Zéro pub, pas de département marketing… et pourtant cette marque reste la plus chère au monde
Hermès adopte une approche radicalement différente: la maison française ne possède pas de département marketing traditionnel. Cette singularité, loin d’être une faiblesse, est devenue l’un des piliers de sa stratégie de prestige mondial et de désirabilité intense.
Depuis sa création en 1837, Hermès a construit sa réputation sur un mantra simple mais puissant : «le produit parle pour lui‑même». Jean‑Louis Dumas, ancien PDG, l’avait résumé ainsi : «Nous n’avons pas de politique d’image ; nous avons une politique de produit».
Contrairement à la plupart des marques de luxe qui disposent d’équipes dédiées à l’analyse des marchés, aux campagnes publicitaires ou aux stratégies digitales agressives, Hermès refuse de créer un département marketing centralisé. Selon plusieurs analyses sectorielles, la maison ne cherche pas à manipuler ses clients ni à multiplier les messages promotionnels.
À la place, la maison emploie une équipe de communication chargée de la relation avec la presse et des achats médias, ainsi qu’une équipe créative qui conçoit les campagnes saisonnières. Mais ces fonctions ne s’apparentent pas à un marketing traditionnel avec ciblage, études de marché ou publicité de masse.
Anti‑marketing
Pierre‑Alexis Dumas, directeur artistique chez Hermès, l’a confirmé lors d’une interview : « C’est une idée diabolique issue de personnes obsédées par le marketing. Nous n’avons pas de département marketing. Ce que nous avons, nous le mettons en magasin, et ça part».
Cette approche est parfois qualifiée par les experts de « marketing paradoxal ». L’idée n’est pas d’éviter toute communication, mais de la transformer. Ainsi, chaque initiative — qu’il s’agisse de vitrines poétiques, d’expositions artisanales ou d’événements créatifs — est pensée comme une extension du récit Hermès, pas comme une publicité commerciale standard.
En refusant les campagnes traditionnelles et les égéries influenceurs, Hermès cultive une aura d’exclusivité mystérieuse. Cette stratégie fonctionne particulièrement bien pour ses produits iconiques, comme les sacs Birkin ou Kelly, qui sont souvent en demande bien supérieure à l’offre disponible.
Selon des analyses économiques du marché du luxe, cette rareté contribue à maintenir la valeur des créations Hermès — certaines pièces se vendent même plus cher sur le marché secondaire que dans les boutiques elles‑mêmes.
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