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Rjim Maatoug | «Parfait exemple de la coopération italienne en Tunisie»

L’ambassadeur d’Italie en Tunisie, Alessandro Prunas, et la directrice de l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS) à Tunis, Isabella Lucaferri, ont visité, le 24 novembre 2024, les projets de coopération italienne à Rjim Maatoug et El Mahdeth, dans le gouvernorat de Kebili. (Photos : Alessandro Punas plantant un palmier et inspectant l’évolution du projet El Mahdeth).

L’ambassade d’Italie en Tunisie a annoncé la nouvelle sur ses canaux de communication, précisant que «le nouveau bâtiment administratif et le réservoir de collecte d’eau ont été inaugurés à Rjim Maatoug».

«Un impact concret sur les territoires et de nouvelles perspectives pour la population : tels sont les piliers de l’engagement de la coopération italienne en Tunisie», a souligné M. Prunas, ajoutant que «Rjim Maatoug en est un parfait exemple : plus de 2 500 hectares de désert sont désormais consacrés à la production agricole, assurant des moyens de subsistance à 8 000 personnes et transformant la région en un véritable catalyseur d’investissements. Nous réitérons ce succès à El Mahdeth, en transformant 1 050 hectares supplémentaires de terres désertiques en terres productives. Les besoins des communautés locales et le développement territorial sont au cœur du partenariat italo-tunisien.»

Rjim Maatoug est un projet phare de la coopération italienne, qui a inspiré des initiatives similaires dans les zones limitrophes. Ces oasis s’appuient sur une logique inspirée des dynamiques des oasis traditionnelles, tout en intégrant une conception moderne de l’agriculture et une utilisation plus rationnelle de la principale ressource de ces régions : l’eau, comme l’indique un article de l’Agence italienne pour la coopération au développement (AICS).

I. B. (avec Ansamed).

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La nappe de l’Albien | Ressource stratégique et risque de tensions régionales

Le stress hydrique s’impose aujourd’hui comme l’un des enjeux les plus critiques pour les pays du Sahel et d’Afrique du Nord. L’effet conjugué du changement climatique, de l’irrégularité des précipitations et d’une démographie en forte croissance aggrave la vulnérabilité hydrique de la région, au point que plusieurs études prévoient une situation critique dès 2030. Avec une disponibilité inférieure à 450 m³ d’eau par habitant et par an, la Tunisie se trouve désormais en situation de pénurie hydrique absolue. Dans ce contexte, la nappe de l’Albien apparaît comme une alternative stratégique, susceptible de fournir une ressource vitale pour plusieurs décennies. Un réservoir d’eau souterrain parmi les plus vastes au monde.

Lassaâd Bouazzi *

La nappe de l’Albien, ou Système aquifère du Sahara septentrional (SASS), est une réserve d’eau fossile non renouvelable couvrant environ un million de kilomètres carrés (deux fois la surface de la France) entre la Libye, l’Algérie et la Tunisie. Sa répartition territoriale est estimée à 70 % pour l’Algérie, 20 % pour la Libye et 10 % pour la Tunisie. Avec un volume de près de 60 000 milliards de mètres cubes (environ trois fois le volume d’eau de la mer Baltique), elle constitue le plus grand réservoir d’eau douce souterraine de la planète.

Une ressource aussi stratégique représente une opportunité considérable pour le développement agricole et économique, mais elle demeure également une source potentielle de tensions si elle n’est pas gérée de manière coopérative. L’idée selon laquelle les conflits futurs auront pour enjeu l’accès à l’eau fait désormais consensus parmi les experts.

Des accords fragilisés et une gouvernance insuffisante

En 2008, un accord tripartite signé sous l’égide de l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), une organisation onusienne dont le siège se trouve à Tunis, avait établi un cadre de coopération pour gérer durablement la nappe. Toutefois, la chute du régime libyen en 2011 a profondément fragilisé ce cadre institutionnel. Le mécanisme de concertation du SASS, auparavant hébergé par l’OSS, n’est plus opérationnel depuis plusieurs années.

Cette absence de coordination s’est manifestée en 2016 lorsqu’un différend a opposé la Libye à l’Algérie, cette dernière accusant Tripoli d’un pompage excessif non conforme aux règles convenues, entraînant une dégradation de la nappe.

En 2024, un nouvel accord tripartite a été signé et ratifié par la Tunisie (décret n°23 de l’année 2025). Toutefois, ce texte ne fixe ni quotas d’extraction ni calendrier détaillé, ce qui limite encore sa portée pratique.

Rjim Maatoug, un modèle pionnier mais limité

La Tunisie a été parmi les premiers pays à mobiliser les eaux de l’Albien pour un projet structurant. En 1980, le président Habib Bourguiba avait lancé le projet de développement intégré de Rjim Maatoug, dans le gouvernorat de Kébili. Ce programme stratégique visait à fixer les populations dans une région frontalière sensible et à renforcer la production nationale de dattes «deglet nour». Il constitue aujourd’hui une réussite agricole et socio-économique, bien que sa consommation en eau reste maîtrisée.

Depuis lors, l’exploitation tunisienne de la nappe est restée limitée en raison de contraintes financières, technologiques et environnementales.

Les ambitions agricoles algériennes à grande échelle

À l’inverse, l’Algérie a engagé ces dernières années une politique d’exploitation intensive de la nappe dans un objectif de sécurité alimentaire et d’exportation. Deux projets phares illustrent cette dynamique.

1- Le projet algéro-italien de Timimoun : destiné à la mise en valeur de 36 000 hectares dédiés aux céréales, légumes et soja, ce programme d’un montant de 420 millions d’euros comprend également des unités de transformation agroalimentaire, des silos de stockage et des infrastructures de base (routes, énergie, télécommunications).

2. Le projet algéro-qatari pour la production laitière : prévu pour 2026, ce projet d’un montant de 3,5 milliards d’euros inclut des fermes fourragères, un cheptel d’environ 80 000 têtes et une usine de production de lait en poudre. Ce projet vise à réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis des importations et à améliorer sa sécurité alimentaire.

Quels enjeux pour la Tunisie ?

La Tunisie, disposant de ressources financières limitées, doit aujourd’hui envisager une stratégie claire pour garantir son accès à cette ressource vitale. Deux pistes prioritaires se dégagent :

1- renforcer la coopération internationale afin d’attirer des investissements dans les projets agricoles et industriels, en valorisant ses atouts en matière de compétences humaines et techniques;

2- consolider le cadre juridique tripartite pour garantir son quota d’exploitation et protéger la nappe, notamment face aux projets algériens d’extraction du gaz de schiste et de production d’hydrogène vert, deux activités susceptibles d’accélérer l’épuisement et la contamination de la ressource.

La nappe de l’Albien représente à la fois une opportunité exceptionnelle et un défi considérable pour les pays du Maghreb. Son exploitation doit impérativement s’inscrire dans une logique de coopération transfrontalière et de durabilité. Sans gouvernance rigoureuse, cette ressource stratégique pourrait devenir un facteur d’instabilité, dans une région déjà fragilisée par les pressions climatiques et économiques.

* Ancien officier de la marine tunisienne.

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