Lese-Ansicht

Es gibt neue verfügbare Artikel. Klicken Sie, um die Seite zu aktualisieren.

Saadia Mosbah ou quand la lutte antiraciste mène à la prison  

«L’injustice se répète, la douleur s’intensifie et la patience est mise à rude épreuve», a écrit Fares Gueblaoui, le fils de Saadia Mosbah, la célèbre militante antiraciste, présidente de l’association Mnemty, emprisonnée depuis plus d’un an et demi.

Fares commentait ainsi sur Facebook le rejet de la demande de libération sous caution présentée par les avocats de sa mère, lors de son procès, ouvert le 22 décembre 2025, devant le tribunal de première instance de Tunis. Lequel a finalement reporté l’audience au 26 février.

Saadia Mosbah, 65 ans, qui dirige l’association antiraciste Mnemty depuis 2013, a été arrêtée en mai 2024 et fait l’objet d’une enquête pour blanchiment d’argent et d’enrichissement illicite, délits passibles, respectivement, de 10 et 6 ans d’emprisonnement.

Mnemty a déclaré dimanche dernier, dans un communiqué, qu’elle opère en toute légalité et rejette «toute allégation de financement provenant de sources suspectes».

L’enquête ouverte l’année dernière s’est déroulée dans le contexte d’une campagne sur les réseaux sociaux visant à «associer faussement le travail en faveur des droits de l’homme à des théories du complot et à des accusations de ‘‘remplacement démographique’’», affirme-t-on dans les cercles associatifs tunisiens.

Mosbah, qui avait joué un rôle déterminant dans l’adoption, en 2018, d’une loi interdisant la discrimination raciale, est une militante engagée pour les droits des migrants subsahariens en Tunisie, notamment depuis le discours du président Kaïs Saïed en 2023, qui dénonçait les «hordes de migrants illégaux» comme une menace démographique.

Selon son avocate, Me Monia El Abed, Mosbah «souffre de maladies chroniques et ne représente aucune menace pour quiconque. Nous demandons sa libération sous caution et garantissons sa présence aux prochaines audiences.» Ces garanties n’ont pas suffi pour que les juges ordonnent sa libération sous caution. L’ancien bâtonnier, Me Chawki Tabib, qui fait partie de son collectif de défense, a quant à elle souligné que Mosbah avait dépassé la durée maximale de détention provisoire de 14 mois. «Qui réparera cette injustice ?», a-t-il demandé.

Neuf personnes sont jugées dans cette affaire, dont 8 membres de Mnemty parmi lesquels le fils de Mosbah, Fares Gueblaoui, et le propriétaire des locaux de l’ONG.

À la fin de l’audience à Tunis, Gueblaoui a demandé la permission d’embrasser sa mère avant de s’effondrer dans ses bras, provoquant une vive émotion dans la salle d’audience.

Plusieurs autres défenseurs des droits humains sont jugés en Tunisie pour avoir apporté une aide aux migrants en situation irrégulière.

Depuis l’arrivée au pouvoir du président Saïed en 2021, des figures de l’opposition et des organisations de défense des droits humains dénoncent l’érosion des droits et libertés en Tunisie, qui vient de célébrer, le 17 décembre, le 15e anniversaire de la «révolution de la liberté et de la dignité», qui avait déclenché, en son temps, le fameux «Printemps arabe» qui est aujourd’hui un champs de ruines.

I. B.

L’article Saadia Mosbah ou quand la lutte antiraciste mène à la prison   est apparu en premier sur Kapitalis.

❌