Tunisie-Algérie l Besoin de clarification pour plus de transparence
L’accord sur la coopération sécuritaire et militaire signé à Alger le 7 octobre dernier suscite une controverse accrue en Tunisie et à l’étranger alimentée notamment par le mutisme officiel sur ses stipulations et ses implications sur la sécurité et la souveraineté tunisiennes assimilées par certains, avec une pointe d’exagération et de dramatisation politicienne, à une compromission et même un protectorat. (Ph. Le ministre de la Défense Khaled Sehili et le chef d’état major de l’armée algérienne Saïd Chengriha signant l’accord resté secret).
Elyes Kasri *

Ce silence officiel laisse libre cours à toute sorte d’incompréhension, d’interprétation et d’instrumentalisation plus ou moins innocentes et bienveillantes.
Les indices de relations déséquilibrées avec l’Algérie commencent, selon de nombreux observateurs, à donner des signes inquiétants tant le régime militaire au pouvoir à Alger semble lui-même traverser une grave crise de légitimité et d’acceptabilité intérieure et internationale.
La souveraineté nationale en question
A cet égard, les principes invoqués publiquement et officiellement en Tunisie de préservation de la souveraineté nationale et de compter sur soi-même semblent plus que jamais de rigueur et même une exigence vitale pour une Tunisie qui fait face à une phase délicate de son histoire et des relations internationales.
Plus qu’une question de cohésion interne du discours politique, c’est une condition de résilience face à la tempête qui se profile à l’horizon et même de survie dans un monde en pleine phase d’incertitude et de mutation.
Sur un autre plan, il serait judicieux que la Tunisie fasse le bilan du préjudice qui lui a été porté par le Non Maghreb et surtout par la proximité diplomatique que des mauvaises langues assimilent à un alignement sur l’Algérie à propos du Sahara Occidental, que certains qualifient de farce tragicomique.
Surtout en ce moment où commence à se dissiper le mirage de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et de la chimère créée par le régime algérien depuis 1975 pour s’arroger une légitimité de libérateur des peuples, alors qu’il a été fondé lui-même sur un butin territorial colonial, ce à la faveur des récents bouleversements géostratégiques et du séisme géopolitique initié par la résolution 2797 adoptée le 31 octobre 2025 par une large majorité du Conseil de sécurité.
Cette résolution stipule, pour la première fois, l’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine comme unique base de négociation pour une solution politique réaliste marquée du sceau du compromis, écartant ainsi irrévocablement l’option de référendum et mettant fin aux ambiguïtés entretenues depuis des décennies.
Le coût du Non-Maghreb
L’intérêt national de la Tunisie lui dicte une appréciation sereine et objective du préjudice et des opportunités ratées à cause des problématiques régionales non résolues, dans la mesure où il y a aujourd’hui un consensus international sur le coût du Non-Maghreb sur des pays comme le nôtre, fragilisé par une fin de règne de Ben Ali et une quête non conclusive d’un modèle de développement équitable et durable, et ce depuis ce qui a été qualifié pompeusement et probablement fallacieusement de révolution de la liberté et de la dignité.
La relance économique et le repositionnement diplomatique ne peuvent être envisageables, crédibles et durables qu’après un bilan sans parti pris ni complaisance idéologiques ou partisans de la diplomatie maghrébine au cours du dernier demi-siècle.
* Ancien ambassadeur.
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