Le meurtrier d’une étudiante, le 19 juin 2023 à Raoued, gouvernorat de l’Ariana, a été condamné, jeudi 25 décembre 2025, à la prison à perpétuité par la chambre criminelle du Tribunal de première instance de l’Ariana.
Le prévenu s’était fait passer pour un chef d’entreprise et a fait miroiter un emploi à sa victime pour l’attirer chez lui, à Raoued, la violer et l’assassiner.
Le corps décomposé de la victime dissimulé au domicile du meurtrier n’a pas tardé à «dénoncer» le coupable. Ce sont les voisins qui ont alerté la police sur les odeurs nauséabondes émanant de la maison du crime.
Le ministère des Finances invité les contribuables ayant des dettes impayées au titre de la taxe sur les propriétés bâties à contacter les recettes municipales dans les plus brefs délais pour bénéficier des mesures d’amnistie.
Un communiqué publié par la direction générale de la comptabilité publique et du recouvrement relevant du ministère des finances rappelle que la date limite pour adhérer à cette amnistie fiscale pour l’année 2025 est fixée au 31 décembre 2025.
Le Groupe Akdital a signé récemment un protocole d’accord lui permettant, après acquisition des autorisations réglementaires nécessaires, de devenir propriétaire de l’intégralité du capital de Taoufik Hospitals Group (THG), moyennant un investissement de 90 millions de dollars (260 millions de dinars tunisiens).
Akdital, leader du secteur privé de la santé au Maroc, opère un réseau de 41 établissements de santé répartis sur 24 villes du royaume et qui offrent une gamme complète de soins médicaux, couvrant toutes les spécialités.
D’une capacité de plus de 4100 lits, soit environ 20 % de la capacité hospitalière nationale privée, ces 41 établissements emploient 9900 collaborateurs et traitent plus de 670 000 patients par an.
En s’implantant en Tunisie, le groupe marocain, déjà présent au Moyen-Orient, entend poursuivre sa stratégie d’expansion régionale.
Pour sa part, THG, qui a été créé en 2014, exploite 4 structures hospitalières privées (Taoufik, Soukra, Ezzahra et Hannibal) toutes basées à Tunis. Ces cliniques, qui attirent une patientèle nationale et internationale, totalisent une capacité supérieure à 600 lits, dont 100 dédiés à la réanimation, emploient plus de 1 600 collaborateurs, comptent un réseau de plus 500 médecins partenaires et affichent 180 000 admissions par an.
Le premier groupe hospitalier privé tunisien a enregistré, en 2024, un chiffre d’affaires consolidé dépassant 45 millions de dollars. La marge Ebitda s’établit à 35%, tandis que la marge nette atteint 13%. Pour 2025, le groupe anticipe une hausse d’activité de l’ordre de 15%, portée en grande partie par l’oncologie.
L’Association tunisienne des diplômés des écoles supérieures (Atuge) a organisé, le mardi 23 décembre 2025, à l’hôtel Paris-Les Berges du Lac, un atelier pour présenter les résultats d’une étude sur l’attractivité de la Tunisie pour les talents tunisiens résidant à l’étranger. Cette étude, qui s’inscrit dans le cadre du projet Thamm-Ofii, financé par l’Union européenne et mis en œuvre par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii), est réalisée par le bureau d’études Emrhod Consulting.
Latif Belhedi
L’objectif principal de cette enquête intitulée «Attractivité : une feuille de route pour attirer des projets de la communauté tunisienne à l’étranger», consiste à mieux comprendre les motivations, les freins, et les conditions de retour des Tunisiens du monde. Et à identifier les profils socio-économiques de ces derniers, leurs liens avec la Tunisie, leurs perspectives de retour, les obstacles rencontrés ou anticipés, ainsi que les leviers qui pourraient rendre le retour plus attractif.
L’étude, qui a porté sur plus de 1 000 membres de la diaspora tunisienne, a montré que 59 % d’entre eux n’ont pas l’intention de rentrer, tandis que 20 % ont exprimé un désir clair de rentrer et 21 % envisagent un possible retour sans plan précis pour le moment.
Parmi ceux qui souhaitent rentrer, 24 % aspirent à créer des projets entrepreneuriaux en Tunisie, 21 % envisagent d’y passer leur retraite, tandis que 34 % citent des raisons familiales comme principale motivation de leur retour.
Les obstacles identifiés comprennent le manque d’opportunités d’emploi, des niveaux de salaire insatisfaisants, de nombreuses difficultés liées au climat entrepreneurial, des problèmes d’accès au financement, un manque d’information et des procédures administratives complexes.
Sur la base de ces constats, l’étude propose une feuille de route pratique visant à renforcer l’attractivité de la Tunisie pour la diaspora, à faciliter la participation économique et sociale de ses membres et à encourager un retour durable, qu’il soit partiel ou permanent.
L’atelier a été l’occasion de présenter cette feuille de route et d’échanger des points de vue avec les institutions et structures publiques et privées sur l’efficacité des mesures proposées et sur les moyens de les mettre en œuvre concrètement afin de faire de la communauté tunisienne à l’étranger un élément central du développement économique et social du pays.
Pour revenir à l’enquête, on en citera ici les principales recommandations :
1- renforcer l’attractivité économique, en facilitant l’accès aux opportunités économiques et aux marchés porteurs ; en dynamisant l’écosystème entrepreneurial, en simplifiant l’accès au financement, en créant des fonds dédiés et en réduisant les barrières à la création d’entreprise ; mais aussi en encouragent et en attirant les investisseurs par l’amélioration de l’environnement fiscal et réglementaire.
2- améliorer les conditions de vie, en investissant dans les infrastructures sanitaires, éducatives, de transport et de sécurité, en développant des services adaptés aux retraités (santé, qualité de vie, sécurité sociale), et en assouplissant le marché du travail pour une meilleure insertion professionnelle des Tunisiens du monde ;
3- simplifier l’environnement administratif et financier, en digitalisant les procédures pour alléger les démarches administratives et réduire les délais, et en simplifiant les règles bancaires et de change pour faciliter les transferts de capitaux et les opérations financières;
4- renforcer la protection sociale, en négociant des accords bilatéraux avec les pays de résidence pour garantir le transfert des pensions de retraite sans exigence de présence physique régulière (en instaurant un contrôle et un suivi en ligne par exemple), et en mettant en place un système de sécurité sociale transférable, accessible aux Tunisiens du monde.
5- Garantir un cadre stable et prévisible, en renforçant la transparence des institutions et la stabilité des politiques économiques pour restaurer la confiance des Tunisiens du monde dans le pays.
La dernière réunion du Conseil des ministres, présidée par la cheffe du gouvernement Sarra Zaâfrani Zenzeri, jeudi 25 décembre 2025, au Palais de la Kasbah, a été consacrée à l’examen de trois projets de loi organique à caractère économique.
Il s’agit d’un projet de loi organique portant approbation des amendements apportés à la convention régionale sur les règles d’origine préférentielles pan-euro-méditerranéennes (convention PEM); d’un projet de loi organique portant approbation de la modification du protocole (B) de l’accord de libre-échange entre la République tunisienne et les États de l’Association européenne de libre-échange (Aele), et un projet de loi organique portant approbation de la modification de l’accord euro-méditerranéen d’association entre la République Tunisienne, d’une part, et la Communauté européenne et ses États membres, d’autre part.
Ces projets de loi visent à renforcer l’intégration du tissu industriel tunisien à l’espace euro-méditerranéen, qui constitue un espace stratégique de première importance pour les exportations tunisiennes, en raison de la proximité géographique, de la complémentarité économique et de l’interconnexion des chaînes de valeur. L’Union européenne représente également la première destination des produits tunisiens, notamment industriels, agricoles et agroalimentaires, bénéficiant des accords de partenariat et de libre-échange offrant un accès préférentiel à de vastes marchés regroupant plus de 500 millions de consommateurs.
L’adoption de ces projets de loi permettra également de raffermir la présence de la Tunisie sur les marchés de la région euro-méditerranéenne, qui absorbent environ 80 % de l’ensemble des exportations tunisiennes.
Les entreprises tunisiennes pourront ainsi mieux s’intégrer aux chaînes de production européennes et mondiales, notamment dans les secteurs des composants automobiles, des industries électriques et électroniques, du textile et de l’habillement, renforçant ainsi la compétitivité et la valeur ajoutée des exportations tunisiennes.
Par ailleurs, la région euro-méditerranéenne constitue un espace favorable à l’investissement, au transfert des technologies et du savoir-faire, ce qui ne manquera pas de diversifier et d’améliorer la qualité des exportations tunisiennes et de consolider ainsi l’intégration de la Tunisie dans l’économie régionale et internationale.
L’auteur propose une lecture assez originale et inattendue de la manifestation du 17 décembre devant le théâtre municipal de Tunis, qui a regroupé des personnes affichant tapageusement et, parfois, de manière grotesque, leur soutien au président de la république Kaïs Saïed. Ces marginaux qui se tiennent généralement aux côtés des autorités et parfois des groupes politiques influents, servent souvent de carburant au régime en place et peuvent en devenir aussi les fossoyeurs.
AbderrazekBen Khelifa *
Je soutiens la manifestation du 17 décembre 2025 qui a rassemblé, entre autres, un nombre de marginaux, que certains qualifient de populace ou de racaille… Et qui, en tout cas, s’accordent tous sur le fait qu’ils n’ont rien à perdre. Ils se tiennent généralement aux côtés des autorités et parfois de groupes politiques influents, dans les manifestations exigeant le départ du gouvernement, ou les rassemblements des partis au pouvoir.
En fait, je sais que certains d’entre eux étaient fortement impliqués dans les campagnes électorales d’Ennahda, Nidaa Tounes, Machrouu Tounes, Qalb Tounes et Tahya Tounes, tel cet homme démuni qui se tenait aux côtés de Youssef Chahed et que ce dernier ne voulait même pas regarder.
Sont-ils opportunistes ?! Non… L’opportunisme est une posture calculée, une décision prise par un esprit purement pragmatique qui, comme on dit, «sait où se trouve le pouvoir».
Le carburant au régime
Pour comprendre objectivement cette catégorie, il n’est plus possible de s’appuyer sur les outils analytiques d’Herbert Marcuse, Frantz Fanon, Antonio Gramsci, Michel Foucault et Edward Said, qui ont fait des marginaux une force capable de mener des révolutions. Parce qu’ils ont étudié les populations marginalisées dans les sociétés occidentales, mais pas sérieusement dans les sociétés autoritaires orientales où ces populations servent de carburant au régime… Ils [ces manifestants, Ndlr] sont maintenant avec Saïed… et en Égypte avec Sissi dont ils attendent monts et merveilles… Le réservoir électoral sous Ben Ali se situait à Kasserine et Sidi Bouzid, le berceau même de la révolution [qui a finalement emporté ce dernier, Ndlr], selon un livre de mon ami le Dr Mouldi Lahmar.
Aujourd’hui, presque tous ceux qui se sont rassemblés devant le théâtre municipal pour soutenir Kais Saïed, et même ceux qui sont plus marginalisés qu’eux, c’est-à-dire le groupe des SDF, je me suis gardé de les moquer ou de les condamner… car je les plains sincèrement et peut-être même que je les comprends dans une certaine mesure… mais je suis presque certain qu’ils portent le germe de la chute du système populiste.
Parmi les penseurs les plus éminents qui ont surpassé Marcuse, Fanon et Foucault, et qui ont compris la profondeur de cette catégorie sociale, figure le penseur iranien Asef Bayat, qui a utilisé le concept de «présence politique» au lieu de protestation pour ce groupe qui ne s’exprime pas directement comme les intellectuels et l’élite politique.
Si l’on examine la «présence» de ces personnes devant le théâtre municipal et la manière dont elles ont exprimé leur soutien à Kais Saïed, on remarque qu’elles concluent leurs slogans et leurs déclarations par «Nous sommes avec Kaisoun», puis formulent une demande personnelle, comme l’amélioration de leurs conditions de vie et l’obtention d’aides sociales. Et c’est là le nœud du problème… Ils «protestent» contre les autorités d’une manière «plus insidieuse» que les politiciens eux-mêmes. Ils mettent ceux-là même qu’ils soutiennent à l’épreuve. Et je ne serais pas surpris de voir ces mêmes personnes à l’avant-garde de la lutte pour renverser le régime à l’avenir.
Je n’ai pas vu dans l’histoire de véritable révolution qui ait réussi sans cette «populace» depuis l’assassinat du calife Othman ibn Affan, qui reçut le dernier coup de couteau fatal de Sudan Ibn Hamran (un soldat des conquêtes venu d’Égypte), et Kinanah Al-Tujaybi, qui figuraient parmi les marginaux que le calife utilisa dans les «conquêtes» sans compensation tout en prodiguant ses largesses aux proches d’Othman.
Ces «voyous» furent les premiers à brûler des pneus lors de la révolution du 17 décembre. Bouazizi n’en faisait-il pas partie ?
Asef Bayat affirme que ces gens ne pratiquent pas la politique comme les politiciens, mais se livrent plutôt à des manifestations pacifiques. Leur but n’est ni la liberté ni la démocratie, mais la simple survie. Nombre d’entre eux travaillent sans doute dans des secteurs précaires et illégaux : commerce informel, construction anarchique, et vol d’électricité.
Une dénonciation de l’État
Leur pitoyable apparition devant le théâtre est une dénonciation de l’État. L’image de cet homme en haillons, se vautrant par terre, hantera à jamais ce régime et l’élite en général. Nul doute que cet homme est rentré les mains vides dans son bidonville, sans le moindre gain pour calmer sa faim. Parce que les autorités sont incapables de le récompenser en raison de leur incapacité manifeste à mettre en œuvre des politiques sociales qui l’intègrent au cycle économique…
Ils sont sortis nus par une journée froide, et leur nudité et leur marginalité ont été exposées avant même qu’ils ne crient leur soutien à l’autorité… Ils ont témoigné de la misère du régime… C’est pourquoi certains des partisans naïfs de ce régime les ont accusés d’avoir été «infiltrés» par l’opposition dans le sit-in devant le théâtre municipal.
La vérité, c’est que la «gifle» qu’ils ont infligée à l’opposition, selon les dires de certains, est en réalité une gifle à l’autorité… par l’affichage de cette nudité que le régime a tenté de dissimuler derrière le discours pompeux sur «l’écriture de l’histoire».
Le chiffon dont le régime tente de se servir pour dissimuler son visage… ils l’ont arraché par leur présence tragique et mélodramatique. Comme l’a dit un jour quelqu’un : «La stupidité est la seule maladie qui n’affecte pas son homme, mais seulement l’entourage de celui-ci.»
L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) vient de publier la première édition du Rapport national sur l’entreprise en Tunisie, une analyse approfondie du tissu entrepreneurial et de son rôle dans la croissance, l’emploi et la soutenabilité budgétaire.
Fidèle à son rôle stratégique, en tant que think tank dédié à la promotion de l’entreprise dans tous les secteurs, l’IACE propose dans ce rapport des recommandations concrètes et un outil d’aide à la décision destiné aux décideurs publics, aux acteurs économiques et aux partenaires sociaux, afin d’orienter les politiques économiques vers une croissance durable et inclusive.
Le rapport couvre l’ensemble des formes d’entreprises (microentreprises, PME, grandes entreprises, entreprises publiques et communautaires), et dresse un diagnostic clair des défis et des leviers de développement.
Parmi les principaux constats : 1- une forte domination des microentreprises à contribution limitée, freinant la productivité et l’investissement ; 2- un secteur privé moteur de création de valeur, d’emploi et de recettes fiscales ; et 3- des entreprises publiques sous pression, nécessitant des réformes pour assurer la soutenabilité budgétaire; 4- Un potentiel industriel à consolider par l’innovation et la montée en gamme.
Trois priorités stratégiques se dégagent : 1- accroître la taille et la productivité du tissu entrepreneurial ; 2- réformer le secteur des entreprises publiques; et 3- relancer l’investissement industriel et technologique
Au début, son périmètre d’action devait être le Moyen-Orient, il s’est élargi à la guerre russo-ukrainienne, il est envoyé au chaudron partout et rencontre tous les chefs d’État. Steve Witkoff a complètement éclipsé le secrétaire d’État américain Marco Rubio. Il faut dire que pour le président américain Donald Trump, la loyauté et la confiance priment sur tout. Entre le gamin du Queens (Trump) et le gamin du Bronx (Witkoff), c’est une très longue amitié new-yorkaise. Par contre, avec le descendant de migrants cubains anticastristes de Floride (Rubio), la défiance a toujours été de mise. Trump n’a pas oublié que Rubio a été son adversaire coriace lors de la primaire républicaine de 2016.
Imed Bahri
CNN a rapporté que le secrétaire d’État américain Marco Rubio est concurrencé de la part de Steve Witkoff, l’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient et négociateur dans le dossier de la guerre russe-ukrainienne. La chaîne a affirmé que les activités des deux hommes au cours des deux derniers mois ont soulevé des questions quant à leur influence et leurs positions respectives au sein du cercle rapproché du président Donald Trump.
Selon les sources de CNN, Rubio était pleinement conscient des difficultés qui l’attendaient lorsqu’il a pris ses fonctions, sachant que travailler avec Trump ne serait pas chose aisée compte tenu de la propension du président à limoger de hauts fonctionnaires.
Rubio a eu le poste prestigieux de chef de la diplomatie américaine alors que Trump lui préféré J. D. Vance pour la vice-présidence. Cependant, il n’avait pas anticipé la possibilité d’être mis à l’écart au profit de l’un des plus proches amis de Trump, le promoteur immobilier et milliardaire Witkoff.
L’influence grandissante de Witkoff
Au cours des deux premiers mois de l’administration Trump, Rubio s’est, à certains égards, effacé de la scène internationale au profit de Witkoff, dont les responsabilités ont largement dépassé le cadre de son titre officiel d’envoyé spécial pour le Moyen-Orient.
Witkoff a joué un rôle déterminant dans les dossiers les plus importants traités par l’administration Trump, notamment l’accord de cessez-le-feu à Gaza, les négociations pour mettre fin à la guerre en Ukraine et le retour de l’Américain Mark Fogel de Russie après son déplacement à Moscou pour finaliser les négociations en vue de sa libération.
Selon une source de CNN, Witkoff parcourt le monde en exerçant de facto les fonctions de secrétaire d’État, bénéficiant d’un atout unique : la confiance absolue de Trump.
À l’inverse, Rubio s’est rendu en Amérique centrale pour discuter d’immigration, ainsi qu’au Moyen-Orient, en Europe et au Canada pour aborder les conflits à Gaza et en Ukraine et rencontrer les partenaires de son pays au sein du G7.
La frustration du secrétaire d’Etat
Face à l’influence grandissante de Witkoff, des questions se posent quant au pouvoir et à l’avenir de Rubio au sein de l’administration Trump. Un sénateur proche de Rubio a déclaré que le secrétaire était frustré, tandis que des sources bien informées ont confirmé que Rubio était mal à l’aise face à la manière dont la Maison-Blanche a réduit son influence.
D’après CNN, plusieurs signes du malaise de Rubio face aux actions récentes de l’administration Trump sont apparus. Ces sources ont cité, par exemple, son désaccord avec Elon Musk, président du Comité sur l’efficacité gouvernementale, lors d’une réunion du cabinet, et son attitude distante et réservée lors de la désormais célèbre rencontre entre le président américain et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche.
La chaîne américaine a rapporté que Rubio ne bénéficiait pas de la même notoriété et de la même influence que ses prédécesseurs et ne s’attendait pas à devoir faire face à la rude concurrence de Witkoff.
CNN explique que la confiance affichée par Trump envers Witkoff avait déjà alimenté les spéculations à Washington quant à la durée du mandat de Rubio. Des sources ont confirmé que Rubio avait accepté ce poste pour renforcer sa crédibilité et qu’il nourrissait toujours des ambitions présidentielles inassouvies après son échec face à Trump en 2016.
Ces mêmes sources ont indiqué que Rubio considérerait son mandat comme une réussite s’il durait entre 18 mois et deux ans, ce qui lui laisserait le temps de préparer une éventuelle campagne présidentielle en 2028.
Interrogé par CNN, Rubio a déclaré : «Witkoff était l’une des personnes avec lesquelles je travaille le plus étroitement au sein de notre équipe». Witkoff, de son côté, a affirmé entretenir d’excellentes relations de travail avec Rubio, le décrivant comme «un grand secrétaire d’État et qui restera dans l’histoire comme l’un des plus grands !».
Les louanges appuyées cachent mal le malaise
Steve Witkoff a insisté sur le fait qu’il n’y a absolument aucun conflit entre lui et Rubio. Il a encore renchéri : «C’est un secrétaire d’État exceptionnel et nous travaillons en parfaite harmonie. Ce que CNN a rapporté est totalement faux. Je ne sais pas d’où les médias tirent ces histoires ridicules. Tous les dossiers sur lesquels je travaille sont traités en collaboration avec Marco Rubio». Il n’y a peut-être pas de conflits mais M. Witkoff marche sur les plates-bandes de Rubio et c’est bel et bien lui l’homme fort de la diplomatie américaine.
La porte-parole du département d’État Tammy Bruce, voulant lui aussi sauver les apparences, a déclaré à CNN : «Votre affirmation est fausse. Le secrétaire d’État Rubio et l’envoyé spécial Witkoff entretiennent d’excellentes relations et travaillent ensemble pour faire avancer le programme du président Trump».
Trump a fait l’éloge de l’éthique professionnelle de Rubio, déclarant spontanément aux journalistes dans le Bureau ovale : «Il a travaillé très dur. Il a déjà voyagé dans de nombreux pays. C’est un homme formidable. Je pense qu’il a toutes les chances d’être le meilleur secrétaire d’État que nous ayons jamais eu».
Sauf que ces louanges ne dissipent pas le malaise persistant dans la galaxie Trump où les rôles ne sont pas clairement délimités et les confusions assez fréquentes.
La récente démission du secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, relance le débat sur la place de cette organisation dans la vie nationale tunisienne. C’est une occasion pour prendre du recul, engager une autocritique lucide et analyser sans complaisance les erreurs commises. Cette démarche est indispensable pour se projeter vers l’avenir avec une vision claire et réaliste, capable de redonner sens à l’action collective.
Lotfi Sahli *
Historiquement, la centrale syndicale a été un pilier de la lutte contre le protectorat français. Dès l’époque de Farhat Hached, elle a incarné l’alliance entre revendications sociales et combat national, acquérant, au moment de l’indépendance, une légitimité durable qui dépasse le cadre strictement syndical.
Dans la Tunisie contemporaine, l’UGTT ne s’est pas limitée à cet héritage. Elle s’est affirmée comme un acteur politique et social majeur, jouant un rôle crucial d’intermédiaire et de garant de l’équilibre entre gouvernants et gouvernés, patrons et ouvriers. Elle s’est attachée avant tout à défendre les droits des travailleurs face à l’hégémonie de certains employeurs ou aux abus de responsables de la fonction publique, tout en contribuant à canaliser leur colère et à apaiser les tensions sociales.
Médiations dans les crises
Souvent sollicitée comme courroie de transmission dans les crises, elle a contribué à canaliser les mécontentements, à apaiser les tensions et à préserver une stabilité relative, tout en obtenant des acquis pour sa base. Son engagement dans les grandes médiations nationales après 2011 a confirmé cette ambition de construire un État de droit.
Au cœur de son action, l’UGTT a pour mission fondamentale de défendre les droits, les intérêts matériels et moraux des travailleurs. Elle œuvre à améliorer leur niveau de vie par la négociation, à préserver les acquis sociaux et à promouvoir des conditions de travail décentes, notamment en matière d’hygiène et de sécurité.
Cependant, cette centralité n’est pas exempte de critiques. Des dérives ont parfois été reprochées à certains syndicalistes : favoritisme, clientélisme, ou tendance à se substituer aux dirigeants d’entreprise dans la gestion quotidienne, transformant l’action syndicale en un rapport de force fondé sur la «torsion des bras» plutôt que sur le dialogue. Ces pratiques brouillent la frontière entre défense des travailleurs et ingérence dans la gouvernance économique.
Pour un syndicalisme responsable
L’enjeu est désormais de préserver l’héritage historique de l’UGTT tout en réaffirmant un syndicalisme responsable, capable de concilier justice sociale, stabilité des entreprises et contribution à la construction d’un État de droit moderne.
Il est temps de prendre du recul, d’engager une autocritique lucide et d’analyser sans complaisance les erreurs commises. Cette démarche est indispensable pour se projeter vers l’avenir avec une vision claire et réaliste, capable de redonner sens à l’action collective. C’est à ce prix que l’on pourra avancer, préserver l’organisation et la renforcer. L’enjeu est de transmettre aux générations futures un syndicat indépendant, libre, démocratique et clairvoyant, fidèle à ses valeurs fondatrices et apte à relever les défis de son temps.
Dans cet article traduit de l’arabe, l’auteur tire la sonnette d’alarme : la politique consistant à fuir les problèmes, par la procrastination ou la rhétorique publique non suivie d’actions concrètes, risque d’aggraver le mécontentement dans une Tunisie où le coût de la gestion des crises augmente et les possibilités de l‘endiguement des colères diminuent.
Fahem Boukaddous *
Le pays est le théâtre, ce matin, jeudi 25 décembre 2025, de mouvements de protestation simultanés à Tunis, Gabès (photo) et Redeyef, témoignant de la montée des tensions sociales et environnementales.
Dans la capitale, des personnels du secteur de l’éducation organisent un sit-in devant le ministère de l’Éducation, une action sans précédent qui rassemble neuf secteurs différents.
Parallèlement, à Gabès, un mouvement écologiste se mobilise pour exiger le démantèlement des usines polluantes, alors que se tenait, en même temps, l’audience du tribunal devant se prononcer sur cette revendication, fondée sur un large mandat populaire.
Dans la capitale, des personnels de l’éducation ont manifesté devant le ministère de l’Éducation, un mouvement exceptionnel qui a rassemblé neuf corps enseignants.
Parallèlement, à Redeyef, une marche de protestation a été organisée contre la négligence, suite à l’accident d’une infirmière brûlée dans l’exercice de ses fonctions.
L’action syndicale exceptionnelle du secteur de l’éducation, qui a réuni pour la première fois neuf secteurs différents au sein d’un même mouvement, n’aurait pas été possible sans un large mandat sectoriel exprimant une volonté collective au sein du système éducatif.
Ce mandat témoigne de l’ampleur de l’érosion de la confiance dans les réformes annoncées et dans les promesses répétées restées lettre morte. Il révèle également que la crise n’est plus seulement technique ou limitée aux revendications, mais bien structurelle, touchant au cœur même des choix de politiques publiques dans la gestion d’un secteur stratégique comme l’éducation.
À Gabès, le mouvement écologiste dépasse la logique de la protestation traditionnelle pour acquérir une dimension souveraine, puisqu’il repose sur un large mandat populaire de plus de cent mille citoyens, qui exigent explicitement le démantèlement des unités polluantes et la protection du droit à la vie et à un environnement sain.
Ce mandat populaire non seulement légitime le mouvement, mais met également le pouvoir exécutif à l’épreuve en ce qui concerne le respect de la volonté des citoyens et l’engagement envers les exigences de la justice environnementale, au lieu de simplement gérer la crise ou de la repousser.
Ce qui se passe à Redeyef nous rappelle que la négligence accumulée, notamment dans les secteurs de la santé et de l’environnement, n’est plus seulement une défaillance administrative, mais constitue une menace directe pour la sécurité des travailleurs et des citoyens. Cela révèle le lien intrinsèque entre les politiques environnementales, sanitaires et sociales, et dissipe l’illusion que chaque problème peut être traité isolément.
Le danger de la situation actuelle réside non seulement dans l’ampleur des manifestations, mais aussi dans leur caractère nécessaire. Lorsqu’un secteur entier se mobilise et que les citoyens agissent en vertu d’un large mandat populaire, ignorer ou minimiser ce phénomène revient à se déconnecter dangereusement de la réalité.
En persistant dans sa politique consistant à fuir les problèmes, par la procrastination ou une rhétorique publique non suivie d’actions concrètes, le pouvoir exécutif ne fait qu’exacerber le ressentiment et élargir le cercle du rejet.
Le mandat, qu’il soit sectoriel ou populaire, n’est pas simplement un mécanisme organisationnel, mais un message politique clair : la société n’accepte plus la gestion de crise, mais exige des solutions radicales, participatives et responsables.
Toute obstination à ignorer ce message pourrait entraîner le pays sur une voie d’escalade, où le coût de la gestion de la situation augmente et les possibilités d’endiguement diminuent, à un moment où la situation nationale ne peut supporter davantage de déni ou de report.
L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) vient de lancer à Tabarka, au nord-ouest de la Tunisie, la plateforme Fembiotec permettant un accès direct à toute source d’information en mesure de renforcer l’autonomisation économique et les connaissances dans le secteur de l’agriculture biologique en Tunisie.
L’événement a réuni près de 70 participantes et participants, parmi lesquels des femmes agricultrices ainsi que des représentants d’institutions publiques nationales, notamment la Direction générale de l’agriculture biologique (DGAB), le Centre technique de l’agriculture biologique (CTAB), le Bureau d’appui à la femme en milieu rural (BFAR) et l’Agence de vulgarisation et de formation agricoles (AVFA).
À cette occasion, la FAO a présenté la démarche ayant conduit à la conception et au développement de la plateforme Fembiotec. Cette démarche s’appuie sur une approche participative, fondée sur l’identification des besoins exprimés par les femmes en milieu rurale, la co-construction des contenus et des fonctionnalités, ainsi que l’intégration d’outils numériques adaptés aux contextes locaux.
La plateforme Fembiotec a pour objectif d’améliorer l’accès à l’information technique, aux ressources de formation, aux opportunités de mise en marché et aux réseaux professionnels, en lien avec l’agriculture biologique. Elle s’inscrit dans l’action de la FAO en faveur de systèmes agroalimentaires plus inclusifs, durables et résilients, conformément à son mandat en Tunisie.
Les échanges ont permis d’aborder les perspectives de développement de la plateforme, notamment l’enrichissement progressif des contenus, le renforcement des capacités des utilisatrices, l’élargissement à d’autres régions et filières, ainsi que les possibilités de synergies avec des initiatives nationales et internationales liées à l’agroécologie et à la biodiversité.
Le lancement de la plateforme Fembiotec illustre l’importance d’intégrer les besoins et les savoirs des femmes en milieu rurale dans les processus d’innovation agricole.
En facilitant l’accès à l’information et aux réseaux, cette initiative contribue aux efforts visant à soutenir des moyens de subsistance durables et inclusifs.
La FAO poursuivra son accompagnement technique dans le cadre de la mise en œuvre de Fembiotec, en coordination avec les partenaires institutionnels concernés.
Les prochaines étapes porteront notamment sur le suivi de l’utilisation de la plateforme, l’adaptation continue des contenus et l’exploration de complémentarités avec d’autres programmes soutenant le développement rural durable en Tunisie.
Commentant la condamnation de Mondher Zenaidi par contumace à 19 ans de prison, avec exécution immédiate, le Centre pour le respect des libertés et des droits de l’homme (CRLDHT) a estimé, dans un communiqué publié mercredi 24 décembre 2025, que cette condamnation est «grotesque» car elle n’est pas «proportionnée à des faits, puisqu’ils sont inexistants, ni même aux éléments à décharge pourtant manifestes dans le dossier.»
L’organisation tunisienne basée à Paris a aussi qualifié la longue liste d’accusations à la base de cette condamnation d’«absurde». Et d’énumérer le «cocktail d’infractions fourre-tout, devenu la norme dans les procès politiques» :
«- Constitution d’une entente terroriste en lien avec des crimes terroristes ; fourniture de fonds, matériel, moyens de transport, documents, sites électroniques, au profit d’une organisation terroriste.
«- Publication ou transmission d’informations sensibles au bénéfice de groupes terroristes.
«- Complot en vue de commettre des attentats contre les personnes et les biens.
«- Complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État.
«- Incitation à la violence, à la guerre civile, à la division nationale.
«- Expression d’un avis favorable à un complot contre la sécurité intérieure.
«- Nuisance délibérée via les réseaux de télécommunication.
«- Utilisation des réseaux numériques pour produire et diffuser de fausses rumeurs, documents falsifiés ou attribués à autrui, dans l’objectif de porter atteinte à la sûreté publique et semer la terreur.»
Tout en réaffirmant son soutien à l’ancien ministre (sous Ben Ali) et ancien candidat à la présidentielle de 2014, le CRLDHT a dénoncé «l’exclusion politique», les «détentions arbitraires» et les «violations du droit à un procès équitable.»
Lors de son entretien, mercredi 24 décembre 2025, au palais de Carthage, avec la cheffe du gouvernement, Sarra Zaafrani Zenzeri, le président de la République, Kais Saïed, s’en est pris, comme à son habitude, aux «conspirateurs qui continuent de cibler la Tunisie», tout en rendant hommage au peuple tunisien pour sa conscience élevée et la maturité dont il fait preuve, et qui constitue, selon le communiqué du Palais de Carthage, un «rempart inexpugnable» face aux manœuvres des parties ayant choisi la duplicité.
Latif Belhedi
Depuis son accession à la magistrature suprême en 2019, le locataire du palais a toujours fustigé des «conspirateurs ennemis du peuple» qu’il n’a jamais clairement nommés, laissant entendre qu’il désigne ainsi ses opposants, dont plusieurs dizaines sont incarcérés et poursuivis pour des délits aussi graves que l’atteinte à la sûreté de l’Etat.
Hier, Saïed s’en est pris aussi, pour énième fois, aux responsables de ce même Etat qui ne servent pas loyalement le citoyen, les menaçant d’une «réplique qui ne serait pas un simple discours ou un simple communiqué.» Une réplique qui, a-t-il expliqué, aura nécessairement un impact sur la réalité, afin de concrétiser les objectifs de la révolution en matière d’emploi, de liberté et de dignité nationale.
«Plébiscite populaire» et «gifle historique»
Le chef de l’Etat a souligné, dans ce même contexte, la nécessité de «passer à la vitesse supérieure dans les différents domaines», notamment, après les manifestations 17 décembre dernier organisées en soutien à sa personne et au processus politique qu’il a initié en proclamant l’état d’exception, le 25 juillet 2021, y voyant «un plébiscite populaire», à travers lequel les Tunisiens, toutes franges confondues, ont infligé «une gifle historique» à l’endroit des «conspirateurs ennemis du peuple».
«Passer à la vitesse supérieure», a dit le président, et il était temps, six ans après son accession à la magistrature suprême, mais il reste à savoir dans quel domaine : celui de la relance économique et de l’amélioration du niveau de vie des Tunisiens, ou celui de la lutte contre les conspirateurs et les opposants ?
Selon le communiqué, le président Saïed a promis de répondre aux attentes des citoyens dans le cadre d’une vision globale qui rompt frontalement avec les solutions sectorielles. En rappelant qu’un bon responsable est celui qui fait prévaloir l’intérêt de la patrie sur toute autre considération et qui veille scrupuleusement à la préservation de la souveraineté nationale.
Ce «bon responsable» doit aussi, a-t-il poursuivi, faire preuve d’intégrité et de loyauté, et ne ménager aucun effort pour aplanir les difficultés auxquelles fait face le citoyen.
La relance se fait attendre
Ce sont là, bien sûr, des orientations politiques et des recommandations un peu trop générales que la cheffe de gouvernement et son équipe sont censées traduire en programmes et en actions concrètes. Mais c’est là, justement, où le bât blesse, car, la situation générale dans le pays ne donne toujours pas l’impression d’évoluer dans le sens de la relance économique, de la création d’emplois, de l’amélioration du niveau de vie des citoyens et du retour de la confiance en l’avenir. Et, face au désespoir et au désarroi ambiants, Mme Zaafrani Zenzeri maintient un silence inquiétant. N’a-t-elle rien à dire et à expliquer aux Tunisiens, en dehors des communiqués soporifiques diffusés après chaque conseil ministériel aux thématiques ennuyeusement vides et redondantes, où l’on parle de visions, de stratégies et de plans, dont la réalisation est souvent renvoyée aux années… 2050.
La Syndicale indépendante des réalisateurs et producteurs a publié, mercredi 24 décembre 2025, le communiqué que nous reproduisons ci-dessous où elle dénonce «les dysfonctionnements organisationnels et les manquements administratifs» qui ont entaché la 36e édition des Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) qui se sont tenues du 13 au 21 décembre à Tunis.
Depuis sa création, les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC) se sont toujours voulues un bien collectif appartenant aux professionnels du cinéma, fondées sur le principe d’une participation effective des associations cinématographiques et des structures professionnelles à leur gouvernance et à la définition de leur vision. Elles n’ont jamais été conçues comme une institution bureaucratique pilotée d’en haut, mais sont nées dans le giron des ciné-clubs, en tant qu’espace de résistance et de liberté, célébrant le cinéma du Sud, défendant les causes de la libération et de la justice, et plaçant l’art au service de la conscience et de l’émancipation.
Dans cette continuité, tout écart à ce principe de cogestion, tout effacement de ces structures constitutives, constitue une trahison manifeste de l’esprit fondateur du festival.
Cela étant dit, les dysfonctionnements organisationnels et les manquements administratifs ayant entaché la présente édition ne sauraient occulter les réelles avancées artistiques qu’elle a également portées : une programmation de grande qualité, un renouveau de la cinéphilie, une forte mobilisation du public, ainsi qu’un engagement clair en faveur d’une identité arabo-africaine dans le choix des œuvres. Ces acquis méritent d’être consolidés, non compromis par les défaillances de gestion.
Parmi les manifestations les plus criantes de ce désordre figure l’attribution exclusive au Centre national du cinéma et de l’image (CNCI) de la charge logistique, sans véritable articulation avec la vision artistique, ayant engendré confusion et désarroi au détriment de la réputation même du festival.
De même, la cérémonie de clôture, marquée par l’absence des jurys et le refus de communiquer leurs rapports au public, a offert un triste exemple de prise de décision unilatérale et d’une propension aux célébrations superficielles, en totale contradiction avec l’âme militante des JCC.
C’est pourquoi nous appelons à une évaluation sérieuse, globale et transparente, réunissant toutes les associations cinématographiques, les structures professionnelles et les acteurs authentiques du secteur, afin de reconstruire les JCC sur leurs fondations historiques : un véritable phare artistique et intellectuel, affranchi de toute tutelle, et jamais réduit à un instrument au service d’un agenda étranger à sa vocation culturelle et émancipatrice.
Chaque nouveau recueil de poésie de Tahar Bekri reste un véritable évènement littéraire. Alors que l’on assiste, chez nous, au tarissement des vocations et à la raréfaction des œuvres poétiques en langue française, notre poète reste constant, toujours fidèle à ses lecteurs, aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. Auteur d’une trentaine d’ouvrages, essentiellement, des recueils de poésie, souvent traduits en plusieurs langues, il a toujours été à l’écoute de son état d’âme et des troublantes questions qui secouent son époque.
Salah Gharbi *
Bilingue confirmée, fort d’une double culture, ce «citoyen du monde», comme il aime à se présenter, n’a jamais cessé de nous surprendre, nous étonner et nous enchanter avec sa voix qui s’élève, tantôt pour chanter Gaza, la meurtrie, dans ‘‘Salam Gaza’’ (El Manar), ou pour célébrer le Printemps arabe, dans ‘‘Je te nomme Tunisie’’ (El Manar), tantôt, pour nous parler de l’Homme dans tous ses états ou pour se laisser enivrer par les merveilles de la nature.
Et dans chacune des multiples œuvres de Bekri, on est, toujours, surpris et séduit, aussi par les associations inattendues des images et les mélodieux versets, que par l’association des mots insolites. Avec lui, on est, souvent, dans la suggestion, dans une sorte d’écriture qui privilégie l’ellipse. On retrouve chez lui cette sobriété verbale qui fait échos à un grand poète comme Saint-John Perse qui dans ‘‘Vents’’ nous exhorte à la «purification», à écrire dans langue qui se veut âpre, et essentielle. «S’émacier, s’émacier jusqu’à l’os ! Parole de vivant !» (Cf. ‘‘Vents’’, Gallimard, 1940).
Le fleuve à rebours
Pour notre poète, l’année 2025 a été une année féconde avec la publication de deux recueils ‘‘Le battement des années’’ et ‘‘Mon pays, le braise et la brûlure’’, parus, comme la plupart des œuvres de Bekri, aux éditions El Manar et Edern, avec des couvertures éminemment illustrées par les peintures d’Annick Le Thoër.
Dans ces deux recueils, septuagénaire, notre poète s’arrête pour regarder derrière lui et se met à méditer sur la fuite du temps, cherchant à sauver de l’oubli le souvenir des moments, de lieux ou des êtres qui ont croisé, un jour, son chemin.
Il s’agit de remonter «le fleuve à rebours», de faire, en quelque sorte, un voyage à contre-courant, «à la recherche du temps perdu».
Ainsi, face au passage inéluctable du temps, le poète jette un regard lucide sur le vécu, fait le bilan d’un long parcours, cherchant à lui donner du sens, à en dénicher la quintessence et à lui redonner vie. Chez lui, il n’y ni regret ni trop de nostalgie, rien qu’une tentative de sublimer le temps qui fuit.
Pour évoquer un moment aussi solennel, le ton, à la fois grave et mélodieux, donne à la succession des tableaux vivants une certaine saveur exquise et une vitalité assurée par la présence du «tu» qui donne du sens au parcours du «je». Aussitôt, le voyage à rebours devient un chant qui exalte le partage, la complicité et la constance malgré les aléas de la vie.
Au centre de toutes ces réminiscences, l’image obsédante de Paris trône. C’est elle qui alimente l’imaginaire du poète. Chez elle, tout est source d’inspiration. Ainsi, bastion de création culturelle, elle est synonyme de dynamisme, avec son histoire, ses monuments, ses rues, ses mirobolants paysages changeant à travers les saisons. Rien n’échappe aux souvenirs parisiens de notre poète, ni les lieux et leurs les atmosphères, ni les êtres qu’on y a croisés, ni la végétation, ni les sons et les odeurs…
Pour notre poète, un tel voyage dans le temps serait incomplet et injuste à l’égard de deux autres endroits qui lui sont chers. Il s’agit de la Bretagne, dont il trouve du plaisir à évoquer les moments passés au bord de la mer, mais aussi de Gabès, sa ville natale, dont l’émouvant souvenir se traduit à travers le ton nostalgique du récit.
Une poésie frondeuse
Cette tentation de trouver refuge dans le passé semble obsédait tellement notre poète que, quelques mois après la parution de ‘‘Battements…’’, il se décide à nous convier à remonter encore plus le temps pour être témoins des deux premières décennies de sa vie. Et nous voilà, avec le nouveau recueil, ‘‘Mon pays, la braise et la brûlure’’, (Ed. Al Manar), plongé dans un univers où la vive nostalgie côtoie la mélancolie et où l’émotion domine traduisant le degré d’attachement du poète à cette terre qui l’avait vu naître.
Certes, parfois, il arrive que le ton soit marqué par l’amertume, dès que le poète évoque les injustices subies alors qu’il était étudiant militant. Alors, la poésie devient frondeuse fustigeant l’arbitraire et l’injustice et exprimant cette soif de justice et de liberté pour lesquelles il s’était battu.
«Vers la prison du 9 avril
Ensuite vers Borj Erroumi dit le Nadhour
La cellule et le petit coin
Tu connaîtras Habib et Habib et Sliman
Fèves avec bestioles dans la gamelle.»
Néanmoins, malgré ces épisodes peu joyeux du passé, on sent à travers cette évocation du pays, le cœur du poète vibrer pour sa Tunisie. Et le voilà notre poète qui prête la voix à l’enfant qui est en lui pour nous restitue, avec beaucoup de tendresse et de nostalgie, des pans d’une vie mouvementée.
Dans cette double rétrospective, réussit à relever un défi, celui de se saisir du thème de la «fuite du temps», pour lui donne un accent particulier. Son souci est d’insuffler à ce thème universel, un souffle nouveau.
Ainsi, dans les deux recueils, on ressent chez Bekri, cette exigence qui consiste à surprendre le lecteur, à l’étonner et l’enchanter en multipliant les associations des images insolites, en renouvelant les jeux de sonorités, et transformant les versets en tableaux frétillants de vie.
‘‘Le battement des années’’, éd. Al Manar, Paris, 2025.
‘‘Mon pays, la braise et la brûlure’’, éd. Asmodée Edern, Paris 2025.
Certains spécialistes du textile estiment que la Tunisie n’a pas la compétence nécessaire pour monter en gamme et que la main d’œuvre locale est relativement chère par rapport à plusieurs pays concurrents en Asie. C’est là une vérité partielle, car toutes les conditions existent dans notre pays pour assurer une production qui satisfait les exigences internationales.
Nouredine Ben Mansour *
En fait, certains soi-disant des spécialistes ne connaissent pas les vrais problèmes de la branche et encore moins la réalité du pays. Les analyses faites en Europe sans la participation des opérateurs et stratèges locaux aboutissent à des vues théoriques pleines de suppositions et de scénarios parfois inopérants.
C’est grâce à l’intervention opportune de l’Etat que l’industrie textile a pris un certain élan en Tunisie. Et c’est aussi l’Etat qui a mis en place un mécanisme de modernisation du secteur pour améliorer sa compétitivité et assurer sa pérennité. Des sommes colossales ont été mises à la disposition des industriels sous formes d’appui et d’encouragement, qui ont permis de redresser la situation de nombreuses entreprises. Les bases de la mise à niveau ayant ainsi été mises en place, c’est l’action des chefs d’entreprises qui a fait le reste en modernisant les méthodes et les process de production dans les entreprises. Cette intervention publique s’est arrêtée nette depuis 2011 dans tous les secteurs de l’industrie. La suite on la connaît.
De nouvelles voies
Les chefs d’entreprises assument eux aussi une grande partie de la responsabilité dans les difficultés de leurs entreprises, car ils n’ont pas réagi à temps pour répondre aux défis posés par la concurrence internationale. Ils se contentaient d’agiter la «menace» du textile chinois sans élaborer ni mettre en œuvre des réponses adéquates pour y faire face. Aujourd’hui, il n’y a plus de «menace» du textile chinois qui a déjà occupé des positions importantes, notamment sur le marché européen qui, faut-il le rappeler, est le principal débouché produits tunisiens.
Là où nous en sommes aujourd’hui, il s’agit de revoir radicalement le modèle suivi jusque-là par cette industrie basée essentiellement sur la sous-traitance.
Il est plus réaliste aussi de suivre le développement du secteur non pas en termes d’évolution du chiffre d’affaires (qui est ô combien trompeur) mais en termes de volumes et de pièces exportées chaque année, sans perdre de vue l’évolution du taux de change.
Ces indicateurs de mesure sont plus sûrs et donnent une vue plus précise de l’évolution quantitative et qualitative du secteur.
Le textile tunisien est obligé d’emprunter de nouvelles voies pour assurer sa pérennité. Il doit éviter de se bloquer dans le concept classique de filière et d’être plus attentif aux besoins des différents marchés. Il sera sauvé par une nouvelle dynamique commerciale qui accroît ses exportations. Et par l’amélioration de la valeur compétitive de ses ressources humaines grâce à une meilleure formation sur les nouvelles technologies.
Autres axes stratégiques pour développer cette industrie : l’innovation pour créer de nouveaux produits plus adaptés aux besoins évolutifs du marché et la modernisation de la chaine logistique qui laisse beaucoup à désirer.
Marketing moderne
Face à un consommateur qui devient de plus en plus imperméable à la publicité de tapage et de matraquage, il s’agit aussi de moderniser les méthodes de marketing pour cibler plus directement les clients et de voir s’il faut raisonner en termes de produits, de créneaux ou de prix ?
Actuellement une nouvelle tendance de publicité et de communication a pris le devant. Ce sont les blogs animés par des influenceurs et influenceuses, qui sont plus proches des consommateurs et dictent les tendances de la mode surtout auprès des jeunes. Ces indicateurs de tendances apportent une approche marketing différente, simple, diversifiée et souvent efficace.
Pour faire face à la concurrence chinoise en matière de textile, l’entreprise tunisienne est censée s’éloigner de la production de masse, à diversifier sa production et à se spécialiser dans des micro-segments porteurs et à plus forte valeur ajoutée, qui demandent un savoir-faire particulier et une main d’œuvre très qualifiée.
Bref, la recherche et développement, le marketing offensif et la délocalisation d’une partie de la production, y compris en Chine, font partie d’une stratégie de relance de l’industrie textile tunisienne.
* Conseiller en logistique et commerce international.
Le secteur du textile en Tunisie a réussi à résister et à préserver ses performances au cours des trois dernières années, malgré un contexte économique difficile et les fluctuations géopolitiques mondiales, démontrant ainsi sa capacité de résilience et sa pérennité. Cependant, ce pilier historique de l’industrie tunisienne doit faire face à des défis majeurs qui menacent son développement et le maintien de son positionnement sur le plan international.
C’est ce qu’a indiqué le président de la Fédération tunisienne du textile et de l’habillement (FTTH), Haythem Bouajila, au micro d’Expresso sur Express FM, mardi 23 décembre 2025, ajoutant que ce secteur est essentiellement tourné vers l’exportation, avec un taux d’entreprises totalement exportatrices compris entre 85 % et 88 %, qu’il repose sur une forte valeur ajoutée, dans le cadre d’une stratégie axée sur la croissance, la conquête de nouveaux marchés et l’adoption des technologies modernes.
En revanche, Bouajila a mis en garde contre des facteurs qu’il a qualifiés de «secondaires», mais qui menacent l’existence des entreprises et des milliers d’emplois : entraves bureaucratiques, accès difficile au financement, cadre législatif et réglementaire contraignant et obsolète, instabilité fiscale, prix élevé de l’énergie, marché informel, exacerbation de la concurrence mondiale…
Il a également exprimé son étonnement face à la non-ratification, à ce jour, de la convention des règles d’origine euro-méditerranéennes, laquelle prévoit des exonérations douanières et offre des avantages majeurs aux industries tunisiennes. Ce qui risque d’assujettir les exportations tunisiennes, y compris les produits textiles, à des droits de douane de 12 % à partir de janvier 2026, en raison de l’absence de certificats d’origine, réduisant ainsi la marge bénéficiaire à moins de 10 %. Cette charge supplémentaire portera atteinte à la compétitivité du secteur et nuira au climat de confiance avec les partenaires étrangers, a averti Bouajila en appelant les autorités (gouvernement et assemblée) à accélérer la gestion de ce dossier, en rappelant que la Fédération a contacté l’autorité de tutelle à ce sujet sans obtenir de réponse à ce jour.
Malgré tous ces défis, le secteur du textile a réalisé des exportations d’une valeur de 3 milliards d’euros, soit environ 10 milliards de dinars, au cours des années 2023, 2024 et 2025, en plus d’échanges internes estimés à 4,5 milliards de dinars, a rappelé Bouajila.
La chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme du tribunal de première instance de Tunis a rejeté la demande de libération provisoire de l’ancien procureur général de la république Bechir Akremi, accusé de «faux, possession et usage de faux» en lien avec l’affaire de l’assassinat de l’ancien dirigeant de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2013.
L’enquête sur cette affaire a été ouverte suite à une plainte déposée par le collectif de défense de Belaid, dans laquelle il accusait Akremi d’avoir manipulé le dossier de l’affaire et falsifié des documents y afférents.
Akremi, qui était suspecté d’accointance sinon d’allégeance au mouvement islamiste Ennahdha, associé au pouvoir en Tunisie entre 2011 et 2021, est poursuivi dans plusieurs affaires à caractère terroriste. Ses adversaires l’accusent d’avoir cherché à blanchir certains dirigeants de la mouvance islamiste, qu’il s’agisse d’Ennahdha ou de l’organisation Ansar Charia, classée terroriste, qui seraient impliqués dans des actes terroristes.
Ces accusations sont rejetées en bloc par les avocats du prévenu, lequel affirme, pour sa part, avoir géré les dossiers qui lui étaient confiés selon les règles et les procédures en vigueur, ajoutant que les décisions judiciaires ne dépendent pas seulement du procureur de la république mais qu’elles sont l’aboutissement d’un long processus où sont impliqués, simultanément ou successivement, plusieurs juges.
La Chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis a rejeté mardi 23 décembre 2025 toutes les demandes de mise en liberté provisoire des accusés dans l’affaire liée au décès de l’ancien député et homme d’affaires Jilani Daboussi.
Les demandes ont été déposées par les avocats du vice-président du mouvement Ennahdha, Mondher Ounissi, de l’ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, d’un ancien médecin de la prison civile de Mornaguia et d’un ancien procureur général retraité de la Cour d’appel de Tunis, qui sont également impliqués.
Les avocats de la défense ont plaidé des questions de procédure avant de déposer des requêtes en libération des détenus et de demander un report afin de mieux préparer la défense.
Cependant, le tribunal a rejeté ces requêtes et a fixé la date du procès au 26 décembre, rapporte Diwan FM, citant une source judiciaire.
Rappelons que le Dr Jilani Daboussi est un ancien député et maire de Tabarka qui a été emprisonné au lendemain de la révolution tunisienne de 2011 et poursuivi dans des affaires de corruption.
Atteint de plusieurs maladies chroniques dont une insuffisance rénale nécessitant des séances de dialyse, son état s’est beaucoup détérioré en prison où il ne reçut pas les soins exigés par son état. Il mourut quelques heures après avoir bénéficié d’une liberté provisoire.
Sa famille a déposé plainte contre les autorités et, notamment, les responsables qui étaient directement impliqués, selon eux, dans le sort réservé au détenu malade.