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À Gaza, un autre hiver de désespoir !

Faux cessez-le-feu de Trump, tentes en plastique, famine, froid glacial, inondations, c’est le troisième hiver insupportable enduré par les Gazaouis. Et jusque-là, aucune perspective sérieuse pour un avenir meilleur et pour une vie digne. 

Imed Bahri

Malgré une relative amélioration de l’aide humanitaire et la levée, sur le plan technique, de la qualification de famine, la plupart des habitants de Gaza souffrent toujours d’une faim aiguë, d’infrastructures délabrées et d’un hiver rigoureux qui transforme les tentes et les décombres en pièges mortels, écrit Ishaan Tharoor dans une enquête publiée dans le Washington Post. L’absence d’une véritable solution politique et la persistance des restrictions et des violences maintiendront la bande de Gaza prisonnière d’un cycle infernal d’aide d’urgence, puis de négligence, puis d’une catastrophe encore plus grave, prévient-il.

Insécurité alimentaire et malnutrition

Le week-end dernier, une lueur d’espoir est apparue à Gaza. L’Ong Action Contre la faim a annoncé qu’aucune zone du territoire palestinien dévasté n’était officiellement classée en situation de famine. Cette annonce faisait suite à une relative augmentation de l’aide humanitaire et des approvisionnements alimentaires commerciaux après l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas en octobre.

Cependant, cette «amélioration» ne change rien à la situation générale. Selon le rapport du Système intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), près des trois quarts de la population de Gaza –soit environ 1,6 million de personnes– continuent de souffrir d’insécurité alimentaire aiguë et de malnutrition. Autrement dit, la famine, bien que n’étant plus officiellement qualifiée de famine, persiste sous d’autres formes, moins visibles mais non moins dévastatrices.

Les responsables israéliens se sont empressés de remettre en question les précédents rapports de l’IPC qui avaient alerté sur la famine, accusant l’organisation de se baser sur des données inexactes. Le ministère israélien des Affaires étrangères a même prétendu il y a une semaine que «l’IPC a même dû admettre qu’il n’y a pas de famine à Gaza»

Cependant, cette déclaration occulte une vérité fondamentale : l’absence de la désignation de famine ne signifie pas l’absence de faim et n’exonère personne de sa responsabilité face à la situation à laquelle la population est confrontée.

Des gangs liés à Israël pillent l’aide alimentaire

Dans les mois précédant le cessez-le-feu, Israël a imposé de sévères restrictions à l’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza, affirmant souvent qu’une partie était détournée au profit d’«acteurs malveillants». Cependant, les Nations Unies et le gouvernement américain –y compris par le biais d’un audit interne– ont confirmé qu’il n’existait aucune preuve de vols ou de détournements d’aide à grande échelle par le Hamas. Pire, ce sont les gangs liés à Israël qui pillaient l’aide alimentaire et accentuaient le chaos dans la bande de Gaza. 

Même après l’entrée en vigueur de la première phase du cessez-le-feu, les organisations internationales ont continué d’alerter sur l’insuffisance des quantités de nourriture et de produits de première nécessité arrivant à Gaza. Une analyse de l’Associated Press publiée ce mois-ci a conclu que les livraisons étaient loin d’atteindre les objectifs fixés dans l’accord de cessez-le-feu négocié par l’administration Trump.

L’Integrated Food Security Phase Classification (IPC) prévoit que, dans l’année à venir, plus de 100 000 enfants à Gaza souffriront de malnutrition aiguë nécessitant un traitement, ainsi que quelque 37 000 femmes enceintes ou allaitantes.

Cependant, les conséquences de ces pénuries vont bien au-delà de la simple faim.

Une terrible épreuve de survie

Avec l’arrivée de l’hiver, la crise humanitaire se transforme en une terrible épreuve de survie. Une violente tempête côtière et des pluies torrentielles ont tué plus d’une douzaine de Palestiniens vivant dans des camps de fortune ou parmi les décombres d’immeubles détruits. Les vents et les inondations ont provoqué l’effondrement des structures précaires où les habitants avaient trouvé refuge.

Au moins deux nourrissons sont morts d’hypothermie. Les fines bâches en plastique n’offraient aucune protection contre le froid, tandis que les couvertures chaudes –parfois soumises à des restrictions israéliennes– restaient rares. «Nous craignons que cette tragédie ne se reproduise si une solution durable n’est pas trouvée, en particulier pour les bébés prématurés», a déclaré Ahmed al-Farra, directeur du service de pédiatrie de l’hôpital Nasser, à l’Associated Press après le décès d’un nourrisson de 29 jours. «Ils vivent dans des tentes délabrées, exposés au vent et au froid, et privés même des moyens de chauffage les plus élémentaires», a-t-il ajouté. 

Ces souffrances s’ajoutent à une réalité déjà catastrophique. De larges pans des infrastructures de Gaza, y compris des établissements de santé essentiels, ont été détruits. Ce qui reste fonctionne à peine. D’après The Economist, sur les 18 établissements de santé partiellement fonctionnels, 16 ne peuvent éliminer les déchets médicaux en toute sécurité, 15 sont privés d’électricité, 13 ne disposent pas de toilettes et de lavabos adéquats et 11 n’ont pas d’approvisionnement stable en eau potable. Dans l’ensemble du secteur, il ne reste que 74 lits de soins intensifs.

Les organisations de défense des droits humains tiennent Israël pour responsable de cette situation. Erika Guevara-Rosas d’Amnesty International a déclaré que les récentes tempêtes ont aggravé les souffrances d’une population déjà profondément traumatisée, soulignant que la catastrophe aurait pu être évitée si les matériaux d’abri et les fournitures nécessaires à la réparation des infrastructures vitales avaient été autorisés à entrer. 

Parallèlement, Israël a renforcé son emprise sur Gaza en établissant ce que l’on appelle la «Ligne Jaune» qui place les zones situées à l’est sous contrôle militaire total. Selon des informations, des groupes armés locaux opèrent dans ces zones avec l’approbation tacite, voire le soutien, d’Israël, tandis que la plupart des habitants de Gaza à l’ouest de la ligne vivent dans des camps informels surpeuplés et appauvris, suite à un retrait israélien technique qui n’a guère amélioré la situation sur le terrain.

Israël continue de mener des frappes en prétendant toujours cibler des sites du Hamas. Selon le ministère de la Santé de Gaza, au moins 395 Palestiniens ont été tués dans des frappes israéliennes depuis l’entrée en vigueur théorique du cessez-le-feu.

Parallèlement, des responsables américains, israéliens et régionaux mènent d’ardues négociations concernant la prochaine phase du cessez-le-feu, qui implique une mise en œuvre plus complexe du plan en 20 points du président Donald Trump. La Maison Blanche espérait en commencer l’application avant Noël mais des détails cruciaux restent à régler, notamment la composition de la force internationale proposée et son rôle dans la stabilisation de Gaza durant la phase de reconstruction.

Certains responsables américains mettent en avant des projets de lignes ferroviaires à grande vitesse, de projets immobiliers en bord de mer et de gratte-ciel surgissant des décombres.

Cependant, ces images semblent bien éloignées de la réalité des deux millions de personnes toujours prises au piège entre la faim, le froid et la violence.

Dans le même temps, Benjamin Netanyahu dirige un gouvernement de droite qui poursuit ses attaques au Liban, accélère l’annexion progressive de la Cisjordanie et menace d’une possible escalade contre l’Iran, des comportements qui risquent d’aggraver l’instabilité au lieu de la contenir.

Lors d’une conférence au Qatar ce mois-ci, la diplomate saoudienne Manal Radwan a lancé un avertissement alarmant : «Nous avons déjà vu ce film: la guerre à Gaza puis l’intervention internationale puis l’aide humanitaire puis l’épuisement politique puis l’oubli… pour ensuite replonger dans un cycle encore plus violent»

À Gaza, l’hiver n’a pas besoin d’une nouvelle guerre pour faire des ravages. Il lui suffit de ce vide politique et humanitaire pour perpétuer le désespoir, une fois de plus, et à un prix encore plus lourd.

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Accord sur Gaza : L’UNRWA prête à nourrir la population pendant trois mois

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a salué l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, le qualifiant de « grand soulagement ». Elle a également annoncé être prête à fournir une aide alimentaire suffisante pour nourrir la population de Gaza pendant les trois prochains mois.

Philippe Lazzarini, directeur général de l’UNRWA, a déclaré sur le réseau social X :

« L’UNRWA dispose de nourriture, de médicaments et d’autres produits de première nécessité pour Gaza. Nous avons de quoi nourrir l’ensemble de la population pendant les trois prochains mois. »

L’agence a précisé que ses entrepôts en Égypte et en Jordanie contiennent des stocks suffisants pour couvrir les besoins de la population gazaouie pendant cette période. Cependant, l’acheminement de cette aide reste entravé par des restrictions d’accès et des conditions de sécurité difficiles sur le terrain.

Une situation nutritionnelle alarmante

Une étude menée par l’UNRWA estime que près de 55.000 enfants de moins de six ans à Gaza sont gravement mal nourris, avec environ 12.800 cas sévères. Cette situation est le résultat de mois de blocus, de destructions d’infrastructures et de restrictions d’aide humanitaire. Les taux de malnutrition ont atteint 16% à la mi-2025, avant une légère amélioration temporaire lors d’une trêve provisoire.

Malgré la disponibilité des stocks, l’acheminement de l’aide reste un défi majeur. Les autorités israéliennes ont imposé des restrictions strictes sur les points d’entrée, limitant le nombre de camions humanitaires autorisés à pénétrer dans Gaza. De plus, les infrastructures locales, telles que les routes et les centres de distribution, ont été endommagés, compliquant davantage la tâche des équipes humanitaires.

Appels à une action internationale renforcée

L’UNRWA appelle la communauté internationale à intensifier ses efforts pour lever les restrictions d’accès et permettre une distribution efficace de l’aide. Philippe Lazzarini a souligné que l’inaction face à la crise humanitaire pourrait être perçue comme une complicité tacite dans les souffrances infligées à la population gazaouie.

L’accord de cessez-le-feu offre une lueur d’espoir pour la population de Gaza. Si les conditions de sécurité et d’accès sont améliorées, l’UNRWA et d’autres agences humanitaires pourraient intensifier leurs efforts pour répondre aux besoins urgents en nourriture, en soins médicaux et en services essentiels. Cependant, la situation demeure fragile, et une vigilance continue est nécessaire pour assurer la mise en œuvre effective de l’aide.

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