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Euro en reprise, dollar affaibli : quelles implications pour le dinar tunisien ?

La scène monétaire internationale connaît un nouvel épisode de réajustement qui pourrait, à moyen terme, peser sur les équilibres externes des économies émergentes, dont la Tunisie. La paire EUR/USD poursuit une dynamique de reprise soutenue, portée à la fois par la faiblesse persistante du dollar américain et par une amélioration progressive des indicateurs européens. Ce mouvement, qui repositionne l’euro vers la zone des 1,17, se déploie dans un contexte géopolitique et macroéconomique plus serein qu’au cours des derniers mois.

L’euro bénéficie d’abord de signaux macroéconomiques plus robustes. Les derniers PMI des services en zone euro sont légèrement revus à la hausse, tandis que l’inflation — bien que remontant marginalement à 2,2 % — reste suffisamment contenue pour dissuader la BCE d’accélérer toute normalisation restrictive. Signe de détente financière : l’écart de rendement entre les obligations allemandes et italiennes est revenu à 70 points de base, un plus bas depuis quinze ans, renforçant la perception d’un risque souverain mieux maîtrisé en Europe.

De l’autre côté de l’Atlantique, les États-Unis montrent des signes d’essoufflement. L’indice ISM manufacturier peine à se redresser et les marchés restent convaincus que la Fed ira vers des baisses de taux dès décembre ou au tout début de 2026. Le calendrier statistique américain, particulièrement pauvre avant la réunion de la Fed, limite toute possibilité de renverser cette anticipation. Le dollar conserve certes des phases de rebond technique liées à des mouvements de refuge, mais celles-ci demeurent éphémères.

 

L’indice ISM manufacturier peine à se redresser et les marchés restent convaincus que la Fed ira vers des baisses de taux dès décembre ou au tout début de 2026.

 

Dans ce climat où l’euro gagne du terrain et où le billet vert s’affaiblit, la paire EUR/USD a franchi des niveaux techniques décisifs : 1,1600 puis 1,1650. Une cassure nette au-dessus de 1,1700 ouvrirait la voie vers 1,1728, voire 1,18, renforçant l’idée d’un retournement plus durable de tendance.

Cette recomposition monétaire internationale n’est pas sans conséquences pour les économies importatrices nettes comme la Tunisie, dont la devise reste fortement exposée aux mouvements du dollar et de l’euro.

Pour le dinar tunisien, l’appréciation de l’euro constitue un facteur ambivalent.
D’un côté, elle améliore mécaniquement la valeur des recettes en euros des secteurs exportateurs dominants — textile, mécanique-électrique, agroalimentaire, tourisme — offrant un répit relatif aux entreprises opérant avec l’Europe, principal partenaire commercial du pays. Elle contribue aussi à réduire les pressions de change lorsque la Banque centrale doit sécuriser les paiements extérieurs libellés en euros.

De l’autre, la Tunisie reste structurellement importatrice d’énergie, de matières premières et de biens intermédiaires dont une part importante est libellée en dollars. La faiblesse actuelle du billet vert constitue donc, à court terme, un soulagement appréciable : elle allège la facture énergétique, limite les tensions sur les réserves de change et tempère la dynamique inflationniste importée.

 

De l’autre, la Tunisie reste structurellement importatrice d’énergie, de matières premières et de biens intermédiaires dont une part importante est libellée en dollars. La faiblesse actuelle du billet vert constitue donc, à court terme, un soulagement appréciable…

Le scénario actuel — euro plus fort, dollar plus faible — constitue ainsi une configuration relativement favorable pour le dinar, réduisant son exposition au choc dollar et améliorant les termes de l’échange avec la zone euro. Toutefois, cette fenêtre demeure fragile. Une nouvelle volatilité géopolitique, un durcissement inattendu de la Fed ou au contraire un ralentissement brutal en Europe pourraient inverser rapidement les tendances, exposant de nouveau la Tunisie à des pressions de change plus fortes.

À ce stade, la reprise de l’euro au-delà de 1,16 ouvre une parenthèse de stabilité monétaire dont la Tunisie pourrait tirer avantage si elle est accompagnée d’une gestion prudente du marché des changes et d’une politique monétaire cohérente avec la maîtrise de l’inflation. Mais comme souvent, la respiration offerte par les marchés internationaux n’est qu’un répit : elle doit être mise à profit pour renforcer les fondamentaux internes, faute de quoi tout retournement du dollar pourrait relancer les tensions sur le dinar.

In fine, l’équilibre du moment — euro résilient, dollar vacillant — constitue une opportunité pour le dinar tunisien, mais une opportunité transitoire, dépendante d’un environnement mondial où les certitudes demeurent rares et où les cycles de volatilité se sont accélérés.

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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