L’OPEP, la Russie et Suez façonneront le marché de l’affrètement de pétroliers en 2026
Le marché du fret maritime par les pétroliers en 2026 dépendra moins de la demande que d’une série de décisions géopolitiques et de production.
Cette volatilité s’explique principalement par trois facteurs d’incertitude : la stratégie de l’OPEP, la stabilité des exportations russes et la possibilité de transiter en toute sécurité par le canal de Suez. Telles ont été les principales conclusions liées au secteur des pétroliers et présentées, jeudi 11 décembre, par Rajesh Verma, directeur adjoint de la recherche chez Drewry, lors d’un événement en ligne organisé par l’entreprise.
Les mesures prises par l’OPEP en 2025, une série d’augmentations de production, ont déjà créé un environnement qui pourrait conduire à un excédent allant jusqu’à 3 millions de barils par jour en 2026, a-t-il expliqué. Ce volume serait même supérieur à la surproduction enregistrée pendant la pandémie, avec un impact direct sur le marché des VLCC.
Plus précisément, M. Drewry a analysé trois scénarios pour l’année à venir.
Dans le premier scénario, l’OPEP maintient ses niveaux de production actuels et le marché se retrouve en situation de surproduction. Les capacités de stockage terrestres sont saturées et la demande de stockage en mer par pétroliers augmente.
Secundo, l’organisation reprend sa croissance, aggravant la surabondance de l’offre et entraînant une forte hausse de la demande de stockage flottant. Cette situation absorbe les navires disponibles et provoque une augmentation marquée des taux de fret.
Tertio, l’OPEP choisit d’équilibrer le marché. Ce qui se traduit par une situation plus favorable, une baisse des prix du pétrole et un affaiblissement des taux de fret.
Les exportations russes constituent un second facteur d’instabilité. Ainsi, M. Drewry estime qu’un éventuel accord de paix entre la Russie et l’Ukraine modifierait immédiatement les itinéraires de transport des produits, réduisant ainsi la demande en tonnes-kilomètres dans le secteur des énergies propres.
Le Brésil remplacerait les flux de diesel russe longue distance vers l’Europe par des approvisionnements en provenance des États-Unis. Tandis que les marchés asiatiques se tourneraient vers des sources plus proches pour remplacer les flux de naphta russe actuellement destinés à Singapour et à Taïwan.
Par ailleurs, Suez demeure un point de passage crucial, mais la sécurité des traversées reste fragile. Ces incertitudes coïncident avec une période d’expansion intense de la flotte.
Les livraisons de produits raffinés par les pétroliers ont presque triplé en 2025 par rapport aux deux années précédentes. Pour 2026, M. Drewry prévoit plus de 300 livraisons. Soit une nouvelle augmentation de 6 % de la flotte de navires propres, un taux identique à celui de 2025.
Il en résulte un marché qui aborde l’année 2026 avec des signaux contradictoires. Du côté de l’offre, la surcroissance prévaut. Tandis que du côté de la demande, les décisions géopolitiques et les stratégies de production pétrolière détermineront l’évolution des taux de fret.
Au final, M. Drewry précise qu’il est clair que la santé du marché des pétroliers l’année prochaine dépendra non seulement des indicateurs économiques, mais aussi des équilibres qui se formeront entre l’OPEP, la Russie et Suez.
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