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L’encours des dettes publiques à 136 624,8 MDT fin septembre 2025

Les chiffres de l’exécution du budget jusqu’à fin septembre 2025 sont là. Parmi les chiffres souvent attendus, ceux relatifs à l’endettement souverain.

Sur les neuf premiers mois de l’année, la Tunisie a pu mobiliser 15 467,4 MDT sur le marché local, dont 9 111 MDT de BTA et 2 306,4 MDT de BTCT. Les autres emprunts sont essentiellement le financement direct auprès de la Banque centrale qui s’est élevé à 4 050 MDT. La ligne n’a donc pas été consommée totalement. Ce qui est un bon point. Il serait souhaitable de limiter l’utilisation de ce financement monétaire si d’autres ressources sont disponibles.

Quant à l’endettement extérieur, il s’est limité à 3 045,1 MDT, répartis en : 1 799,8 MDT d’appui budgétaire; 1 048,1 MDT d’emprunts extérieurs affectés aux projets de l’Etat; et 197,2 MDT de prêts extérieurs rétrocédées aux entreprises publiques.

L’Afreximbank est le premier bailleur de fonds, avec 1 595,3 MDT. Il devance la BIRD (117,5 MDT), la Banque africaine de développement (75,3 MDT) et l’Agence française de développement (11,8 MDT).

Les institutions financières multilatérales sont les fournisseurs exclusifs de financements.

Quant au service de la dette, il s’est élevé à 19 532,5 MDT. Soit 79,1 % de ce qui est budgétisé, dont 10 807,7 MDT d’emprunts locaux et 8 724,8 MDT externes. Ainsi, il y a eu un désendettement extérieur net de 4 233 MDT, et un endettement net interne de 3 373,7 MDT.

En tout, l’encours de la dette s’élève à 136 624,8 MDT fin septembre 2025, dont 41,1 % libellés en devises. Le stock de prêts extérieurs a reculé de 10 763 MDT depuis décembre 2023. Il est clair que nous allons terminer l’exercice avec un niveau de dettes bien inférieur à ce qui a été budgétisé pour 2025, soit 147 402 MDT.

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Le phénomène des défauts de paiement se propage encore dans l’économie

L’idée centrale de la modification des règles régissant le chèque était de mettre fin à des dizaines de milliers d’incidents de paiements et leurs conséquences économiques sociales.

 

Néanmoins, le phénomène des impayés est toujours là et il s’est accentué au niveau des lettres de change. Les statistiques qui viennent d’être publiées par la Banque centrale de Tunisie montrent que la valeur des chèques retournés impayés s’est élevée à 1 608 MDT sur les neuf premiers mois de 2025 contre 2 323 MDT une année auparavant. Il y a donc une vraie réduction des incidents de paiement causés par le chèque, ce qui reflète une certaine réussite des mesures prises.

Quant aux lettes de change, la hausse des volumes d’échange de 58,6 % à 39 787 MDT est, naturellement, accompagnée par une amplification de la fréquence des défauts de paiement. Environ 347 000 effets ont été rejetés jusqu’à fin septembre 2025, contre près de 142 000 sur la même période en 2024. En volume, il y a eu une vraie hausse, de 2 034 MDT l’année dernière à 3 501 MDT cette année.

En tout, nous sommes en train de parler d’un total de défauts de paiement de 5 109 MDT entre les deux moyens de paiement, une hausse de 17,2 % en glissement annuel.

L’accroissement de ce phénomène n’est que le résultat d’un pouvoir d’achat sous pression, côté ménages, et d’un accès limité à la trésorerie pour les entreprises. Le vrai remède passe, bien évidemment, par des réglementations, mais pas uniquement. Il est recommandé d’agir sur les délais de paiement des fournisseurs et sur la disponibilité de financement à court terme.

In fine, cette situation ne peut résulter qu’en un renchérissement des prix que le consommateur final paiera et d’une marge où le marché parallèle peut encore se développer.

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Transformation digitale : la Tunisie numérise, mais ne digitalise pas

La Tunisie accuse un retard critique dans sa transformation digitale : malgré une décennie de discours sur la « numérisation », l’État fonctionne encore sans architecture numérique, sans registre national des données, sans interopérabilité et sans souveraineté technologique. C’est en tout cas ce qu’affirment plusieurs experts du domaine.

Avec des chiffres éloquents à l’appui : 68 % des services publics n’opèrent sur aucune infrastructure intégrée, 72 % des plateformes sont dupliquées, et un tiers des projets numériques explosent leurs budgets de 200 %. L’administration perd 40 % de son temps à chercher des données et 60 % à les vérifier, faute d’un système d’échange unifié.

Mais il y a plus grave encore, car 80 % des données publiques seraient dispersées sur plus de 150 serveurs obsolètes, souvent non chiffrés, parfois hébergés à l’étranger. Et s’il en est ainsi, c’est parce que la Tunisie ne disposerait d’aucune classification nationale des données et ne maîtrise pas ses codes sources : un véritable risque de souveraineté numérique, nous explique-t-on. La « numérisation » vantée par le ministère se limite à mettre en ligne les anciennes procédures, sans réingénierie : mêmes files d’attente, mêmes documents, mais derrière un écran. Le citoyen saisit plusieurs fois les mêmes données, faute d’interopérabilité.

Face à ce constat, l’État ne peut plus avancer à coups de plateformes isolées ou de projets sans cohérence, en ce sens que la solution exige une refondation profonde… sur six piliers :

1. Créer une autorité nationale de transformation numérique, dotée de pouvoirs supraministériels pour normaliser, superviser et stopper les projets défaillants.
2. Construire en 24 mois un registre national unifié des données (coût : 45 MDT, économies : 90 MDT/an) pour instaurer une Single Source of Truth.
3. Unifier l’État sur un GovStack tunisien, regroupant citoyen, entreprises et administration, permettant de rationaliser l’ensemble des 640 services publics.
4. Réengager la réingénierie : réduire les procédures de 17 à 4 étapes et diminuer les documents de 70 %.
5. Créer un Centre de souveraineté numérique, assurant cybersécurité, identité numérique, cloud souverain et propriété publique des codes sources.
6. Former 14 000 compétences dans les métiers clés du digital, condition indispensable pour une transformation durable.

Aujourd’hui, la Tunisie ne manque pas de technologies mais de vision. La souveraineté n’est plus une question de frontières, mais de serveurs, de données et d’algorithmes. Sans une refondation numérique assumée, l’État restera prisonnier d’une bureaucratie en ligne qui n’a de digital que la surface. La transformation numérique n’est pas le projet d’un ministère : c’est le projet d’une nation.

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Banque mondiale : renforcer les filets sociaux peut soutenir la reprise économique de la Tunisie

L’économie tunisienne montre des signes de reprise, soutenue par une production agricole plus robuste, un regain d’activité dans le secteur de la construction, et une amélioration du tourisme. C’est ce qu’il ressort de la dernière note économique de la Banque mondiale intitulée « Renforcer les filets de sécurité sociale pour plus d’efficacité et d’équité ».

Le PIB réel a progressé de 2,4 % au cours des neuf premiers mois de 2025. Et ce, après des années de croissance modérée et les effets persistants de la crise de COVID-19. La croissance devrait atteindre 2,6 % en 2025 et se stabiliser autour de 2,4 % en 2026-2027. C’est encore ce qu’on peut lire dans le rapport de la BM sur les filets sociaux.

Si des conditions météorologiques favorables et un regain d’activité dans les secteurs clés devraient soutenir la reprise, des contraintes structurelles— notamment des financements extérieurs limités, une croissance de la productivité atone et un niveau d’investissement insuffisant— continuent de peser sur les perspectives à moyen terme.

Poursuite de la baisse de l’inflation

S’agissant des autres indicateurs macroéconomiques, l’inflation a poursuivi sa baisse pour le septième mois consécutif. Elle atteint 4,9 % en octobre, après un pic de 10,4 % en février 2023. Cette baisse est principalement liée au recul des prix mondiaux de l’énergie et des céréales, l’inflation alimentaire s’étant repliée à 5,6 %. Le déficit du compte courant s’est accentué pour atteindre 2 % du PIB au premier semestre, sous l’effet d’une hausse des importations et d’exportations stagnantes.

Toutefois, la solidité des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens résidents à l’étranger auront contribué à atténuer les pressions extérieures. Les investissements directs étrangers ont augmenté de 41 % au cours des sept premiers mois. Ils sont tirés par les projets dans les énergies renouvelables. Soutenant ainsi la stabilité extérieure; malgré un accès limité aux marchés internationaux.

Réduction du déficit public

Sur le plan budgétaire, le déficit public s’est réduit à 6,3 % du PIB en 2024. Tandis que la dette publique s’établit autour de 84,5 % du PIB.

Le chapitre spécial du rapport examine le système tunisien de protection sociale, en mettant l’accent sur les programmes d’assistance sociale.

L’analyse montre que le programme de transferts monétaires AMEN a joué un rôle central dans la réduction de la pauvreté et des inégalités. Sa couverture ayant triplé au cours de la dernière décennie pour atteindre environ 10 % de la population.

 

Lire aussi: 81 % Tunisiens disposent d’une couverture maladie, mais…

 

Le rapport suggère de poursuivre les efforts pour améliorer le ciblage et l’équité, tout en développant davantage les outils numériques. En outre, il souligne l’importance de renforcer l’inclusion économique et d’étendre progressivement l’assurance aux travailleurs informels, afin de tendre vers un système plus efficace et équitable.

« La Tunisie a réalisé d’importants progrès en matière de couverture en faveur des plus pauvres », souligne Alexandre Arrobbio, le représentant-résident de la Banque mondiale pour la Tunisie. « Conformément à l’accent que notre partenariat avec la Tunisie met sur le capital humain et la résilience, améliorer l’efficacité et l’équité des filets de protection sociale pourrait réduire les inégalités et stimuler l’inclusion économique des ménages vulnérables ».

Continuer de préserver la stabilité macroéconomique et de renforcer la viabilité budgétaire, tout en étendant une protection sociale bien ciblée, sera essentiel pour assurer une prospérité partagée à l’ensemble de la population tunisienne. Il est tout aussi crucial de poursuivre les initiatives visant à améliorer la performance des entreprises publiques et à améliorer la concurrence et le climat d’investissement.

Avec communiqué

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Forex et Tunisie : entre glissement du dollar, prudence européenne et respiration du dinar

Les marchés des devises s’ouvrent cette semaine dans un climat marqué par la retenue. Une prudence élevée et une forte sensibilité aux signaux de politique monétaire. Le mouvement récent de la paire EUR/USD, revenue à proximité du seuil symbolique de 1,1500 après deux séances de recul, illustre un marché en transition. Lequel hésite entre la fermeté prudente de la Banque centrale européenne et la possibilité d’un assouplissement plus rapide de la Réserve fédérale américaine.

Durant les échanges asiatiques, l’EUR/USD s’est stabilisé autour de 1,1510, prolongeant une dynamique négative, mais dépourvue de panique. L’euro glisse légèrement, mais ne décroche pas : c’est la posture mesurée de la BCE qui en constitue le principal amortisseur. Les membres du Conseil des gouverneurs maintiennent un discours prudent, évoquant un statu quo prolongé des taux directeurs probablement jusqu’à fin 2026. Et ce, à mesure que l’inflation converge progressivement vers l’objectif de 2 %. Les données d’activité de novembre, en léger retrait mais conformes aux attentes, confortent cette stratégie de stabilité monétaire.

Christine Lagarde a rappelé, dans ses dernières interventions, que la BCE ne relâchera pas sa vigilance. Ainsi, toute dérive, même marginale, de l’inflation pourrait entraîner une adaptation des taux. Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel. Tout en écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît. Cette stratégie permet à l’euro d’éviter un décrochage plus marqué, dans un environnement international encore incertain.

 

Gabriel Makhlouf, gouverneur irlandais et membre influent du Conseil, insiste pour sa part sur la pertinence du taux actuel. Tout en écartant tout ajustement tant qu’aucune rupture macroéconomique n’apparaît.

 

Face à cette prudence européenne, le dollar américain poursuit un mouvement opposé. Le billet vert s’affaiblit, plombé par une révision soudaine des anticipations sur la politique de la Fed. Les marchés intègrent désormais une probabilité de 69 % d’une baisse des taux dès la réunion de décembre, contre 44 % il y a seulement une semaine, selon les données du CME FedWatch. Ce retournement d’humeur traduit la montée d’un optimisme prudent quant à la capacité de la Fed à accompagner le ralentissement de l’inflation américaine. L’effet immédiat est une perte d’altitude du dollar, offrant à l’euro une fenêtre d’appréciation malgré sa phase de consolidation.

La parité EUR/USD navigue ainsi dans une zone charnière où s’articulent stratégies monétaires, signaux économiques et seuils techniques. Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du Forex.

 

Le niveau de 1,1500 agit comme un pivot psychologique majeur. Les investisseurs évoluent dans une période où les politiques monétaires se redéfinissent, et où chaque donnée d’inflation, chaque mot prononcé par Lagarde ou Powell, peut redessiner la courbe du Forex.

 

Tunisie : un dollar en reflux, une respiration pour un dinar sous tension permanente

La dérive tendancielle du dollar n’est pas un phénomène lointain pour la Tunisie. Bien au contraire : elle produit des effets directs et immédiats sur la trajectoire du dinar, sur les équilibres macroéconomiques et sur les coûts supportés par l’État comme par les entreprises.

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège. Dans une économie où plus de la moitié de l’inflation découle du renchérissement des importations, cette dépréciation du dollar constitue une véritable bouffée d’oxygène.

 

Une part considérable des transactions extérieures tunisiennes – hydrocarbures, matières premières industrielles, produits alimentaires stratégiques, fret international, technologies – est libellée en dollar. Lorsque le billet vert s’affaiblit, l’effet est quasi mécanique : la facture énergétique diminue, le coût des importations essentielles se contracte et la pression sur l’inflation importée s’allège.

 

À cela s’ajoute la dynamique de l’euro. Une légère appréciation de la monnaie européenne face au dollar se traduit par une détente du taux EUR/TND. Pour la Tunisie, reliée commercialement, touristiquement et financièrement à l’Union européenne, cette évolution est favorable : elle améliore la valeur des recettes touristiques et des transferts des Tunisiens à l’étranger, souvent libellés en euro. Elle agit également comme un stabilisateur sur les importations provenant de la zone euro, premier fournisseur du pays.

Un répit conjoncturel, mais aucun changement structurel

Pour autant, il serait illusoire d’y voir une amélioration durable de la situation du dinar. Si l’affaiblissement du dollar procure un soulagement, il ne corrige en rien les déterminants fondamentaux de la fragilité monétaire tunisienne : déficit commercial structurel; dépendance énergétique; faiblesse chronique du taux d’épargne; besoins massifs de financement extérieur; inflation persistante; et croissance insuffisante pour régénérer les réserves de change.

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit. En conséquence, la détente du dollar constitue un facteur conjoncturel de stabilisation, non un levier de valorisation durable.

 

La Banque centrale de Tunisie (BCT), contrainte par un environnement interne dégradé, ne peut capitaliser pleinement sur la faiblesse du billet vert. Elle reste enfermée dans une stratégie de défense graduelle du dinar, sans marge de manœuvre pour assouplir la politique monétaire ou relancer le crédit.

 

Une fenêtre stratégique pour atténuer les vulnérabilités

L’environnement monétaire international actuel ouvre toutefois une fenêtre d’opportunité : réduire temporairement la pression sur les importations stratégiques, lisser le profil de remboursement de certaines dettes en devises et contenir la transmission inflationniste. À condition que ces marges de respiration soient exploitées pour renforcer la balance extérieure, améliorer la gestion des subventions énergétiques, relancer l’exportation et accélérer les réformes structurelles.

La Tunisie évolue dans un système où les variables externes– Fed, BCE, marchés des matières premières– influencent directement sa trajectoire macroéconomique. La dérive tendancielle du dollar en est un exemple. Reste maintenant à transformer cette respiration passagère en une dynamique plus durable. Ce qui suppose une stratégie cohérente de réformes, d’intégration commerciale et de renforcement de la productivité. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Les problèmes de dettes africaines à l’épreuve de la présidence américaine du G20

L’Afrique du Sud a cédé la présidence du G20 aux États-Unis, mettant fin à une série de quatre grandes économies émergentes, incluant l’Indonésie, l’Inde et le Brésil, à la tête du groupe. Ces années ont vu la question de la viabilité de la dette des pays en développement devenir une priorité de plus en plus pressante.

La direction du G20 s’éloigne ainsi du Sud au moment même où les problèmes d’endettement dans les pays plus pauvres menacent de se rallumer, mettant à l’épreuve la capacité de ses ambitions en matière d’allègement de la dette à se concrétiser sous une présidence américaine.

 

Plusieurs bombes à retardement

La dette des économies émergentes a atteint un niveau record, dépassant les 100 000 milliards de dollars. En Afrique, le sujet est particulièrement aigu. Le Fonds monétaire international (FMI) avertit qu’une vingtaine de pays africains sont en situation de surendettement ou présentent un risque élevé de l’être.

Le Sénégal est devenu un point de tension après que des emprunts non déclarés de milliards de dollars ont incité le FMI à geler un programme de 1,8 milliard de dollars et ont provoqué une forte dégradation de la notation souveraine.

Le Gabon a eu recours à des opérations de gestion du passif pour alléger la pression du remboursement, notamment par des échanges d’obligations régionales d’une valeur d’environ un milliard de dollars. Le Mozambique a recherché des conseillers pour une restructuration; tandis que le niveau d’endettement du Malawi approche les 90 % du PIB.

Bien que le G20 ait lancé en 2020 le “Cadre commun“, conçu pour ouvrir la voie à des réaménagements rapides de la dette pour les pays plus pauvres après la pandémie de COVID, les progrès dans la refonte de l’architecture financière internationale ont été lents.

 

Quelle attitude pour les Etats-Unis?  

Depuis son lancement, le Cadre commun a permis de traiter la dette de quatre pays : le Tchad, la Zambie, le Ghana et l’Éthiopie.

L’Afrique du Sud a tenté de relancer les efforts durant son année à la présidence du G20. Les ministres des Finances du groupe ont publié une Déclaration ministérielle distincte sur la viabilité de la dette, une première depuis la pandémie, et se sont engagés à renforcer le Cadre commun.

Le programme des États-Unis, qui dirigera le G20 jusqu’à fin 2026, inclut la résolution des défis liés à la dette, la stimulation de la croissance économique et l’expansion de la création d’emplois, ce qui offre une certaine continuité.

L’Afrique pense qu’il est nécessaire de réviser le cadre de viabilité de la dette, en particulier pour améliorer les conditions de financement des pays plus pauvres. Le G20 a montré par le passé qu’il pouvait faire la différence mais il a des limites. Est-ce que la politique de Trump permettra de faciliter de tels progrès?

L’approche actuelle de la Maison Blanche est caractérisée par un nationalisme économique et un bilatéralisme strict, s’éloignant radicalement des approches multilatérales comme celles du G20. Trump considère que le développement de l’Afrique doit passer par le commerce et les investissements privés, et non par l’aide publique. La présidence américaine marquerait un changement radical par rapport aux efforts actuels de coordination internationale.

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CHRONIQUE – Revue économique et financière hebdo du 21 novembre 2025 : Sans cadre macro stable, aucune reprise durable possible

L’économie mondiale aborde la fin de l’année dans un climat mêlant incertitudes géopolitiques, ajustements monétaires et tensions persistantes sur les marchés. La combinaison d’un ralentissement de la croissance européenne, d’une résilience américaine légèrement affaiblie et de risques géopolitiques persistants au Moyen-Orient continue de peser sur les flux de capitaux et le comportement des investisseurs.

Dans ce contexte, les marchés internationaux évoluent de manière prudente, avec une volatilité accrue sur les devises et une normalisation lente mais perceptible des taux d’intérêt dans les économies avancées.

Sur le plan financier, les marchés anticipent désormais que la Réserve fédérale américaine maintiendra un biais restrictif plus longtemps; malgré un assouplissement progressif des tensions inflationnistes.

Les écarts de taux entre les États-Unis et la zone euro restent déterminants pour l’évolution de l’EUR/USD. Tandis que la réorientation du commerce mondial, la reconfiguration des chaînes d’approvisionnement et la baisse des prix de certaines matières premières influencent les flux vers les marchés émergents.

L’environnement reste donc contrasté pour les économies dépendantes des financements extérieurs comme la Tunisie, où les arbitrages des investisseurs demeurent sensibles aux risques souverains et à la dynamique du dinar.

 

En Tunisie

Dans ce contexte global cadenassé, la conjoncture tunisienne montre des signaux mixtes. La liquidité bancaire demeure sous tension, comme en témoigne la baisse du solde du compte courant du Trésor, qui recule à 1 125,5 MDT contre 1 373,5 MDT la veille. Le solde du compte courant ordinaire des banques s’améliore toutefois nettement, passant à 358,4 MDT. Ce qui traduit une respiration temporaire de la liquidité interbancaire. Les billets et monnaies en circulation continuent de progresser légèrement. Cela confirme la préférence du public pour les moyens de paiement liquides et le maintien d’une économie informelle significative.

Sur le marché monétaire, la Banque centrale poursuit une politique de stabilité, avec un taux directeur maintenu à 7,5 %. Le taux du marché monétaire s’aligne parfaitement sur ce niveau, témoignant d’un pilotage serré de la liquidité. Le volume global de refinancement recule à 10 377,4 MDT, en baisse par rapport à la veille et surtout en retrait notable par rapport à 2024. Cette évolution reflète une moindre pression instantanée sur la liquidité, mais aussi un recours accru aux opérations longues, notamment les opérations de refinancement à six mois qui atteignent un encours de 2 555 MDT, très supérieur au niveau d’il y a un an.

La dynamique des transactions interbancaires reste solide. Les opérations à vue progressent nettement et dépassent 3 256 MDT, apportant une fluidité appréciable entre les banques. Les opérations à terme se stabilisent autour de 982 MDT, confirmant la poursuite de stratégies prudentes de gestion des positions bilancielles.

La situation des Bons du Trésor continue de souligner la transformation de la structure de financement de l’État. Les Bons du Trésor assimilables atteignent désormais 29 137,6 MDT, soit plus de 10 milliards de plus qu’en 2024. Tandis que les bons à court terme sont en chute très marquée. Cette tendance confirme la stratégie du Trésor visant à allonger la maturité de la dette intérieure, tout en maîtrisant les pressions de refinancement dans un contexte où les financements extérieurs restent rares.

Sur le volet extérieur, les recettes touristiques cumulées atteignent 7 141,5 MDT, en hausse solide par rapport à 2024. Traduisant ainsi une saison encore dynamique malgré les aléas géopolitiques régionaux. Les revenus du travail progressent également, soutenus par la reprise des transferts depuis l’étranger. En parallèle, le service de la dette extérieure cumulée se replie légèrement, signe d’une répartition plus étalée des échéances sur 2025.

Les avoirs nets en devises se stabilisent autour de 24 815,4 MDT, équivalant à 106 jours d’importation. Bien qu’en léger retrait par rapport au niveau de 2024, ces réserves restent confortables et permettent d’accompagner un marché de change où le dinar enregistre des performances contrastées. Il se déprécie face au dollar mais s’apprécie légèrement face à l’euro, en phase avec les mouvements internationaux. Cette évolution confirme la sensibilité du dinar à la configuration du dollar sur les marchés mondiaux et à l’écart de croissance entre les deux zones.

L’ensemble de ces indicateurs dessine un paysage économique complexe, où la Tunisie navigue entre fragilités structurelles et améliorations ponctuelles.

À court terme, la combinaison d’une liquidité bancaire volatile, d’un marché monétaire sous contrôle et de réserves de change encore robustes devrait permettre de préserver la stabilité financière. Toutefois, les risques demeurent. Une remontée des tensions géopolitiques, un accès toujours limité au financement extérieur et une croissance intérieure modérée pourraient maintenir la pression sur le dinar et sur la capacité de l’État à gérer l’échéancier de sa dette.

À moyen terme, la trajectoire dépendra largement de la capacité à renforcer la crédibilité budgétaire, à améliorer l’efficacité du financement de l’économie et à consolider les moteurs externes, notamment le tourisme et les transferts des expatriés. La stabilisation du cadre macroéconomique reste incontournable pour favoriser un retour progressif de la confiance et pour relancer les investissements jugés essentiels à une croissance durable.

  

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Références :

(1) Sources principales consultées pour le contexte international : World Bank MENAAP (21 nov. 2025), données prix Brent / marché pétrolier (21 nov. 2025), minutes Fed / prises de position récentes, analyses Reuters sur la réaction des marchés aux tensions régionales. (Banque Mondiale)

(2) (*) https://www.bct.gov.tn/bct/siteprod/indicateurs.jsp

(**) https://www.ins.tn/

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Tunisie : une “démocratie” sous perfusion économique ?

Parmi les rares pays à avoir maintenu un cap démocratique après les soulèvements arabes de 2011, la Tunisie avait incarné une promesse fragile.

Liberté d’expression, élections pluralistes, société civile active… autant de conquêtes saluées par les chancelleries occidentales.

Une ère qui précède l’entrée en vigueur de l’article 54, dont l’adoption a marqué un tournant dans le cadre juridique encadrant la liberté d’expression. Depuis, les acteurs médiatiques et les internautes évoluent dans un climat de vigilance croissant, redoutant que certains de leurs propos soient considérés comme diffamatoires ou susceptibles de porter atteinte à l’image du pays.

Et derrière la vitrine politique, une réalité économique s’effondre. Chômage endémique, dette publique galopante, disparités régionales criantes : la transition tunisienne est en panne. Le soutien international, censé accompagner une transition politique et économique qui a trop duré semble à la fois timide, désordonné et parfois contre-productif.

 Une voix éclairante : Sabina Henneberg

Sabina Henneberg, chercheuse principale au Washington Institute for Near East Policy, spécialiste de l’Afrique du Nord vient de publier au “Journal of International Affairs” de Columbia University, un long article récapitulatif des 10 années post 14 janvier 2011 (2011-2021) *. Son regard croisé sur les enjeux politiques et économiques tunisiens éclaire les limites du soutien international et les défis d’une transition durable.

(La traduction ci-dessous de son article ne prétend pas à l’exhaustivité, mais vise à restituer les principaux éléments de son proposé).

Les réformes imposées par les bailleurs internationaux manquent de légitimité locale. Faute d’ancrage national, elles n’ont pas réussi à améliorer la situation économique.

Une décennie de réformes… pour quels résultats ?

Depuis 2011, les gouvernements tunisiens se succèdent, porteurs de promesses de redressement. Mais les réformes structurelles, souvent dictées par les bailleurs internationaux, peinent à produire des effets tangibles, estime Sabina.

Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, l’Union européenne et d’autres partenaires ont proposé des plans d’aide, conditionnés à des ajustements budgétaires stricts : réduction des subventions, gel des salaires publics, privatisations…

Résultat : une population désabusée, une classe moyenne fragilisée, et une jeunesse qui regarde vers l’exil. Les réformes, perçues comme imposées de l’extérieur, manquent de légitimité sociale. Elles ne s’inscrivent pas dans une vision nationale partagée, mais dans une logique technocratique souvent déconnectée des réalités locales.

 Un soutien international aux effets ambigus

Sabina Henneberg rappelle que peu d’études ont analysé le rôle de la communauté internationale dans cette transition économique insoutenable. Riccardo Fabiani (2018) a souligné que les bailleurs internationaux, séduits par les avancées démocratiques apparentes de la Tunisie, ont continué à fournir une « aide financière abondante et bon marché », malgré l’incapacité du pays à mettre en œuvre les réformes économiques requises.

De son côté, Robert Kubinec (2016) a mis en garde contre les risques liés à l’ignorance du népotisme et de l’inefficacité, qui pourraient compromettre les acquis plus larges de la Tunisie. À ce jour, aucune recherche n’a examiné de manière systématique les raisons pour lesquelles le soutien déclaré de la communauté internationale au processus de réforme économique tunisien a échoué aussi profondément d’ici 2021.

Le soutien international, malgré son importance, reste marqué par l’hésitation et l’incohérence. Cette dynamique a parfois amplifié les fragilités économiques.

Une décennie d’assistance… sans transformation

À la suite de la révolution tunisienne de 2011, le pays a reçu diverses formes d’assistance de la part de ses partenaires internationaux. Les premiers bailleurs à intervenir furent la Banque mondiale, qui a rapidement débloqué un prêt d’appui aux politiques de développement de 500 millions de dollars, ainsi que l’Union européenne, l’Agence française de développement (AFD) et la Banque africaine de développement (BAD).

En juin 2013, le Fonds monétaire international (FMI) a signé un accord de confirmation de 24 mois d’un montant de 1,74 milliard de dollars avec la Tunisie, suivi en 2016 d’un accord élargi de 36 mois pour un montant de 2,83 milliards de dollars.

Ces programmes visaient à stabiliser la situation macroéconomique du pays et à offrir un « espace de respiration » pour permettre la mise en œuvre de réformes de gouvernance et économiques à plus long terme.

Mais ce souffle espéré n’a jamais vraiment pris. Les aides, souvent conditionnées à des mesures d’austérité, ont creusé le fossé entre les institutions et les citoyens. Le soutien devient alors un facteur d’instabilité, au lieu d’être un levier de transformation.

Les conditionnalités imposées au nom de la stabilité budgétaire ont accentué la rupture entre les citoyens et leurs institutions, au lieu de favoriser la confiance.

Repenser l’aide : vers un pacte de confiance

Face à ce constat, plusieurs voix s’élèvent pour appeler à un changement de paradigme. Il ne s’agit pas de renoncer aux réformes, mais de les inscrire dans une démarche inclusive, adaptée aux spécificités tunisiennes. Cela implique :

  • une écoute réelle des acteurs locaux : syndicats, PME, associations, collectivités… Ce sont eux qui portent l’économie réelle ;
  • un soutien aux initiatives communautaires : agriculture durable, économie sociale, innovation locale ;
  • une valorisation du rôle des jeunes et des femmes : non comme bénéficiaires passifs, mais comme moteurs du changement.
  • une relecture des conditionnalités : pour éviter qu’elles ne deviennent des instruments de pression, au détriment de la souveraineté nationale ;

La Tunisie ne demande pas la charité. Elle appelle à un partenariat lucide, respectueux, fondé sur la co-construction. Un pacte de confiance, et non une tutelle déguisée.

La Tunisie dispose d’une jeunesse inventive et d’une société civile active. Ce qui lui fait défaut aujourd’hui, c’est un soutien international cohérent, stable et durable.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Le moment est critique. La Tunisie vacille, mais elle n’a pas renoncé. Sa jeunesse est inventive, sa société civile est vivante, ses régions regorgent d’initiatives. Ce qu’il lui manque, ce n’est pas la volonté, mais un cadre de soutien cohérent, patient, et respectueux relève Sabina Henneberg.

À l’heure où les crises se multiplient, où les démocraties sont mises à mal, soutenir la Tunisie n’est pas un geste diplomatique. C’est un acte politique. Un choix de civilisation.
Et si, pour une fois, l’aide internationale osait la confiance ?

La Tunisie ne demande pas qu’on parle en son nom. Elle demande qu’on l’écoute, qu’on la soutienne, et qu’on la respecte.

  • Sabina Henneberg est l’autrice de Managing Transition : the First Post-Uprising Phase in Tunisia and Libya (Cambridge University Press, 2020), une analyse approfondie des dynamiques post-révolutionnaires dans les deux pays.

EN BREF

  • La Tunisie fait face à une crise économique persistante malgré une décennie d’aide internationale.
  • Les réformes imposées par les bailleurs souffrent d’un manque de légitimité et produisent peu d’effets tangibles.
  • Les mesures d’austérité ont fragilisé la classe moyenne et accentué la défiance citoyenne.
  • Un changement de méthode est demandé : inclusion des acteurs locaux, soutien aux initiatives communautaires et révision des conditionnalités.
  • La Tunisie appelle à un partenariat fondé sur la confiance plutôt qu’une tutelle.

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Edito: Réconciliation

Libres, enfin libres, fût-ce au prix d’une caution bancaire au montant astronomique à donner le vertige. Abdelaziz Makhloufi et Ahmed Abdelkefi, deux icônes du monde entrepreneurial, étaient maintenus jusque-là en détention préventive, en attente de jugement. Ils ont été libérés, au grand soulagement de tous, familles, parents, amis proches ou lointains, société civile, acteurs économiques et sociaux. Ils retrouvent, le temps du dénouement judiciaire, leur liberté d’action, de mouvement et sans doute aussi leur goût d’entreprendre et leur capacité de créer de la richesse, des emplois et des revenus. Manière élégante de prouver, si besoin est, que leur ascension, leur parcours professionnel, leur réussite, leur notoriété conquise par la force des idées et des bras, ne doivent rien au hasard. Une vie d’éclaireur menée au pas de charge, et une conduite exemplaire en dépit de la complexité et de la vacuité des procédures réglementaires. C’est le lot commun des chefs d’entreprise, qui avancent à vive allure dans un désert législatif. S’ils s’étaient résignés à évoluer à la cadence de l’Administration, en permanence en retard d’une bataille économique, ils n’auraient rien entrepris de ce qui fait aujourd’hui la grandeur du pays et le respect qu’il inspire ici et ailleurs.

 

L’inculpation d’Abdelaziz Makhloufi et Ahmed Abdelkefi avait mis en émoi le pays et provoqué une onde de choc systémique, dont on n’a pas fini de mesurer les dégâts. Chacun à sa manière avait su et pu bâtir une constellation d’entreprises de haut niveau et fortement intégrées, à force de vision, d’anticipation, d’abnégation, de labeur et d’obstination. On doit au premier des avancées dans l’agrobusiness, faisant de la Tunisie un acteur majeur de la filière huile d’olive. L’ on s’est mis à parler de « l’or vert » qui n’est pas exclusivement une manne du ciel. Le second a révolutionné l’industrie financière en initiant de nouveaux mécanismes de financement qui ont libéré un immense potentiel d’investissement et fait grimper de plusieurs points la croissance potentielle.

Ultime fait de guerre économique à leur crédit, ils ont réussi à briser un tabou et envoyé un message d’une rare clarté : si d’autres l’ont fait, c’est que nous pouvons le faire. Ils se sont fait connaitre et se sont imposés dans des marchés lointains qu’on disait imprenables, infranchissables, en arborant les signaux du génie national. Avec eux, le monde est devenu notre nouvelle frontière. Pour autant, ils ne sont pas les seuls à avoir secoué, actionné et accéléré la roue de l’économie nationale, tant s’en faut.

 

On ne compte plus le nombre de nos chefs d’entreprises – grandes et petites – au patriotisme économique chevillé au corps. Qui sont pleinement engagés sur le front du redressement de l’économie, souvent sans grands appuis financiers ni soutien public. On ne peut pas passer sous silence non plus ceux de nos chefs d’entreprise, dont certains aux états de service impressionnants, qui croupissent derrière les barreaux en étant simplement mis en examen, en attendant le verdict final. On aimerait les voir, dans l’intérêt du pays, dans leur rôle, aux avant-postes de la compétition économique aux allures guerrières. La justice doit passer dans le respect de l’Etat de droit. La sanction, si elle s’impose et se justifie, doit être calibrée. Avec l’ultime souci d’aménager des voies de sortie équitable et de ne pas insulter l’avenir. La détention, à moins d’actes ou de pratiques mafieux et criminels, n’est pas ce qu’il y a de mieux pour régler des contentieux de nature économique, financière, fiscale ou de change qui ne mettent pas en péril la stabilité et la sécurité du pays. C’est peu de dire qu’il faut préserver à tout prix l’outil de production et ne rien faire qui puisse affaiblir notre capacité d’innovation et de production.

 

Soyons clairs : le mode de gouvernance de nos entreprises est si centralisé, si concentré au sommet de la hiérarchie que la moindre éclipse du top management expose l’entreprise ou le groupe à tous les dangers.

 

Moins de chefs d’entreprise en prison, c’est plus de croissance, de ressources financières pour l’Etat et l’assurance de meilleures perspectives de rentrées fiscales, sans compromettre la pérennité de l’appareil productif. Soyons clairs : le mode de gouvernance de nos entreprises est si centralisé, si concentré au sommet de la hiérarchie que la moindre éclipse du top management expose l’entreprise ou le groupe à tous les dangers. Le processus de décision ne sera plus ce qu’il devrait être, au risque d’accélérer l’effondrement de la société. Ses partenaires d’hier : banques, fournisseurs et clients deviennent plus exigeants, moins consentants et peu compréhensifs, qu’ils achèvent de précipiter la chute sinon l’arrêt de la production.

Cet univers professionnel vous déploie le parapluie par beau temps et le retire dès que le ciel s’assombrit de nuages orageux. C’est ainsi. Il y a des actes que la morale et la loi réprouvent et condamnent. La justice doit dire le droit, en évitant la double peine, qui consiste à sanctionner le « coupable » tout en portant atteinte à notre dynamique de croissance. Certaines sorties de piste par des patrons en émergence rapide, grisés par la richesse, le pouvoir et peu regardants sur la réglementation, méritent une thérapie – pas forcément douce – autre que la prison. Le pays a besoin d’une bouffée d’espoir, de réconciliation effective et d’apaisement total.

 

L’honneur de l’Etat et sa crédibilité en dépendent. Pour autant, il doit faire la part des choses en séparant le bon grain de l’ivraie. Il doit se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le temps de la justice est long, celui de l’économie est très court.

 

L ’Etat a l’obligation de moraliser la vie économique. Il est dans son rôle d’engager sur une vaste échelle une opération « mains propres » pour éradiquer corruption, violation de la loi, fraude fiscale et douanière, au besoin en exerçant une violence institutionnelle, du reste tout à fait légitime. Qui n’y souscrit? L’honneur de l’Etat et sa crédibilité en dépendent. Pour autant, il doit faire la part des choses en séparant le bon grain de l’ivraie. Il doit se garder de jeter le bébé avec l’eau du bain. Le temps de la justice est long, celui de l’économie est très court. Le train des innovations technologiques n’attend pas. Malheur aux vaincus. Besoin de compromis équitable ? Sans doute, pour éviter l’impasse.

Il faut un immense choc de confiance, de réconciliation, d’apaisement pour briser le cercle vicieux de la récession ou, au mieux, d’une croissance atone.

 

 Le pays cumule un énorme retard de croissance. Les signes de désertification industrielle et de décrochage économique se lisent dans les statistiques de nos échanges extérieurs. L’urgence est dans notre réarmement industriel, avant qu’il ne soit trop peu et trop tard. L’implication et l’engagement de tous les acteurs économiques et sociaux, y compris ceux des âmes repentantes du monde patronal, ne seraient pas de trop pour remonter la pente et amorcer le redressement de l’économie.

Il faut un immense choc de confiance, de réconciliation, d’apaisement pour briser le cercle vicieux de la récession ou, au mieux, d’une croissance atone. Et retrouver les chemins d’un développement durable et maîtrisé qui restitue au pays son rang, la place qui doit être la sienne et l’image à laquelle il aspire. On transforme l’essai d’autant plus vite quand le pays se réconcilie avec lui-même, avec ses problèmes et ses péchés. Principal cri de ralliement : la réconciliation sans faille et sans détour. Pour oser espérer que notre futur ait un avenir.

Cet édito est disponible dans le mag de l’Economiste Maghrébin n° 932 du 19 novembre au 3 décembre 2025 

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Inflation en Tunisie : des chiffres rassurent…d’autres inquiètent

inflationAlors que l’inflation officielle semble sous contrôle, les données monétaires racontent une autre histoire. Hechmi Alaya décrypte un paradoxe tunisien : une masse monétaire en forte expansion, sans flambée apparente des prix.

Inflation : un reflux trompeur

  • 4,9 % : taux d’inflation officiel en octobre 2025 (contre 6,7 % un an plus tôt).
  • 5,3 % : inflation moyenne attendue pour l’année 2025.
  • 0,1 % : hausse mensuelle des prix de l’alimentation en octobre.
  • 1,1 % : inflation sur les produits à prix administrés — son plus bas niveau depuis 2018.

« L’inflation n’est pas ce qu’indique l’indice officiel des prix. » — Hechmi Alaya

Alaya pointe les limites méthodologiques de l’IPCF : sélection des produits, prix administrés, moyennes arithmétiques qui lissent les hausses réelles. Il évoque une « inflation cachée » qui pèse sur les ménages sans apparaître dans les chiffres.

Mais on peut faire dire aux chiffres ce que nous voulons que les gens croient n’est ce pas ?

Masse monétaire : une croissance à deux chiffres

  • +11,0 % : croissance moyenne de la masse monétaire (M3) depuis janvier 2025.
  • +15,5 % : hausse de la masse de cash (billets et pièces) à fin septembre.
  • +11,1 % : progression des dépôts à vue sur un an.

« La quantité de monnaie augmente beaucoup plus vite que les richesses réellement créées. » — Hechmi Alaya

Cette expansion monétaire, selon lui, est « une fuite en avant budgétaire » : elle alimente l’État, pas l’économie réelle.

 Crédit : l’État capte la liquidité

  • 95,7 % : part de la création monétaire provenant des crédits (moyenne sur 5 ans).
  • 31,5 % : part des crédits captée par l’État en 2025 (contre 2,5 % dans les années 2000).
  • 63,7 % : part des crédits allouée à l’économie réelle — un plus bas historique.

« La politique monétaire est désormais asservie à la politique budgétaire. » — Hechmi Alaya

Les banques, contraintes par l’État et une faible demande privée, privilégient les créances publiques. Résultat : raréfaction de la monnaie privée et stagnation des investissements productifs.

Demande en berne, pouvoir d’achat érodé

  • 1,2 fois : vitesse moyenne de circulation de la monnaie en 2025 (contre 2 fois dans les années 2000).
  • 8 170 dinars : revenu par habitant en 2025, équivalent à celui de 2017.
  • 12850 dinars : revenu par habitant en parité de pouvoir d’achat, au niveau de 2014.

« Les Tunisiens n’ont pas retrouvé leur niveau de vie d’il y a huit ans. » — Hechmi Alaya

La faiblesse de la demande intérieure freine la transmission inflationniste de la masse monétaire. Mais elle traduit surtout un appauvrissement généralisé.

Une stabilité apparente, déséquilibres profonds

Hechmi Alaya alerte : « Ce n’est pas l’inflation qui est maîtrisée, c’est la demande qui est étouffée. » La Tunisie vit une illusion de stabilité, masquant une fragilité monétaire et sociale. Sans réforme du Policy-mix, le risque d’un retour brutal de l’inflation reste entier.

(Source : Ecoweek numéro 41 du 9 novembre 2025)

EN BREF

  • L’inflation officielle recule, mais les indicateurs masquent une hausse réelle des coûts supportés par les ménages.
  • La masse monétaire progresse à deux chiffres, portée par le financement de l’État plutôt que par l’économie productive.
  • Le crédit se concentre sur les besoins publics, marginalisant les entreprises et les investissements.
  • La demande intérieure reste faible, freinant la transmission des hausses monétaires.
  • Cette stabilité apparente cache des déséquilibres profonds et un risque de retour inflationniste.

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Le Japon sort l’artillerie lourde pour redynamiser son économie

L’équipe gouvernementale japonaise a approuvé un plan de relance d’une valeur équivalente à 21 300 milliards de yens. Ce trésor de guerre servira à relancer l’économie en ralentissement et à apporter un soutien à des consommateurs irrités par l’inflation.

 

Le plan s’articule autour de trois piliers : lutter contre la hausse des prix, parvenir à une économie solide et renforcer les capacités de défense. Il s’agir plan de relance le plus important depuis la pandémie de Covid-19.

 

Le cabinet a également annoncé qu’il augmenterait les subventions aux collectivités locales et fournirait des aides pour les factures d’électricité et de gaz. Ces mesures de soutien entreront en vigueur en janvier et représenteront environ 7 000 yens pour un ménage standard sur une période de trois mois. Les taxes sur l’essence seront également supprimées.

 

Le Japon prévoit en outre de créer un fonds décennal pour améliorer ses capacités de construction navale et de prendre des mesures pour porter les dépenses de défense à 2 % de son produit intérieur brut d’ici l’exercice 2027.

 

Inquiétudes économiques

Le plan de relance du gouvernement Sanae Takaichi intervient alors que l’inflation au Japon dépasse constamment l’objectif de la Bank of Japan, les déclarations des hauts responsables sur la croissance des prix attisant de nouvelles inquiétudes.

 

Le taux d’inflation global pour octobre est passé à 3 % contre 2,9 % auparavant, restant au-dessus de l’objectif de 2 % de la Banque du Japon (BOJ) pour le 43ème mois consécutif, tandis que l’inflation sous-jacente s’est établie à 3 %.

 

Le gouverneur de la BOJ a déclaré au Parlement japonais que la Banque centrale devait être consciente qu’un yen faible pourrait affecter l’inflation sous-jacente en renchérissant les coûts d’importation et les prix en général.

 

Chiffres contrastés

Les inquiétudes inflationnistes sont aggravées par l’affaiblissement de la croissance économique du Japon, le PIB des trois mois jusqu’à septembre ayant enregistré son premier recul en six trimestres. Les données gouvernementales publiées lundi ont montré que l’économie s’était contractée de 0,4 % par rapport au trimestre précédent et de 1,8 % en base annualisée.

 

Les données commerciales d’octobre ont, toutefois, apporté un soulagement bienvenu au pays. Les exportations ont augmenté de 3,6 % en glissement annuel, dépassant les attentes, car les expéditions vers l’Asie et l’Europe ont compensé le recul des biens envoyés aux États-Unis.

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ECLAIRAGE –Tunisie – Dinar vs EUR/USD : un mouvement suspendu …

L’évolution récente des marchés des changes offre un paradoxe qui n’est pas sans conséquence pour la Tunisie. Alors que les écarts de taux d’intérêt entre les États-Unis et la zone euro se resserrent nettement — ce qui aurait dû favoriser un redressement de l’euro — la paire EUR/USD demeure étonnamment stable*. Cette inertie, loin d’être anecdotique, traduit l’attentisme d’investisseurs tournés vers deux événements susceptibles de modifier la perception du risque et les anticipations de politique monétaire.

 

Depuis fin octobre, le différentiel de rendement entre les obligations américaines et allemandes à deux ans a reculé à son plus bas niveau pendant plusieurs semaines. De même, les marchés anticipent un rapprochement des trajectoires de taux terminaux de la Fed et de la BCE. Ordinairement, un tel mouvement réduit l’attrait du dollar et soutient l’euro. Mais la paire reste figée, comme si le marché n’osait pas s’engager avant d’obtenir des signaux plus déterminants.

 

Les investisseurs attendent d’abord les chiffres de l’emploi américain de septembre ainsi que les demandes hebdomadaires d’allocations chômage. Ce sont les véritables baromètres de la vigueur économique des États-Unis et de l’orientation future de la Fed. Ils scrutent également les résultats trimestriels de Nvidia**, dont le poids psychologique dépasse la seule sphère technologique. Une publication décevante pourrait dégrader l’appétit pour le risque au niveau mondial, pesant sur les marchés et influençant indirectement les attentes en matière de taux d’intérêt.

Toutefois, un scénario haussier pour l’euro reste toutefois plausible. Si les statistiques américaines révèlent un ralentissement marqué du marché du travail et si Nvidia publie des résultats en retrait, les rendements américains pourraient s’orienter à la baisse. Le dollar perdrait alors de sa force relative, permettant à l’euro de progresser en direction de 1,1730 avec un potentiel d’extension vers 1,1820*.

Pour la Tunisie, un tel mouvement offrirait un certain répit. Le renforcement de l’euro contribuerait à alléger le coût des importations européennes, atténuant les pressions inflationnistes sur les biens manufacturés, pharmaceutiques et alimentaires. Il améliorerait aussi la capacité de couverture en devises des entreprises tunisiennes, notamment celles dépendant d’intrants européens. Dans ce contexte, la Banque centrale de Tunisie (BCT) bénéficierait d’un environnement légèrement plus favorable, avec des tensions moindres sur les réserves et une moindre volatilité du dinar.

 

Le scénario inverse demeure cependant tout aussi crédible. Si le marché du travail américain surprend par sa résilience et si Nvidia confirme la solidité de la dynamique technologique, les rendements américains conserveront un niveau élevé. Le dollar resterait ainsi attractif. La Tunisie évoluerait alors dans un environnement plus contraignant, marqué par un renchérissement des matières premières libellées en dollar, une facture énergétique plus lourde, des pressions accrues sur les réserves et un resserrement implicite des conditions financières internes.

 

La Tunisie observe donc un marché des devises figé, mais prêt à se déplacer brusquement au gré des annonces américaines. L’inertie actuelle ne doit pas être interprétée comme un signe de stabilité durable. Elle traduit au contraire une phase de tension latente, dont les effets potentiels pourraient influencer les prix importés, les équilibres extérieurs et les marges de manœuvre de la politique monétaire tunisienne. Dans un environnement mondial où un rapport sur l’emploi ou les résultats d’un champion de l’intelligence artificielle peuvent reconfigurer les flux financiers, la vigilance demeure le maître mot pour l’économie tunisienne.

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Références :

(*) : selon les estimations de l’IAEF-Salle des Marchés au 20/11/2025

(**) : Nvidia est une entreprise technologique américaine spécialisée dans la conception de processeurs graphiques (GPU) et de puces électroniques. Fondée en 1993, elle est surtout connue pour ses cartes graphiques destinées au jeu vidéo, mais ses puces sont également devenues essentielles pour l’intelligence artificielle, les centres de données, les véhicules autonomes et d’autres applications de calcul intensif. 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain

D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Tourisme et huile d’olive : Se focaliser sur l’essentiel et le structurel

Début octobre 2025, les chercheurs de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) ont appelé le gouvernement tunisien à accélérer les réformes réglementaires dans deux secteurs stratégiques : le tourisme et l’huile d’olive.

Un appel formulé dans une note d’analyse intitulée « Évaluation des performances du tourisme et de l’huile d’olive en 2025 et perspectives pour 2026… Pour une exploitation optimale des opportunités ».

Des recommandations conjoncturelles

La contribution croissante de ces deux filières aux équilibres financiers du pays : réserves en devises, réduction du déficit commercial, création d’emplois et croissance économique.

Le think tank invite notamment le gouvernement à soutenir les exportateurs d’huile d’olive pour valoriser la production record de 340 000 tonnes enregistrée cette année, dans un contexte mondial de baisse des rendements.

Mais au-delà du constat, la note d’analyse conjoncturelle cherche avant tout à faciliter l’écoulement des stocks à l’exportation, sans s’attaquer aux blocages structurels de long terme.

L’angle mort du conditionnement

Troisième producteur mondial et l’un des premiers exportateurs d’huile d’olive biologique, le pays aurait tout intérêt à renforcer la valeur ajoutée locale.

L’huile d’olive conditionnée made in Tunisia est déjà perçue comme un produit premium au Canada, aux États-Unis, en Europe et dans les pays du Golfe. En Asie, au Japon ou en Chine, elle bénéficie même d’une réputation médicinale. Un potentiel encore largement sous-exploité faute d’une véritable stratégie industrielle.

Tourisme : les mêmes angles morts

La même critique vaut pour le secteur touristique. Lors du dernier Tunisia Economic Forum, les chercheurs ont privilégié l’analyse de niches, aux vulnérabilités structurelles du secteur.

Le tourisme tunisien reste plombé par un endettement hôtelier massif – près de 5 milliards de dinars – et par sa dépendance quasi exclusive au balnéaire.

La diversification reste pourtant une urgence : tourisme intérieur, régional, culturel, saharien ou de voisinage. Les touristes algériens et libyens constituent une clientèle stable et fidèle, dont la pandémie de Covid-19 avait déjà démontré l’importance stratégique pour la survie du secteur.

Penser structurel, non conjoncturel

À l’heure où le pays cherche à relancer son économie, il serait important de concentrer les travaux sur les transformations profondes des filières.

C’est en s’attaquant aux causes structurelles du retard économique que ces types de contributions deviendront encore plus utiles au développement national.

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La liquidité bancaire s’est bien améliorée en 2025

Le suivi de la liquidité bancaire et du volume de refinancement est important. Il s’agit d’indicateurs clé pour la stabilité du système finance et fonctionnement de l’économie réelle. Les chiffres nous fournissent bien des enseignements.

 

Au cours du troisième trimestre de 2025, le déficit moyen de liquidité sur le marché monétaire a affiché une diminution de 12 MDT, pour s’établir à 53 MDT. Cette évolution s’est traduite par une contraction des besoins des banques en liquidité de 466 MDT, d’une part; et des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire de 454 MDT, d’autre part.

 

Toujours pour la même période, les besoins moyens en liquidité du système bancaire ont fléchi grâce à une baisse significative du solde des facteurs autonomes de liquidité de 483 MDT. A ce niveau, les billets et monnaies en circulation (BMC) et les avoirs nets en devises.

Près de 1 826 MDT du cash ont été versés aux comptes courants bancaires contribuant ainsi à améliorer les conditions de liquidité. Cette évolution s’est concentrée à hauteur de 71 % durant le mois de septembre, en lien avec le reflux saisonnier des BMC à la suite de la période estivale.

 

Les opérations de ventes nettes de devises contre dinars effectuées entre les banques et la Banque centrale ont généré un apport additionnel en liquidité d’environ 1 803 MDT au secteur bancaire.

 

Contrairement à cet effet expansif, le Compte courant du trésor a continué d’exercer un effet restrictif sur la liquidité bancaire au cours du troisième trimestre de 2025. Et ce, principalement à travers le recours accru à l’endettement intérieur. Les souscriptions des banques aux émissions de Bons du Trésor ont atteint une valeur nette de 3 060 MDT au troisième trimestre.

 

Moindre intervention de la Banque centrale

Compte tenu de l’atténuation des tensions sur la liquidité bancaire au cours du troisième trimestre de 2025, les interventions de la BCT sur le marché monétaire ont enregistré un repli, s’établissant à 13 021 MDT contre 13 475 MDT au trimestre précédent.

 

Cette évolution résulte principalement d’une contraction significative des opérations fermes, dont l’enveloppe moyenne a diminué de 1 504 MDT pour s’établir à 3 449 MDT. Par ailleurs, une baisse supplémentaire de 221 MDT est imputable à la cessation des opérations de refinancement à un mois, décidée en juin 2025.

 

En revanche, les opérations principales de refinancement et les opérations de refinancement à six mois ont affiché des hausses respectives de 704 MDT et 567 MDT, pour atteindre des niveaux moyens de 6 564 MDT et 3 008 MDT.

 

Quant aux facilités permanentes, qui sont des instruments utilisés à l’initiative des banques pour gérer leur liquidité à 24 heures, leur valeur nette a connu une diminution de 20 MDT en glissement séquentiel, revenant à 88 MDT fin septembre 2025.

 

Ainsi, le volume global moyen de refinancement s’est contracté de 474 MDT pendant le troisième quart de l’exercice, pour ressortir à 13 109 MDT contre 13 583 MDT le trimestre précédent.

 

Nous pensons que cette amélioration va se poursuivre durant les mois à venir, surtout que la demande de crédits demeure modeste. C’est un autre argument pour une révision, même de petite ampleur, du taux directeur à la baisse.

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38,1 milliards de tonnes de CO₂ seraient émises en 2025

Les émissions mondiales de dioxyde de carbone provenant de l’utilisation des combustibles fossiles atteindront un niveau record en 2025. Et ce, en dépit des engagements des pays à commencer à réduire leur pollution climatique.

 

Les émissions seraient de 38,1 milliards de tonnes. Soit une hausse de 1,1 % par rapport à 2024, selon le 20ème rapport annuel du Global Carbon Budget. Cette augmentation du CO₂ atmosphérique intervient alors que la quantité absorbée par les océans et les terres diminue. Ce qui ajoute de l’urgence aux négociations climatiques de la COP30 qui se tiennent au Brésil.

 

La Chine, les Etats-Unis et l’Inde, principaux pollueurs

Le chiffre annuel principal du Global Carbon Budget est un baromètre rapide du manque de progrès du monde dans la réduction des émissions. Mais les détails par pays montrent des différences clés. Les États-Unis sont historiquement responsables de plus de CO₂ que tout autre pays et se classent au deuxième rang annuel. Leurs émissions de combustibles fossiles devraient augmenter de 1,9 % en 2025; contre une moyenne décennale de baisses annuelles de 1,2 %.

 

La Chine est le plus grand pollueur annuel au monde, mais les émissions du pays sont stables ou en baisse depuis 18 mois.

 

L’Inde, le troisième plus grand émetteur annuel, verra sa production de CO₂ augmenter de 1,4 %, un taux de croissance inférieur à celui des dernières années.

 

Les puits de carbone s’épuisent

 

Le rapport estime maintenant qu’au cours de la dernière décennie, les océans ont absorbé 29 % des émissions de CO₂ générées par l’humanité et les terres en ont capturé 21 %.

 

Encore plus inquiétant, les océans et les terres absorbent de moins en moins de la pollution carbonée. Sur les terres, la déforestation continue de ravager les forêts. Tandis que la hausse des températures intensifie l’assèchement et la sécheresse. Dans l’océan, les eaux plus chaudes stockent moins de carbone. Alors que les changements dans les régimes de vents entraînent un mélange réduit entre l’air et la mer. Ce qui diminue l’absorption de carbone.

 

L’indispensable protection des forêts

 

Le monde s’est déjà réchauffé de près de 1,4 °C, selon le rapport, et le fait qu’une quantité croissante de CO₂ réchauffant la planète reste dans l’atmosphère pourrait accélérer le changement climatique.

 

Lors des négociations de la COP30 en Amazonie, les forêts ont été un sujet de préoccupation particulier. Le Brésil a poussé à la création d’un fonds de 125 milliards de dollars pour protéger les forêts tropicales, bien qu’il n’ait collecté que 5,5 milliards de dollars jusqu’à présent. Les risques auxquels sont confrontés les puits de carbone terrestres et océaniques augmentent; alors que leur conservation est si importante face à l’augmentation des émissions.

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ECLAIRAGE – Les positions se radicalisent…

Les opinions divergent en Tunisie autour de la crise économique mondiale, avec d’un côté ceux qui estiment que la situation en Europe se stabilise; et de l’autre, les analystes qui redoutent un retour à la récession. Ces derniers, préoccupés par la stagnation des marchés de l’emploi et de l’immobilier, notamment aux États-Unis et en Espagne, craignent que les problèmes européens continuent d’affecter les économies, y compris celle de notre pays.

Certains se réjouissent de l’aide financière européenne de 750 milliards d’euros, qui a permis des émissions obligataires relativement réussies en Espagne et en Italie. Tandis que d’autres soutiennent que ces mesures ne sont qu’un pansement sur une plaie béante, retardant une crise inévitable.

En effet, il est illusoire de penser que l’Europe, et par extension, des pays comme la Tunisie, soient sortis d’affaire. Les défis structurels persistent, et tant que chaque nation maintiendra des politiques budgétaires indépendantes, la stabilité restera précaire. L’exposition des banques européennes aux pays du PIIGS, ainsi que les inquiétudes croissantes concernant des pays comme la Grande-Bretagne et la Hongrie, augmentent le risque d’une contraction économique globale. Des économistes comme Paul Krugman estiment même que la probabilité d’un nouveau déclin économique pourrait atteindre 40 %.

Dans ce contexte, les positions se radicalisent entre les banquiers centraux, qui prônent l’austérité, et les responsables politiques, qui tentent de justifier leurs choix par des théories économiques souvent mal comprises. Nos responsables, manquant d’originalité, s’appuient sur des discours traditionnels pour éviter de prendre des risques Ce qui pourrait compromettre leur carrière. À titre d’exemple, à l’approche d’un sommet international, les divergences entre leaders mondiaux sur les stratégies économiques se font sentir. Reflétant des attentes similaires en Tunisie quant à la gestion de la dette et des dépenses publiques.

Comment sortir de ce débat stérile qui oppose les tenants de l’austérité aux partisans de la dépense ? Pourquoi nos politiques semblent-elles enfermées dans un cycle où les décisions économiques sont dictées par les marchés financiers, au détriment de l’intérêt national ? Nos gouvernants ont tendance à faire l’éloge des « stimuli » et à vilipender les déficits, devenant ainsi des instruments des marchés obligataires. Ne serait-il pas plus bénéfique pour notre pays qu’ils s’engagent dans une réflexion profonde et courageuse sur notre système économique, en plaçant l’équilibre social au cœur des priorités, afin de restaurer la confiance des citoyens ? 

 

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* Dr. Tahar EL ALMI,

Economiste-Economètre.

Ancien Enseignant-Chercheur à l’ISG-TUNIS,

Psd-Fondateur de l’Institut Africain D’Economie Financière (IAEF-ONG)

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Le déficit de la balance courante à 1,9 % du PIB fin septembre 2025

Au cours des neuf premiers mois de 2025, le déficit de la balance courante s’est nettement creusé pour atteindre 3 393 MDT, représentant 1,9 % du PIB. Ce niveau, comparé à la même période de 2024, illustre un élargissement du trou budgétaire. Lequel s’établissait alors à -1 557 MDT, soit 0,9 % du PIB.

 

Cette évolution du solde courant est largement imputable à la forte aggravation du déficit commercial, qui s’est élargi de 23,9 % pour atteindre -16 728 MDT. Plus spécifiquement, le déficit de la balance des biens s’est détérioré, passant de -22 035 MDT à -25 929 MDT.

 

Heureusement, cette pression se compense partiellement par une amélioration de l’excédent de la balance des services (+17 615 MDT contre +16 838 MDT) et par une hausse des recettes touristiques et des revenus du travail, qui progressent respectivement de +8,2 % à 6 264 MDT et +15,4 % à 8 360 MDT.

 

Par ailleurs, le compte de capital dégage un excédent de 302 MDT à l’issue des neuf premiers mois de l’année 2025. Soit en nette contraction par rapport à son niveau enregistré une année auparavant (+923 MDT). En outre, en 2024, la Tunisie bénéficiait d’un don accordé par la Commission de l’Union européenne (150 M€) pour appui budgétaire. Ce qui n’est pas le cas cette année.

 

Du côté du compte financier, le besoin de financement a considérablement augmenté pour s’élever à 3 091 MDT; contre seulement 634 MDT un an plus tôt. Cette évolution est une conséquence directe de la baisse significative des avoirs de réserve. En effet, ces derniers enregistrent une diminution de 2 711 MDT; contre -605 MDT à la même période en 2024. Cette tendance a été légèrement atténuée par une amélioration du solde créditeur des investissements de portefeuille et des autres investissements.

 

A cet égard, notons que les flux reçus sous forme d’investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré une hausse (+27,7 %), au cours des neuf premiers mois de 2025. Et ce, pour se situer désormais à 2 536 MDT. Evolution concernant, en particulier, les flux d’IDE bénéficiant au secteur des industries manufacturières (+24,6 %) et celui de l’énergie (+35 %).

 

Globalement, le pays est à des niveaux soutenables, surtout si nous tenons compte des lourds paiements de dettes étrangères en 2024-2025. Il faut maintenant travailler sur le flux des IDE, car il est le seul moyen qui pourra faire la différence et équilibrer les comptes.

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Israël, cet « albatros au cou de l’Amérique »

Vers la fin de son second mandat dans les années 1990, Bill Clinton changea le rythme d’aide livrée à Israël qui était annuel en accord décennal. C’est-à-dire que l’administration américaine s’engage non plus pour l’année à venir, mais pour la décennie à venir d’un certain montant d’aide militaire et financière à l’Etat sioniste.

Le premier accord décennal était signé par Clinton, le second par Bush fils et le troisième, qui vient à échéance en 2028, par Obama. Israël vient d’annoncer la semaine dernière son désir que le quatrième accord que Trump signerait en 2028, ne serait plus d’une durée de 10 ans mais de 20 ans. Une échéance qu’Israël voudrait faire coïncider avec « les festivités du centenaire » de sa création…

Non seulement cela, mais Israël demande aussi une révision en hausse du montant actuel de l’aide annuelle estimée à 3,8 milliards de dollars. Ce montant est purement théorique. Car, à chaque guerre que mène Israël, à chaque intervention militaire américaine au Moyen-Orient pour le compte d’Israël (Irak, Syrie, Libye, Iran, Yémen etc.), ce montant croît de manière exponentielle.

Selon le projet « Coûts de la guerre » de l’Université Brown, cité par le site Axios, « au cours des deux années suivant l’attaque du 7 octobre, le gouvernement américain a dépensé au moins 21,7 milliards de dollars en aide militaire à Israël et entre 9,65 et 12,07 milliards de dollars supplémentaires pour les guerres au Yémen, en Iran et d’autres opérations militaires dans la région en soutien à Israël. »

Toujours selon Axios, les négociations concernant la nouvelle durée et le nouveau montant de l’aide ont commencé déjà entre responsables américains et israéliens. Elles se déroulent dans une atmosphère de grand embarras pour l’administration Trump et de forte inquiétude pour les génocidaires de Tel-Aviv.

En effet, Trump et ses collaborateurs sont dans l’embarras face à la montée des critiques de la jeunesse américaine, y compris au sein de la base électorale républicaine, de la politique excessivement pro-israélienne de Washington. Les réseaux sociaux d’est en ouest et du nord au sud du vaste territoire américain pointent des doigts accusateurs vers l’Establishment washingtonien qui « continue de placer les intérêts d’Israël avant ceux de l’Amérique. »

De multiples sondages montrent que 75 % des Américains de moins de 35 ans soutiennent les droits des Palestiniens contre l’occupation et la guerre génocidaire d’Israël. Même au Congrès qui, en plein génocide, se permettait 58 standing ovations au criminel de guerre Netanyahu, les choses sont en train de changer. Le vendredi 14 novembre, 21 représentants démocrates ont déposé un projet de résolution accusant Israël de commettre un génocide à Gaza. Elle sera sans doute rejetée, mais cela représente une tendance inquiétante pour le Lobby à Washington et pour Israël : pour la première fois 21 représentants se déclarent ouvertement contre la politique israélienne.

Mais l’inquiétude d’Israël provient surtout du changement qui semble irréversible dans l’opinion publique américaine qui prend de plus en plus conscience que les administrations américaines successives, y compris et surtout celle qui s’est fait élire sous le slogan « l’Amérique d’abord », ont en fait toujours suivi la même politique consistant à prendre en compte les intérêts d’Israël avant « les besoins pressants » du peuple américain.

A cela s’ajoutent les critiques acerbes proférés quotidiennement dans les podcasts par d’éminents intellectuels, académiciens et chercheurs américains qui, à l’instar du Professeur John Mearsheimer, considèrent Israël comme « un albatros au cou de l’Amérique » dont il faut se débarrasser au plus vite.

C’est dans cette atmosphère alarmante, angoissante même pour Israël, que les génocidaires de Tel-Aviv tentent désespérément de prolonger la durée et d’augmenter le montant de l’aide imposée au contribuable américain contre sa volonté.

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Plage de Soliman : Poissons morts échoués et mer brunie inquiètent les autorités

Vendredi dernier, une mortalité massive de poissons a été observée sur la plage de Soliman, dans le gouvernorat de Nabeul. Le phénomène a conduit le ministre de l’Environnement, Habib Bouabid, à se rendre sur les lieux dimanche pour une inspection du littoral.

Des analyses en cours

Selon Souad Chatouti, coordinatrice du programme de l’Association Environnement et Développement de Soliman, les services de l’Institut national des sciences et technologies de la mer (INST) et de l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) ont été mobilisés pour effectuer les analyses nécessaires afin de déterminer les causes de cette mortalité.

Les services municipaux de Soliman ont pris en charge le ramassage des poissons morts, recouverts ensuite d’une couche de chaux avant enfouissement, conformément aux procédures en vigueur. Une commission comprenant la direction régionale de la protection du littoral, l’INST, la direction régionale de la santé, l’ANPE et les services de sécurité a inspecté le littoral et prélevé des échantillons de poissons morts, d’eau de mer et de sable en différents points de la plage.

Une mer qui change de couleur

Le phénomène le plus inquiétant reste le changement de couleur de la mer, qui tend désormais vers le brun. Cette anomalie nécessite une explication scientifique basée sur les résultats des prélèvements effectués, a fait savoir Souad Chatouti à l’Agence TAP.

Un phénomène similaire, avec une mortalité importante de poissons, avait déjà été observé en juin dernier dans la même région, signalant une récurrence inquiétante de ce type d’incident dans le littoral de Soliman.

Le rôle possible des microalgues

Des épisodes similaires ont également été observés dans d’autres régions du pays, comme le golfe de Monastir en juin dernier. Les premiers tests avaient révélé que la mortalité des poissons était liée à une prolifération excessive de microalgues (bloom).

Cette croissance anormale est favorisée par l’abondance de nutriments dans l’eau, conséquence des fortes pluies printanières et des rejets urbains, la décomposition massive d’algues vertes, la hausse des températures, la faible circulation des masses d’eau et l’absence de vents. Ces conditions entraînent une baisse drastique de l’oxygène dissous, parfois totale, provoquant la mort de nombreuses espèces marines.

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