Afrique : la nouvelle dynamique des infrastructures peut profiter aux entreprises tunisiennes
Alors que plusieurs économies africaines accélèrent la modernisation de leurs infrastructures — transports, énergie, numérique, industrie et urbanisme — le continent ouvre un cycle d’investissements sans précédent. Une dynamique qui redéfinit les chaînes de valeur régionales et crée de nouvelles opportunités pour les entreprises tunisiennes, appelées à renforcer leur présence sur ces marchés en pleine expansion.
L’Afrique connaît une phase d’accélération sans précédent dans la modernisation de ses infrastructures. Ports, énergie, numérique, zones industrielles : plusieurs économies du continent déploient des programmes ambitieux, créant un marché régional en pleine expansion. Pour les chefs entreprise tunisiens comme maghrébins, cette dynamique représente à la fois des opportunités d’investissement et de nouveaux espaces de coopération stratégique. Avec courage, vision lucide et ambition, les entreprises tunisiennes, dont certaines regorgent d’expertises souvent pointues, sont à même de remporter un certain nombre de marchés.
Selon les spécialistes, le premier moteur de cette transformation reste le transport au sens large du terme, désormais au cœur des stratégies de compétitivité. En effet, en Afrique de l’Est, le Kenya poursuit la consolidation de son corridor régional avec la ligne SGR (Standard Gauge Railway) et la modernisation du port de Mombasa. L’Éthiopie renforce sa plateforme d’accès maritime grâce au corridor Addis-Djibouti.
En Afrique de l’Ouest, le Sénégal avance sur le TER de Dakar et de nouvelles autoroutes. La Côte d’Ivoire mise sur le métro d’Abidjan et l’extension de son port. Quant au Nigeria, il accélère la rénovation de son réseau (Lagos-Ibadan).
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Focus sur le secteur énergétique et le numérique
Le secteur énergétique n’est pas en reste, il vit également une mutation profonde, portée par la montée en puissance des renouvelables, comme on pourrait s’en douter. C’est ainsi que le Kenya renforce sa place de leader géothermique, alors que l’Éthiopie, pour sa part, compte sur le Grand Barrage de la Renaissance pour transformer son mix énergétique.
L’Afrique du Sud et le Ghana modernisent leurs réseaux, pendant que la Tunisie multiplie, justement, les partenariats internationaux pour développer son potentiel solaire/éolien, et que la Namibie devient un acteur prometteur de l’hydrogène vert. Pour les opérateurs tunisiens – ingénierie, EPC (pour Engineering, Procurement, and Construction), câblerie, énergies renouvelables – ce marché représente un relais de croissance considérable.
Dans cette mouvance, le numérique devient un second pilier majeur d’attractivité. Le Rwanda s’impose comme modèle africain de digitalisation publique; le Kenya confirme son leadership en data centers et services mobiles; le Nigeria et l’Afrique du Sud accélèrent leurs infrastructures cloud et 5G; le Ghana renforce sa plateforme e-gov et la connectivité nationale. Cette dynamique ouvre un champ naturel pour les entreprises maghrébines et potentiellement tunisiennes spécialisées dans le cloud, le paiement électronique, la cybersécurité ou l’intégration IT.
L’industrie, l’urbanisme… nouveaux filons
Dans le domaine industriel, les zones économiques spéciales (ZES) deviennent des vecteurs incontournables de création de valeur. L’Éthiopie multiplie les parcs industriels, l’Égypte s’appuie sur les ZES du Canal de Suez. Le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal développent également des pôles manufacturiers compétitifs. De ce fait, les entreprises tunisiennes d’ingénierie, BTP, logistique ou manufacturing disposent là d’un terrain d’expansion stratégique.
Enfin, l’urbanisme et la résilience climatique s’imposent comme priorités. L’Égypte, le Maroc, le Rwanda, le Kenya ou la Côte d’Ivoire investissent dans des smart cities. Tandis que les besoins en irrigation, dessalement et gestion de l’eau explosent – une expertise dans laquelle les opérateurs tunisiens disposent d’un savoir-faire reconnu.
Besoin d’accompagnement
Pour les chefs d’entreprise tunisiens, cette dynamique africaine annonce un changement d’échelle : la modernisation accélérée des infrastructures transforme structurellement les chaînes de valeur régionales et ouvre un champ inédit de partenariats stratégiques.
Mais vous diriez qu’il manque l’élément essentiel dans tout cela. Et je vous dirais que vous avez parfaitement raison, il manque le nerf de la guerre… commerciale, à savoir l’argent. Oui, nos entreprises, pour pouvoir accéder à ces marchés africains, dont certains sont gigantesques et nécessitent de grand moyens, ont besoin d’êtres accompagnées, et par l’Etat et par les institutions financières. Or, dans ce cadre, beaucoup de chefs d’entreprise se plaignent – et ce n’est pas nouveau – du peu d’engagement des décideurs publics et autres institutions financières à les aider.
Aujourd’hui un certain nombre sont en train de changer, politiquement et économiquement. Et nous pensons que la région ouest-africaine constitue un gisement d’opportunités pour les entreprises tunisiennes et par ricochet pour l’économie tunisienne.
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