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Heute — 16. September 2025Haupt-Feeds

Clôture de l’Université d’été à Hammamet : Nouvelle vision sociétale du développement

16. September 2025 um 17:30

Le rideau est tombé, dimanche dernier, à Hammamet, sur la 32e édition de l’université d’été qu’avait organisée, pendant trois jours, la Fondation Mohamed-Ali, conjointement avec la Cgtt (Confédération générale tunisienne du travail) et le Mosc (Mouvement social citoyen), sur le thème «Penser autrement le développement dans un contexte régional et international instable et en pleine mutation».

La Presse — Ainsi, les travaux ont abouti, sur fond d’évaluation et de recommandations, en prélude à la prochaine édition 2026 dont le comité d’organisation et de réflexion aura, aux dires de son chef d’orchestre Habib Guiza, à prévoir les tenants et les aboutissants. Mais, toujours il y a  de quoi justifier le choix du sujet abordé et son contexte d’actualité. En effet, «La Tunisie à l’horizon 2040» pourrait être la prochaine idée maîtresse. 

Une stratégie pragmatique

Avant de passer à l’évaluation de tout ce qui a été exposé, discuté et mis en débat franc et constructif et les leçons à en tirer, M’hamed Ali Halouani, philosophe, est revenu sur la thématique principale, en se posant la question suivante : Faut-il, alors, penser «autrement» le déclenchement pratique d’une stratégie de développement ? Ses idées se sont, d’ailleurs, inspirées de ce qu’avait, déjà, avancé le Mosc, comme une force citoyenne de proposition. L’orateur a, d’emblée, brossé un tableau peu reluisant, révélateur d’une certaine situation de blocage qui aurait besoin d’être dégeler. 

Ce constat, selon lui, fait suite à des modèles de développement incohérents, ayant failli à leurs promesses d’équité, d’égalité des chances, d’amélioration de l’employabilité et de la qualité de vie, afin de réduire les disparités régionales. Effectivement, ces modèles calqués et sclérosés ne sont plus productifs et encore moins générateurs de croissance et d’emplois.

En guise de solutions, Halouani a proposé «un changement radical et structurel du modèle de développement économique et social en place, qui puise dans la conception de l’enclenchement pratique des stratégies de développement». 

A l’en croire, passer des approches théorisantes par rapport à la réalité concrète à celle éminemment pragmatique. «Autrement dit, il faudrait penser et agir dans le sens d’une économie sociale et solidaire (ESS), tout en renouant avec une activité de rupture essentiellement transformationnelle des réalités vécues à tous les niveaux de la vie politico-socioéconomique, juridique, religieuse, éducationnelle et artistique», a-t-il encore expliqué. Guiza, lui aussi, semblait être dans cette logique des choses, favorisant tourner la page vers un nouveau modèle de développement beaucoup plus juste et inclusif et qui colle le mieux à nos soucis et problèmes locaux. 

Faut-il réinventer la solidarité ?

Sur cette même lancée, Mme Leila Mallouli, universitaire- économiste, s’est focalisée sur «l’ESS et la réinvention de la solidarité», d’autant que ce dossier est toujours à l’ordre du jour de l’agenda du Président de la République, et c’est lui qui en fait son cheval de bataille. Les «sociétés communautaires», créées en vertu du décret présidentiel n°15-2022, publié au Jort, le 21 mars 2022, en est bel et bien l’illustration la plus exemplaire.

Sauf que «le cadre institutionnel souffre d’une accumulation de textes qui lui octroient une grande hétérogénéité», souligne-t-elle. Idem pour le cadre législatif qui constitue pour certains nouveaux promoteurs une pierre d’achoppement dont les dossiers de création de ces sociétés continuent à traîner en longueur. Et malgré les efforts déployés par les autorités, ce nouveau mode d’entreprendre n’arrive pas à décoller. 

En fait, Mme Mallouli a fini par lancer, en ces termes, une recommandation: «Ce concept ESS a besoin d’être précisé dont le cadre juridique est, lui aussi, appelé à être homogénéisé, probablement autour d’un texte central fédérateur». Dans cet ordre d’idées, le projet de développement local écotourisme alternatif «Marina Gabès», tel qu’il été présenté par Taoufik Jemal, ancien directeur régional du Groupe chimique tunisien –  Gabès, demeure encore en gestation.

Faute de moyens financiers et d’appui institutionnel, ce projet, initié par la Fondation Mohamed-Ali, depuis 2015, et localisé à Chott Hamrouni, dans la zone maritime sud de Gabès, a du mal à démarrer. «Ce projet nécessite un investissement initial à taille humaine, des coûts d’exploitation soutenables et une gouvernance ouverte qui associe l’Etat, le secteur privé, les associations, la société civile, et pourquoi pas des partenaires internationaux», insiste-t-il.

L’objectif étant, espère-t-il, en conclusion, de faire de la région non plus un symbole de dégradation, mais un emblème de renaissance écologique et culturelle.  

D’autres enjeux en ligne de compte !

Somme toute, un nouveau modèle de développement ne devrait jamais se faire, sans pour autant négliger d’autres enjeux stratégiques à caractère écologique et géopolitique. Ces questions ont été bien explicitées, avec d’amples détails, par trois intervenants, à savoir Salem Boulbaba, enseignant politologue, Abdelaziz Messaoudi, médecin, ainsi que Samir Meddeb, expert en développement durable.

Cela étant, l’on doit penser à un modèle de développement économique et social propre à nous, dans un contexte marqué par un nouvel ordre mondial qui pointe à l’horizon. Mais aussi face à un climat naturel sévèrement capricieux qui nous menace de plus en plus, sous l’emprise des émissions des gaz à effet de serre et de pollution phénoménale.

En marge de la clôture de cette 32e édition, dédiée à la mémoire de Pr Hassine Dimassi, universitaire-économiste et ancien ministre, une cérémonie d’hommage au défunt a eu lieu en présence de sa famille, et où ses amis et collègues, dont Habib Guiza, Ridha Gouiâ (économiste) et M’hamed Ali Halouani, n’ont pas tari d’éloges sur les qualités humaines et les compétences intellectuelles ayant marqué le parcours de leur cher regretté. 

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Ouverture de la 32e Université d’été, à Hammamet : Quel modèle de développement veut-on ?

14. September 2025 um 17:00

C’était, avant-hier, vendredi 12 septembre, que l’Université d’été a ouvert ses travaux, à Hammamet, dans une nouvelle édition, la 32e, dont la Fondation Mohamed Ali Hammi, en collaboration avec la Cgtt (Confédération générale tunisienne du travail) et le Mosc (Mouvement social citoyen), perpétue la tradition de sa tenue annuellement.

La Presse — Dédiée à la mémoire de Pr Hassine Dimassi, ancien ministre, économiste et fidèle compagnon de route dans l’intellectuel collectif de ladite Fondation, cette édition a focalisé, cette fois-ci, son choix sur un thème aussi brûlant que le fait de «Penser autrement le développement dans un contexte régional et international instable et en pleine mutation».

Soit, il est utile de regarder dans le rétroviseur du passé, retenir les leçons, mieux cerner les défis du présent, afin de tracer les contours de l’avenir. S’invite, alors, à ce débat fort enrichissant un aréopage d’intervenants chevronnés, ayant tout remis sur le tapis. 

Où en on est et où va-t-on ?

Ainsi, tous les sujets si chauds de l’étape actuelle liés à cette question de portée politique, socioéconomique, géostratégique et environnementale ont dû remuer le couteau dans la plaie, en faisant remonter à la surface nos choix de développement adoptés, au fil du temps, depuis l’indépendance de la Tunisie. Et la lecture analytique et critique avancée par la tribune avait, vivement, galvanisé la salle et stimulé les réflexions sur de quoi sera fait demain.

Justement, l’ultime objectif d’un tel conclave de têtes bien faites consiste essentiellement à savoir où l’on est et jusqu’où on peut aller, à pas sûrs sur la bonne voie. 

Il semble peu philosophique, mais c’est aussi rationnel pour savoir où mettre les pieds et comment se positionner par rapport à ce nouvel ordre mondial marqué par la montée du géant asiatique qu’est la Chine, l’émergence de nouvelles alliances économiques, avec une forte probabilité de voir, prochainement, naître un monde multipolaire.

On s’en tient, ici, à la donne géostratégique qui pourrait tout chambouler. Certes, pas dans l’immédiat, mais pas, non plus, dans un avenir lointain. Et c’est dans cette optique que l’on s’arrête, aujourd’hui, sur les mauvais choix qui nous ont traînés, des décennies durant, dans des tensions sociales et des crises économiques successives.

Convaincue de tous ces défis, la Fondation Mohamed Ali El Hammi voudrait ainsi mettre la question du développement sous les projecteurs, de par sa position de think tank associatif. Sa représentante, Imène Bouassida, une de ses disciples, où elle a été déjà formée, l’a présentée à sa façon : « C’est elle qui m’a appris le sens du leadership associatif, alors que j’étais présidente de la Jeune chambre internationale d’El Menzah. C’est une grande école de formation qui défend les valeurs de citoyenneté et œuvre pour la promotion du capital humain. Le MOSC en est, d’ailleurs, un de ses acquis ». 

Ceci étant dans l’espoir de voir tout plan quinquennal de développement national prendre corps et répondre à nos soucis majeurs, dans un climat d’équité sociale et de répartition judicieuse des fruits de la croissance. Prenant la parole, Habib Guiza, secrétaire général de la Cgtt et président de la Fondation Mohamed Ali El Hammi, est revenu sur l’idée de penser autrement le développement, mais aussi la portée de relire l’Histoire, notamment celle du Mouvement syndical national.

D’ailleurs son nouveau livre « Genèse et mutations du syndicalisme tunisien : une approche prospective », encore sous presse, propose une nouvelle lecture de l’Histoire syndicale en Tunisie. «Il est temps de voir grand et prévoir juste l’avenir, à partir de notre réalité actuelle. Nous avons des élites et des jeunes compétences qui, si volonté il y a, sont en mesure de faire beaucoup mieux», ajoute-t-il.

Sortir des fausses pistes

Quel modèle de développement veut-on ? Lequel est-il censé nous fournir les moyens de nos attentes et ambitions ? Et là, Mouldi Lahmar, sociologue, s’est focalisé sur « l’épistémologie du concept du développement autrement » tel qu’il a été assimilé par nos élites et décideurs politiques depuis l’indépendance.

Il se réfère, ici, à une approche qui remet en question les modèles traditionnels, souvent jugés perdants, en mettant l’accent sur des alternatives plus durables, équitables et respectueuses de l’environnement. Mais « pour penser autrement, il faut se penser autrement. Cela  veut dire prendre distance par rapport aux conceptions socioculturelles, économiques et géostratégiques qui ont fait notre conscience de nous-mêmes, à l’aide de représentations que nous n’avons pas authentiquement produites.

Lesquelles furent construites dans un contexte de domination extérieure dont nous sommes toujours l’objet, et qui nous coupent mentalement et matériellement de notre propre histoire. L’exemple le plus frappant montrant la manière dont notre conscience politique et économique -et je dirais notre aliénation par rapport à nos intérêts  historiquement établis- évoque ce contexte de domination ». 

Selon son avis, « pour construire son propre avenir, il faut donc repenser, de l’intérieur, le modèle économique hérité. Bref, il faut repenser de façon critique l’Etat, l’économie et la société dans une perspective d’émancipation économique et culturelle basée sur la révision de nos rapports historiques socioéconomiques et cognitifs avec l’héritage colonial », s’exprime-t-il, recommandant de sortir des sentiers battus, empruntant à son collègue Mohamed Hedi Zaied, économiste, l’expression qualificative « fausses pistes».

Ce dernier semble lui avoir emboîté le pas, en enchainant la réflexion toujours sur le fait de « penser le développement autrement ». D’emblée, il a explicité la différence entre « développement » et « croissance », indiquant que le premier est le reflet du second, soit la réalité socio-économique tangible telle que traduite par des taux et indicateurs d’évolution réalisés.

Et pour mieux faire comprendre sa thèse, il a souligné la confrontation de deux écoles de pensée : « Les « solutionnistes » considèrent que les progrès technologiques apporteront les solutions, tandis que les partisans de la « décroissance » ou de la « croissance autrement » prônent une révision de notre mode de vie et notre modèle de consommation ». Il a fini par dire que « la scène est surtout dominée par les premiers, et les seconds font encore figure de « curiosités ». 

Hier, samedi, les travaux se sont poursuivis, avec deux panels : les enjeux économiques, environnementaux et géopolitiques comme leviers du développement », ainsi que « penser le développement local autrement et relecture de la mémoire collective nationale, en rompant avec l’héritage culturel colonial ».

Et là, le nouvel ordre mondial, les défis climatiques, l’économie sociale et solidaire, l’emportent sur la vision classique des choses et l’attachement à des idées et conceptions aussi figées. Aujourd’hui, clôture de la 32e session de l’Université d’été, tout en pensant à la suivante, d’ici l’été prochain. 

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