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Pour une révolution du mix énergétique en Tunisie, grâce au phosphogypse

En développant des réacteurs nucléaires à sels fondus au thorium de type MSR, que l’on peut extraire du phophogypse, disponible en quantité en Tunisie, on pourrait combiner vision stratégique, souveraineté énergétique, économie circulaire et opportunités professionnelles de haut niveau pour la jeunesse tunisienne ? (Ph. Le thorium pourrait être extrait du phosphogypse rejeté dans la mer Méditerranée par les usines du Groupe chimique tunisien).

Naâmen Bouhamed *

Au détour d’un reportage audiovisuel sur l’histoire des réacteurs nucléaires au thorium à sel fondu aux États-Unis sur Alvin Weinderg et aujourd’hui en Chine, j’ai fait appel à l’agent IA DeepSeek pour analyser les sources potentielles de thorium l’atome «Vert». Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir qu’il est possible d’extraire le thorium du phosphogypse tunisien ! D’où mon analyse sur le potentiel pour la Tunisie de créer un mix-énergétique et un écosystème à haute valeur ajouté.

Alors que la Tunisie cherche à répondre à ses défis énergétiques et environnementaux, une feuille de route ambitieuse pour les 50 prochaine années ouvre une perspective nouvelle : celle de transformer la Tunisie en un pôle d’innovation et de compétences de premier plan en Afrique et en Méditerranée. Cette vision ne promet pas seulement l’indépendance énergétique, mais aussi la création d’une génération de jeunes experts dans des secteurs de pointe.

S’affranchir des hydrocarbures et miser sur les compétences

Aujourd’hui la Tunisie est dépendante à 90% du gaz naturel importé via l’Algérie pour son électricité, alors qu’elle pourrait opérer une transition historique. La stratégie proposée reposerait sur un mix énergétique triplement décarboné associant énergies renouvelables massives et réacteurs nucléaires au thorium de type MSR. Au-delà de la production d’électricité, ce projet structurant serait conçu comme un levier de développement économique et de formation de très haut niveau.

L’intégration de réacteurs nucléaire MSR au thorium – une technologie de sécurité passive utilisant une ressource locale issue des phosphates – est au cœur de cette vision. Elle nécessitera la création d’une Agence tunisienne de l’énergie nucléaire (Aten) et d’un pôle d’instituts de formation d’excellence. Ces instituts devront former des cohortes d’étudiants en physique nucléaire, génie chimique, génie des matériaux et cybersécurité des infrastructures critiques, créant ainsi un vivier de compétences rares et recherchées en Afrique et dans le monde.

La maîtrise de la technologie du thorium n’est pas qu’une question technique, c’est un projet de société qui peut captiver et retenir nos meilleurs cerveaux, en leur offrant des carrières passionnantes et d’avenir ici, en Tunisie.

Le phosphogypse, un «déchet» transformable

Le véritable catalyseur de cette mutation est la valorisation du phosphogypse, ce résidu minier problématique disponible en quantité à Sfax et Gabès depuis plus d’une cinquantaine d’années et qui cause des désagréments environnementaux et sanitaires. Lancer un plan «Programme de palorisation» (2025-2040) proposerait d’en extraire du thorium, des terres rares, du soufre, et d’en faire des matériaux de construction. Cette économie circulaire à grande échelle s’appuiera sur la création de centres d’excellence à Gabès et Sfax, dédiés aux matériaux innovants et à la chimie des terres rares.

Ces centres formeront les ingénieurs, techniciens et chercheurs nécessaires à cette nouvelle industrie, générant à terme 5 000 à 10 000 emplois directs et indirects, qualifiés et non-délocalisables.

Nous parlons de chimie verte, de modélisation environnementale, de pilotage d’installations complexes… Ce sont des métiers d’avenir qui répondront aux aspirations d’une jeunesse diplômée et en quête de défis.

Former une génération de leaders énergétiques

La feuille de route progressive permettrait à la Tunisie de maîtriser cette chaîne de valeur unique – de la gestion des déchets miniers à la production d’énergie décarbonée, et de devenir, ce faisant, un hub régional de formation. Elle pourrait ainsi attirer des étudiants et professionnels de toute l’Afrique et du Monde Arabe, souhaitant se spécialiser dans les technologies du futur : énergie solaire concentrée, stockage, hydrogène vert et nucléaire 100% civil de nouvelle génération au thorium à sel fondu.

En devenant un pays exportateur net d’électricité propre et d’hydrogène vers l’Europe et l’Afrique, la Tunisie n’exporterait pas seulement des molécules et des électrons, mais aussi son savoir-faire, ses normes et ses compétences. Cette ambition ferait des jeunes tunisiens non plus des demandeurs d’opportunités à l’étranger, mais des architectes de solutions pour la transition énergétique du continent.

Feuille de route pour les 50 prochaines années

La vision s’étale sur trois phases dont la durée peut être raccourcie selon les avancées enregistrées:

– 2025-2070 : fondation accélérée sur le solaire et l’éolien, renforcement des réseaux et lancement des études et de la R&D sur le thorium.

2030-2050 : construction en collaboration avec la Chine, leader mondial du secteur, d’un premier réacteur MSR démonstrateur couplé à une usine de dessalement, et développement de la filière industrielle du combustible.

– 2050-2100 : déploiement complet d’un système intégré, avec un mix visant ~50% de renouvelables, ~40% de nucléaire et ~10% de flexibilité/hydrogène, permettant des exportations d’électricité et d’hydrogène vert vers l’Europe et l’Afrique.

Pacte générationnel à conclure

Les défis restent importants : investissements colossaux, cadre réglementaire à adapter, acceptation sociale. Mais la promesse est à la hauteur des efforts.

Cette vision offre un projet de société mobilisateur, capable de transformer le «brain drain» en «brain gain» en ancrant en Tunisie des filières d’excellence à haute valeur ajoutée.

La recommandation finale est de créer une task force «Phosphogypse 2030» pour orchestrer ce projet. Sa mission irait au-delà de la planification technique : elle devrait inclure un volet éducation et formation ambitieux, en lien avec les universités et les centres de recherche Chine, Etats-Unis, Europe, Afrique…, pour garantir que cette révolution énergétique soit aussi une révolution des compétences, au bénéfice des générations de jeunes Tunisiens et de leurs homologues africains.

Le phosphogypse, pilier du développement durable

La valorisation du phosphogypse représente l’exemple parfait de l’économie circulaire appliquée à l’industrie lourde. En combinant 1.  solutions immédiates (construction) ; 2. développements à moyen terme (agriculture, chimie) ; 3. innovations stratégiques (thorium, terres rares).

La Tunisie peut transformer un problème environnemental majeur en une opportunité économique multidimensionnelle.

Cette approche nécessite une volonté politique forte, des investissements structurants et une vision à long terme intégrant recherche, industrie et développement territorial.

Recommandations : 1. créer une task force «Phosphogypse 2030» regroupant tous les acteurs (industrie, recherche, société civile) pour élaborer et mettre en œuvre un «Plan de valorisation», avec des objectifs quantifiés et des échéances précises ; 2. construire un partenariat R&D scientifique, industriel et énergétique de premier ordre avec la Chine en pointe dans le nucléaire au thorium, mais aussi par le transfert technologie extraction REE dans le traitement des terres rares, mais aussi la Suisse et l’Union européenne dans le cadre du développement Programme Horizon Europe «Critical Raw Materials».

Schéma valorisation du phosphogypse :

Source : ‘‘Exploring the potential reuse of phosphogypsum: A waste or a resource?’’,  Mohammed VI Polytechnic University.

* Consultant en développement international.

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