ils évoquent le voile séparant le monde matériel du monde spirituel. Derrière ces rideaux, les disciples accomplissent leurs rituels, invoquent la divinité et se purifient des souillures de ce monde.

Si «Rawdhat Al-Oshaq» déborde d’ambiances mystiques et s’élève dans les cieux de l’extase, elle reste ancrée dans la réalité et confrontée aux logiques d’intérêts qui la gouvernent. Le pouvoir politique, dérangé par l’ascétisme des soufis, cherche à les disperser, diviser leur unité, voire acheter leur silence. Mais face à la domination du pouvoir, la force de l’amour reste plus puissante, et l’appel de la passion surpasse toute menace ou tentative de manipulation.

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«Pauvre Liza» de Mark Rozovsky – Russie : Une comédie douce amère

30. November 2024 um 17:45

Le metteur en scène nous invite à réfléchir sur la condition humaine, l’importance d’accepter la douleur et la déception comme parties intégrantes de la vie, tout en interrogeant l’impact des réalités géopolitiques et sociales sur les trajectoires individuelles.

Mercredi 27 novembre, le Théâtre municipal de Tunis a accueilli l’une des productions les plus attendues des Journées théâtrales de Carthage – Théâtre du monde : «Pauvre Liza», une adaptation de la célèbre nouvelle de Nikolaï Karamzine, mise en scène par le talentueux Mark Rozovsky. Ce classique de la littérature russe a été revisité sous la forme d’une comédie musicale innovante, captivant un public nombreux, curieux de découvrir la richesse et la profondeur du théâtre russe.

«Pauvre Liza» raconte l’histoire d’un amour contrarié entre Liza, une jeune paysanne naïve et romantique, et Erast, un noble désœuvré, déchiré entre son passé et ses ambitions futures. Liza, éprise de son amour, est trahie par son bien-aimé qui, lassé de la routine, choisit une riche héritière comme nouvelle compagne, laissant derrière lui une femme désespérée. La pièce explore avec finesse les thèmes classiques de l’amour inachevé, de la trahison et de la souffrance, tout en mettant en lumière la complexité des relations humaines et la manière dont elles sont influencées par le contexte social et économique. Cependant, «Pauvre Liza» dépasse les simples contours de la tragédie amoureuse. La mise en scène de Rozovsky nous invite à réfléchir sur la condition humaine, l’importance d’accepter la douleur et la déception comme parties intégrantes de la vie, tout en interrogeant l’impact des réalités géopolitiques et sociales sur les trajectoires individuelles. La pièce s’imprègne ainsi de la profondeur de l’âme russe et de ses contradictions, offrant au spectateur une réflexion à la fois intime et universelle.

Dans cette adaptation, Mark Rozovsky a opté pour une formule originale : une comédie musicale alliant chant et diction. Le récit est porté par l’auteur lui-même, qui, accompagné d’une pianiste en direct, dialogue avec les personnages et le public, offrant un mélange subtil entre narration, jeu théâtral et musique. Ce choix artistique permet de renforcer l’intensité émotionnelle de la pièce, tout en rendant hommage à l’héritage musical et folklorique russe. Malgré le caractère tragique de l’histoire, la tonalité générale de la pièce reste étonnamment joyeuse et optimiste. La comédie musicale réussit à transmettre avec subtilité un message de résilience et de beauté face aux malheurs qui jalonnent l’existence. A travers la souffrance de ses personnages, «Pauvre Liza» nous rappelle que la beauté de la vie réside parfois dans sa fragilité, et que les déceptions amoureuses, bien que douloureuses, sont une part inextricable de l’expérience humaine.

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