Alors que les flux des migrants subsahariens s’intensifient vers les pays d’Afrique du Nord, notamment la Tunisie, fuyant les guerres et les violences, de vastes régions du Mali sont devenues le théâtre de graves exactions perpétrées ces derniers mois par l’Africa Corps, une organisation paramilitaire russe qui a pris le relais de la sulfureuse société russe de mercenaires Wagner depuis la mort de son dirigeant Evgueni Prigojine.
Imed Bahri
Cette «Légion africaine» sème la terreur et les populations civiles se retrouvent à la fois la proie des terroristes islamistes mais aussi des mercenaires russes.
La présence russe dans la région du Sahel qui a supplanté celle des militaires français a non seulement échoué à éradiquer le terrorisme et à pacifier la région mais pire, elle s’en prend aux civils. C’est l’exil ou la mort.
Monica Brontsuk et Caitlin Kelly ont recueilli pour le compte du Los Angeles Times les témoignages de dizaines de réfugiés ayant fui vers la frontière mauritanienne qui révèlent des massacres, des viols, des décapitations et des pillages de villages perpétrés sans distinction, dans le cadre d’une campagne conjointe des forces maliennes et de l’unité russe opérant sur place à la demande des autorités maliennes.
Africa Corps remplace Wagner
Le journal souligne que les autorités maliennes n’ont jamais reconnu publiquement la présence de Wagner ni de Africa Corps mais les médias d’État russes ont publié ces dernières semaines des reportages en provenance du Mali faisant l’éloge de cette «Légion africaine» pour sa défense du Mali contre les terroristes. Le ministère russe des Affaires étrangères a également confirmé que cette unité opère à la demande des autorités maliennes.
Malgré l’espoir des civils que le départ de Wagner et son remplacement par l’Africa Corps atténuerait la brutalité du conflit, les réfugiés ont confirmé que rien n’avait changé. Les mêmes tactiques persistaient : incendies de villages, exécutions sommaires, enlèvements de femmes et insultes racistes proférées à l’encontre des habitants. En réalité, seule la dénomination de l’entité de mercenaires a changé.
Tenant son plus jeune fils dans ses bras, Boukar a déclaré avoir compté tous les hommes tués ou enlevés par Wagner et l’armée malienne dans sa ville natale, un total de 214. «Seul le nom a changé. Les vêtements, les véhicules et les hommes sont les mêmes. Les méthodes sont les mêmes voire pires. C’est pourquoi nous sommes repartis».
Entre le marteau et l’enclume
Le journal rapporte que les civils se retrouvaient pris en étau entre la violence des groupes extrémistes comme Jama’at Nasr al-Islam wal Muslimin (JNIM) et la répression de l’armée malienne et de l’Africa Corps. Obéir aux ordres des extrémistes les exposait à des représailles de l’État, tandis que les ignorer faisait d’eux des cibles pour les mercenaires.
Dans ce chaos, les exactions se multiplient dans des zones difficiles d’accès pour les journalistes et les organisations humanitaires. Selon certains témoignages, des corps ont été retrouvés mutilés, une pratique précédemment attribuée à Wagner.
Si certaines statistiques indiquent une baisse du nombre de victimes civiles imputées aux Russes, les experts remettent ces chiffres en question. Un ancien d’un village témoigne : «C’est la politique de la terre brûlée. Les soldats ne parlent à personne. Ils tirent sur tous ceux qu’ils voient. Sans poser de questions, sans prévenir et les gens ignorent pourquoi ils sont tués».
Ainsi, le Sahel et l’Afrique de l’Ouest sont devenus la région la plus dangereuse du monde en matière d’extrémisme. Cette situation a encore davantage isolé le Mali après le retrait des forces de maintien de la paix de l’Onu et son exclusion de la Cour pénale internationale, rendant les enquêtes criminelles encore plus difficiles.
Les témoignages des réfugiés font état d’histoires tragiques : une mère a vu son fils se faire massacrer sous ses yeux avant que sa fille ne soit enlevée. Une autre a perdu ses enfants en fuyant. Une troisième raconte avoir fui, prise de panique, au point d’oublier son bébé. Dans chaque récit, les «hommes blancs», comme les appellent les habitants, apparaissent comme les plus terrifiants.
Fatima, une réfugiée à la frontière mauritanienne, raconte que lorsque les hommes blancs sont arrivés au village de Koura, tout le monde a fui, sauf elle, car sa fille s’est évanouie en entendant des coups de feu. Les hommes allaient de maison en maison, volant les bijoux des femmes et tuant les hommes. Lorsqu’ils sont entrés chez elle, ils ont cru sa fille morte et l’ont laissée là.
Fatima ne voulait pas parler des sévices que les hommes blancs lui avaient infligés. Mais lorsqu’ils sont partis, elle a découvert le corps de son fils, il avait été tué dans sa boutique. Puis elle a trouvé son frère blessé et alors qu’elle entamait son voyage vers la Mauritanie, sa fille est décédée.
«Avant le conflit, j’étais forte et courageuse», a dit Fatima avant d’ajouter: «Maintenant, la vie n’a plus de sens. Je ne suis plus qu’un être vivant, qui a l’apparence de ce que j’étais, mais en réalité, je ne suis plus vivante. Je ne sais pas ce que nous avons fait pour mériter cela».
Personnes violées, torturées et tuées
Les experts affirment qu’il est impossible de connaître le nombre exact de personnes tuées et agressées au Mali, en particulier dans les zones reculées où l’accès des journalistes et des travailleurs humanitaires est de plus en plus restreint. «De nombreuses personnes ont été violées, torturées et tuées», a déclaré Şükrü Cansızoğlu, représentante du HCR en Mauritanie, ajoutant : «Il est parfois difficile d’identifier précisément les auteurs de ces crimes».
Des experts juridiques ont souligné que l’intégration formelle de l’Africa Corps au sein du ministère russe de la Défense rend Moscou directement responsable de tout crime que cette force pourrait commettre au Mali. Pourtant, les opérations se poursuivent sans transparence ni contrôle tandis que les témoignages s’accumulent, faisant état d’une spirale de violence qui ne montre aucun signe d’apaisement.
Pour les personnes en fuite, la question la plus pressante est : pourquoi subissent-elles tout cela ? La réponse, conclut le journal, se perd dans le conflit qui oppose une force russe opaque, une armée affaiblie et des extrémistes tout aussi brutaux. Et ce sont les populations civiles qui, hélas, sont les victimes qui subissent les atrocités des belligérants.
«Nous devons protéger Volodymyr», disent-il en chœur : une conversation téléphonique divulguée révèle que certains va-en-guerre européens conspirent contre le plan de paix de Trump visant à mettre fin à la guerre entre la Russie et l’Ukraine.(Ph. Zelensky entouré par les dirigeants européens en mars dernier à Londres).
Habib Glenza
Dans un développement qui n’est pas tout à fait surprenant, les dirigeants européens affirment que Washington cherche à «trahir» l’Ukraine et leprésident Zelensky lors d’éventuelles négociations de paix officielles avec la Russie. «Il est possible que les États-Unis abandonnent l’Ukraine sur les questions territoriales sans fournir de garanties claires en matière de sécurité», aurait déclaré le président français Emmanuel Macron, selon un enregistrement téléphonique «qui a fuité» avec d’autres dirigeants européens.
Il s’agit probablement d’une fuite intentionnelle et d’un signal fort adressé à l’administration Trump, car l’Europe n’a pas adhéré dès le départ au plan de paix proposé par le président américain. «Il est possible que les États-Unis trahissent l’Ukraine sur la question territoriale sans clarifier les garanties de sécurité», a poursuivi Macron, estimant qu’il y avait un «grand danger»pour Zelensky, le protégé des Européens.
La transcription divulguée de la conversation téléphonique entre les dirigeants européens, qui discutaient de la stratégie à adopter pour protéger le gouvernement Zelensky et les intérêts de Kiev, a été publiée jeudi par le magazine allemand Der Spiegel.
Ne pas laisser Volodymyr seul
Selon certaines informations, le chancelier allemand Friedrich Merz, le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, le président finlandais Alexander Stubb et, bien sûr, Zelensky lui-même auraient également participé à la conversation au cours de laquelle Merz a convenu que Zelensky devait «être extrêmement prudent dans les jours à venir» et a averti le dirigeant ukrainien que les Américains «jouent avec vous et avec nous».
Le président finlandais Stubb a ajouté : «Nous ne devons pas laisser l’Ukraine et Volodymyr seuls face à ces gens», après que le secrétaire général de l’Otan, Rutte, ait déclaré : «Je suis d’accord avec Alexander. Nous devons protéger Volodymyr.» L’hypothèse sous-jacente semble être que Zelensky est en position de faiblesse et qu’il est victime d’intimidation de la part de responsables américains plus puissants qui ont beaucoup de moyens de pression sur lui.
Le contexte de cette partie de la conversation est particulièrement intéressant, car il semble se concentrer sur les envoyés de Trump, Steve Witkoff et Jared Kushner, qui viennent de rencontrer Poutine à Moscou et qui mènent les efforts visant à faire adopter le plan de paix en 28 points de Trump (ou en 19 points selon les rapports d’une version révisée).
Contrer«les sales coups américains»
Politico présente la section de la transcription comme suit : «Selon la transcription, le Finlandais Stubb semblait être d’accord avec Merz. ‘‘Nous ne pouvons pas laisser l’Ukraine et Volodymyr seuls avec ces types’’, a-t-il déclaré, faisant apparemment référence à Witkoff et Kushner, ce qui a suscité l’accord de Rutte : ‘‘Je suis d’accord avec Alexander : nous devons protéger Volodymyr Zelensky’’, a déclaré le chef de l’Otan.»
Der Spiegel admet dans son rapport que ces déclarations et d’autres reproduites dans les notes de la conversation illustrent la profonde méfiance des Européens à l’égard des deux confidents de Trump. Michael Weiss, l’un des coauteurs du rapport, a présenté tout cela comme visant à contrer«les sales coups américains pour mettre fin à la guerre».
Un aspect de la conversation concerne l’accord trouvé par les dirigeants sur la question des avoirs russes gelés dans les banques de l’Union européenne (UE), que les interlocuteurs considèrent comme une prérogative purement européenne, alors que des informations récentes indiquent que les États-Unis sont prêts à les restituer à Moscou dans le cadre d’un accord de paix finalisé avec l’Ukraine.
Les efforts de Washington pour parvenir rapidement à la paix en engageant sérieusement les deux parties sont-ils assimilés à des«manœuvresdéloyales» ?
Le bureau de Zelensky n’a pour l’instant ni confirmé ni démenti l’exactitude de la transcription divulguée. Un diplomate ukrainien anonyme a toutefois répondu comme suit lorsqu’il a été interrogé par Politico : «En général, seuls les Russes tirent profit des divisions entre l’Europe et les États-Unis, c’est pourquoi notre position constante est que l’unité transatlantique doit être maintenue.»
Mais la réalité est que Zelensky s’est constamment opposé à l’idée d’instaurer la paix sans contrôle ni participation directs de l’Ukraine. Il a également toujours refusé toute concession territoriale, et ses alliés européens ont également rejeté cet élément clé du plan Trump.
Pour sa part, le Kremlin, qui se sent en position de force, insiste actuellement pour que son contrôle sur le Donbass et la Crimée ne soit pas seulement considéré comme un fait accompli, mais il souhaite obtenir la pleine reconnaissance internationale et ukrainienne que ces territoires font partie de la Fédération de Russie.
Le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) a frappé un grand coup en appelant à suspendre immédiatement l’accord entre le Royaume-Uni et Maurice concernant l’archipel des Chagos. Cette décision, saluée par le Gouvernement de Transition des Îles Chagos, marque un pas décisif pour le respect des droits du peuple chagossien.
Me Saïd Larifou, avocat du Gouvernement de Transition, voit dans cette prise de position «un début de victoire pour le peuple chagossien» : «Le Cerd rappelle que tout accord doit se faire avec le consentement libre, préalable et éclairé de notre population, et que ses droits fondamentaux – dont le retour à Diego Garcia et l’autodétermination – doivent être respectés.»
Au-delà de la suspension de l’accord, le comité onusien insiste sur l’importance de garantir des recours effectifs, une réparation intégrale et le respect strict des obligations internationales pour mettre fin aux injustices subies par les Chagossiens.
«Nous avons longtemps été privés de notre terre, de notre voix, et de notre histoire. Aujourd’hui, nous avançons vers la justice et la reconnaissance», souligne Me Larifou, rappelant également le soutien de figures britanniques comme Dame Priti Patel, députée de la Chambre des Communes.
Pour préparer l’avenir et renforcer la voix de chaque Chagossien, le Gouvernement de Transition, assisté par le cabinet de Me Larifou, a lancé une fiche électorale et un recensement de la population. Cette initiative concrète ouvre la voie à une participation démocratique réelle et au renforcement des droits de tout un peuple.
Le message est clair : le peuple chagossien n’est plus seul, sa lutte pour la justice et l’autodétermination est reconnue et soutenue. L’espoir renaît.
L’es ‘archipel des Chagos est un ensemble de sept atolls situés dans le nord de l’océan Indien et totalisant cinquante-cinq îles, à 1 174 km au sud de Malé, aux Maldives, et à 1 832 km à l’est de Victoria, aux Seychelles.
La 38ᵉ édition du Festival Neapolis du théâtre pour enfants aura lieu du 21 au 28 décembre 2025 à Nabeul. Elle s’annonce comme l’une des plus riches et des plus inspirantes depuis la création de cet événement en 1986, qui est aujourd’hui une référence incontournable en Tunisie, mais aussi dans le monde arabe, en Afrique du Nord et dans l’espace méditerranéen.
Rendez-vous majeur dédié aux arts vivants destinés au jeune public, le Festival Neapolis du théâtre pour enfants se distingue par une programmation particulièrement foisonnante, réunissant théâtre, marionnettes, danse, pantomime, cirque, performances visuelles et créations hybrides.
Les enfants et leurs familles auront l’occasion d’explorer une vaste palette d’univers artistiques proposés par des compagnies venues de plusieurs continents.
Les pays participants offrent une diversité géographique remarquable : Italie, Bulgarie, Espagne et Russie (en Europe), Iran, Chine, Vietnam (Asie), Algérie, Égypte, Oman, Maroc, Palestine, Irak (Monde arabe et Afrique).
Cette ouverture internationale confère au festival une dimension unique, faisant de Nabeul un véritable carrefour de cultures et de pratiques artistiques.
Le théâtre tunisien occupe cette année une place centrale, avec 13 spectacles nationaux au programme. Une présence qui illustre la vitalité du secteur, la créativité des compagnies locales et la qualité des productions destinées au jeune public. Ces œuvres témoignent de la richesse des langages artistiques tunisiens et confirment le rôle essentiel du festival dans la promotion du théâtre pour enfants au niveau national.
Au-delà des représentations scéniques, le festival propose un ensemble d’activités parallèles favorisant la formation, la réflexion et l’échange professionnel :workshops et ateliers de création pour enfants et étudiants ; séminaires réunissant experts, pédagogues et artistes, et rencontres professionnelles encourageant la coopération entre compagnies tunisiennes et étrangères.
La programmation investira également l’espace public, avec des animations quotidiennes : spectacles de rue, performances spontanées, mascottes, échassiers, clowns et interventions artistiques dans les principaux quartiers et artères de Nabeul.
L’un des moments phares sera le Petit Carnaval, prévu le lundi 22 décembre : un défilé festif et coloré réunissant enfants, familles, troupes et habitants dans une ambiance conviviale et fédératrice.
Dans un souci d’élargir l’accès à la culture, le festival étend cette année sa présence à plusieurs gouvernorats : Sfax, Bizerte, Kairouan, Tunis, La Manouba et Nabeul. Cette diffusion régionale permet de toucher de nouveaux publics et confirme la vocation nationale de l’événement.
Les délégations étrangères bénéficieront d’un accueil chaleureux incluant des soirées spéciales, des visites culturelles à la découverte du patrimoine tunisien et une cérémonie officielle organisée à la mairie de Nabeul. Ces moments de convivialité renforceront les liens entre artistes internationaux, institutions locales et acteurs culturels.
Avec cette 38ᵉ édition, le Festival Neapolis du Théâtre pour Enfants réaffirme son statut d’événement de référence dans le paysage culturel tunisien et sa place essentielle dans le réseau international du théâtre jeune public. Animé par une programmation ambitieuse, une ouverture résolue sur le monde et un ancrage territorial affirmé, le festival poursuit sa mission : offrir aux enfants un espace d’émerveillement, de créativité et de découverte, tout en contribuant au rayonnement culturel de la Tunisie.
EV2 incarne la porte d’entrée idéale vers l’univers des modèles 100% électrique de Kia. Conçu, développé et prochainement fabriqué en Europe, EV2 sera assemblé à l’usine Kia de Žilina en Slovaquie, aux côtés de la berline EV4 récemment écoscorée. Le SUV électrique du segment B destiné à l’Europe sera dévoilé le 9 janvier 2026 au Salon de l’Auto de Bruxelles, qui se tiendra dans la capitale belge du 10 au 18 janvier.
Le Kia EV2 allie un design affirmé à des technologies modernes et à une connectivité avancée et des fonctionnalités intelligentes, tout en offrant un habitacle spacieux et modulable. Avec son allure distinctive et sa silhouette séduisante, le design du modèle exprime son caractère et illustre parfaitement la philosophie de design «Opposites United» / (L’alliance des contraires) de Kia.
«Avec EV2, nous réaffirmons notre engagement à rendre la mobilité électrique véritablement accessible à un public plus large — sans compromis», a déclaré Marc Hedrich, président et Ceo de Kia Europe. Il ajoute : «Ce SUV transpose l’innovation et l’esprit de nos modèles électriques de plus grande taille dans un format adapté à un environnement urbain. Conçu, développé et bientôt produit en Europe, nous sommes convaincus qu’EV2 jouera un rôle déterminant dans la construction d’une mobilité plus responsable.»
Le 9 janvier, de 10h40 à 11h00, les journalistes présents au Salon de l’Auto de Bruxelles 2026 pourront découvrir en détail le dernier modèle de la gamme 100% électrique de Kia (Hall 5, stand 3).
Aux côtés du Kia EV2, Kia présentera les versions GT, sportives et dynamiques de ses modèles EV3, EV4 et EV5.
Une journée d’action Boycott Carrefour est fixée pour samedi 13 décembre 2025, partout en France. Les militants propalestiniens ciblent cette chaîne de grande distribution française en raison de son engagement assumé en faveur de l’Etat génocidaire d’Israël.(Ph. Les marques internationales boycottées en raison de leur engagement en faveur d’Israël).
Carrefour, rappelons-le, possède 50 magasins dans toute la Palestine historique, y compris dans des colonies en Cisjordanie. On lui reproche aussi de livrer des colis aux soldat·es de l’armée d’occupation israélienne pour les soutenir durant toute la période du génocide des Palestiniens à Gaza.
«Une vitrine pour la France : des magasins inaugurés par Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, à grands renforts de communication de l’ambassade de France», note l’Ong Urgence Palestine qui appelle au boycott. Cette action commence déjà à payer. En effet Carrefour a supprimé ses marques des magasins situés dans les colonies en Cisjordanie et s’est même retiré de Jordanie suite à une baisse fulgurante de son chiffre d’affaires.
«Impliquons nos amis, nos voisins, que chacun·e sache qu’un achat chez Carrefour finance la colonisation en Palestine», souligne Urgence Palestine, en appelant les consommateurs à se désinscrire des newsletters et programmes de fidélité de la marque, à laisser des commentaires négatifs la concernant sur Google et à participer aux manifestations et mobilisations de son boycott partout en France.
Les marques internationales boycottées en raison de leur engagement en faveur d’Israël
La Chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme du Tribunal de première instance de Tunis a rendu, hier, mercredi 10 décembre 2025 un jugement condamnant Bilel Chaouachi, un dirigeant de l’organisation interdite Ansar Al-Charia et de l’organisation terroriste Jibhat Al-Nosra et État islamique (Daech) en Syrie, à 55 ans de prison.
Selon Diwan FM, citant une source judiciaire, Bilel Chaouachi a été inculpé pour avoir combattu dans les rangs de Daech en Syrie. Il aurait aussi téléchargé via Internet des vidéos faisant l’apologie d’actes terroristes en Tunisie, notamment des attaques ciblant le bus de la sécurité présidentielle en janvier 2016.
Il est tout de même utile de rappeler que, lors de son passage en Syrie, Bilel Chaouachi était sous le commandement de l’actuel président de la Syrie, Ahmed Al-Charaa, ancien chef de Jibhat Al-Nosra, puis de Hayat Tahrir al-Cham. Il a eu beaucoup moins de chance que celui dont le nom de guerre était Abou Mohammed Al-Joulani.
L’adhésion de la Tunisie à l’Agence africaine de garantie du commerce (Atidi), dont la mise en œuvre a été officialisée le 24 mars 2025, lors d’une cérémonie réunissant les acteurs économiques tunisiens en Afrique, représente une étape importante dans le développement de son économie sur le continent.
Dans le cadre de ses responsabilités économiques, la Tunisie, à travers diverses initiatives, privilégie l’expansion économique dans les secteurs commercial, politique, financier et énergétique. Cependant, le pays rencontre des obstacles pour atteindre cet objectif. L’adhésion à l’Atidi pourrait néanmoins l’aider à surmonter certains de ces obstacles.
Grâce à cette intégration, la Tunisie a accès à un mécanisme visant à sécuriser ses exportations vers l’Afrique en facilitant l’accès à une assurance contre les risques commerciaux et politiques. Les mécanismes de protection contre les risques pourraient également aider à attirer les investisseurs. De plus, ils favoriseraient l’accès à des financements internationaux à des conditions avantageuses.
Grâce à Atidi, la Tunisie pourrait accéder rapidement à un soutien financier pour ses projets d’énergies renouvelables. Le pays a en effet conclu un accord pour bénéficier du Mécanisme de soutien rapide à la liquidité (RSRL), un dispositif soutenu financièrement par la banque publique allemande KfW et l’Agence norvégienne de coopération au développement (Norad).
Le soutien financier de cette entité sera axé sur : l’appui aux producteurs privés d’électricité verte; la réduction des coûts de financement des projets d’énergies renouvelables; et l’accélération de la transition énergétique, conformément à la stratégie nationale.
Fondée en 2000, l’Atidi joue un rôle crucial dans le commerce intra-africain. L’agence bénéficie d’une autonomie financière de plusieurs milliards de dollars, ainsi que d’un réseau couvrant les principales économies africaines et de collaborations stratégiques avec des institutions telles que la BAD.
L’intégration de la Tunisie à l’Atidi constitue une avancée majeure qui ouvre la voie à de nouvelles perspectives pour le pays. En s’engageant dans cette alliance, la Tunisie démontre sa volonté de se positionner comme un leader économique en Afrique du Nord. Avec un soutien adéquat et une vision claire, le pays peut transformer ces défis en opportunités et bâtir un avenir prospère pour ses citoyens. En bref, l’adhésion à l’Atidi pourrait bien être le catalyseur dont la Tunisie a besoin pour réaliser son potentiel en tant que pôle technologique, stimulant ainsi la croissance économique et le développement social dans les années à venir.
Avec l’intégration de la Tunisie, l’Atidi porte le nombre de ses membres de 24 à 25. Cette adhésion permet désormais à la Tunisie de mener ses activités sur le continent africain avec une garantie de développement.
Al Baraka Islamic Bank, l’une des principales banques du Bahreïn, a organisé un webinaire sur le financement du commerce international, réunissant les entités du Groupe Al Baraka en Jordanie, en Tunisie et en Algérie. Le but étant de favoriser l’échange d’expertise bancaire et à renforcer la coopération entre les entités du groupe bancaire.
Cette collaboration soutient la croissance des activités des trois établissements et le développement des solutions de financement du commerce international performantes, destinées à divers secteurs d’activité.
L’événement, qui s’est tenu le 3 décembre 2025, a vu la participation de représentants d’entreprises et d’institutions bahreïnies de premier plan, avec un total de 45 participants, reflétant l’intérêt du secteur privé local pour la diversité des solutions de financement du commerce international proposées par Al Baraka Islamic Bank.
Les échanges enrichissants ont permis de mieux comprendre les exigences du marché, renforçant ainsi les efforts conjoints pour développer des produits et services bancaires et financiers répondant aux besoins croissants des entreprises au Bahreïn et ailleurs.
Le webinaire a abordé un large éventail de sujets pointus, notamment les mécanismes facilitant le commerce transfrontalier, les stratégies d’amélioration de l’efficacité opérationnelle des lettres de crédit et des encaissements, ainsi que les méthodes de réduction des risques liés au commerce international. Il a également examiné les meilleures pratiques des unités du groupe Al Baraka dans la région.
Des équipes spécialisées ont présenté des opportunités clés pour la création de solutions de financement adaptées aux besoins évolutifs des entreprises à Bahreïn et dans les pays participants.
L’événement s’est conclu par l’engagement d’organiser de nouvelles initiatives conjointes renforçant la coopération entre les entités du Groupe Al Baraka et stimulant le développement de produits et services de financement du commerce de pointe. Cette démarche vise à consolider la position d’Al Baraka Islamic Bank en tant que partenaire stratégique des entreprises de la région.
À cette occasion, le Dr Adel Abdullah Salem, PDG d’Al Baraka Islamic Bank, a déclaré : «Ce webinaire marque une étape importante dans nos efforts pour renforcer la collaboration au sein du Groupe Al Baraka. Il a facilité de précieux échanges d’expertise et ouvert de nouvelles perspectives d’intégration entre les équipes de Bahreïn, de Jordanie, de Tunisie et d’Algérie. Cet événement a constitué une excellente plateforme pour partager les meilleures pratiques soutenant notre transformation stratégique dans le domaine du financement du commerce.»
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) et l’Union européenne (UE) ont signé un prêt senior non garanti de 10 millions d’euros avec Amen Bank, l’une des principales banques privées de Tunisie. Ce premier prêt accordé dans le cadre du mécanisme de financement de l’économie verte de la Berd en Tunisie permettra à Amen Bank de refinancer le secteur privé tunisien, notamment les micro, petites et moyennes entreprises (PME), tout en promouvant l’égalité d’accès au financement vert pour les femmes et les hommes.
Cette initiative soutient la transition de la Tunisie vers une économie verte en augmentant le financement des technologies et services sobres en carbone et résilients au changement climatique.
Ce prêt est assorti d’un programme de coopération technique financé par la Berd et l’UE. Il aidera Amen Bank dans la préparation, la mise en œuvre, la vérification et le suivi de ses projets, et assurera la formation et le renforcement des capacités de son personnel afin de promouvoir l’égalité d’accès au financement climatique.
Par ailleurs, l’UE accordera des subventions incitatives à l’investissement une fois les investissements verts menés à bien et vérifiés.
Ces subventions visent à encourager les PME éligibles à adopter plus rapidement les technologies climatiques de pointe.
Ce financement bénéficie également du soutien du Fonds de change (TCX), un mécanisme soutenu par l’UE qui renforce les marchés financiers dans les économies en développement et propose une couverture de change aux banques tunisiennes à coûts réduits.
Amen Bank est une société par actions au capital de 174,6 millions de dinars tunisiens, dont 66,44 % sont détenus par le Groupe Amen, un acteur majeur de la finance privée tunisienne, reconnu pour son engagement en faveur de l’innovation, de la performance et du soutien à long terme à ses clients.
En juin 2025, Amen Bank figurait au sixième rang des banques tunisiennes, avec une part de marché de 8,5 % en termes d’encours de dépôts et de prêts.
Depuis le début de ses opérations en Tunisie en 2012, la Berd a investi 2,9 milliards d’euros dans 83 projets à travers le pays, dont 66 % dans le secteur privé.
Cela fait 23 ans que le responsable politique palestinien, membre du Fatah, Marwan Barghouti est détenu dans les prisons israéliennes et depuis le mois de septembre, il a été transféré à celle de Megiddo, l’une des pires d’Israël et durant ce transfert il a été violemment agressé. Alors que le Fatah est discrédité et fortement impopulaire auprès de la population palestinienne et que le Hamas est ostracisé et rejeté par la communauté internationale, Barghouti est l’un des rares à bénéficier d’une respectabilité aussi bien en Palestine qu’à l’étranger et sa modération fait de lui un véritable homme de paix ce qui dérange fortement l’actuel gouvernement israélien, extrémiste et belliciste. De plus en plus de voix s’élèvent pour exiger que Donald Trump fasse pression pour sa libération s’il est vraiment sérieux dans son souhait de pacifier le Moyen-Orient.
Imed Bahri
Le Guardian a consacré un éditorial sur la nécessité de libérer le célèbre dirigeant palestinien emprisonné à l’heure où les Palestiniens ont besoin d’un avenir politique ainsi que de l’aide humanitaire et de tout ce qui est nécessaire à la reconstruction. La libération de Barghouti, incarcéré depuis plus de vingt ans, est essentielle à la paix que le président américain prétend vouloir instaurer au Moyen-Orient, estime le journal britannique.
L’éditorial note qu’avec l’accord de cessez-le-feu conclu, les massacres, y compris ceux d’enfants ont ralenti mais n’ont pas cessé. L’aide a augmenté mais reste bien insuffisante car Israël continue de bloquer l’entrée de l’assistance vitale.
Les Palestiniens ont un besoin urgent de sécurité, d’aide humanitaire et de reconstruction mais aussi d’un horizon politique. Le plan de Trump n’en fait aucune mention, et s’il l’évoque, c’est en termes vagues et conditionnels concernant un État palestinien, que les Israéliens, y compris le gouvernement extrémiste, rejettent catégoriquement. Néanmoins, l’État palestinien a bénéficié d’un soutien international sans précédent à la suite de deux années de guerre d’usure.
La figure la plus influente en Palestine
Le Guardian estime que le destin politique des Palestiniens est inextricablement lié à celui de Barghouti. Après plus de vingt ans d’emprisonnement, ce leader de 66 ans demeure la figure la plus influente capable de rassembler les factions déchirées par l’idéologie et l’animosité. Bien que membre du Fatah, Barghouti a critiqué l’Autorité palestinienne et jouit d’un grand respect au sein du Hamas. La vieille garde de l’Autorité palestinienne est perçue comme opportuniste, inefficace, irresponsable et, en réalité, comme un instrument de sécurité israélien en Cisjordanie.
La conviction que Barghouti peut revitaliser la politique palestinienne et insuffler l’élan nécessaire à la création d’un État palestinien et à l’instauration d’une paix durable est à l’origine de la nouvelle campagne internationale en faveur de sa libération, soutenue notamment par Paul Simon, Delia Smith, Richard Branson, Margaret Atwood et d’autres personnalités publiques connus sous le nom de The Elders (Les Anciens ou Sages universels est une organisation non gouvernementale regroupant des personnalités publiques reconnues comme hommes d’État, activistes politiques pour la paix et avocats des droits de l’homme rassemblés par Nelson Mandela en 2007).
Il est important de noter que certains membres des milieux politiques et sécuritaires israéliens partagent ce point de vue.
Partisan de la solution à deux États
Barghouti soutient depuis longtemps la solution à deux États, a contacté à plusieurs reprises des responsables israéliens et a même appris l’hébreu par lui-même. Il a été condamné lors d’un procès critiqué par des experts juridiques et décrit comme oppressif. Il lui a été reproché d’avoir ordonné des attaques ayant coûté la vie à des civils israéliens pendant la Seconde Intifada.
Les États du Golfe ont fait pression pour obtenir sa libération dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu mais Israël s’y est opposé. En même temps, Israël a libéré ceux qu’il considérait comme des meurtriers. Comme l’a récemment fait remarquer un ancien officier militaire : «Israël est prêt à libérer des criminels dangereux mais il n’a aucun intérêt à libérer des figures symboliques».
Pour les Palestiniens, Barghouti, que certains d’entre eux surnomment Mandela, représente une voie vers leurs droits inaliénables. De nombreux dirigeants, y compris en Israël même, sont passés de la lutte armée à la manœuvre politique. Israël se plaint depuis longtemps de l’absence d’un véritable partenaire pour la paix. Cependant, Benjamin Netanyahu et ses alliés ne craignent pas que l’État israélien ne puisse jamais se réconcilier avec un homme comme Barghouti mais ils craignent qu’il le puisse.
La libération du leader palestinien signifierait que le gouvernement israélien est prêt à envisager la création d’un État palestinien, une perspective que Netanyahu ne tolérera même pas, aussi lointaine soit-elle. Par conséquent, la libération de Barghouti ne sera possible que sous la pression extérieure et c’est dans ce sens que Donald Trump devrait agir.
Le Guardian rapporte que les conditions de détention des prisonniers palestiniens se sont considérablement détériorées depuis 2023. Une vidéo, apparue cet été, montre le ministre de la Sécurité d’extrême droite, Itamar Ben-Gvir, se moquant de Barghouti, amaigri et méconnaissable, et le menaçant.
Sa famille affirme qu’il a été violemment battu par des gardiens et le Bureau des médias des prisonniers palestiniens (organe médiatique des détenus palestiniens) a révélé mercredi dernier que Barghouti avait été agressé dans une prison israélienne à la mi-septembre et souffrait de côtes cassées. Sur sa chaîne Telegram, le Bureau des médias précise que le prisonnier Barghouti a été agressé lors de son transfert de la prison de Ramon à celle de Megiddo (sinistre prison située dans le nord d’Israël surnommée le Guantanamo israélien) à la mi-septembre. Huit membres de l’unité Nahshon relevant du service pénitentiaire israélien avaient participé à l’agression de Barghouti lors de son transfert. Il avait perdu connaissance et souffrait de quatre côtes cassées à cause de l’agression.
Le Guardian fait part de ses craintes que le gouvernement n’adopte définitivement le projet de loi instaurant la peine de mort pour les Palestiniens poursuivis pour terrorisme. Le journal britannique insiste sur le fait que libération de Barghouti est une question urgente. Il y a quelques semaines, le président américain a laissé entendre qu’il pourrait aborder le sujet. Il devrait exhorter Israël à le libérer dans l’intérêt de la paix qu’il prétend vouloir instaurer au Moyen-Orient.
Pour Da Empoli, le chaos n’est plus un accident. Il devient stratégie. Les dirigeants actuels l’utilisent pour fragiliser les adversaires, neutraliser les oppositions et renforcer leur pouvoir. Les purges spectaculaires, les coups médiatiques et les démonstrations de force ne sont plus des accidents, mais des instruments de domination.
Mohammed ben Salmane, lors de la fameuse opération au Ritz-Carlton de Riyad, en est l’exemple parfait. L’auteur décrit comment les autocrates contemporains orchestrent le désordre pour s’assurer que tous les autres acteurs suivent leur rythme, une leçon que les démocraties occidentales ont peine à comprendre : «Comme dans le cas de Moctezuma, la docilité des gouvernants n’a pas suffi : les conquistadors modernes ont progressivement imposé leur empire.»
L’Onu, théâtre d’ombres
Le parallèle avec l’histoire aztèque est frappant : les puissants du monde contemporain, face aux «conquistadors de la tech» et aux nouveaux autocrates, se retrouvent souvent paralysés, incapables de prendre des décisions efficaces.
À New York, au siège des Nations unies, la diplomatie multilatérale semble dépassée. Entre chefs d’État, conseillers et gardes du corps, chaque délégation croit être au centre du monde. L’auteur décrit la scène avec une précision presque clinique : des hommes fatigués, des dialogues codés, des protocoles absurdes, et l’impression que personne ne contrôle rien : «Même les Tuvalu. Même le Timor oriental. Vous commencerez à comprendre pourquoi les Nations unies ne peuvent pas fonctionner. Mais peut-être aussi pourquoi nous ne pouvons pas nous en passer.»
Dans ce microcosme global, le chaos n’est pas accidentel : il reflète la transformation profonde du pouvoir mondial, où les règles classiques de la diplomatie vacillent.
Les nouveaux «conquérants» : tech et IA
Les seigneurs de la tech ne se contentent pas d’accompagner les mutations du pouvoir : ils redéfinissent les règles du jeu. Les plateformes numériques structurent l’information et façonnent la société. L’intelligence artificielle, outil promis à l’avenir, échappe déjà aux régulations classiques.
Da Empoli insiste sur la fracture entre ceux qui créent les règles et ceux qui les subissent. Les géants du numérique évoluent dans un univers parallèle, parfois en décalage total avec les sociétés qu’ils transforment. Dans ce contexte, le chaos devient calculé, voulu et revendiqué.
Pour le Sud global, le message est clair : rester passif est dangereux. Les pays du Maghreb et de la Méditerranée subissent les secousses des stratégies des prédateurs : «Les guerres régionales, la dépendance énergétique, les migrations forcées et les pressions technologiques sont autant de conséquences directes des stratégies des ‘prédateurs’.»
Comprendre ces dynamiques est vital. La stabilité régionale dépend de la capacité à anticiper les mouvements de puissances plus grandes, mais aussi à développer des stratégies propres, capables de protéger les sociétés locales.
Livre court, avertissement puissant
Les dirigeants locaux ne peuvent plus se contenter de suivre les règles dictées par d’autres : ils doivent comprendre les logiques du pouvoir mondial et réagir avec lucidité.
Avec seulement 176 pages, L’heure des prédateurs propose une grille de lecture du présent et un avertissement pour l’avenir. La lucidité de Da Empoli est celle d’un Machiavel moderne, capable d’analyser la stratégie des puissants, tout en gardant une hauteur morale qui invite à la réflexion.
L’écriture, vive et imagée, rend accessibles des concepts complexes : le chaos, l’instabilité planifiée, la montée de l’IA et la domination des géants du numérique. Chaque anecdote – de l’Onu à Riyad, en passant par les interactions entre dirigeants – illustre un monde où le désordre est instrumentalisé.
Comment protéger la démocratie, la paix et la justice dans une ère où le chaos est volontaire ? Da Empoli n’offre pas de solution clé en main. Son essai agit comme un signal d’alarme. Comprendre les logiques de domination, observer les forces à l’œuvre et se préparer devient déjà une forme de résistance.
‘‘L’heure des prédateurs’’ est plus qu’un essai politique : c’est un miroir tendu à notre époque, une alerte nécessaire face à la brutalité du réel.
Le premier juge d’instruction du pôle judiciaire économique et financier a informé l’homme d’affaires Youssef Mimouni, un ancien directeur général d’une banque publique, ainsi que des avocats et des experts judiciaires, de la clôture de l’instruction et du renvoi du dossier devant la chambre d’accusation près la Cour d’appel de Tunis, qui statuera sur les poursuites.
Rappelons que des mandats de dépôt ont été émis contre plusieurs accusés, dont Ghazi Mimouni, le fils du principal accusé, tandis que d’autres font l’objet d’une interdiction de voyager.
Les poursuites concernent des faits présumés de faux et usage de faux, blanchiment d’argent, corruption et abus de fonction, liés à des transactions entre une banque publique, la Banque de l’Habitat (BH) en l’occurrence, et des sociétés appartenant à l’homme d’affaires.
Ancien peintre en bâtiment qui s’est enrichi grâce à sa proximité avec l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, qui lui a mis le pied à l’étrier, Mimouni a fait fortune avant mais aussi après la chute de ce dernier grâce à ses «entrées dans le système» et quelques pots de vin opportunément distribués.
Ses activités Mimouni vont de la peinture à la construction métallique, en passant par le liège et la biomasse. Mais aussi la restauration (à travers le restaurant Le Grand Bleu à Gammarth) et l’hôtellerie (chaîne Dar Ismaïl).
Ce self made man, qui a longtemps rogné sur les biens de l’Etat, et notamment le domaine public maritime, a entraîné dans sa chute beaucoup de monde dans l’administration publique et les finances.
Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Taboubi, a démenti les rumeurs de démission du secrétaire général adjoint Anouar Ben Kaddour, lors d’une intervention, ce mercredi 10 décembre 2025, dans l’émission ‘‘Houna Tounes’’ sur Diwan FM.
«C’est faux… ce ne sont que des rumeurs qui circulent sur Facebook, et je n’ai reçu aucune démission», a déclaré M. Taboubi, soulignant que les informations diffusées sur les réseaux sociaux sont sans fondement.
Cette clarification intervient après la circulation de rumeurs concernant des «démissions» au sein de la direction de l’organisation syndicale, rumeurs que cette dernière a catégoriquement démenties, soulignant qu’elle poursuivrait ses activités normalement.
Ces rumeurs interviennent aussi dans un contexte de crise politique, de crispation du pouvoir et de mésentente cordiale entre le gouvernement et la centrale syndicale qui a annoncé une grève générale nationale pour le 21 janvier 2026 pour protester contre l’abandon du dialogue social par le pouvoir politique et la tentative d’exclure l’UGTT des négociations sur les augmentations salariales.
Ceci explique sans doute cela : depuis l’annonce de la décision de grève générale nationale, les pages proches du pouvoir multiplient les attaques contre la centrale syndicale et parlent de division en son sein entre les partisans du secrétaire général, soucieux de l’unité de l’organisation en cette phase délicate, et ceux qui s’opposent à lui et cherchent à l’éjecter au cours du prochain congrès prévu en mars prochain.
La Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme (LTDH) «est attachée à la neutralité et plus soucieuse d’appliquer la loi que le ministère de la Justice lui-même», a déclaré son président, Me Bassem Trifi, en réaction au communiqué de ce département accusant de l’organisation de violer les termes de la convention relative aux visites des prisons.
Me Trifi, qui parlait lors d’une conférence de presse aujourd’hui, mercredi 10 décembre 2025, au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), à Tunis, dans le cadre de la commémoration de la Journée internationale des droits de l’homme, a expliqué que la LTDH a respecté la dite convention la liant au ministère de la Justice et n’en a jamais violé les dispositions, ni diffusé d’informations erronées, s’élevant contre la volonté des autorités de faire des prisons des lieux hermétiquement fermés.
Me Trifi a révélé que l’accusation selon laquelle la Ligue aurait manqué à ses obligations est infondée et a appelé le ministère de la Justice à respecter ses engagements et les dispositions de sa convention avec la LTDH.
«La Ligue tire aujourd’hui la sonnette d’alarme concernant les droits de l’homme, alors que le travail civil et politique est criminalisé et que des journalistes, des militants de la société civile et des hommes politiques sont poursuivis en justice», a déclaré Me Trifi, notant que «le pouvoir politique en place n’écoute que lui-même et jette en prison quiconque n’est pas d’accord avec lui».
Rappelons que le ministère de la Justice a démenti les informations diffusées dans les communiqués publiés par la LTDH et plusieurs de ses sections régionales concernant «l’existence d’une décision de résiliation implicite» de l’accord signé le 10 juillet 2015 entre les deux parties et qui autorise des délégations de la Ligue à visiter les prisons dans tout le territoire de la république.
Le ministère affirme avoir constaté des manquements répétés de la part de la Ligue, notamment la diffusion de données erronées sur la situation de certains détenus, en violation des obligations de neutralité et de transparence prévues par la convention.
Depuis 2011, la Tunisie se cherche un modèle de développement capable de redonner souffle à une économie en transition et de répondre à la crise sociale et écologique qui s’accentue. Le modèle productiviste hérité des décennies précédentes — fondé sur la main-d’œuvre bon marché, le tourisme de masse et une agriculture dépendante des intrants importés — montre désormais ses limites. La dépendance extérieure, la fragilité du tissu industriel, la dégradation des ressources naturelles et les inégalités régionales ont rendu nécessaire une révision profonde du paradigme national.
Zouhaïr Ben Amor *
Or, la Tunisie dispose d’atouts uniques : une situation géographique exceptionnelle à la pointe nord de l’Afrique, face à l’Europe, ouverte sur la Méditerranée et connectée au monde arabe et africain; une diversité naturelle rare pour un pays de sa taille; et surtout, un patrimoine culturel et historique d’une richesse exceptionnelle. Ces éléments constituent les fondements d’un modèle alternatif, que l’on pourrait résumer par une équation simple : Environnement + Culture + Tourisme.
Ce triptyque pourrait devenir l’ossature d’un développement durable à la tunisienne — un modèle reposant sur la protection de l’environnement (y compris l’agriculture), la valorisation culturelle et un tourisme repensé dans sa dimension qualitative et territoriale.
1. La Tunisie et ses atouts naturels et humains
La Tunisie est bénie par la nature. Son climat méditerranéen tempéré, son littoral de plus de 1 300 km, ses reliefs variés, ses zones humides, ses oasis, et ses terres agricoles confèrent au pays une diversité écologique que peu de nations arabes possèdent.
Pourtant, ces richesses naturelles sont aujourd’hui menacées. La surexploitation des nappes phréatiques, l’avancée de la désertification, l’érosion des sols et la pollution côtière pèsent lourdement sur les équilibres environnementaux. Selon la Banque mondiale, la Tunisie perd chaque année près de 0,7 % de son PIB à cause de la dégradation environnementale.
Mais l’environnement ne se réduit pas à un décor; il constitue une base de production, un patrimoine vivant et une source de bien-être collectif. C’est là que l’agriculture, composante essentielle de ce pilier, trouve toute sa place. L’Office national de l’agriculture (Onagri) rappelle dans son Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie (2015) que «la durabilité du secteur agricole passe par la préservation des ressources, la diversification des cultures et la valorisation du savoir-faire paysan».
À ces atouts naturels s’ajoute un patrimoine culturel et historique d’une densité exceptionnelle. La Tunisie est un carrefour de civilisations : phénicienne, romaine, byzantine, arabe, ottomane, andalouse, européenne. Ses médinas, ses sites archéologiques, ses traditions artisanales et musicales, ainsi que ses langues et cuisines régionales constituent une mosaïque culturelle d’une grande richesse.
Enfin, le pays dispose d’un capital humain jeune et éduqué, d’une diaspora dynamique et d’un secteur créatif en plein essor (design, photographie, cinéma, artisanat, arts plastiques). Ce potentiel humain et symbolique doit être placé au cœur du projet de développement.
2. Environnement et agriculture : socle de la résilience
Le pilier environnemental ne peut être dissocié de l’agriculture, qui reste le premier utilisateur de l’eau et un pilier social pour près d’un tiers des Tunisiens. Cependant, la pression climatique et hydrique impose une refonte totale des pratiques. La Tunisie est classée parmi les pays les plus exposés au stress hydrique dans le monde, avec moins de 400 m³ d’eau douce disponible par habitant et par an, loin du seuil de pauvreté hydrique fixé à 1 000 m³.
L’adoption de modèles agroécologiques, la modernisation raisonnée de l’irrigation, l’usage d’énergies renouvelables dans les exploitations et la revalorisation des déchets organiques constituent des priorités. Des expériences locales en permaculture, à Grombalia, Sidi Bouzid ou Tozeur, montrent qu’il est possible de produire autrement, avec des rendements stables et des sols régénérés.
Les politiques publiques doivent encourager ces transitions : crédits verts, labels bio, circuits courts entre producteurs et consommateurs, coopératives territoriales. Dans le monde, des exemples inspirants existent : l’Italie du Sud, le Maroc (plan Génération verte) ou encore le Portugal ont réussi à associer agriculture locale, tourisme rural et durabilité environnementale.
L’agriculture tunisienne peut devenir à la fois productrice de biens, de paysages et de valeurs culturelles. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) recommande de considérer les zones agricoles comme «systèmes écoculturels» : chaque terroir est porteur d’une identité, d’un savoir-faire et d’une biodiversité spécifique.
Ainsi, la préservation de l’environnement devient la condition de la durabilité économique : sans eau, sans sol fertile, sans paysages intacts, ni agriculture ni tourisme ne peuvent survivre.
3. Culture et patrimoine : l’âme du développement
La culture, dans ce modèle, n’est pas un supplément d’âme. Elle est la clé de la cohésion nationale et le moteur symbolique du développement. En effet, c’est la culture qui donne sens à l’espace, valeur au territoire, et attractivité à la nation.
La Tunisie possède une trentaine de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco, et des centaines d’autres en attente de reconnaissance. Pourtant, beaucoup de ces trésors sont sous-exploités ou laissés à l’abandon. La restauration des médinas (Tunis, Kairouan, Sousse, Sfax) et la mise en réseau de leurs artisans pourraient devenir un puissant levier économique et social.
Au-delà du patrimoine bâti, le patrimoine immatériel (chants, gastronomie, savoir-faire, mémoire populaire) doit être valorisé.
L’expérience de Djerba, récemment classée à l’Unesco (2023), montre qu’un territoire peut être reconnu pour la coexistence de ses traditions, de ses religions et de ses architectures vernaculaires.
La culture, lorsqu’elle s’ouvre à la création contemporaine, devient aussi un facteur d’innovation et de différenciation internationale. Le tourisme culturel, qui attire une clientèle curieuse et respectueuse, est une alternative durable au tourisme balnéaire de masse.
De plus, la culture ancre le développement dans la dignité. Elle valorise l’artisan, le musicien, le conteur, la potière ou le tisserand, en leur offrant reconnaissance et débouchés. Cette dynamique, soutenue par des circuits culturels (routes du patrimoine, festivals, musées vivants), peut revitaliser les régions intérieures et réduire les fractures territoriales.
4. Tourisme durable : catalyseur du modèle
Le troisième pilier, le tourisme, représente historiquement un moteur de devises et d’emplois, mais son orientation vers le «tout balnéaire» a fragilisé sa durabilité. Le tourisme tunisien a longtemps misé sur le volume plutôt que sur la qualité. Cette approche a généré des effets pervers : saisonnalité extrême, faibles marges, pression sur les ressources naturelles, dégradation du littoral et homogénéisation culturelle.
Aujourd’hui, un tournant s’impose. La stratégie nationale du tourisme durable à l’horizon 2035, élaborée avec l’appui de la Banque mondiale, recommande une diversification profonde : écotourisme, tourisme culturel, rural, saharien, sportif et médical.
L’écotourisme est un levier prometteur. Il repose sur la valorisation des parcs nationaux (Ichkeul, Bou Hedma, Chaambi), des zones montagneuses (Kef, Zaghouan), et des oasis (Douz, Tozeur, Nefta). Ces espaces, gérés de manière participative, peuvent devenir des laboratoires de durabilité.
Le tourisme rural et agricole, quant à lui, permet d’intégrer les populations locales : hébergement en gîtes, dégustation de produits du terroir, initiation aux pratiques agricoles, découverte des savoir-faire artisanaux. Cette approche, déjà expérimentée à Takrouna ou dans le Cap Bon, crée un lien humain et économique entre visiteurs et habitants.
L’exemple du projet BioTED (Tunisie-Belgique) est emblématique : il a permis de développer des circuits agrotouristiques bio, valorisant les petits producteurs et les paysages ruraux.
Enfin, le tourisme doit devenir un espace de responsabilité. Les visiteurs d’aujourd’hui recherchent l’authenticité, la nature et le sens. Le pays qui saura leur offrir cela gagnera en notoriété et en respect. La Tunisie a les moyens de devenir cette destination méditerranéenne durable, entre mer, désert et culture.
5. Les défis à surmonter
Ce modèle intégré, aussi séduisant soit-il, se heurte à plusieurs obstacles.
Le premier est le changement climatique : la diminution des précipitations, la montée du niveau marin, l’érosion côtière et la salinisation des sols sont des menaces existentielles. La Tunisie doit urgemment moderniser la gestion de l’eau : récupération des eaux pluviales, dessalement, réutilisation des eaux usées traitées, et tarification rationnelle.
Le deuxième défi est institutionnel : les politiques publiques restent fragmentées. L’environnement, l’agriculture, la culture et le tourisme dépendent de ministères différents, rarement coordonnés. Une approche intégrée nécessite une gouvernance territoriale, des agences régionales, et des compétences transférées aux collectivités locales.
Le troisième obstacle est économique : le financement de la durabilité. Or, les outils existent. Le Fonds vert pour le climat, la Banque européenne d’investissement et de nombreuses institutions internationales proposent des lignes de crédit pour les projets verts et culturels. La Tunisie pourrait en bénéficier à condition de présenter des projets cohérents et bien évalués.
Enfin, le quatrième défi est culturel au sens civique : il faut réhabiliter la conscience collective de la valeur de la nature et du patrimoine. La durabilité ne se décrète pas, elle s’éduque. Les écoles, les médias, les associations doivent inculquer une culture écologique et patrimoniale, un sens du bien commun.
6. Pour une gouvernance intégrée et participative
L’un des points faibles chroniques des politiques tunisiennes est la fragmentation administrative. Pour que ce modèle fonctionne, il faut une structure de gouvernance transversale — une Agence nationale du développement durable territorial — chargée d’orchestrer les actions entre les ministères, les collectivités et les acteurs privés.
Cette agence pourrait, par exemple, piloter des projets intégrés sur des territoires pilotes : un gouvernorat côtier, un territoire oasien, une médina restaurée. Ces expériences locales serviraient de laboratoires avant leur généralisation.
L’implication des citoyens est cruciale. La durabilité se construit à partir des communautés locales. Les municipalités, les associations, les coopératives, les universités doivent être associées à la conception et à l’évaluation des projets. Une gouvernance ascendante, fondée sur la concertation, garantit la continuité et l’appropriation.
De plus, la Tunisie pourrait mettre en place un système de paiement pour services environnementaux : les acteurs économiques qui profitent des paysages (hôtels, agences, promoteurs) devraient contribuer à leur préservation. Une telle mesure, déjà appliquée au Costa Rica et au Maroc, permet d’allier économie et écologie.
7. Comparaisons internationales et inspirations
Dans la région méditerranéenne, plusieurs pays ont engagé des transitions similaires. Le Portugal, après avoir connu un tourisme de masse, a réorienté sa stratégie vers la durabilité en misant sur la culture, la nature et la gastronomie. Résultat : un allongement de la saison touristique, une hausse du revenu par visiteur et une meilleure répartition régionale.
Le Maroc a intégré la culture et le tourisme durable dans son Plan Vision 2020, créant des circuits culturels et ruraux (Routes des kasbahs, du safran, des oasis). La Jordanie a développé le tourisme communautaire autour de Petra et de Dana, en impliquant directement les habitants dans la gestion et les bénéfices.
Ces exemples montrent que la durabilité n’est pas une utopie. Elle est économiquement rentable à moyen terme et politiquement valorisante. La Tunisie, par son histoire et sa position géographique, a toutes les conditions pour devenir une référence méditerranéenne du développement intégré.
8. Perspectives et impacts attendus
Si la Tunisie met en œuvre une stratégie cohérente articulant environnement, culture et tourisme, plusieurs effets vertueux peuvent être anticipés.
Sur le plan écologique, la restauration des milieux naturels, la reforestation, la rationalisation de l’eau et la réduction de la pollution amélioreraient la qualité de vie et la résilience climatique.
Sur le plan économique, la diversification des activités rurales, la création d’emplois dans la restauration patrimoniale, l’agrotourisme et les industries créatives pourraient absorber une partie du chômage des jeunes diplômés.
Sur le plan social et culturel, la revalorisation des savoir-faire traditionnels et la reconnaissance des cultures locales contribueraient à la cohésion nationale et au sentiment d’appartenance.
Enfin, sur le plan international, une image renouvelée de la Tunisie — moderne, durable et authentique — renforcerait son attractivité et sa crédibilité dans les circuits touristiques et environnementaux mondiaux.
9. Conclusion : un souffle pour la Tunisie de demain
L’équation Environnement + Culture + Tourisme n’est pas un slogan, mais une voie stratégique. L’environnement représente la base matérielle et biologique de la vie ; la culture en incarne l’âme et la mémoire ; le tourisme, s’il est durable, devient le moteur économique qui fait circuler les deux.
La Tunisie doit désormais passer de la parole à l’action :
investir dans l’agriculture durable et l’économie circulaire ;
restaurer et valoriser son patrimoine matériel et immatériel ;
repositionner son tourisme sur la qualité, l’expérience et la responsabilité.
Ce modèle intégré, soutenu par une gouvernance décentralisée et des financements verts, pourrait être le levier d’une renaissance nationale. Il offrirait à la Tunisie non seulement un nouvel horizon économique, mais aussi une identité réconciliée avec elle-même : un pays où le respect de la nature, la fierté culturelle et la dignité sociale se conjuguent pour bâtir un avenir durable.
Ainsi, la Tunisie pourrait redevenir ce qu’elle a toujours été au fil des siècles : un pont entre les civilisations, un jardin fertile au cœur de la Méditerranée, et un exemple pour les nations qui cherchent à conjuguer progrès et humanité.
* Universitaire.
Références bibliographiques (sélection):
Onagri, Référentiel pour une agriculture durable en Tunisie, 2015.
Banque mondiale, Toward Sustainable Tourism in Tunisia, 2024.
Pnud, Rapport sur le développement humain en Tunisie, 2023.
Arab Reform Initiative, Tunisia’s Climate Justice Movement, 2023.
Eco-Conseil Belgique, Projet BioTED, 2022.
Agenda 21 Culture, Cultural Policy for Sustainable Development in Tunis, 2022.
FAO, Agriculture, eau et changement climatique en Méditerranée, 2020.
World Tourism Organization (UNWTO), Sustainable Tourism Indicators for the Mediterranean, 2022.
Le Monde, Les producteurs tunisiens face au manque d’eau, 2024.
Institut Tunisien des Études Stratégiques (ITES), Tunisie 2030 : modèle de développement durable, 2022.
Chaque année, le 10 décembre, le monde célèbre la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un texte fondateur, né après les pires tragédies du XXᵉ siècle, qui devait servir de boussole morale universelle, plaçant la dignité humaine au-dessus des intérêts politiques, économiques ou géostratégiques. Mais célébrer aujourd’hui cet anniversaire relève presque de l’ironie. Car tandis que les discours officiels se multiplient, les pratiques, elles, s’éloignent dangereusement de l’esprit du texte de 1948.
Najet Zammouri *
Nous assistons, aujourd’hui, à une régression mondiale des droits humains, à une banalisation de l’arbitraire, et à une inquiétante dérive qui érige le deux poids deux mesures en norme internationale.
Les droits humains deviennent optionnels
Dans de trop nombreux pays, les droits humains ne sont plus perçus comme des principes sacrés, mais comme des variables d’ajustement entre les mains des gouvernements. Liberté d’expression réduite au silence, législations liberticides, justice instrumentalisée, criminalisation des voix dissidentes : la liste s’allonge.
Le plus troublant est que ces violations ne choquent plus. Elles se normalisent. La répression passe désormais sous les radars, rattrapée par des crises successives qui détournent l’attention ou par une lassitude générale face à la multiplication des conflits.
Le cynisme du deux poids, deux mesures
Jamais la contradiction entre principes proclamés et pratiques réelles n’a été aussi flagrante.
Ainsi, certains États qui se posent en champions des libertés ferment les yeux lorsque leurs alliés commettent l’impensable; d’autres justifient l’injustifiable au nom de la sécurité nationale.
Cette hiérarchisation des indignations sape la crédibilité même du système international des droits humains. Comment prétendre défendre l’universalité lorsque les violations sont condamnées ici, mais tolérées là-bas? Lorsque les migrant·e·s, les femmes, les minorités ou les défenseur·e·s des droits humains voient leurs droits dépendre de leur nationalité, de leur origine, de leur religion ou des intérêts des puissants ?
La sélectivité est devenue un langage diplomatique. Elle est aussi un aveu de faiblesse morale.
Des défenseur·e·s de droits humains ciblés comme jamais
Au moment même où l’humanité aurait besoin de voix courageuses, ce sont elles qui sont le plus menacées.
Intimidations, campagnes de diffamation, procès iniques, violences : les défenseur·e·s des droits humains, particulièrement les femmes, paient un prix exorbitant pour leur engagement.
Pourtant, leur combat est essentiel. Ils et elles sont le dernier rempart contre l’arbitraire et les dérives autoritaires. Ignorer leur protection, c’est accepter que le silence remplace la justice.
Réaffirmer l’universel : un devoir, pas un luxe
La Déclaration universelle des droits de l’homme n’est pas un texte du passé, mais un projet politique et éthique pour l’avenir, dont la survie exige qu’elle redevienne un véritable engagement et non un simple slogan. Réaffirmer son universalité signifie exiger une égalité de traitement pour toutes les violations, quel que soit l’auteur ou la victime, défendre avec courage les libertés fondamentales même lorsqu’elles dérangent, soutenir sans relâche les défenseur·e·s des droits humains partout dans le monde et replacer la dignité humaine au cœur des décisions politiques et économiques.
Face à la montée des extrémismes, aux conflits dévastateurs, aux discriminations et à l’impunité, la tentation de la résignation est grande, mais y céder serait trahir les aspirations fondamentales ayant inspiré la Déclaration de 1948.
Aujourd’hui plus que jamais, il faut rappeler que les droits humains ne sont ni un privilège ni une faveur, mais la condition indispensable à toute société juste, pacifique et véritablement humaine.
* Première vice-présidente de la Ligue tunisienne des droits de l’homme.
Le Centre pour le respect des libertés et des droits en Tunisie (CRLDHT), association tunisienne basée à Paris, appelle à un meeting citoyen de solidarité avec les prisonniers politiques et d’opinion en Tunisie, le mardi 16 décembre 2025 à 19 heures à la Bourse du Travail (Rue Château d’eau, Paris, Métro République).
Le meeting, mis sous le slogan «L’opposition n’est pas un crime. La solidarité internationale s’impose», est organisé avec le soutien et la présence de responsables de la société civile française et internationale (associations, partis politiques et syndicats), indique le CRLDHT. Son objectif principal : «témoigner collectivement de la répression qui frappe depuis 2023 les voix libres, la société civile, les médias, les avocat·e·s, les blogueurs et les syndicalistes.»
«Depuis 2023, la Tunisie subit une répression sans précédent. Les premières arrestations massives dans l’affaire dite du “complot contre la sûreté de l’État” ont ouvert la voie à une stratégie visant à criminaliser la dissidence et à soumettre la justice aux injonctions du pouvoir.
«Le 27 novembre 2025, cette dérive atteint son paroxysme : le tribunal d’appel prononce 824 années de prison en quelques heures, sans accusés, sans défense, sans procès réel. Un verdict politique.
«Depuis, la machine répressive s’emballe : Maître Ayachi Hammami, arrêté pour avoir dénoncé l’arbitraire ; Chaïma Issa, militante et journaliste, arrêtée en pleine manifestation ; Néjib Chebbi, 81 ans, figure historique de l’opposition, arrêté à son tour ; ainsi que des activistes, blogueurs, journalistes, avocats, syndicalistes et membres de la société civile.
«En parallèle, le pouvoir a entrepris de mettre au pas la justice, d’étrangler les libertés publiques, de réduire l’espace médiatique et d’intimider toutes les organisations indépendantes», lit-on dans le communiqué annonçant le meeting.
‘‘Chaque jour je vous ai écrit’’ (Ed. Asmodée Edern, Bruxelles), recueil de poèmes de la Libanaise L. Yamm, au titre emprunté à un vers de René-Guy Cadou, vient de paraître dans la Collection «Poétiques» que dirige le poète et académicien, Eric Brogniet.
Née dans le nord du Liban, L Yamm, publie ici un deuxième recueil, des poèmes-lettres, entre, évocations, souvenirs, appels et regrets de paradis perdus. Poèmes amoureux, sensuels et doux, chants nostalgiques. L’être aimé, de l’intimité physique, de l’éloge du corps, s’allie au paysage, au pays quitté, fusion et résonance, mots chargés de métaphores, où il n’est pas difficile de reconnaître un ancrage dans le lyrisme arabe.
L’amour du pays natal est une célébration mélancolique du corps intime, comme si la revue Jassad«Corps» qu’animait Joumana Haddad planait sur une écriture qui se lit sans fioritures de langage ni exercices de style.
Le recueil est une suite de correspondances imaginaires, l’être absent emporte le présent, soulève l’auteure, l’habite, il y a comme une douleur du pays qui manque, un désir que la plume tente de sauver, ouvrant les paravents d’une terre, d’une mer, d’une montagne, dont les fragrances remplissent le cœur et l’âme de celle qui part, qui quitte, sans avoir jamais quitté ni le lieu ni l’être :