L’Agence internationale de l’énergie alerte : Les super-émetteurs de méthane toujours hors de contrôle
Malgré les avertissements et la disponibilité de solutions techniques, les émissions de méthane liées aux énergies fossiles ont atteint, en 2024, un niveau alarmant, presque équivalent au record de 2019, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
La Presse — Le dernier rapport de l’AIE, publié début mai, révèle que le secteur des énergies fossiles — pétrole, gaz et charbon — a rejeté plus de 120 millions de tonnes de méthane dans l’atmosphère en 2024. Ce gaz, bien que moins durable dans l’air que le dioxyde de carbone, a un pouvoir de réchauffement bien plus fort à court terme, ce qui en fait un contributeur majeur au changement climatique.
Principal composant du gaz naturel, le méthane est libéré lors des opérations d’extraction, de production et de transport, souvent à travers des fuites, des torchages ou des dégazages non maîtrisés. Invisible et inodore, il est difficile à détecter sans instruments spécialisés, mais de nouvelles technologies satellitaires ont permis d’identifier un nombre croissant d’émissions massives.
Les données du rapport montrent que les plus gros émetteurs sont la Chine, suivie des Etats-Unis et de la Russie. Une part importante des rejets provient également d’anciens sites d’extraction, comme les puits abandonnés et les mines de charbon inactives, qui continuent de relâcher du méthane des années après leur fermeture.
Engagements insuffisants
Au total, près de 580 millions de tonnes de méthane sont relâchées chaque année, dont environ 60 % sont d’origine humaine. Le secteur énergétique est responsable d’un tiers de ces émissions anthropiques. Pourtant, l’AIE estime que près de 70 % des émissions fossiles pourraient être réduites rapidement et à faible coût grâce à des technologies existantes. Le gaz capté peut même être valorisé et revendu.
Malgré cela, seuls 5 % de la production mondiale de pétrole et de gaz répondent aujourd’hui à une norme rigoureuse de réduction du méthane. Et bien que 80 % de la production soient couvertes par des engagements, leur mise en œuvre reste très limitée.
Réduire ces émissions permettrait de freiner le réchauffement global d’environ 0,1 °C d’ici 2050. Pour le groupe Ember, une réduction de 75 % des émissions fossiles de méthane d’ici 2030 est indispensable si le monde veut rester sur la voie de la neutralité carbone.