Le marché boursier termine la semaine sur une note d’optimisme

De l’ONTT, où elle “vendait la destination Tunisie” aux Britanniques, à la défense des océans: le parcours de Leila Ben Hassen dessine une même ligne d’horizon. Originaire de l’archipel de Kerkennah, elle a fait de la mer son moteur et sa cause. Founder& CEO de Blue Jay Communication Ltd, elle milite pour une économie bleue régulée, numérique et équitable, qui garantisse aux générations futures un droit réel à un développement durable. Avec une vision lucide et opérationnelle, elle appelle États africains et secteur privé à passer du discours à l’architecture concrète d’un modèle inclusif.
Pouvez-vous revenir sur vos débuts et sur le contexte dans lequel s’inscrit votre contribution au «Livre bleu»?
J’ai eu l’honneur d’être l’une des coauteures du «Livre bleu» intitulé «L’avenir de la main-d’œuvre dans une économie océanique durable». Ce document a été commandé par le World Resources Institute, qui assure le secrétariat du Panel de haut niveau pour une économie océanique durable (Ocean Panel), un groupe de réflexion rassemblant dix-huit chefs d’État décidés à anticiper les enjeux du changement climatique, de l’acidification des océans et de la durabilité des ressources marines. Chaque année, ce panel publie deux rapports thématiques et fait appel à des experts pour élaborer des recommandations concrètes. C’est dans ce cadre que nous avons été sollicités pour réfléchir à l’avenir de la «main-d’œuvre bleue».
Quelle était la finalité de ce rapport et en quoi sa portée dépasse-t-elle le simple diagnostic?
L’économie bleue est à un véritable tournant. Avec près de 90% du commerce mondial passant par la mer, la durabilité de sa main-d’œuvre devient un enjeu planétaire. Repenser la formation, intégrer la technologie et garantir une transition équitable et inclusive: telles sont les conditions d’une économie océanique prospère et durable. L’objectif était de dresser une cartographie mondiale des emplois liés aux secteurs océaniques, afin d’identifier les compétences nécessaires à l’horizon 2030 et 2050. L’économie bleue englobe aussi bien les secteurs traditionnels: pêche, aquaculture, transport maritime, tourisme, que des domaines émergents comme la R&D, l’intelligence artificielle, la communication ou la gouvernance environnementale. Même dans des filières historiques, comme le transport maritime, les mutations sont profondes: digitalisation, innovations écoresponsables, nouveaux matériaux… Chaque avancée technologique engendre de nouveaux métiers et impose une adaptation continue des compétences à l’échelle mondiale.
Comment avez-vous structuré votre travail et quelles ont été les grandes étapes de la recherche?
Nous étions trois coauteurs, deux Américains et moi-même en tant qu’experte africaine, et avons structuré le rapport en trois volets. D’abord, une évaluation mondiale de la main-d’œuvre bleue; ensuite, une analyse prospective menée avec des experts internationaux pour anticiper les besoins et mutations à venir; enfin, une vision stratégique à l’horizon 2030 et 2050, assortie de recommandations concrètes pour une transition durable et inclusive. En effet, la neutralité carbone ne pourra être atteinte qu’avec des travailleurs formés, stables et en bonne santé: la durabilité commence par l’humain. Le principal obstacle reste l’absence de données fiables. Sans base de référence solide, il est impossible de planifier. Peu de pays disposent d’«OceanAccounts» intégrant les dimensions économiques, sociales et environnementales des océans. Entre réticence à partager l’information, manque d’accès numérique et déficit de volonté politique, la transparence demeure un défi majeur, pourtant essentiel pour anticiper les compétences de demain.
Peut-on déjà affirmer qu’avec la transition vers une économie bleue durable, certains métiers vont disparaître tandis que d’autres émergeront? Et dans ce contexte, quel rôle les entreprises peuvent-elles jouer en matière de reconversion professionnelle?
Le secteur privé a une responsabilité essentielle dans la transformation de la main-d’œuvre bleue. Ce sont les grandes entreprises qui impulsent le changement, car elles constituent le moteur de l’économie mondiale. Leur rôle ne se limite pas à créer de l’emploi: elles doivent incarner la durabilité, être transparentes dans leur politique ESG (Environnement, Social, Gouvernance) et partager les données relatives à leur impact. La durabilité commence à l’intérieur même de l’entreprise. La transformation doit se faire à tous les niveaux. Face à l’innovation, à l’intelligence artificielle et aux défis climatiques, les entreprises doivent adapter en permanence les compétences de leurs équipes par la formation, le perfectionnement et la reconversion. L’IA n’est pas une menace, mais un levier d’efficacité qui libère du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée. Investir dans le capital humain n’est pas un coût, c’est une stratégie d’avenir. Aujourd’hui, l’économie océanique formelle emploie 133 millions de personnes dans le monde.
Mais d’ici 2050, nous faisons face à un véritable tournant:
* Dans un scénario d’océan durable, l’emploi pourrait augmenter de 51 millions, pour atteindre 184 millions de postes.
* Dans un scénario de transition bloquée, si les progrès ralentissent ou s’interrompent, nous pourrions perdre 40 millions d’emplois, ramenant le total à seulement 91 millions.
Les choix que nous faisons aujourd’hui détermineront si l’économie océanique de 2050 sera durable, équitable et réellement au service de tous.
Au-delà des entreprises et des gouvernements, quels autres acteurs peuvent contribuer à cette transition?
Les organisations intergouvernementales, comme l’Organisation internationale du travail (OIT), ont un rôle clé à jouer. Elles contribuent à façonner l’avenir de la main-d’œuvre mondiale et à harmoniser les politiques d’emploi durable.
Les ONG et la société civile, quant à elles, sont des partenaires indispensables: elles sont sur le terrain, au contact direct des communautés côtières, et peuvent remonter des informations précieuses aux décideurs. Leur expérience concrète doit nourrir les politiques publiques et les stratégies privées. Les institutions financières jouent également un rôle déterminant: elles orientent les flux de capitaux et peuvent accélérer ou freiner la transition bleue. En conditionnant les investissements à des critères de durabilité, elles ont le pouvoir d’imposer des normes, de réduire les risques et de financer des projets réellement transformateurs.
Et le monde académique dans tout cela?
Le rôle du monde académique est essentiel. Notre rapport révèle un écart profond entre la formation et les besoins réels et futurs du marché. Les programmes doivent être repensés et la collaboration renforcée entre gouvernements, entreprises, institutions et société civile pour bâtir une main-d’œuvre bleue résiliente, qualifiée et capable de répondre aux défis de 2030 et 2050. En Afrique, plusieurs universités maritimes notamment en Afrique du Sud, au Ghana, au Kenya ou encore en Tunisie collaborent de plus en plus avec les ministères, les acteurs industriels, les autorités portuaires et les ONG. Elles développent des programmes sur la sécurité maritime, l’économie bleue, la gestion des pêches, l’observation des océans et la logistique portuaire.
Une telle coopération ne peut pas naître spontanément, elle doit être impulsée. Selon vous, qui doit prendre le leadership dans cette collaboration nécessaire à la réussite de la transition bleue?
Pour moi, tout commence par les règles et cadres réglementaires. Gouvernements, secteur privé, organisations internationales et société civile doivent agir. Sans loi, la bonne volonté seule ne suffit pas. Lorsque les règles existent et sont appliquées, tout se structure naturellement. Les gouvernements et institutions internationales jouent donc un rôle central. Les Nations unies, par exemple, ont fixé 17 Objectifs de développement durable. Mais les atteindre suppose de créer des espaces de collaboration et de réunir tous les acteurs autour d’une même table. Des initiatives existent, mais elles restent fragmentées. Il faut désormais une coordination institutionnelle forte pour donner une direction claire et fédérer les énergies. L’océan est un espace partagé par une multitude d’acteurs: transport maritime, pêche, tourisme, exploitation offshore du pétrole et du gaz, sans oublier l’essor rapide des énergies marines renouvelables comme l’éolien en mer. Sans règles claires, outils de gouvernance et cadres réglementaires solides, ces activités risquent d’entrer en concurrence, de se chevaucher et de dégrader les écosystèmes dont elles dépendent. Protéger la biodiversité marine devient alors impossible sans une gestion durable et structurée des ressources océaniques. La bonne nouvelle, c’est que les outils existent déjà: la planification de l’espace maritime (MSP), les aires marines protégées (AMP) et les plans océaniques durables (SOP). L’enjeu aujourd’hui n’est pas d’en créer de nouveaux, mais de s’assurer qu’ils sont effectivement appliqués, respectés et régulièrement suivis. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons garantir une économie bleue équilibrée, productive et réellement durable.
Vous défendez une «transition bleue» réellement inclusive. Comment la rendre concrète, notamment pour les femmes?
La durabilité exige l’inclusion; pourtant, les femmes représentent moins de 2% des emplois maritimes. L’économie bleue n’est pas qu’une affaire de technologies ou d’échanges, elle est d’abord humaine. Il faut agir sur plusieurs leviers: encourager les candidatures féminines, lever les freins pratiques et culturels, mobiliser les institutions pour sensibiliser et valoriser celles qui sont déjà dans la filière. Des avancées existent, mais elles restent insuffisantes. Donnons aux femmes toute leur place dans cette économie d’avenir. Investir dans les compétences et le bien-être, c’est investir dans le futur. Aux gouvernements d’installer un cadre incitatif; aux entreprises d’ancrer la performance dans l’ESG. Le rapport rappelle aussi les «femmes invisibles» de la pêche et de l’aquaculture, souvent sans statut ni protection. Les reconnaître, c’est les intégrer à l’économie formelle et renforcer la résilience du secteur. Aucune transition durable ne peut s’écrire en excluant la moitié de l’humanité. Selon la FAO, formaliser les femmes de la pêche et de l’aquaculture pourrait augmenter la productivité des filières de 20 à 30%. L’inclusion n’est pas un slogan: c’est un levier économique.
Si vous deviez aujourd’hui recommander trois priorités stratégiques aux gouvernements et aux entreprises africaines pour accélérer le développement de l’économie bleue, quelles seraient-elles?
D’abord, digitaliser les infrastructures pour que les communautés locales accèdent équitablement à l’information et aux opportunités de l’économie bleue. Ensuite, assurer une transition réellement inclusive en replaçant la durabilité, souvent perçue comme une contrainte, dans son rôle de nécessité économique et sociale. Pour piloter l’action, des politiques fondées sur des données fiables et transparentes sont indispensables, avec la mobilisation d’OceanAccounts pour bâtir des stratégies robustes. À court terme, l’investissement prioritaire va à l’éducation et à la formation; à plus long terme, la finance bleue doit devenir le levier central de projets durables et inclusifs. La transition doit garantir que personne ne soit laissé de côté. Il ne s’agit pas seulement d’emplois, mais de personnes, de prospérité et de planète.
Propos recueillis par
Sahar Mechri & Sana Ouji Brahem
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La transformation digitale n’est plus une simple tendance, mais une réalité profonde qui bouleverse l’industrie du voyage. Au cœur de cette métamorphose, Amadeus se positionne comme un acteur stratégique, non seulement en tant que fournisseur de technologie, mais également en tant que partenaire essentiel de l’écosystème.
Un événement majeur a été organisé le 9 décembre à Tunis pour débattre autour du thème «L’écosystème du voyage au cœur de la transformation digitale». Il s’est tenu en présence des premiers responsables d’Amadeus IT Group dont Jamel Chandoul (vice-président – Travel Sellers META & EMEA Partner Markets) et Fakher Ben Saïd, chargé de la direction générale d’Amadeus Tunisie, ainsi que des partenaires locaux comme le président de la FTAV, Ahmed Bettaieb.

Cet événement a permis de décortiquer la stratégie ambitieuse d’Amadeus. L’objectif était de révéler comment l’entreprise et ses partenaires se préparent à un avenir dominé par la personnalisation, l’IA et l’expérience « sans friction » pour le voyageur. Fakher Ben Saïd a clairement exposé la stratégie de l’entreprise, qui s’articule autour de trois pôles principaux : produits, formation et offre commerciale.

Fakher Ben Said, chargé de la direction générale d’Amadeus Tunisie
L’innovation au centre des priorités
L’innovation produit est au centre des priorités d’Amadeus. L’objectif est l’accélération du standard NDC-X (New Distribution Capability), devenu « crucial, car il permet de Splitter l’offre (siège, bagage, lounge, etc.), transformant les compagnies en Retailers (détaillants) », comme l’a souligné Jamel Chandoul.

Jamel Chandoul, vice-président d’Amadeus IT Group.
En parallèle, Amadeus promeut activement les solutions robotiques (Amadeus Robotics) permettant l’automatisation 24/7 de tâches comme l’Auto-Ticketing, et l’offre en ligne via Amadeus Web Services et Quick Connect.
Myriam Soukouna, Products & Solutions Manager – Amadeus IT Group, a, de son côté, synthétisé les trois axes de digitalisation : l’expérience client, la digitalisation des processus et la connectivité. Elle a notamment présenté Amadeus Hey, une plateforme intelligente tout-en-un qui interagit avec les voyageurs en proposant des services personnalisés basés sur le contexte du voyage.
Créer un réservoir de compétences certifiées Amadeus
La formation est un pilier majeur pour garantir l’adoption et la maîtrise de ces nouvelles technologies. La stratégie d’Amadeus prévoit « l’intégration du module Amadeus dans le cursus universitaire et la création d’un centre de compétence End-to-End dans le but de développer un réservoir national de compétences certifiées Amadeus et créer de l’emploi qualifié. »

Les agences de voyages ont pris part en nombre à la conférence.
Nouveauté commerciale
Sur le plan commercial, un changement majeur a été annoncé. Il s’agit du passage à une tarification par package, en abandonnant la facturation par transaction. De plus, la ristourne sera révisée et calculée par palier basé sur les objectifs atteints, et non plus sur le nombre de « Bookings ». Ce modèle vise à encourager une performance globale plutôt que le simple volume de transactions.
L’IA entre opportunité et menace
La pandémie de la Covid-19 a été un puissant accélérateur, forçant la transformation du secteur et des comportements. « La Covid-19 a accéléré la transformation du secteur et des comportements des voyageurs », a confirmé Jamel Chandoul.
Le voyageur d’aujourd’hui exige une expérience « sans friction », autrement dit sans barrières stressantes, notamment à l’aéroport, ainsi que la personnalisation et la transparence des offres.
L’intelligence artificielle, nouvelle révolution et « un investissement majeur d’Amadeus. »
Les intervenants ont été unanimes à admettre que l’IA constitue « une opportunité qui force les acteurs à s’adapter et permettra de gérer la fragmentation croissante du marché. Elle augmentera également la performance des équipes », comme l’a constaté Khaled Drira, directeur général d’Active Travel lors d’un échange d’expériences inter-agences.
Fabrice Pelissier, Director Innovation and Knowledge Management Chez Amadeus IT Group, a souligné pour sa part que l’IA « accélère le cycle d’innovation en permettant la création rapide de prototypes fonctionnels.»

Fabrice Pelissier
L’IA est aussi « une menace pour les agences si elles ne s’adaptent pas, car des agents d’automatisation peuvent faire des réservations hors circuit », a cependant averti Haythem El Mir, spécialiste en cybersécurité. Khaled Drira a reconnu que le secteur « est confronté à une menace réelle car l’IA peut potentiellement remplacer l’expertise et le conseil traditionnels. »
L’écosystème en quête de partenariats et de confiance
La transformation ne peut en fait se faire en vase clos. Elle requiert une collaboration étroite entre tous les acteurs. Ahmed Bettaieb, président de la FTAV, a souligné l’objectif d’établir « un vrai partenariat apportant une valeur ajoutée au secteur du voyage ».
Il a d’ailleurs confirmé que « les techniciens de la FTAV sont pleinement engagés dans cette démarche ».
Marwen Razgallah, directeur général de Spring Travel Services, a estimé pour sa part que « l’absence d’un écosystème de soutien (réglementation, banques) force les agences à se débrouiller seules » pour finaliser la digitalisation du parcours client en Tunisie.

Marwen Razgallah (à dr.) et Khaled Drira, agents de voyages venus partager leur expérience de la digitalisation de leurs activités.
Confiance numérique et cybersécurité
Avec la digitalisation, l’enjeu clé est d’instaurer une confiance numérique totale, remplaçant la confiance basée sur le contact humain.
Les agences doivent impérativement « démontrer leur engagement pour la protection des données personnelles et la conformité réglementaire. » L’IA est d’ailleurs une arme à double tranchant en cybersécurité, « utilisée à la fois pour la détection de fraudes (défense) et pour lancer des cyberattaques (offensive) », a prévenu Haythem El Mir.
Le voyage responsable
Une autre tendance émergente a été parmi les sujets débattus lors de l’événement. Il s’agit du voyage « responsable ». Fabrice Pelissier a insisté sur l’importance de cette notion, qui se manifeste par « l’affichage de l’empreinte carbone et le développement de voyages éthiques. »
La stratégie d’Amadeus, combinant innovation technologique, développement des compétences et révision de l’offre commerciale, vise à équiper un écosystème en pleine mutation.
Le succès de cette transformation digitale repose sur l’adaptabilité des agences de voyage et de tout l’écosystème en s’appuyant sur une collaboration renforcée entre le secteur privé et public.
Amadeus Tunisie annonce le déploiement de nouveaux contenus NDC-X
Amadeus Tunisie poursuit la transformation de son activité de billetterie aérienne
Pour son 25e anniversaire, Amadeus Tunisie récompense ses partenaires agences de voyage
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